Sujet : Jurons médiévaux
Bonjour,
je cherche désespérément quelques jurons très usités au moyen-âge (autour du 13e).
Merci de me donner quelques tuyaux.
Cordialement
Gérard
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Bonjour,
je cherche désespérément quelques jurons très usités au moyen-âge (autour du 13e).
Merci de me donner quelques tuyaux.
Cordialement
Gérard
Dans "Les visiteurs", Godefroy de Montmirail peste en disant "Morte-couille", le film est censé se dérouler en 1122.
Si j'ai pu t'être utile ...
Henriette
Même si c'est un peu plus tard, on peut trouver dans Rabelais quelques réparties savoureuses.
Sinon, Villon peut-être ? Mais il s'agit plutôt de vocabulaire que de jurons stricto sensu.
Autre source, mais non-historique (au sens scientifique) et non-littéraire (car il s'agit de textes contemporains "vieux-francisés") : c'est ici.
Merci à vous pour ces infos. Je suis encore preneur. N'hésitez pas.
Cordialement.
Gérard
Consulter le Dictionnaire des jurons que j'ai publié aux PUF en 2004, pages 27-28 par exemple, ainsi que les éléments historiques donnés à la fin des articles. Le juron "morte-couille" est amusant, mais n'a aucune vraisemblance historique.
Comme dirait Joël Martin, nous avons toujours été dans l'attente des PUF.
Voilà qui te plaira j'espère.
Etienne ARSENAL, Ecrivain
Jurons de Bourgogne, époque Charles le téméraire.
Avoir usance Avoir la connaissance
bast Bâtard (Péjoratif)
« bigre » Juron
Bougre :Individu (Péjoratif), Sodimite, hérétique boulgre hérétique
bordelière Débauchée (péjoratif)
boutedieu (Péjoratif) Juif
bric (Péjoratif) Fripon, coquin
capon (Péjoratif) Geux, poltron
« chiabrena » Juron « Chiure de merde
chapon maubec (Péjoratif) Poltron à mauvaise langue
chatron (chastron) (Péjoratif) Chatré
compisser (Péjoratif) Souiller d’urine
conchier (Péjoratif) Remplir d’ordure, suiller, outrager
coquart/Coquard (Péjoratif) Nigaud, sot, dupe
« coquefredouille » Juron
coquebert (Péjoratif) Nigaud, impertinent
Corne bouc
Corne de boeuf
Corp-dieu
couer/coer/coé (Péjoratif) Epithète appliqué aux anglais qu’on disait « pourvus d’une queue »
drôle (Péjoratif) Mauvais sujet
« être cousu d'or » être riche
en grand bobant en grande pompe
être gris être saoûl
foimenteor (péj.) parjureur, traître
folieuse (péj.)putain
fot-en-cul (péj.) sodomite
" foutre de dieu " juron
garczonnière (péj.) fille qui aime " jouer " avec les garçons, fille "publique
gargouilleux,euse (péj.)qui ressemble à une gargouille
gast-blé (péj.) ravageur de champ de blé (faute grave) godinette (péj.) petite dépravée
godon (péj.) désigne les Anglais
"gore pissouse (péj.) " truie pisseuse "
grippeminaud (péj.) homme hypocrite et rusé
hélequin (péj.) mauvais génie (" maisnie hélequin " :bande de mauvais génies)
houlier / holier (péj.) débauché, paillard
" mal de cabaret " (avoir le) être saoûl
male préfixe péjoratif malebête
malefille (péj.) méchante fille
malemaisnie (péj.) bande de salauds
manant habitant d'un village / (péj.) homme grossier,mal élevé
merdaille (péj.) troupe de gens méprisable
moinerie (péj) les moines et les religieuses
" mordiable " juron
" mordieu " juron
Oïl, s’il plaît à Dieu Oui, s’il plaît à Dieu.
paltonière (péj.) fille " publique "
" pique du jour " l'aube
Peu m’en chaut Ca ne m’intéresse pas
" porpisser " " pisser de peur "
Potius mori quam foedari Plutôt mourir que se déshonorer
puterelle (péj.) jeune putain
putie (péj.) ordure, fumier,...
Pourvu qu’il donne dans le godant Pourvu qu’il tombe dans le piège
" sang-dieu "
" Tudieu "
" Vain dieu " juron
" Ventre-dieu "
_________________
Voilà qui te plaira j'espère.
Etienne ARSENAL, Ecrivain
Jurons de Bourgogne, époque Charles le téméraire.
On aimerait bien savoir d'où vient cette liste (pas toujours très cohérente).
Si elle provient des oeuvres d'Etienne Arsenal, auteur d'ouvrages pornographiques publiés récemment, ce sont des mots utilisés au XXIe siècle et non au moyen âge.
Etienne ARSENAL, Ecrivain
Un qui ne se prend pas pour n'importe qui !
Aux spécialistes, d'apprécier s'il est à la hauteur de ses ambitions
Etienne ARSENAL, Ecrivain
Un qui ne se prend pas pour n'importe qui !
Vous voulez dire qu'il est mieux armé que l'autre ? Oui, mais en tapant son nom sur google on tombe aussi sur des matches de foot entre les équipes de Saint-Etienne et d'Arsenal, ce qui réduit quelque peu la portée littéraire du pseudonyme...
Une utilisation différente de Google filtre les échanges sportifs Arsenal/ St Etienne . En tapant
" Etienne Arsenal" écrivain , on apprend que ce toponyme fut utilisé par des parodieurs comme sobriquet à l'encontre de Mallarmé.
Pour le reste, je ne connais rien de ce nouvel écrivain, soi-disant spécialiste de jurons bourguignons anciens
Une jolie liste aussi, joliment écrite et joliment mise en musique, dans La Ronde des jurons de Brassens. Mais sont-ils du XIIIe siècle ?
Mais sont-ils du XIIIe siècle ?
Pourquoi le seraient-ils? Ceux qui figurent au TLFi (qu'il faut consulter si on se pose de telles questions) ne sont pas antérieurs au 16e siècle, et souvent même plus récents.
coco47 a écrit:Mais sont-ils du XIIIe siècle ?
Pourquoi le seraient-ils? Ceux qui figurent au TLFi (qu'il faut consulter si on se pose de telles questions) ne sont pas antérieurs au 16e siècle, et souvent même plus récents.
Pourquoi ?
Parce que l'initiateur de ce fil avait dit :
« Bonjour,
je cherche désespérément quelques jurons très usités au moyen-âge (autour du 13e).
Merci de me donner quelques tuyaux. »
Et comme je ne pense pas qu'il voulait parler du 13e arrondissement, je concluais ma réponse par une allusion, que je voulais plaisante, au siècle qu'il avait mentionné. (C'était donc sa question, bien légitime d'ailleurs, et non la mienne.)
Figurez-vous que, moi, j'aime bien connaître la totalité du déroulement d'une discussion avant de m'y immiscer…
Zimon a écrit:coco47 a écrit:Mais sont-ils du XIIIe siècle ?
Pourquoi le seraient-ils? Ceux qui figurent au TLFi (qu'il faut consulter si on se pose de telles questions) ne sont pas antérieurs au 16e siècle, et souvent même plus récents.
Pourquoi ?
Parce que l'initiateur de ce fil avait dit :
« Bonjour,
je cherche désespérément quelques jurons très usités au moyen-âge (autour du 13e).
Merci de me donner quelques tuyaux. »Et comme je ne pense pas qu'il voulait parler du 13e arrondissement, je concluais ma réponse par une allusion, que je voulais plaisante, au siècle qu'il avait mentionné. (C'était donc sa question, bien légitime d'ailleurs, et non la mienne.)
Figurez-vous que, moi, j'aime bien connaître la totalité du déroulement d'une discussion avant de m'y immiscer…
Vous n"avez pas compris ma question. J'ai lu, moi aussi, le fil en entier, et je demandais pour quelle bonne raison les jurons de "la Ronde" de Brassens dateraient, selon vous, du 13e siècle.
Parce que si vous n'apportez pas un commencement de preuve, n'importe quelle liste de jurons bien salés pourrait faire l'affaire, et au diable la chronologie.
Pour le reste, je ne connais rien de ce nouvel écrivain
J'ignorais qu'il pût exister une « littérature pornographique ».
Je connaissais les ouvrages pornographiques et la littérature érotique ( dont chaque bonne librairie a un rayon ), plus ou moins crue, remplie de métaphores ou parfois suffisamment explicite pour que quiconque ne s'y méprenne.
Mais une littérature pornographique, voilà qui m'étonne, et j'imagine que littérairement parlant cela doit être aussi passionnant qu'un ouvrage traitant de plomberie : descriptif et intéressant pour qui s'y intéresse, mais dont les figures de style et les ironies sont absentes.
Vous n"avez pas compris ma question. J'ai lu, moi aussi, le fil en entier, et je demandais pour quelle bonne raison les jurons de "la Ronde" de Brassens dateraient, selon vous, du 13e siècle.
Ouh là là, c'est dur !
Je n'ai jamais dit que les jurons de Brassens dataient du XIIIe siècle ! J'ai dit que je n'en savais rien et que je m'interrogeais à ce sujet.
Graynal cherchait « désespérément quelques jurons très usités au moyen-âge (autour du 13e) ». Je lui ai donc indiqué une piste, en précisant qu'elle pourrait ne pas lui convenir puisque je n'étais pas certain que les jurons de Brassens datassent du XIIIe siècle. Et en plus, c'était de l'humour.
D'où peut-être votre réaction…
Graynal cherchait
Il y a trois ans !
Je lui ai donc indiqué une piste
Désolé de devoir insister. Vous avez fourni une liste sans chercher à savoir si elle répondait à la question, mais simplement parce qu'il s'agissait de jurons. Oui, c'est une liste pittoresque ; non, elle n'a rien à faire sous cet intitulé. Il ne s'agit pas d'une piste, mais d'une indication trompeuse.
Bien entendu qu'on a le droit de faire de l'humour ici, et l'on ne s'en prive pas à l'occasion. Mais ce forum est aussi consulté par des néophytes et des apprenants, qui risquent de vous prendre au sérieux. Il aurait fallu leur indiquer, d'une façon ou d'une autre, que "Ha ha, voici une liste, mais c'est juste pour rigoler et pas pour répondre à la question."
Un proverbe dit qu’il vaut mieux s’adresser au Bon Dieu qu’à ses saints , aussi je privilégie la littérature médiévale
( 13 ème siècle) à ladite pornographique .
Dans le registre courtois , les jurons sont peu abondants, Aucassin et Nicolette , toutefois, en livre quelques uns. Le Roman de ( du) Renart, dans un tout autre genre, est quant à lui, plus généreux .
Je trouve difficile, parlant d’ une époque, où il est normal de trouver, toutes les deux ou trois lignes une référence à Dieu ,et/ou à la foi chrétienne, de distinguer clairement entre affirmation de cette foi, clause de style, invocation sincère et juron. Une même expression, sera ressentie différemment, selon le contexte ( prière, discours, surprise, colère, provocation) . De plus, les critères d’aujourd’hui sont différents de ceux d’alors : ainsi , invoquer une relique , une main, un bras ou une dent d’un saint , n’avait alors rien d’anormal : par la dent de Saint…,mais était-ce obligatoirement un juron au XIII ème siècle ?
Voici les expressions que j’ai pu trouver dans un contexte, où elles m’ont paru être des jurons :
- Dans Aucassin et Nicolette , œuvre avare en jurons, car on y cause bien . Cependant Aucassin, furieux de l’enlèvement de sa Nicolette , lâchera un : De par Diu ! ( de par Dieu) ainsi qu’un Par Diu de Maiste= par Dieu de majesté , ainsi qu'un enondu ! = en non Diu jurement en ancien français. ( attesté dans http://books.google.fr/books?id=jV8OAAA … ;dq=enondu
- Les bergers : Par le cuer –Diu
Variante : par le cuer-bé , ( qu’on retrouve chez un autre poète du XIII ème : Jehan Bodel) :
«Por le cuer beu , où sont mes braies ? »
( dans : D e H a i m e t e d e B a r a t
e T r a v e r s)
http://www.hs-augsburg.de/~Harsch/galli … _fab9.html
Por le cuer a cil Sires eut en sen ventre ! ( encore Aucassin) .
Dans le Roman de ( du) Renart :
1) Diex ! = Dieu !
2) Por Diu ! : par Dieu ! variante := De par Dé !
3) Por le cuer Dé ! ( par le cœur -Dieu !)
4) Diex aïe !
5) Por De merci, por Diu merchi
6) La merci Dieu !
7) Diex me saut ; ( Dieu me sauve !)
8) Se Dex m’amant : si Dieu m’aide !
9) Se Dieu me gart ! ( Si Dieu me garde !)
10) Par les sainz Dieu !
Remarque:
Selon les besoins ( rime ou contexte) ,on jure par tel ou tel saint :
Par Saint Lienart !
Par Saint Richier,
Par Saint Giles,
Par Saint Germain,
Par Saint Romacle,
Par Saint Martin,
Par Saint Remi,
Par Saint Simon,
11) Par les iauz Dieu ! ( ???) Pas compris .
12) Por le Sain Esperit !
13) Se Dieu bien me face ( Que Dieu me fasse du bien !)
14) Par foi, ; par ma foi !
Remarque identique à la précédente
. Foi que je doi a Saint Protes , saint Leu,
A Sainte Agnes,
Saint Pox, Saint Julien, Sainte-Anne, Saint Thomas
Foi que doi Saint Pierre de Rome,
Foi que doi Sainte Charité
Foi que doi Sainte Patenostre.
Par foi que doi à Sainte Apetite !:rolleyes:
15) On jure par le corps d’un saint :
Par le cors Saint Marcel ! Par le cors Saint Germain !
S’il y avait un doute , le contexte permet de reconnaître le blasphème :
A : Par le cors Saint Germain !
qu’est ce que tu tiens en ta main ?
B :
Foi que je dois Hersent ma fame,
je li toudroie du cors l’ame
C :
Ma foi que je dois a ma goule
D :
° Renart, fet-il,par le cuer bé,
Tu m’as hui honi et gabé,
Qui m’envoias o les chiens !
E :
° Por les Saint Dieux !que voi ge là ?
F :
Par Dieu !Moult a bien dit !
G : °
He diex ! si male garde,
Ai hui prise de moi –méisme !
H
: Par Dieu le filz Sainte Marie,
Mauveze est vostre compaingnie
I :
Por Dieu et por l’amour de toi,
enseigne moi comment tu ces harengs eus !
J :
° Foi que je doi Saint Julien,
je lui feré comperer chier
K :
° Foi que doi Saint Esperit
Je n’en metré ou li chien chit
L :
Por Dieu, hume tost
( ils sont en train de boire)
16 ) Autres jurons : ° Par la corpe sainte !
Par la sainte cruche de Dé !
Par la cervele Dieu !
Quelques vers confirment qu’il s’agit bien de jurer :
«
° Et jure Dieu et Saint Germain
que il ne li eschapera ! »
ou bien :«
si jure dieu et Saint Germain
Que lui fera encui honte»
« Ysengrin jure Saint Sevestre
Que il voudroit là dedenz estre.»
«
° Vous jurerez desus la dent
saint Roonel le rechingnié »
17) Etrange : Por le cul Sainte Marie ! ( Roman de Renart)
juron semblable : Por le cul Dieu ! ( Fabliau des Emondis)
17)jurons/imprécations :
Deable ! : Roman de Renart
De par toz ceus d’enfer !
La male passion le torde !
Mal soit l’eure que je le vis !
18) autres: Par mon chief ! par ma teste !
Par les dens bieux ( pas compris).. par les dents ???
Amusant , enfin, de voir comment certains jurons ont traversé le temps :
Fils a putain, nain descréuz,
Par vote enging, par votre boule !
Ta mère !
C''est impeccable, Regina !
J'ai une seule addition à faire :
Tibert, passe outre, dist Renart,
fi ! merde, con tu ies coarz ! (Le Roman de Renart, t. I, p. 30 (éd. Champion).
coco47 a écrit:Graynal cherchait
Il y a trois ans !
Et alors ? Que faites-vous donc aujourd'hui, vous-même, sur ce fil vieux de trois ans ?
coco47 a écrit:Je lui ai donc indiqué une piste
Désolé de devoir insister. Vous avez fourni une liste sans chercher à savoir si elle répondait à la question, mais simplement parce qu'il s'agissait de jurons. Oui, c'est une liste pittoresque ; non, elle n'a rien à faire sous cet intitulé. Il ne s'agit pas d'une piste, mais d'une indication trompeuse. (…) Il aurait fallu (…) indiquer, d'une façon ou d'une autre, que "Ha ha, voici une liste, mais c'est juste pour rigoler et pas pour répondre à la question."
« simplement parce qu'il s'agissait de jurons ». Ben oui, puisque la question portait sur les jurons. Je la rappelle :
Bonjour,
je cherche désespérément quelques jurons très usités au moyen-âge (autour du 13e).
Merci de me donner quelques tuyaux.
Donc, quelqu'un demande des jurons anciens. J'indique une chanson célèbre et savoureuse dont le texte en comporte quelques dizaines. Et je ne répondrais pas à la question ? Mes jurons n'auraient rien à faire "sous cet intitulé" ? Alors que cet intitulé est «Jurons médiévaux » ! (Dernier détail, si vous êtes en mesure de le comprendre : ce n'est pas ma référence à Brassens qui se voulait plaisante, mais le clin d'œil au XIIIe siècle.)
Cela dit, je crois que je ne discuterai plus jamais avec vous. Pour une raison que j'ignore, vous m'avez pris en grippe et il est clair que vous irez à mon encontre jusqu'au bout de la plus mauvaise foi. So long…
Pour une raison que j'ignore, vous m'avez pris en grippe et il est clair que vous irez à mon encontre jusqu'au bout de la plus mauvaise foi.
J'avais répondu au post précédent ("le son H en français") avant de découvrir celui-ci. C'est stupéfiant, ces réactions. Je ne vous connais pas, je n'ai rien contre vous, j'essaie du mieux que je peux d'expliquer mes interventions, et vous prenez cela pour des attaques personnelles. Je ne suis même pas en colère, tellement c'est bête.
j'essaie du mieux que je peux d'expliquer mes interventions
Alors expliquez-moi pourquoi la référence à un texte qui énumère des jurons n'aurait rien à faire sous l'intitulé « Jurons médiévaux » et constituerait une indication trompeuse. De quoi faut-il donc parler dans un fil dédié aux jurons, si ce n'est de jurons ?
Alors expliquez-moi pourquoi la référence à un texte qui énumère des jurons n'aurait rien à faire sous l'intitulé « Jurons médiévaux » et constituerait une indication trompeuse. De quoi faut-il donc parler dans un fil dédié aux jurons, si ce n'est de jurons ?
Je vais tâcher de mieux vous expliquer, si vous voulez bien m'entendre.
Supposons que quelqu'un (A) demande, désespérément ou pas, une liste d'animaux d'Afrique.
Arrive quelqu'un d'autre (B) qui lui propose une liste comprenant, mettons, le lama, le chamois, le renne, l'ours, le tapir, le kangourou, le coyote et le panda, en ajoutant : Mais sont-ils africains ?
Ben non, répond un troisième (C), cette liste n'a rien à faire sous l'intitulé "Animaux d'Afrique" qui a été donné par A.
J'ai choisi cet exemple à cause de son caractère évident, et il ne constituerait une indication trompeuse que pour quelqu'un d'extraordinairement ignorant. Mais l'histoire du vocabulaire français est moins connue que la zoologie générale, et des naïfs pourraient croire, en lisant l'intervention de B, que nom d'une pipe et ventre-saint-gris sont médiévaux.
Dans la trentaine de jurons énumérés par Brassens, aucun n'est du XIIIe siècle. C'est vérifiable. Sa chanson, aussi plaisante soit-elle, n'a rien à faire sous l'intitulé "Jurons médiévaux" qui a été choisi par A. Il me semble que cela devrait être clair pour vous aussi.
Il y a eu par le passé, dans ce forum, un fil dédié aux jurons (sans indications de date) qui a recueilli une très grande quantité de contributions. Je ne sais pas si Brassens y a été cité (j'imagine que oui), mais là, il était à sa place.
Voilà, je voudrais que vous me lisiez sans préjugé et en tâchant vraiment de comprendre ce que j'écris. Je vous réponds ici parce que vous me dites "expliquez-moi". J'espère que je n'aurai pas à m'en repentir.
Remarque amusée: le XIIIème siècle semble accepter les jurons sans états d'âme On y jure sans complexe et les euphémismes pointent à peine le bout du nez .
Par le cuer bé ( coeur de boeuf) pour coeur de Dieu !
ou cors bé qui donnera corbleu .
Arrive quelqu'un d'autre (B) qui lui propose une liste comprenant, mettons, le lama, le chamois, le renne, l'ours, le tapir, le kangourou, le coyote et le panda, en ajoutant : Mais sont-ils africains ? Ben non, répond un troisième (C), cette liste n'a rien à faire sous l'intitulé "Animaux d'Afrique" qui a été donné par A.
(…)
Dans la trentaine de jurons énumérés par Brassens, aucun n'est du XIIIe siècle..
Eh bien, je suis moins ignorant en animaux qu'en jurons ! Je m'étais dit un peu bêtement que morbleu, ventrebleu, palsembleu ou jarnicoton pouvaient avoir quelque chose de moyenâgeux, à défaut d'être médiévaux. Et j'avais donc évoqué — avec réserve — cette possibilité. Il eût suffi de me dire dès le début que "mes" jurons étaient trop jeunes, je les aurais remis dans ma guitare.
Enfin ! Il comprend vite, mais il faut lui expliquer longtemps !
Enfin ! Il comprend vite, mais il faut lui expliquer longtemps !
Il faut surtout lui expliquer dès le début…
Dans le Roman de ( du) Renart :
[...]11) Par les iauz Dieu ! ( ???) Pas compris .
12) Por le Sain Esperit !
13) Se Dieu bien me face ( Que Dieu me fasse du bien !)
14) Par foi, ; par ma foi !Remarque identique à la précédente
. Foi que je doi a Saint Protes , saint Leu,
A Sainte Agnes,
Saint Pox, Saint Julien, Sainte-Anne, Saint ThomasFoi que doi Saint Pierre de Rome,
Foi que doi Sainte Charité
Foi que doi Sainte Patenostre.
Par foi que doi à Sainte Apetite !:rolleyes:B :
Foi que je dois Hersent ma fame,
je li toudroie du cors l’ameC :
Ma foi que je dois a ma goule
Attention : « Foi que je dois... » n'est pas un juron, àmha. C'est un renforçant pour souligner qu'on insiste sur la vérité d'un fait. Je tire ça de mon édition bilingue du Roman de Renart.
Quant à « iauz », je ne sais pas non plus mais mon dictionnaire d'ancien français connait l'adjectif ial = « égal ».
(N.B. la vocalisation du l, cf. chevals/chevaus, qui sont des variantes graphiques du même mot)
Attention : « Foi que je dois... » n'est pas un juron, àmha. C'est un renforçant pour souligner qu'on insiste sur la vérité d'un fait. Je tire ça de mon édition bilingue du Roman de Renart.
C'est pas l'avis de tout le monde !
cf. http://books.google.fr/books?id=B8JPAAA … p;resnum=4
D'ailleurs, le juron moderne n'a-t-il pas encore cette sorte de fonction qui est de patronner un propos par l'évocation d'un saint, d'un dieu, d'un livre, d'un parent ou d'un lieu ? C'ran d'ma mère !
le juron moderne n'a-t-il pas encore cette sorte de fonction qui est de patronner un propos par l'évocation d'un saint, d'un dieu, d'un livre, d'un parent ou d'un lieu ?
Pas vraiment. Si par patronner vous voulez dire "renforcer" ou "appuyer", cela implique l'existence, comme vous le dites, d'un propos. Mais une des caractéristiques principales des jurons est qu'ils s'emploient souvent seuls, en interjections. Quelqu'un qui, par exemple, se tape sur le doigt au lieu de taper sur un clou, criera "Merde!", "Bordel!", "Nom de dieu!", et il n'y aura pas là de propos à patronner.
C'ran d'ma mère !
Je ne connais pas celui-là, et Google non plus, semble-t-il. Pourriez-vous expliquer ?
un livre [...] C'ran d'ma mère !
Coran ? C'est-y Dieu possible ? Et ce serait un juron, pas un serment ?
Je le jure, par la Bible se comprend comme serment (devant un tribunal, etc.), mais Nom d'une Bible ! n'est pas très vraisemblable.
"Merde!", "Bordel!", "Nom de dieu!", et il n'y aura pas là de propos à patronner.
Cher Zimon, c'est sur le mode plaisant, bien sûr, que j'envisage que soit «patronné» un juron — dans le sens de protégé par ou bien comparé à l'entité invoquée (diable ! où a-t-il pêché ça ?). Comme si le jureur développait un propos cohérent alors qu'il exprime, par son juron, sa douleur ou sa colère brutes.
C'ran d'ma mère !
Coran de ma mère ! Le film L'Esquive abonde de C'ran d'la Mecque ! qui, apparemment, ne doivent rien au serment solennel de dire la vérité. Je dirais presque qu'il s'agit de jurons d'ambiance
Quant à « iauz », je ne sais pas non plus mais mon dictionnaire d'ancien français connait l'adjectif ial = « égal ».
Je maîtrise mal l'ancien français, mais je pense à Par les oeulx Dieu ne jurez mie (Eustache Deschamps [vers 1400], Oeuvres complètes, tome I, p. 276). Ce sont les yeux, sûrement.
> Bookish Prat : Merci !
Andreas a écrit:Attention : « Foi que je dois... » n'est pas un juron, àmha. C'est un renforçant pour souligner qu'on insiste sur la vérité d'un fait. Je tire ça de mon édition bilingue du Roman de Renart.
C'est pas l'avis de tout le monde !
cf. http://books.google.fr/books?id=B8JPAAA … p;resnum=4
Je ne suis pas convaincu. D'abord, cette référence que vous donnez date de 1827 et l'auteur prétend que les hommes et les femmes utilisaient de différents jurons, dont "foi que je dois" était réservé aux hommes.
J'aurai tendance à voir cet auteur plutôt empreint de sa propre société, celle du XIXe siècle, qui a une vision beaucoup plus dualiste entre les sexes que l'avait eue le Moyen-Âge.
Deuxièmement, dans le Roman de Renart, et le passage sur lequel je m'appuie, c'est Dame Hersent qui prononce les mots "Foi que je dois" - et Dame Hersent est un personnage féminin.
Troisièmement, le contexte (c'est au début du "Jugement de Renart", là où Dame Hersent défend Renart devant la cour) est clair à mon avis, il ne s'agit pas d'un juron.
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