Et pourquoi, s'il vous plaît, ne dirait-on pas du tigre mangeur d'hommes qu'il est anthropophage, puisque anthropophage signifie mangeur d'hommes ?
« Cela ne se dit que des hommes » permet de mettre à l'index les peuplades anthropophages, que l'on massacrera pour leur apprendre à respecter la vie humaine... Tandis que l'animal, lui, innocent par nature peut déguster les petits enfants, comme le faisaient les cochons dans les fermes de nos ancêtres sans être criminel...
Hé bien, justement pas ! Les archives en témoignent : au XVe siècle, on jugea à Fécamp une truie qui avait dévoré un enfant. Elle fut exécutée, et son corps brûlé, car manger la truie eût été manger l'enfant, donc commettre le crime d'anthropophagie par ricochet.
Les mentalités évoluent : pour l'homme médiéval, l'animal pouvait être criminel, donc anthropophage.
Techniquement parlant, rien ne s'oppose à ce que l'on qualifie d'anthropophage un animal qui mange de la chair humaine : l'étymologie est pour, la syntaxe n'est pas contre...
... ne supra crepidam sutor iudicaret. Pline l'Ancien