Encore des langues (ou une langue) que l'on rencontre dans le TLFi, et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas clair (et je soupçonne que les rédacteurs des notices étymologiques du TLFi aient fontionné sur de vieilles lunes en la matière).
Les langues d'oc (ou la langue d'oc). Un premier point, le nom, nous devons celui-ci à Dante, il a souvent été attribué de l'extérieur, et provençal comme limousin ont été des dénominations équivalentes à langue d'oc sans aucune considération de géographie ou de dialectes.
Ces langues d'oc font partie – selon les classifications les plus récentes - des langues occitano-romanes (le français et les langues d'oïl ainsi que le franco-provençal, c'est du gallo-roman).
Les premières traces de cette langue, c'est au VIe siècle avec ce que certains ont appelé un proto-gascon et ça dure encore, sous diverses formes, au XXIe siècle.
Une petite vidéo et un excellent site pour creuser.
Deux périodes de pouvoir politique local fort, VIIe-VIIIe siècle avec le duché de Vasconie (les Basques) issu de la Novempopulanie, et Xe-XIIe avec de puissants souverains locaux (ducs d'Aquitaine, comtes de Toulouse) quasi indépendants du lointain royaume de France. Toutes ces élites locales descendent des élites gallo-romaines et restent très conscientes de leur “romanité” et le latin populaire disparaitra entre un demi-siècle et un siècle plus tard que dans le nord de la France (entre la moitié du IXe et le début du Xe siècle).
Et tous ces gens parlent la même langue, aux variantes locales près, au point que l'on peut dire qu'il n'y aura qu'une langue occitane écrite (à partir du Xe siècle) qui unifiera et codifiera la langue (tout en respectant les variantes locales). Cette langue prendra même un caractère international à partir du XIIe siècle (Aliénor, les troubadours, etc.) avec tout le prestige qui en découle.
Élan brisé au XIIIe avec la croisade des Albigeois, un lent déclin commence avec des langues parlées abandonnées à elles-mêmes et une dialectisation croissante (bien plus marquée qu'au XIIe siècle). Comme les pays d'Occitanie étaient de droit écrit, elles arriveront aussi de ce fait à faire de la résistance.
Ces langues garderont donc un certain prestige jusqu'au XVIIe siècle, quand elles commenceront à être perçues de manière négative (des patois quoi).
On tente à notre époque de recodifier par écrit l'occitan , dans l'esprit de la norme écrite du XIIe (le provençal, fier de sa tradition mistralienne, faisant bande à part avec une norme différente), et au niveau de la langue parlée, on distingue 3 groupes :
Le gascon : la variante la plus anciennement documentée avec une branche espagnole, l'aranais
L'occitan méridional : c'était la langue de toute la facade méditerranéenne de l'Occitanie du comté de Nice à la Catalogne espagnole. Au XIIIe, pour des raisons plus politiques que linguistiques (un peu comme le serbe et le croate), le catalan s'en détache, le provençal et le languedocien ne se distingueront l'un de l'autre qu'à partir des XVIe et XVIIe siècles, époque où le provençal commence à innover et à se détacher du languedocien.
L'occitan septentrional : il regroupe limousin, auvergnat et vivaro-alpin (appelé localement dauphinois). Difficile d'en faire l'histoire, fût-ce à grands traits, le fait que ces regroupements de dialectes ne soient pas tout à fait pertinents pourrait aussi y être pour quelque chose. Certains remettent en cause cette subdivision.
C'est taillé à la hache plus encore que ça l'a été pour les latins mais au moins le cadre géographique et historique est un peu dégrossi.
Quand dans le TLFi, on lit ancien provençal, il devrait s'agir de cette koiné du pourtour méditerranéen, l'ancien catalan ne devrait, au maximum, pouvoir remonter qu'à la fin du XIIe. Le languedocien devrait être encore plus tardif, contemporain du provençal.
Malheureusement les langues indiquées dans les notices étymologiques semblent plus indiquer un souci de provenance géographique des documents ou des termes documentés que des langues elles-mêmes. C'est du moins l'impression que j'ai eue, je changerai peut-être d'avis. Heureusement je ne me rappelle pas avoir croisé souvent le limousin ou l'auvergnat.
C'est ce que j'ai glané de ci de là, le site de l'université de Montpellier m'ayant bien aidé à mettre tout ça en ordre.