Sujet : Genre du mot ouvrage
Je ne sais que penser de l’expression "c’est de la belle ouvrage !" que j’entends de temps à autres au sujet d’objets estimés pour la qualité du travail accompli.
Ne devrait-on pas dire "C’est un(du) bel ouvrage"?
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Je ne sais que penser de l’expression "c’est de la belle ouvrage !" que j’entends de temps à autres au sujet d’objets estimés pour la qualité du travail accompli.
Ne devrait-on pas dire "C’est un(du) bel ouvrage"?
Je vous fais confiance pour avoir déjà considéré ce que le TLF ou Littré en disent.
Moins immédiat d'accès peut-être, et de lecture plus curieuse à notre époque où sexisme et féminisme deviennent omniprésents :
Alors... notre cher Vaugelas... sexiste ou féministe avant l'heure ? :
"Soit que l'on se serve de ce mot pour signifier quelque production de l'esprit, ou de la main, ou de la Nature, ou de la Fortune, il est toujours masculin.(...)
Mais les femmes parlant de leur ouvrage, le font toujours féminin & disent voilà une belle ouvrage, mon ouvrage n'est pas faite. Il semble qu'il leur doit être permis de nommer comme elles veulent ce qui n'est que de leur usage."
Un savant mélange des deux a minima...
À vrai dire, c’est vous qui m’avez orienté sur Vaugelas.
Il y a fort à parier qu’il ne reconnaîtrait plus l’Académie Française d’aujourd’hui.
https://books.google.fr/books?id=-ImzAL … mp;f=false
Celles qui parlent bien font ces deux mots masculins! écrit-il à propos d'ouvrage et de gages!
Pas si féministe que ça, Vaugelas!
Il semble qu'il doit leur être permis de nommer comme elles veulent ce qui n'est que de leur usage : ne sent-on pas là une touche de condescendance? Mais je fais du mauais esprit...
Un certain usage populaire féminise des mots masculins, comme air ou argent. Ouvrage en fait peut-être partie ?
Ouvrage, gage et orage, que cite Vaugelas ont une terminaison en -age.
Est-ce parce qu'on trouve dans cette série les mots non suffixés (nominalisé à partir de verbes) sont plus souvent féminins : rage, plage, cage. ?
Quand j'entends Marie-Claire Alain... je me dis qu'elle seule pourrait jouer sur plusieurs orgues à la fois.
Ainsi, suivant Vaugelas... je trouve parfaitement justifié qu'orgue soit au féminin quand il est au pluriel...
De même, on pourrait s'imaginer que Gutemberg avait laissé la responsabilité de mettre les espaces... à Madame...
Plus sérieusement, Robert Dubuc note qu'au Canada français : "Il y a d'ailleurs une tendance dans la langue populaire à féminiser les noms qui commencent par une voyelle ou un h muet. Pensons à autobus, érable et argent, qui troquent le masculin normal pour le féminin."
La responsabilité ne viendrait donc pas de la finale.
Bon... il faut bien admettre qu'il sont un peu space nos cousins qui prennent une autobus pour aller à la job...
Cela dit nous avons fait de même avec alvéole et ce cas est pour moi le plus curieux puisque il me semble avoir été officiellement entériné.
Quelle ouvrage intéressante pour une automne pluvieuse que de mettre une espace dans une alvéole !
Oups! Pardon!
J'ai dû me laisser distraire par Dame Alain!
Fausse manipe! Pardon!
Plus sérieusement, Robert Dubuc note qu'au Canada français : "Il y a d'ailleurs une tendance dans la langue populaire à féminiser les noms qui commencent par une voyelle ou un h muet. Pensons à autobus, érable et argent, qui troquent le masculin normal pour le féminin."
Pensons aussi au Gros horloge de Rouen, devenu la grosse horloge par sa structure phonétique : voyelle à l'initiale, e caduc à la finale. Ouvrage a la même structure. C'est là une tendance profonde de la langue.
Quelle ouvrage intéressante pour une automne pluvieuse que de mettre une espace dans une alvéole !
Deux intrus dans cette phrase : automne et espace sont bien épicènes, avec nuances de sens pour espace...
Quelle ouvrage intéressante pour une automne pluvieuse que de mettre une espace dans une alvéole !
Deux intrus dans cette phrase : automne et espace sont bien épicènes, avec nuances de sens pour espace...
N'oubliez pas alvéole.
Plus sérieusement, Robert Dubuc note qu'au Canada français : "Il y a d'ailleurs une tendance dans la langue populaire à féminiser les noms qui commencent par une voyelle ou un h muet. Pensons à autobus, érable et argent, qui troquent le masculin normal pour le féminin."
Pour "argent", ce n'est pas spécifiquement canadien.
TLFi :
− Pop. Argent, au fém. :
17. − Je les entendais même les philosophes, continua Paradis, je les entendais qui se disaient entre eux : ces petits gars-là ils savent les prendre les poules, avec eux on n'en perd pas une bouchée, ce n'est pas de l'argent gaspillée, elle rapporte bien du plaisir. Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 19.
L'argent (m) ressemble à l'hypothétique la rgent (f)
P'tit prof a écrit:Quelle ouvrage intéressante pour une automne pluvieuse que de mettre une espace dans une alvéole !
Deux intrus dans cette phrase : automne et espace sont bien épicènes, avec nuances de sens pour espace...
N'oubliez pas alvéole.
Alvéole est (provisoirement ?) masculin, il n'est pas un intrus dans cette plaisante liste d'écarts.
Et puis...
Tout ça n'vaut pas l'amour
La belle amour
La vraie amour.
L'amour qui nous enchante
Alvéole est (provisoirement ?) masculin, il n'est pas un intrus dans cette plaisante liste d'écarts.
TLFi :
Rem. Quoique Ac. le donne comme masc., alvéole est considéré comme fém. ds Besch. 1845, Lar. 19e-Nouv. Lar. ill., Dub. et par de nombreux auteurs.
Cela fait plusieurs années qu'il est exclusivement féminin dans le Petit Larousse qui note, in fine : « ce mot était autrefois masculin. »
Le Petit Larousse, promu dictionnaire de langue !!
Quant au Tlfi il annonce la couleur dès l'entrée :
ALVÉOLE, subst. masc
Le TLFi annonce la couleur dès l'entrée mais donne les nuances à la sortie ! C'est la remarque que j'ai citée plus haut.
Le TLFi reflète la position classique en 1970 qui était encore celle des dictionnaires d'usage courant, y compris le Petit Larousse de 1970.
Le Petit Larousse est certainement un excellent observateur de l'évolution de la langue. Il a petit à petit pris acte de l'évolution du genre du nom "alvéole". Le Grand Larousse Universel donne aussi le genre féminin, et le Robert historique note : n.m. (genre devenu académique) ou f.. Le Petit Robert lui emboîte le pas.
La question avait été abordée ici :
http://www.languefrancaise.net/forum/vi … 724#p90724
et ailleurs :
https://www.etudes-litteraires.com/foru … ml#p360225
Voici ce que notait Nyrop dans sa Grammaire historique :
Grevisse fait, comme d'habitude, la description des deux solutions (Bon Usage, 12e édition) :
Hanse se mouille :
Le Français correct de Grevisse et Lenoble-Pinson :
Et une grammaire moderne ne se pose même plus la question :
Oui bien sûr : mage, sage, page....
J'aurais dû dire que justement, on a des mots des deux genres. Je persiste à penser que dans ce cas c'est la finale et pas l'initiale qui génère la fluctuation : gage ne commence pas par une voyelle.
Annales des ponts et chaussées, Mémoires et documents, 1921
Journal de la Société des américanistes, vol. 8-9, 1911
J. Tissot, Constitution des organismes animaux et végétaux, 1926
M. Dunand, Fouilles de Byblos, tome 1, 1939
Revue universelle des mines, 1922. Etc.
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