Le titre du fil généralise il me semble.
Les Inuits, eux ont une centaine de mots, parait-il, pour désigner la neige. On sait pourquoi. En voici seulement quelques uns :
Apinngraut est la première neige de l'automne, aput, c’est la neige qui est par terre. Qaniktak est une neige récemment tombée sur le sol. Mingoleq se dit d’une fine couche de neige.
Lorsque la neige est fondante, on dit aomyolc, aqidloqaq si elle est molle et aqilluqqaaq si elle est fraîche et boueuse. Maujaq, une neige épaisse et molle où il est ardu de marcher.
Manngomaq est mouillée, presque fondante et mannguomaq s’est amollie au fil du temps.
Ijaruvak est une neige fondue transformée en cristaux, oerlcshoq, une croûte de glace sur la neige après la pluie, Quiasuqaq a regelé et forme une croûte. Niummak est dure et ondulée.
Qiqiqralijarnatuq craque sous les pas. Katakartanaq croustille. On a aussi pukak pour une neige cristallisée qui s'effrite.
Un mot désigne la neige sur les vêtements : ayaq. Qaniq, neige qui tombe, devient masaq si elle est humide. Si elle tombe en spirale, on l’appelle perquservigiva, et si elle est fine : oannialaaq. Mingullaut fine et poudreuse, entre par les fissures et recouvre les objets,
Il y a un mot pour le son des éclats de neige sur le sol : natiruviaqtu. Il y en a un autre, plus prosaïque, pour désigner le trou fait dans la neige par un jet d'urine : oorkta.
Niktaalaq, c’est la neige portée par le vent ; piqsiq, celle qui est soulevée par le vent ; et naterovaq est une neige légère apportée par le vent.
On voit donc qu'une langue s'adapte, se moule sur la réalité de la vie. On s'en serait douté.
Toute contente d’avoir découvert la richesse du vocabulaire inuit pour désigner la neige, je me suis dit que les Touaregs devaient, eux, avoir des richesses lexicales autour de la notion de sable. A ce jour, j’ignore ce qu’il en est, mais je n’ai rien trouvé sur Internet. En revanche j’ai appris que le chameau, dans leur langue, est désigné d’une cinquantaine de façons différentes ! J’en ai retenu quelques unes :
Alem ou amis est le chameau mâle qui devient ézerif lorsqu’il est gris métallique, tézerift une chamelle de même teinte. Un chameau qui court vite : alem n akabur, un chameau de faible constitution : amugey. Si il blatère au chargement on le nomme tarajawit, s’il avance à longs pas, aseffakas, ou encore alem n emehal, s’il avance à petits pas, ategemtegam. Un chameau qui blatère souvent est appelé arenennas ou ahenderremma. Quant à un bon chameau, c’est akemhur.
Il existe un mot précis pour désigner le chameau selon que sa robe est de couleur acajou, mouchetée, blanche, marron rougeâtre, grise, etc., ou de plusieurs couleurs, selon que ses yeux sont bleuâtres ou ses pattes blanches, etc. Le nom dit si le chameau est vieux, s’il n’a que quelques années, et à quoi il sert (pour le chargement, pour être monté….). Les troupeaux de chameaux n’ont pas tous le même nom qui dépend de leur sexe, de leur couleur….
En réalité, comme la neige pour les Inuits il est pour eux vital de savoir désigner le chameau avec précision. Il est important de pouvoir comprendre rapidement, par le nom qui le désigne, les grandes caractéristiques de l’animal qui leur est le plus précieux dans le désert.
Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha