Salut,
Le verlan se développe d'abord dans les quartiers populaires. Il a la même fonction que le cockney anglais : encoder la langue pour la rendre opaque aux autres groupes sociaux. Le cockney était le fait des vendeurs des rues londoniennes qui pouvaient discuter devant les policiers sans que ceux-ci n'y pigent rien. Notre verlan, lui, est donc directement rattaché à l'émergence des bandes de "cailleras" parisiennes, donc des banlieues parisiennes.
quelques éléments par ici : http://www.sunderland.ac.uk/~os0tmc/teci/verlan.htm
Ce site-là nous donne aussi de bonnes explications :
http://membres.lycos.fr/ablancs/Verlan/intro.html
Le verlan serait un dérivé des anagrammes. D'ailleurs, son fonctionnement tient parfois + de l'anagramme que de la seule mise à l'envers des syllabes. Par exemple *merde* devient *dreum*, c presque un anagramme, pas exactement car le son [è] devient [eu].
Je cite une partie de ce site : "Le recours à un procédé proche de l'anagramme a été vraisemblablement utilisé aussi souvent en littérature que comme un passe-temps dans les cours royales d'antan. Béroul transforme le prénom de Tristan en Tantris. Lorsque son héros met le pied en Angleterre. (Beroul, le Roman de Tristan, vers 1190). Mais rien ne nous permet de croire que l'on s'amusât à s'exprimer ainsi dans l'usage quotidien."
Fantaisies de certains écrivains, les anagrammes sont chose courante en français, de celui cité ci-dessus au génial "bison ravi" de Boris Vian.
D'autre part, on retrouve des verlans dans certains castillans d'Amérique latine, notamment au Pérou, en Argentine et peut-être aussi au Chili. Et ce phénomène Je viens juste de discuter de ce sujet avec un péruvien. Leur verlan est un peu différent du nôtre.
Notre verlan, sauf erreur de ma part, ne touche que les mots de une ou deux syllabes : keuf, meuf, keumé, relou, ça av (ça va?), le teuch, une teuf, etc...
Les péruviens peuvent "verlaniser" des mots de + de 2 syllabes en coupant une ou plusieurs de celles-ci.
Voici quelques éléments :
pantalon devient "lonpa" (la syllabe "ta" est coupée)
"baño" (toilettes) devient ñoba.
taba, qui est le nom d'un magasin de chaussures et qui est devenu un substantif, sans doute synomyme de "pompes" ou grôles", devient "bata"
"flaca" (mince) devient "cafla"
"cuarto" (chambre) > tocuar
robinet se dit "caño", alors "un verre d'eau du robinet" se dit "un vaso de ñoca"
Ce qui est amusant, c'est la plupart des espagnols ignorent le verlan des sud-américains. Selon cette personne, ce verlan viendrait des ports urbains argentins, comme celui de Buenos Aires, et remonte aux années 50.
En conclusion, je verrais le verlan comme une évolution de l'anagramme, qui lui est une invention qui aurait presque mille ans. On pourrait parler aussi des contrepèteries. Même si c'est l'art d'interchanger des syllabes appartenant à des mots différents, et non une inversion syllabique au sein du mot, elles nous montrent que les français aiment jouer avec les mots et qu'ils ont pu considérer leur langue comme un espèce de puzzle.
Finesse intrinsèque du français ou détournement d'une langue parfois rigide ?
à plus tard,