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Messages [ 15 ]

Sujet : Google défie l' Europe

Bonjour,
Que pensez-vous de l'article de Jean-noël Jeanneney dans le Monde d'aujourdhui ?  Il parle des dangers de la numérisation par Google de 15 millions d'ouvrages qui seront accessibles en ligne et de la domination écrasante de l' Amérique qui en résultera. En effet les critères de sélection seront ceux des anglo-saxons et il est vital pour la France  et l'Europe de proposer d'autres choix !

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Re : Google défie l' Europe

La grande entreprise d'uniformisation anglo-américaine par la langue et la culture poursuit inexorablement sa route. Rien ne peut l'arrêter. Quand un fort pourcentage des écoles primaires françaises ne proposent que l'Anglais comme choix d'apprentissage d'une langue étrangère, on voit que le Gouvernement français n'est pas en reste pour donner un coup de main à nos amis d'outre-Atlantique.

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Re : Google défie l' Europe

Pas encore eu le temps de le lire, mais voici le texte :

Google Jeannemey a écrit:

POINT DE VUE
Quand Google défie l'Europe, par Jean-Noël Jeanneney
LE MONDE | 22.01.05 | 15h49


Voici que s'affirme le risque d'une domination écrasante de l'Amérique dans la définition de l'idée que les prochaines générations se feront du monde.

Pour l'instant, la nouvelle n'a guère attiré l'attention que des bibliothécaires et des informaticiens. Et, pourtant, je gage qu'on ne va pas tarder à en mesurer la portée culturelle, donc politique : vaste.

Google est, comme on sait, le premier moteur de recherche propre à guider les internautes dans l'immensité de la Toile. L'un des premiers chronologiquement, puisqu'il remonte à 1998 (sept ans, longue durée dans ce champ). Le premier par son succès : 75 % de la recherche d'information passent aujourd'hui par son truchement. Le premier enfin par son poids capitalistique : entré à la Bourse de New York en juin 2004, il y trouve et y trouvera en abondance des ressources nouvelles.

Or voici que, le 14 décembre, cette société a annoncé à grand bruit qu'elle venait de passer accord avec cinq des bibliothèques les plus célèbres et les plus riches du monde anglo-saxon : la New York Public Library et quatre bibliothèques d'universités, Stanford, l'université du Michigan, Harvard (Etats-Unis) et Oxford (Grande-Bretagne).

Accord pour quoi faire ? Rien de moins que numériser en quelques années 15 millions d'ouvrages afin de les rendre accessibles en ligne. Librement pour tous ceux qui sont tombés dans le domaine public, en extraits alléchants pour les autres qui sont encore sous droits, en attendant que le temps passe. Stanford et l'université du Michigan mettront à disposition de Google l'intégralité de leurs collections (8 millions pour la première, 7 pour la seconde) ; New York donnera accès à des documents fragiles qui ne sont pas sous copyright ; Oxford à une sélection du XIXe siècle ; Harvard se bornant à un test de 40 000 documents choisis parmi ses 15 millions de livres.

Il s'agira au total, chiffre vertigineux, de 4,5 milliards de pages. La première réaction, devant cette perspective gigantesque, pourrait être de pure et simple jubilation. Voici que prendrait forme, à court terme, le rêve messianique qui a été défini à la fin du siècle dernier : tous les savoirs du monde accessibles gratuitement sur la planète entière. Donc une égalité des chances enfin rétablie, grâce à la science, au profit des pays pauvres et des populations défavorisées.

Il faut pourtant y regarder de plus près. Et naissent aussitôt de lourdes préoccupations. Laissons de côté la sourde inquiétude de certains bibliothécaires préoccupés, sans trop oser le dire, à l'idée de voir se vider leurs salles de lecture ; certes, leur métier évoluera peu à peu pour servir la documentation des citoyens et pour éclairer leurs choix de multiples manières, mais l'objet-livre a trop d'avantages pratiques par rapport à l'écran pour ne pas subsister très longtemps. Toute l'expérience de l'Histoire montre que dans le passé aucun des nouveaux modes de communication ne s'est substitué aux précédents - les complétant seulement et souvent les valorisant.

Le vrai défi est ailleurs, et il est immense. Voici que s'affirme le risque d'une domination écrasante de l'Amérique dans la définition de l'idée que les prochaines générations se feront du monde. Quelle que soit en effet la largeur du spectre annoncé par Google, l'exhaustivité est hors d'atteinte, à vue humaine. Toute entreprise de ce genre implique donc des choix drastiques, parmi l'immensité du possible. Les bibliothèques qui vont se lancer dans cette entreprise sont certes généreusement ouvertes à la civilisation et aux œuvres des autres pays. Il n'empêche : les critères du choix seront puissamment marqués (même si nous contribuons nous-mêmes, naturellement sans bouder, à ces richesses) par le regard qui est celui des Anglo-Saxons, avec ses couleurs spécifiques par rapport à la diversité des civilisations.

Je garde en mémoire l'expérience du Bicentenaire de la Révolution, en 1989, quand j'en dirigeais les manifestations. Il eût été délétère et détestable pour l'équilibre de la nation, pour l'image et la connaissance qu'elle avait d'elle-même, de son passé, des événements, lumineux ou sombres, qu'il nous revenait de commémorer, d'aller chercher dans les seules bases de données anglaises ou américaines un récit et une interprétation qui y étaient biaisés de multiples façons : Le Mouron rouge écrasant Quatre-vingt-treize, les vaillants aristocrates britanniques triomphant des jacobins sanguinaires, la guillotine occultant les droits de l'homme et les intuitions fulgurantes de la Convention. Cet exemple est instructif, et il nous met en garde.

N'oublions pas, d'autre part, un autre aspect de la question, qui concerne le travail en marche : dans l'océan d'Internet, où tout circule, dans l'ordre du vrai comme du faux, les processus de validation des produits de la recherche par les autorités scientifiques et par les revues prennent désormais une importance essentielle. La production scientifique anglo-saxonne, déjà dominante dans une quantité de domaines, s'en trouvera forcément survalorisée, avec un avantage écrasant à l'anglais par rapport aux autres langues de culture, notamment européennes.

On dira qu'il ne s'agit pas en l'occurrence d'écrits complets, puisqu'ils ne sont pas, par définition, tombés dans le domaine public, seulement d'extraits protégeant auteurs et éditeurs. Mais justement : cette publicité sera forcément discriminante. Ajoutons que, sous l'apparence de la gratuité, l'internaute rétribuera en fait Google, en tant que consommateur, puisque l'entreprise vit à 99 % de publicité et que la démarche qu'elle annonce ne vise qu'à obtenir un retour sur investissement grâce à celle-ci. Les publicités en marge des pages et les liens privilégiés guideront vers des achats qui accentueront le déséquilibre.

Lorsque s'est posée, depuis la seconde guerre mondiale, du côté du cinéma puis de l'audiovisuel, la question de la riposte française à la domination américaine, vouée, si l'on n'avait pas réagi, à opprimer chez nous toute production originale, une première réaction a été de protectionnisme, selon un système de quotas, dans les salles puis à la télévision. Cela n'était pas illégitime et a été partiellement efficace. Mais, dans le cas qui nous occupe, cette stratégie se révèle, compte tenu de la nature de la Toile, impossible. Reste donc la seconde, qui a fait ses preuves sur nos divers écrans : celle de la contre-attaque, avec un soutien positif à la différence.

Dans cette affaire, la France et sa Bibliothèque nationale ont une responsabilité particulière envers le monde francophone. Mais aucune nation européenne n'est, on le sait, assez forte pour pouvoir assurer seule le sursaut nécessaire. Je serai, bien sûr, le dernier à négliger les efforts accomplis : la bibliothèque virtuelle développée par la Bibliothèque nationale de France (BNF) sous le nom de Gallica - qui propose déjà 80 000 ouvrages en ligne et 70 000 images, et qui va offrir bientôt la reproduction de grands journaux français depuis le XIXe siècle - est installée avec la gratitude de nombreux chercheurs et citoyens, et elle sert notre influence autour du monde ; mais elle ne vit que de subventions de l'Etat, forcément limitées, et de nos ressources propres, difficilement et vaillamment mobilisées. Notre dépense annuelle ne s'élève qu'à un millième de celle annoncée par Google. Le combat est par trop inégal.

Une autre politique s'impose. Et elle ne peut se déployer qu'à l'échelle de l'Europe. Une Europe décidée à n'être pas seulement un marché, mais un centre de culture rayonnante et d'influence politique sans pareille autour de la planète.

L'heure est donc à un appel solennel. Il revient aux responsables de l'Union, dans ses trois instances majeures, de réagir sans délai - car, très vite, la place étant prise, les habitudes installées, il sera trop tard pour bouger.

Un plan pluriannuel pourrait être défini et adopté dès cette année à Bruxelles. Un budget généreux devrait être assuré. C'est en avançant sur fonds publics que l'on garantira aux citoyens et aux chercheurs - pourvoyant aux dépenses nécessaires comme contribuables et non comme consommateurs - une protection contre les effets pervers d'une recherche de profit dissimulée derrière l'apparence d'un désintéressement.

C'est en rassemblant des initiatives d'Etat qu'on évitera que tous nos fonds d'archives photographiques soient rachetés par des entreprises américaines (Corbis, filiale de Microsoft, a déjà beaucoup avancé dans ce domaine). C'est en mobilisant les laboratoires spécialisés que l'on assurera le développement d'un moteur de recherche ainsi que d'outils logiciels qui soient les nôtres.

Partout on évoque, ces temps-ci, l'urgence d'une politique de recherche et d'une politique industrielle de long terme qui assurent, face aux diverses concurrences planétaires dont le dynamisme s'affirme si fort, un avenir à l'originalité de l'Europe : eh bien ! c'est exactement de cela qu'il s'agit, c'est ce défi qu'il nous revient d'affronter. Nous le pouvons, donc nous le devons.

Jean-Noël Jeanneney, ancien secrétaired'Etat à la communication, est président de la Bibliothèque nationale de France et de l'association Europartenaires.
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 23.01.05

Re : Google défie l' Europe

system a écrit:

La grande entreprise d'uniformisation anglo-américaine par la langue et la culture poursuit inexorablement sa route. Rien ne peut l'arrêter. Quand un fort pourcentage des écoles primaires françaises ne proposent que l'Anglais comme choix d'apprentissage d'une langue étrangère, on voit que le Gouvernement français n'est pas en reste pour donner un coup de main à nos amis d'outre-Atlantique.

Pas seulement la langue et la culture, mais aussi l'économie. Les Américains se considèrent comme les maîtres du monde (ce n'est pas moi qui le dis, mais eux), et il veulent étendre leur domination à toute la planète (ce sont eux encore qui le disent). Les Européeens font tout pour favoriser l'implantation du charabia angloricain et de ce qui l'accompagne. Les Romains se sont imposés à nous, mais c'est nous qui nous imposons la culture d'outre-Atlantique.

Jacques

Re : Google défie l' Europe

je pense que l'union européenne est une forme de réponse à l'hégémonie américaine. Malheureusement, cette union n'est pour l'instant qu'économique. La culture est la grande oubliée.

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Re : Google défie l' Europe

Oui, eh bien tout cela ne me dit qui vaille. C'est tout à fait vrai que les anglo-américains (je les mets dans le même sac) veulent dominer le monde. Sur tous les plans. Ce n'est pas pour polémiquer, c'est juste une lucide constatation. Et je ne pense pas que l'Europe ait la volonté ni les moyens de les en empêcher. Le laxisme est omniprésent. Nous nous laissons envahir en réagissant bien trop mollement. Le grand stratège allemand Clausewitz disait : "Celui qui ne prévoit pas les choses lointaines, s'expose à des malheurs prochains". Mais nous aidons de façon naïve et stupide à notre propre domination. Quand il sera trop tard...
Une publicité télévisuelle pour une marque de voiture nordique (en latin, elle signifie "je roule"). "For life" en gros caractères. Et la traduction française en tout petit. A-t-on besoin pour faire acheter une bagnole d'une expression anglo-saxonne ?
Je constate - depuis longtemps - que le développement de l'intelligence est inversement proportionnel à celui de l'instruction.
On est mal barré...

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Re : Google défie l' Europe

Quelques remarques:

* en quoi le fait de rendre public serait-il une appropriation? Tout un chacun peut prendre le texte de la Recherche du Temps Perdu (par exemple) et le mettre sur le Web; il se trouve simplement que personne ne l'a encore fait. Gallica présente les pages titres uniquement...

* si je comprends bien le reproche fait à Google, c'est qu'il ne numériserait pas toute la littérature française d'un seul coup, et que les choix effectués dans les oeuvres et l'ordre dans lequel ils sont traités seraient donc le reflet d'une approche anglo-saxonne, donc suspecte.  Mais plus il y aura d'acteurs impliqués, plus le corpus d'oeuvres accessibles sera étendu, et plus les points de vue seront divers. Il se trouve que le premier qui s'interresse à la question soit Google.

* je rejoins M. Jeanneney quand il dit que l'Europe doit se mobiliser. Il est regrettable que suite aux événements que l'on sait, l'attention parmi les décideurs européens soit plus aux bisbilles égoistes (ou au mieux, au replatrage des fissures de l'édifice) qu'à des grands projets d'avenir.

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Re : Google défie l' Europe

Je suis un peu deprimée, les vacances sont fini


Bonjour mes amies!
Je suis très hereuse parce que je suis en train de ecrire dans ce forum.
Je suis sûre de nous amuserons.

Je suis en train de chercher des hommes qui soyent forts et beaux. Je suis blonde et avec un belle figure.

Petits bisous

Re : Google défie l' Europe

S.R a écrit:

Je suis en train de chercher des hommes qui soyent forts et beaux. Je suis blonde et avec un belle figure.

Tu pouvait pas mieux tombé chaire SR! ABC, c'est bien connu, c'est une couveuse d'atletes poliglotes à tendence échangiste. Alors si t'ai une blonde AFP, c'est comme si on t'avais déja adoptée.

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

Re : Google défie l' Europe

E-caf !* comme on disait dans le temps.
Comme il est gentil le petit message de cette intervenante (dont on attend pour le moins les images) qui paraît confondre cacochyme et phacochère, valétudinaire et vacancière, egrotant et ergotant.

* Est-ce assez farce !

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Re : Google défie l' Europe

Je suis en train de chercher des hommes qui soyent forts et beaux. Je suis blonde

lol lol

Vous frappez à la bonne porte,  puisque vous êtes friande de gauloiseries smile  Celui-ci vous convient-il?

http://www.asterix.co.nz/characters/gauls/obelix.jpg

" Wer fremde Sprachen nicht kennt, weiß auch nichts von seiner eigenen."   J.W.v.Goethe

12 Dernière modification par greg (04-06-2009 11:07:55)

Re : Google défie l' Europe

Barthelemy a écrit:

je pense que l'union européenne est une forme de réponse à l'hégémonie américaine. Malheureusement, cette union n'est pour l'instant qu'économique. La culture est la grande oubliée.

Pourvu qu'ils l'oublient longtemps encore ! On a pas besoin d'un Munich culturel en plus des Munich militaire, politique, économique et social. Faut dire, à la décharge de lugnon "européenne", que la "France" est, depuis quelques décennies, experte en automonachisation dès qu'il s'agit de se vautrer aux pieds de l'Anglo-saxon. Et c'est pas avec Chouchou-Monmari que c'est près de s'arranger.

Re : Google défie l' Europe

Vous semblez possèder une excellente maîtrise du sujet! Merci beaucoup.


Pret immobilier

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Re : Google défie l' Europe

Je viens de lire intégralement cet article du « Monde ».
Il a plus de cinq ans, mais hélas, il est toujours d'actualité, tout au moins concernant l'hégémonie du moteur de recherche tentaculaire qui n'a pas besoin d'une publicité supplémentaire.

Concernant la technologie numérique appliquée aux livres, elle ne s'est de toute évidence pas (encore ?) imposée, mais beaucoup de chemin a été parcouru depuis Janvier 2005.

Résistant aux anglicismes et à gougueule !

Re : Google défie l' Europe

Il y a dans les raisonnements de Jeanneney une grave erreur, qui est facilement décelable par tous ceux qui pratiquent Google Livres (ce qui montre, a contrario, qu'il manque d'expérience directe) : Google Livres/Books ne pratique pas de choix raisonné parmi les livres à sa disposition. On constate très bien que ses principes de reproduction n'ont ni queue ni tête : parfois la machine n'a photographié que le tome III d'un ouvrage en cinq volumes, et parfois le même ouvrage, dans la même édition, est reproduit trois, quatre ou cinq fois pour la seule raison que trois, quatre ou cinq bibliothèques le possèdent...

Imagine-t-on d'ailleurs des représentants hautement qualifiés de Google (qui à ma connaissance n'existent pas), se relayant dans une bonne douzaine de bibliothèques du monde pour sélectionner des ouvrages dignes d'être reproduits et en rejetant d'autres ? Sur quels critères ? Dans quelle intention ? Comment sauraient-ils ce que ces livres contiennent ? La vitesse de reproduction des livres, qui n'est limitée que par le temps nécessaire pour tourner les pages, serait considérablement réduite par leur examen, plus encore par leur lecture.

Google, qu'il s'agisse du moteur de recherches ordinaire ou de Google Livres, ne lit pas ce qu'il reproduit. Voilà la meilleure garantie possible d'impartialité. Google est une machine. C'est à nous, humains, qu'il appartient de plonger dans la masse des textes et d'y faire nos propres sélections ; mais si Google n'existait pas, nous serions bien incapables de le faire.

Sauf empêchement majeur, je consulte Google Livres plusieurs fois par jour depuis plusieurs années. Je n'ai jamais, pas une seule fois, remarqué quoi que ce soit qui fasse supposer un choix partisan, impérialiste ou anglophone, comme le soupçonne bien à tort Jean-Noël Jeanneney, qui s'avère en l'occurrence être un auteur de biblio-fiction.

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