Sujet : De la fortune d'un mot : abacus
Tiré de la page 50 du fil sur les doublets :
vh a écrit:▀ ► abaque / ► abacus (étymon lat. abacus)
https://books.google.com/books?id=fAgIA … mp;f=false (en angl.)D'Italie je ne peux pas lire le lien, heureusement on trouve partout cette canne en forme de sceptre en usage dans la franc-maçonnerie. Mais cet abacus-là date de quand ? Pourquoi est-il entré dans l'usage des francs-maçons et quel rapport avec l'abacus latin dont il a la forme mais - apparemment - ne correspond à aucune des acceptions (cf. http://www.dicolatin.com/FR/LAK/0/ABACUS/index.htm).
Effectivement, on peut imaginer un lien entre l'abaque au sommet de la colonne et le sceptre, à plus forte raison avec l'acception ultérieure qu'il a prise d'après le TLF :
Dès le Ve et le VIe siècles, ... l'aigle ou la colombe viennent remplacer la volute corinthienne pour soutenir l'abaque.
Je doute fort que ce soit avec les Templiers qu'il ait débarqué dans la langue, le problème étant qu'ils ont suscité une littérature telle qu'il est très difficile de faire le tri. Donc, vh, si vous avez des infos plus précises, elles seront bienvenues.
Pas moyen de trouver un abacus associé aux Templiers avant 1820 et la traduction en français de l'Ivanhoé de Walter Scott (1819) :
In his hand he bore that singular "abacus", or staff of office, with which Templars are usually represented, having at the upper end a round plate, on which was engraved the cross of the Order, inscribed within a circle or orle, as heralds term it. (Projet Gutenberg)
La première traduction en français reprenait déjà cet abacus et ce n'est pas celle d'Alexandre Dumas (ou de sa maitresse) qui date de 1862. Mais le roman a eu un impact énorme dès 1820 chez nos Romantiques. Voici cette première traduction :
Et effectivement, les anglais avaient par rapport à notre abaque une acception supplémentaire pour abacus, “moulage concave” (voir ce dico de 1741), ce qui devrait justifier le nom dont Scott a affublé le “sceptre” et repris tel quel par le traducteur (Alexandre Dumas).
L'amusant dans l'histoire est la singulière fortune qu'a connu ce surnom scottien dans la vaste littérature sur les Templiers. Je ne sais pas si le Grand-Maître a vraiment eu un bâton de commandement, il est certain qu'il aurait été bien en peine de répondre si on lui avait demandé où il avait mis son abacus.