C'est une idée.
Les dix catégories d'Aristote :
la substance
la quantité
la qualité
la relation
le lieu
le temps
la position (la posture)
la possession
l'action
la passion.
Le thème principal correspond à la substance.
La situation correspond au lieu, au temps, et est étendue à un corps social (chez Peugeot), à une fonction sociale (ouvrier), à un grand évènement (JO),...etc; à tout ce qui permet de situer le sujet dans la réalité vécue.
La posture et la qualité peuvent se ramener en relation à la forme, en général : ex : la blancheur se manifeste dans la forme d'un spectre. De plus, toute quantité est aussi relation à une forme : 2 mètres est le double du mètre étalon. Dire « Socrate est grand et brun » ne mélange pas une quantité et une qualité, mais indique 2 relations à 2 formes, l'une à la forme humaine commune, l'autre à la forme spectrale blanche. C'est ici une relation de comparaison.
La possession implique aussi une relation, mais c'est ici relation de subordination à un tout. Cette relation de subordination implique la cohésion d'une partie d'avec son tout, ce qui n'est pas le cas dans la relation précédente, donc nécessiterait une force pour les séparer. Dans « J'ai un pied », le pied est une de mes parties, physique : M'en séparer exigerait de le scier, donc y appliquer une force physique. Dans « j'ai une voiture », la voiture est une de mes parties, sociale : M'en séparer exigerait d'y appliquer une force sociale.
La passion et l'action sont regroupées sous le vocable générique d'évolution, ou bien de convolution si plusieurs substances sont impliquées. Dans une convolution, c'est une exception que le thème principal soit seulement actif, et le thème secondaire seulement passif. Dans « Je mange un fruit », certes je conduis le fruit à perdre l'existence, donc j'agis sur le fruit mais je peux me déchausser une dent, et ma faim s'apaise, donc le fruit agit sur moi. Il y a donc plusieurs genres de convolution, où le thème principal est nullement affecté, quelque peu affecté, totalement affecté, et ce degré d'affectation s'applique également aux thèmes secondaires. La passion et l'action sont deux parties d'une convolution, mais elles se répartissent variablement entre les divers thèmes qu'elle relie.
Je parviens ainsi à 6 catégories :
- la substance. (une chose réelle, concrète, en totalité)
- la forme. (le « spectre » d'une chose réelle, abstraite et idéelle, donc partie d'une substance)
- la situation (pour localiser une partie dans un tout).
- évolution / convolution (mouvements de substance(s)).
- relation de comparaison.
- relation de partition.
Maintenant, Aristote me semble plus faire de l'ontologie que de la linguistique. En arrière-plan, on peut le prendre soit de manière holistique (il n'y a qu'un seul être dont toutes les substances sont des parties) - par ordonnancement hiérarchique, soit de manière pluraliste (le tout est un ensemble des substances juxtaposées) - par ordonnancement égalitaire. On peut encore considérer toute composition de ces deux ordonnancements.
Donc l'appel à Aristote fait pencher la réflexion excessivement vers le verbe « être ».
Tandis que mon but était plutôt linguistique : Je me penchai sur la « théorie de la valence » des verbes, qui cherche à distinguer entre compléments essentiels (COD, COI, COS) et accessoires (Compléments circonstanciels). Or cette nuance ne semble pas si nette, ce qui me contraignit à analyser les énoncés.
Par exemple : dans « j'habite à Paris », « à Paris » est un complément essentiel au verbe habiter - on ne pourrait pas dire simplement « j'habite ». Pourtant, on ne dira pas « à Paris » COI pour autant. Donc il existe certains énoncés où le complément de situation est essentiel. « J'habite à Paris » signifie « j'ai une habitation à Paris ». L'énoncé évoque donc une relation d'appartenance (à moi, une habitation) située (à Paris). Autre exemple : « Je vais à Paris »; De même, ici, on ne pourrait dire simplement « Je vais », mais « à Paris » n'est pas COI. L'énoncé évoque une évolution de la situation spatiale dont le terme est « Paris ». La théorie de la valence s'applique mal dans ces cas.
Maintenant, si j'énonce « J'ai peint ce tableau à la gouache », j'ai une convolution à trois thèmes (une tri-convolution). J'énonce une interaction entre moi, le tableau, et la gouache. Ici, la préposition « à » ne servira pas à introduire une situation, ni une circonstance, mais la matière utilisée pour peindre. Cette usage de la préposition « à » est propre au verbe peindre.
Dans la structure de la phrase :
Le thème principal (le sujet) régit la marque personnelle du verbe. (J'ai peint)
Le verbe régit la marque prépositionnelle des thèmes convolués (ce tableau, à la gouache) - ces prépositions ont alors un sens particulier, propre au verbe. De plus, ces marques prépositionnelles peuvent dépendre de la classe grammaticale du mot. Ex : j'ai choisi le départ / J'ai choisi de partir.
Les compléments situationnels (lieu, temps,..etc) sont aussi introduits par des prépositions, mais elles prennent alors un sens général.