Trifouilly-les-Oies a été précédé par d'autres noms imaginaires voisins, désignant des villages reculés :
FRITZ, continuant. Faut pas m’en vouloir… je croyais que j’étais à Trépagny-les-Mèches… à côté de Catherine, ma payse. (Brisebarre, Nyon, Labie, Drinn-drinn, 1851, p. 12.)
Je suis maire de Trépigny-les-Poireaux et je suis le père de mes administrés. (Crétot, « Une fête à Trépigny-les-Poireaux », dans Almanach de la jeune chanson française, 1874, XII, p. 30.)
GORJU. Mon doux Jésus ! Pourquoi faut-il que vous soyez venu chez nous, à Trépagny-l’Orgueilleux, – à cette fête ed’ malheur que le diable emporte ! (Durandeau, Civils et militaires, 1878, p. 157.)
ELISA. Un député ?
TOUT-A-L’ŒIL. Non, un maire. Je suis maire, aussi, de Trépagny-les-zharicots-verts. (Cercle de l’Union artistique, Coopérative-revue, 1882, p. 129.)
Depuis fort longtemps, on a aussi employé le nom d'une ville réelle, Pampelune, pour suggérer un endroit extrêmement lointain. Plus récemment, et sans doute dans un contexte militaire, Tataouine a eu le même rôle.
Gb a parfaitement raison quant aux lacunes des dictionnaires. Non seulement Dupont et Durand n'y figurent pas, mais on n'y trouve pas Pierre, Paul ou Jacques en tant que prénoms courants : il faut être un saint, un roi ou un empereur (une sainte, une reine ou une impératrice) pour faire valoir un prénom, même s'il extrêmement commun. Tant que l'Histoire ne connaîtra pas une sainte Janine ou un Jean-Pierre Ier, ces prénoms seront exclus des répertoires.
On pourrait d'ailleurs trouver mille autres exemples de ces lacunes : les noms d'animaux (chiens, chevaux...), les noms de marques, les noms des quartiers parisiens (que comprend l'étranger si on lui dit qu'on habite le Sentier ou Barbès?), les noms d'équipes sportives (les Verts, les Canaris...). Un dictionnaire comme le Robert des noms propres est bien plus renseigné sur les anciens rois du Tibet que sur ces termes qui sont quotidiennement dans la bouche de chacun.