Sujet : vraies ou fausses antonomases ?
Premier cas : mobylette.
Étymologie et Histoire 1949 (Bulletin Officiel de la Propriété Industrielle, numéro 3420, 17 novembre 1949, page 2976: Mobylette. 456. 934. M. p. désignation des cycles à moteurs, motocycles, pièces détachées et accessoires dépuis le 27 août 1949, [...] par les Ateliers de la Motobécane). Nom de marque déposé, formé sur un radical mobil tiré de mobile* (utilisé dans des mots comme automobile*) avec substitution de y à i (Documentation Ateliers de la Motobécane); suffixe -ette (-et*).
La formation du mot revient aux ateliers Motobécane, avec cette astuce de remplacer le i par le y, mais sur le fond, sans réduire le mérite de Motobécane ni sous-estimer ce que nous devons au succès de sa mobylette, le mot est bel est bien une formation de la langue française.
Deuxième cas : frigidaire, tiré de frigidarium.
1920 (28 décembre dans le Bulletin officiel de la propriété industrielle et commerciale, page 90, numéro 3709). Emprunté au latin frigidarium « glacière, chambre froide », une 1re fois en 1636, voir frigidarium, puis repris comme nom déposé d'une marque de réfrigérateurs de la firme General Motors (21 septembre 1918 dans U.S. Patent Office du 23 novembre 1920, page 803).
ANTIQUITÉ ROMAINE. Partie des thermes où l'on prenait les bains froids (voir caldarium, tepidarium). Une autre ruine cyclopéenne, les thermes de Caracalla (...) un frigidarium où la piscine pouvait contenir à la fois cinq cents baigneurs (Zola, Rome, 1896, page 118).
[...] Étymologie et Histoire 1636 Frigidaire (Monet); 1838 frigidarium (Ac. Compl. 1842). Mot latin classique frigidarium « partie des thermes où l'on prenait des bains froids ».
Sur la forme, on n'enlèvera rien aux mérites de la marque Frigidaire d'avoir su reprendre le mot et lui assurer son succès, mais sur le fond il s'agit bel et bien d'un mot de la langue française forgé à partir du latin puis reconnu en 1636 par le lexicographe Philibert Monet.
Troisième cas : klaxon.
Étymologie et Histoire 1911 (La Vie automobile, 400 d'aprés R. V. Ball dans Fr. mod. tome 42, page 356 : Le Klaxon (Breveté S.G.D.G.) − The klaxon Co Ltd., Paris). Emprunté au terme anglo-américain (formé sur le grec κλα ́ζειν « crier, retentir ») qui est à l'origine le nom commercial sous lequel un fabricant distribua cet instrument.
Sur la forme la marque intervient donc dans le seul suffixe -on, dans le succès du mot et l'usage qu'on en connaît, mais sur le fond il s'agit bien d'un mot repris du grec.
Conclusion : nulle trace d'antonomase dans ces trois mots de mobylette, de frigidaire et de klaxon, on est loin de l'antonomase entre tartuffe et hypocrite, à mon avis. Et il y aurait à dire ici aussi :
[...] Au vu de l'attestation en 1609 supra, Molière n'a pas inventé le nom de Tartuffe, mais c'est sa comédie (représentée pour la 1re fois en 1664) qui est à l'origine de la diffusion du mot dans la langue courante.