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forum abclf » Réflexions linguistiques » Conjugaison du verbe forcer chez Alexandre Dumas (imparf. du subj.)

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Messages [ 10 ]

Sujet : Conjugaison du verbe forcer chez Alexandre Dumas (imparf. du subj.)

Encore, une conjugaison bizarre du verbe forcer chez Dumas

in "Vingt ans après" chapitre1

- à merveille ! avait répondu le roi, et je suis aise que vous me parliez de M. d'Emery pour cette place qui veut un honnête homme. On m'avait dit que vous poussiez ce coquin de Particelli, et j'avais peur que vous ne me forçassiez à le prendre.

pourquoi ne pas écrire plus simplement
.. que vous me forciez à le prendre .

Re : Conjugaison du verbe forcer chez Alexandre Dumas (imparf. du subj.)

"Et j'avais peur que vous ne me poussassiez à le prendre" eût été plus rigolo mais tout aussi correct.

Et puis qu'un roi de France du XVIIe parle ainsi sous la plume d'un écrivain du XIXe, je ne vois pas où est le blème. J'eusse compris que vous supputassiez l'usage de l'imparfait du subjonctif chez Christine Angot mais ici...

Allez, je me re-carapate. Pas pu résister.

3 Dernière modification par vh (28-05-2019 15:17:24)

Re : Conjugaison du verbe forcer chez Alexandre Dumas (imparf. du subj.)

Voir aussi :
http://www.languefrancaise.net/forum/vi … p?id=13864 Blagues avec l'imparfait du subjonctif.

L'image avec VH est celle de la signature de Victor Hugo sur l' un de ses dessins.

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Re : Conjugaison du verbe forcer chez Alexandre Dumas (imparf. du subj.)

Je ne sais pas quel âge vous avez, goofy2, mais il semble que vous n'ayez pas été initié, à l'école, à l'imparfait du subjonctif. Il s'impose dans la langue littéraire. Il est donc courant chez tous les bons auteurs jusqu'au vingtième siècle, et Georges Brassens lui-même se plaît à l'utiliser :
Trempe, trempe ta plume, ô mon vieux tabellion,
Et, de ta plus belle écriture,
Note ce qu'il faudrait qu'il advînt de mon corps,
Lorsque mon âme et lui ne seront plus d'accord
Que sur un seul point : la rupture.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

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Re : Conjugaison du verbe forcer chez Alexandre Dumas (imparf. du subj.)

Note ce qu'il faudrait qu'il advînt de mon corps,

    Autant je suis d'accord avec ta remarque (sur l'usage de l'imparfait du subjonctif), Alco, autant ton exemple me paraît mal choisi. En effet, j'ai souvent tiqué sur cet imparfait dans cette phrase au présent : le présent ne s'impose-t-il pas ? Cela apportait certes une syllabe de plus, d'où difficulté à faire rentrer les mots dans la musique, mais Georges savait sauter ce genre d'obstacle.
    Sans vouloir chercher des poux dans la crinière du lion, un petit « Note ce qu'il faudrait que devienne mon corps... » ne m'aurait pas déçu.


    Autre exemple, d'une très grande dame de la chanson française : dans Ma plus belle histoire d'amour, Barbara écrit :

Et je ne suis pas parjure
Si ce soir je vous jure
Que pour vous je l'eus faite à genoux.

    Ici, un conditionnel passé (forme du subjonctif plus-que-parfait) ne m'aurait pas déplu (« je l'eusse faite ») au lieu d'un passé simple de l'indicatif.

    Constatons toutefois que cela n'a pas entaché l'impact et la valeur de ces chansons...

elle est pas belle, la vie ?

6 Dernière modification par éponymie (31-05-2019 09:22:16)

Re : Conjugaison du verbe forcer chez Alexandre Dumas (imparf. du subj.)

Piotr a écrit:

Note ce qu'il faudrait qu'il advînt de mon corps,

    Autant je suis d'accord avec ta remarque (sur l'usage de l'imparfait du subjonctif), Alco, autant ton exemple me paraît mal choisi. En effet, j'ai souvent tiqué sur cet imparfait dans cette phrase au présent : le présent ne s'impose-t-il pas ? Cela apportait certes une syllabe de plus, d'où difficulté à faire rentrer les mots dans la musique, mais Georges savait sauter ce genre d'obstacle.
    Sans vouloir chercher des poux dans la crinière du lion, un petit « Note ce qu'il faudrait que devienne mon corps... » ne m'aurait pas déçu.

Puisqu'Alco ne réagit pas, je le fais. Il me semblait me souvenir de quelque chose et je suis allé vérifier : l'imparfait du subjonctif se justifie à partir où il y a une nuance hypothétique dans un contexte présent ou futur. C'est l'ancien usage soutenu.

Si mon âme et mon corps ne sont plus d'accord que sur la rupture, il faudrait que mon corps fût (ancien usage) /soit (usage contemporain) livré à son destin terrestre en attendant la résurrection.

L'arrêté ministériel du 31 juillet 1900 (modifié par l'arrêté ministériel du 26 février 1901) indique, à propos des copies d'élèves :

« On tolérera le présent du subjonctif au lieu de l'imparfait dans les propositions subordonnées dépendant de propositions dont le verbe est au conditionnel. Exemple : il faudrait qu'il vienne ou qu'il vînt »

En 1976, un nouvel arrêté permettra aux mêmes d'utiliser le subjonctif présent en lieu et place du subjonctif imparfait.

[ ... ]

En effet, le conditionnel présent en français recouvre les deux notions de potentiel et d'irréel du présent en grammaire latine. Dans le premier sens, on pouvait le faire suivre du subjonctif présent, alors que dans le second l'imparfait s'imposait. Ainsi, la différence entre « Mieux vaudrait que le comité se prononçât en toute sérénité. » et « Mieux vaudrait que le comité se prononce en toute sérénité. » résidait dans le degré de probabilité de la subordonnée. Dans le premier exemple, il s'agissait d'un vœu pieux (le locuteur pense que le comité est incapable de se prononcer en toute sérénité), tandis que le deuxième était plus optimiste (le locuteur a bon espoir de voir l'événement se réaliser5).

(source)

Brassens maniait son imparfait du subjonctif mieux que toi et moi.

7 Dernière modification par vh (30-05-2019 21:29:32)

Re : Conjugaison du verbe forcer chez Alexandre Dumas (imparf. du subj.)

Dans La Légende de la nonne, Brassens a écrit:

Dieu voulu que ses coups frappassent
Les amants par Satan liés
Enfants, voici des bœufs qui passent

L'image avec VH est celle de la signature de Victor Hugo sur l' un de ses dessins.

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Re : Conjugaison du verbe forcer chez Alexandre Dumas (imparf. du subj.)

éponymie a écrit:

Puisqu'Alco ne réagis pas, je le fais. Il me semblait me souvenir de quelque chose et je suis allé vérifier : l'imparfait du subjonctif se justifie à partir où il y a une nuance hypothétique dans un contexte présent ou futur. C'est l'ancien usage soutenu.

Si mon âme et mon corps ne sont plus d'accord que sur la rupture, il faudrait que mon corps fût (ancien usage) /soit (usage contemporain) livré à son destin terrestre en attendant la résurrection.

Je n'avais pas réagi faute de temps, et parce que la règle que j'avais trouvée laissait le choix entre le présent et l'imparfait du subjonctif après un conditionnel dans la principale, ce qui rendait mon exemple peu pertinent. L'exemple de la Légende de la nonne ne m'était pas revenu à l'esprit. On y trouve aussi :
Peu s'en fallut que ne pleurassent
Les soudards et les écoliers.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

9 Dernière modification par éponymie (31-05-2019 09:28:02)

Re : Conjugaison du verbe forcer chez Alexandre Dumas (imparf. du subj.)

Je réagissais à la question de Piotr que j'ai grassé dans le message 6. Non, le présent du subjonctif ne s'imposait pas encore forcément à l'époque où Brassens écrivait sa chanson, il y a plus de cinquante ans.

L'exemple reste donc pertinent, surtout si Brassens a vraiment voulu mettre la nuance de sens que wikipédia détaille. Croyait-il à la séparation de l'âme et du corps ?

Nous ne nous sommes plus confrontés au choix entre présent et l'imparfait du subjonctif mais la discussion sur celui entre le présent de l'indicatif et le présent du subjonctif se pose régulièrement.Il doit avoir deux fils là-dessus sur ABC. Le critère de choix entre l'un et l'autre est analogue à celui qui se présentait autrefois à l'intérieur du mode subjonctif.

Reste à savoir si le locuteur ou le scripteur se pose - et se posait - réellement la question de la probabilité ou du doute plus ou moins élevé ou s'il n'agit pas plutôt à l'instinct. Il est certain que nous avons perdu l'instinct pour l'imparfait du subjonctif.

Re : Conjugaison du verbe forcer chez Alexandre Dumas (imparf. du subj.)

vh a écrit:
Dans La Légende de la nonne, Brassens a écrit:

Dieu voulut que ses coups frappassent
Les amants par Satan liés
Enfants, voici des bœufs qui passent



Brassens n'a fait que mettre des notes sur des vers de Victor Hugo.
Hugo et Dumas : deux fils de généraux, nés l'un et l'autre en 1802, parlant donc en synchronie le même français : l'imparfait du subjonctif leur est naturel.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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