Sujet : Se dérober
Comme il est étrange se verbe.
Si j’ose résumer à ma façon ce que je lus dans les dicos: La robe (rauba) fut tout d’abord un butin ; on volait aux vaincus leurs biens ; on les dérobait.
La robe désigna ensuite plus précisément ce qui habille généralement une personne même si l’on va jusqu’à enrober des confiseries de chocolat…
J’éprouve quelque difficulté à faire le lien direct avec "se dérober".
Sur le cnrtl, un exemple de l’emploie de cette forme pronominale évoque assez bien le problème :
[10. N'avons-nous pas vu un jour (...), ce pommadin de sacristie, ce merlan gâteux qu'on nomme Auguste Roussel, congédiant, le mufle en l'air deux rétrogradants évêques pliés devant lui et se dérobant à reculons dans leur robe violette... Bloy, Le Désespéré,1886, p. 234]
Je crois avoir compris que les premiers à qui l’on reproche de se dérober sont les chevaux qui refusent d’être montés; ainsi la robe à laquelle ils échappent n’est pas la leur mais celle du cavalier.
Le mot robe désignant par ailleurs le poil et surtout la couleur du poil du cheval.
Récapitulons :
Nous avons des vaincus dérobés
Des chevaux qui se dérobent sous leur cavalier
Des confiseries enrobées de chocolat incapables de se dérober à la gourmandise de petits et des grands.
Mais alors, pourquoi trouve-t-on sur le cnrtl la même étymologie pour "se dérober" et "dérober" ?
[Dér. de l'a. fr. rober « piller, ici un pays » ca 1130 (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 2287) du germ. *raubôn « voler »]
Il me semble pourtant que "se dérober" tout comme "enrober" dérivent simplement de robe.