Oui, ce sont à ces querelles que je faisais allusion, à l'imbroglio politique communautaire propre à la Belgique et qu'on pourrait qualifier de sport national. Et l'expression « belgo-belge » s'y réfère absolument. Je ne la sens pas pléonastique et je n'ai jamais lu sous la plume d'aucun linguiste de réquisitoire contre elle.
Mais moi qui suis Belge et qui suis de très près la politique française, je rencontre parfois l'expression « franco-français » et je ne la trouve pas davantage pléonastique, à condition qu'elle soit employée dans un contexte semblable, sans abus, sans que cela tourne à la formule. Une querelle franco-française, en l'occurrence, pour moi, aurait trait à une dispute nationale sur un sujet spécifiquement français plutôt futile et dont on ferait tout un plat au détriment de l'actualité internationale.
Concernant les pléonasmes du style « vieux vieillard », « petit nain » et autre « jeune enfant », je crois qu'on y recourt par carence de vocabulaire. L'écrivain que je suis est effondré, quand je lis des romans contemporains, par la pauvreté du vocabulaire, et émerveillé quand je consulte mes nombreux et parfois très anciens dictionnaires.
Il est clair qu'on éprouve parfois le besoin de distinguer le sexagénaire du nonagénaire, l'enfant au sein du gamin de 10 ans. Un vieillard est un homme assez âgé déjà, plutôt décrépit quant au physique. On peut être un « senior » (je n'aime guère cet euphémisme) sans être un vieillard. Plutôt qu'un « vieux vieillard », si on ne veut pas employer des termes plus colorés tels que « ancêtre » ou « croulant » (« qui menace ruine ») ou « barbon » (« homme d'âge plus que mûr ») ou « birbe » (assez péjoratif), il est préfèrable de recourir à des formules : « homme âgé », « homme très âgé », ou de spécifier la tranche d'âge : sexagénaire, septuagénaire, etc. Il n'est pas interdit non plus de recourir à l'adjectif qui donne des indications sur le type de vieillard qu'on veut décrire : pétulant, égrillard, atrabilaire, cacochyme, etc.
Idem pour les enfants. Un nourrisson n'est pas un enfant de 4 ans. Un poupon peut-être encore au sein, mais il n'est pas forcément un nourrisson, sans être davantage un gosse de 4 ans ou plus (dans mon esprit, le poupon ne marche pas encore, il est joufflu). Le bébé ne l'est plus dès lors qu'il est propre. Le bambin fréquente la maternelle. Le garnement induit l'idée de malignité et de turbulence, mais on n'est plus tellement un garnement à 16 ans. Le gniard pleurniche ou crie volontiers. Le moutard mérite des baffes, etc.
Il est dommage que les journalistes ne sachent plus écrire. Il est dommage aussi qu'on évite si souvent le recours à des termes colorés (et souvent péjoratifs, c'est vrai) pour décrire un individu.