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forum abclf » Promotion linguistique » Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

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Messages [ 30 ]

Sujet : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

J'ai moi-même donné — bénévolement et sans formation FLE — des leçons informelles de français à des « primo-arrivants » (c'est le terme consacré du jargon administratif ). 

éponymie a écrit:

Remarque : l'usage présente une troisième variante, dans le milieu on lit et entend très souvent enseignant FLE, stagiaire FLE.


La remarque d'Éponymie, fort pertinente, m'inspire une question.
J'ai été témoin de  leçons données par des enseignants FLE chevronnés à des apprenants totalement ignorants du français. Quelle ne fut ma surprise lorsque je les entendis s'adresser en français à leurs grands élèves qui étaient pour la plupart russophones, turcophones  et, petitement, anglophones. Regards incrédules et vaguement amusés des apprenants. Lors de la leçon suivante, les effectifs avaient fondu de moitié. Bizarre, non ? Ma question : les cours de FLE sont-ils donnés exclusivement en français ? J'ai, pour ma part, du mal à imaginer qu'un professeur de chinois puisse enseigner le chinois à des Français sans passer par le français. Quelqu'un a-t-il des lumières sur le sujet ?

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

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Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Après le bac, j'ai eu droit à des cours d'espagnol exclusivement dans cette langue, mais ils s'adressaient à un public francophone, donc à même de deviner le sens des mots choisis par le professeur pour leur proximité du français.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

3 Dernière modification par éponymie (12-11-2013 19:00:13)

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

J'ai enseigné à des groupes d'Indiens, d'Ukrainiens, à des Russes, des Hongrois, toujours en parlant seulement et exclusivement français. Malheureusement, je ne suis pas un bon exemple parce qu'ils avaient tous quelques bases d'italien.

On constate cependant que pour des peuples qui ne sont pas de langue latine, la progression est plus lente : du point de vue de l'acquisition du lexique, de la phonétique, de l'accent tonique, du rythme et de la production orale en général, meme si on les fait parler dès le début, ils hésiteront plus longtemps avant de se lancer dans une conversation spontanée. Sauf s'ils parlent déjà 2 ou 3 autres langues (ce qui arrive souvent avec les religieux envoyés étudier à Rome), ils ont développé des réflexes d'apprentissage.

Ce qui me surprend, c'est votre étonnement. Comme si apprendre un langue était difficile alors qu'il n'y a rien de plus naturel. La classe de FLE doit créer les conditions naturelles d'apprentissage d'une langue et la première est évidemment de faire baigner immédiatement les apprenants dans celle-ci.

Si vous leur dites "Bonjour, je m'appelle ...., j'habite à Rome, le travaille pour l'institut ..." en ne restant pas assis derrière un bureau, ça passe. Il y a toute une progression qui ne présente pas de difficultés particulières si elle est basée sur l'oral et la participation active des apprenants. L'écriture, n'en déplaise aux tenants de l'ORTHOgraphe, est secondaire, et son assimilation se fait au fur et à mesure de la progression. Toujours, toujours donner la priorité à l'oral.

Il est important par contre que l'enseignant comprenne rapidement en quoi vont consister les difficultés de chaque élève, elles sont souvent d'ordre phonétique (pour mon expérience) : comme ils font référence à ce qu'ils connaissent, ils interprètent sons et mots, on y remédie par des exercices d'écoute et de répétition.

J'imagine que l'enseignant chinois de chinois consacrera du temps à la phonétique si ses élèves sont européens et il est possible qu'il laisse tomber les idéogrammes pour un transcription alphabétique (encore une fois j'imagine) mais la problématique est identique, il n'y a pas de raison. Mais nous avons un spécialiste de langues asiatiques sur ABC.

Je n'ai pas compris pourquoi ma remarque a soulevé cette question smile

P.S.: j'oubliais, si les effectifs ont fondu de moitié, c'est que ceux qui sont partis n'ont pas la motivation suffisante, un cours traditionnel produirait un résultat analogue (éventuellement en leur donnant l'impression qu'ils savent quelque chose de plus sur la langue mais sans qu'ils la parlent efficacement pour autant).

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

éponymie a écrit:

J'ai enseigné à des groupes d'Indiens, d'Ukrainiens, à des Russes, des Hongrois, toujours en parlant seulement et exclusivement français. Malheureusement, je ne suis pas un bon exemple parce qu'ils avaient tous quelques bases d'italien. [...]

Merci pour cette longue réponse. Je vois néanmoins que vous avez utilisé une langue relais — l'italien, semble-t-il — mais je serais surpris que les Indiens n'aient pas parlé anglais et que les Ukrainiens et les Russes n'en aient pas eu des notions de base pour peu qu'ils aient fréquenté une université. Peut-être vous-même avez vous pu les aider avec quelques mots d'anglais... wink Pour les Hongrois, hélas, le monolinguisme des quadras, des quinquas et des seniors  est fréquent tant  ils ont été rétifs au russe alors que le régime ne favorisait nullement l'enseignement de l'anglais (je le sais parce que l'un de mes proches parents vit en Hongrie). Sans parler sa langue ou sans utiliser une langue relais, j'ai du mal à imaginer les premiers pas en français pour un Russe ou pour un Chinois monolingues : « Bonjour, au revoir, demain 9h, après demain samedi, pas de cours... ». Pas facile à assimiler pour des débutants, sans même les terroriser avec notre orthographe muséale. J'ai néanmoins observé que les uns et les autres faisaient preuve de débrouillardise en recourant à leurs téléphones portables  et, surtout, à des stratégies d'entraide communautaire qu'ils mettaient rapidement en place. C'était malheureusement aussi un frein puissant à leur immersion linguistique puisque l'un deux seulement servait d'intercesseur avec le pays d'accueil.  Il me semble pourtant que c'est la force de la motivation qui fait la différence. J'ai ainsi vu un jeune Kurde (déjà bilingue en turc et en kurde, il est vrai) faire des progrès stupéfiants en allant, seul, vendre  des objets de récupération dans tous les vide-greniers et brocantes de l'agglomération grenobloise. Bref, je suis toujours curieux d'apprendre comment se fait le démarrage en français parlé à partir de pas grand chose. Encore merci pour votre contribution.
Une méthode audio-visuelle américaine — Rosetta Stone —, destinée, à l'origine, à enseigner des langues rares à des officiers de renseignement, ne comporte rien d'autre que des images et des scènes « en situation » dans la langue cible. J'ai essayé. C'est assez convaincant (assez cher aussi) mais il faut impérativement connaître un locuteur natif.

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Je n'ai pas utilisé l'italien ou l'anglais comme langue-relais, il se trouve qu'au minimum ces apprenants avait des notions rudimentaires d'italien. Ce qui les aidait et me facilitait la tache.

Cette année, j'ai eu une petite jeune de 25 ans, son diplome d'architecte en poche, elle partait en Suisse romande comme jeune fille au pair et espérait faire son trou là-bas. Elle a commencé en pensant etre nulle en langues et était toute surprise au bout de 18 heures seulement de cours d'avoir l'impression de tout comprendre et de pouvoir s'exprimer pour les nécessités de tous les jours. Malheureusement, elle est partie juste avant de franchir ce seuil psychologique au delà duquel on ose parler (pour les Italiens,entre 20 et 30 heures en général) à une autre personne que l'enseignant.

J'ai mis récemment dans un fil une liste de mots que des débutants en français peuvent apprendre en 12 heures (approche actionnelle). Y jeter un oeil est éloquent, je pense, pour se rendre compte de combien on peut assimiler en peu de temps. Et il ne s'agit que du lexique, du point de vue de la syntaxe, on acquiert aussi tout le nécessaire pour survivre en français.

C'est la nécessité qui crée la motivation et qui fait la différence effectivement.

C'est très psychologique aussi : je me souviens d'un élève, cadre dans une entreprise avec une petite amie française (pas pédagogue pour deux sous comme j'ai pu le constater), qui bloquait systématiquement sur tout et faisait du surplace, un jour (après un an de leçons hebdomadaires), allez savoir comment et pourquoi, il a compris le principe  de la formation de l'imparfait, et ça l'a débloqué pour tout le reste : il s'est mis à manipuler des trucs que nous avions vus mais qui ne réussissaient pas à entrer (le plus frappant, c'était pour les pronoms compléments).

Autre exemple avec des gamins de 12, 13 ans : j'ai enseigné 2 ans dans un collège avant qu'une réforme ne m'en donne plus le droit, et j'ai vu le meme miracle opérer. Silence radio pendant un an et demi et du jour au lendemain l'éponge dégorge tout ce qu'elle a absorbé.

Tout comme je sors parfois des mots en italien dont je me demande où, quand et comment je les ai enregistrés.

Tout ce que je constate est certainement théorisé et expliqué quelque part, la théorie n'est pas mon fort, j'ai  lu des trucs et j'ai oublié.

Pour résumer, la langue ne s'apprend pas comme les maths ou l'histoire

6 Dernière modification par Bookish Prat (13-11-2013 17:47:56)

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

éponymie a écrit:

[...] J'ai mis récemment dans un fil une liste de mots que des débutants en français peuvent apprendre en 12 heures (approche actionnelle). Y jeter un oeil est éloquent, je pense, pour se rendre compte de combien on peut assimiler en peu de temps. [...]

Astucieux. Je suis curieux de savoir quels sont les mots et expressions de ce kit de survie linguistique. Je me souviens avoir fait quelque chose d'un peu semblable pour un apprenant sri lankais qui s'empressait de transcrire les mots, tels qu'il les entendait, dans le syllabaire tamoul. Sa relecture des phrases notées phonétiquement était cependant d'une grande précision. C'était assez étrange d'entendre des mots français venir de cette écriture... exotique.

http://www.lausanne.ch/thematiques/scolarite-lausanne/etablissements-scolaires/ep-d-entre-bois/mainArea/01/tabs/08/paragraphs/0/text_files/file0/document/texte-tamoul-tml.jpg

Ici, bien sûr, le texte est en tamoul. Sa traduction : « Lorsque vous venez habiter Lausanne, il est nécessaire de prendre contact avec le Service des écoles primaires et secondaires, afin d’inscrire vos enfants dans un établissement scolaire.
Si votre enfant est scolarisé dans un établissement lausannois, vous pouvez vous adresser directement au secrétariat de l'établissement pour tout problème scolaire, de discipline, en lien avec les règles de l'école ou pour toute autre question.»

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

J'ai retrouvé le message :

http://www.languefrancaise.net/forum/vi … 13#p107013

C'est joli le tamoul mais il aurait été plus intéressant d'avoir les phrases notées phonétiquement avec l'alphasyllabaire tamoul. Mes élèves ne notaient pas grand-chose, elles jouaient les situations. Plus efficace.

8 Dernière modification par Bookish Prat (15-11-2013 22:04:31)

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

éponymie a écrit:

J'ai retrouvé le message :

http://www.languefrancaise.net/forum/vi … 13#p107013

C'est joli le tamoul mais il aurait été plus intéressant d'avoir les phrases notées phonétiquement avec l'alphasyllabaire tamoul. Mes élèves ne notaient pas grand-chose, elles jouaient les situations. Plus efficace.

Effectivement, mais intéressant pour qui « d'avoir les phrases notées phonétiquement avec l'alphasyllabaire tamoul » ? Il est fort probable, d'ailleurs , que mes apprenants tamoulophones notaient la prononciation française avec cet « alphasyllabaire » (qu'est-ce donc, déjà, qu'un alphasyllabaire ? wink ). Je me limitais à montrer un exemple de typographie tamoule et, accessoirement, l'intérêt que portent les autorités suisses aux langues et aux cultures des communautés étrangères sur leur sol. Amusant rappel des ambigüités du politiquement correct français qui refuse d'admettre le communautarisme mais qui n'hésite pas à désigner par « communauté des gens du voyage » ce que d'autres, il n'y a pas si longtemps, nommaient Gitans, Manouches, Bohémiens, Yéniches, etc. Le mot Tsigane désignait alors ceux que l'on nomme aujourd'hui Roms (ou Rroms, pour faire savant).

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Bookish Prat a écrit:

Effectivement, mais intéressant pour qui « d'avoir les phrases notées phonétiquement avec l'alphasyllabaire tamoul » ?

Pour moi déjà, j'aurais peut-etre pu déchiffrer cet alphasyllabaire notant phonétiquement le français en connaissant le message ainsi transcrit. C'est aussi stupide que ça.

Bookish Prat a écrit:

Il est fort probable, d'ailleurs , que mes apprenants tamoulophones notaient la prononciation française avec cet « alphasyllabaire » (qu'est-ce donc, déjà, qu'un alphasyllabaire ? wink ).

Voici ce que j'ai découvert - wikipedia - grace à vous :

Le tamoul appartient à la famille des langues dravidiennes. C'est une des plus anciennes langues toujours parlées, restée quasiment inchangée depuis environ 2000 ans. Il s'écrit au moyen d'un alphasyllabaire dérivé du grantha, provenant lui-même de la brahmi.

Un syllabaire est un ensemble de symboles utilisés pour représenter les sons vocalisés ou groupés d'une langue. Les symboles représentent des syllabes, à la différence d'un alphabet où les symboles représentent des sons ou des phonèmes unitairement.

Dans l'absolu, dans un syllabaire, des caractères phonétiquement proches (comme « ka », « ke » ou « ko ») ne possèdent pas un graphisme similaires — à la différence d'un alphasyllabaire où une base consonnantale commune est typiquement altérée pour représenter la voyelle.

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

éponymie a écrit:

Mais nous avons un spécialiste de langues asiatiques sur ABC.

On parle de moi ! (*^_^*)

Bookish Prat a écrit:

J'ai été témoin de  leçons données par des enseignants FLE chevronnés à des apprenants totalement ignorants du français. Quelle ne fut ma surprise lorsque je les entendis s'adresser en français à leurs grands élèves qui étaient pour la plupart russophones, turcophones  et, petitement, anglophones. Regards incrédules et vaguement amusés des apprenants. Lors de la leçon suivante, les effectifs avaient fondu de moitié. Bizarre, non ?

Pas forcement, s’il n’y a pas de langue commune entre les apprenants, et surtout entre les apprenants et le prof, la seule solution est d’avoir comme langue de référence la langue cible.

Ma question : les cours de FLE sont-ils donnés exclusivement en français ?

Je pense que c’est plutôt la règle, et pas que pour le français. Il suffit de voir le succès de l’école Berlitz et de sa méthode d’ « immersion totale », même si ce n’est pas la panacée.

J'ai, pour ma part, du mal à imaginer qu'un professeur de chinois puisse enseigner le chinois à des Français sans passer par le français. Quelqu'un a-t-il des lumières sur le sujet ?

Moi, ce serait plutôt l’inverse que j’aurais du mal à imaginer. Et pourtant ils y arrivent !

éponymie a écrit:

J'imagine que l'enseignant chinois de chinois consacrera du temps à la phonétique si ses élèves sont européens et il est possible qu'il laisse tomber les idéogrammes pour un transcription alphabétique (encore une fois j'imagine) mais la problématique est identique, il n'y a pas de raison.

Vu l’importance des tons dans les langues chinoises… c’est évident. Et effectivement, on apprend d’abord la transcription en pinyin (utilisée dans les dicos, et pour écrire sur ordi, etc.) du chinois avant de s’attaquer aux sinogrammes.

De mon expérience à la fac, dans les parcours LLCE, les cours d’expression orale sont souvent exclusivement en langue cible (dès la 1re année), et les cours de grammaire et d'expression écrite mélangent langue cible et français (sauf en dernière année pour l’expression écrite)

"L'orthographe est plus qu'une mauvaise habitude, c'est une vanité" R. Queuneau

11 Dernière modification par vh (21-12-2014 23:39:12)

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

J'ai enseigné le FLE presqu' exclusivement en français à des débutants et non-débutants.

Je suis Français et ma formation est scientifique et technique; avant la retraite, j'ai enseigné le français langue étrangère (FLE) pendant 2 ans, en secondaire, aux Etats-Unis. Je n'ai eu aucun problème à faire presque 100% du cours dans la langue-cible et c'est extrêmement efficace.  Peu d'enseignants de langues le font, bien que 90% soit le pourcentage minimum recommandé par le American Council on the Teaching of Foreign Languages (ACTFL) (l'association la plus mportante et la plus reconnue de profs de langues).
http://www.actfl.org/news/position-stat … lassroom-0


Ce qui m'a rendu la tâche facile :
1) Je n'ai jamais enseigné de langues autrement que dans la langue-cible.
2) J'avais appris cette technique auparavant, en étant instructeur chez Berlitz  à temps partiel,  et avec seulement 1 semaine de formation ! J'y avais donné environ 300 heures de cours de FLE, à des adultes individuels, débutants et non-débutants, dans la langue-cible.


Voici ma technique :
-  ll  faut expliquer que ce n'est pas un cours comme les autres, que l'important n'est pas de comprendre 100% des mots, mais de comprendre le sens de ce qui est dit. C'est comme un jeu, un jeu d'énigmes.
- S'il y a des choses importantes ou trop compliquées à expliquer dans la langue-cible (ex. choses adminstratives ou nouvelle activité) je les explique en anglais pendant les premières minutes, puis je sors et rentre aussitôt en disant " Bonjour ! " : c'est le signal que désormais  tout est en francais.
- Je fais beaucoup de gestes (répète, répétez tous, c'est bien, c'est excellent, bravo, à toi, à vous deux, fais une phrase plus longue etc.)
- Je fais beaucoup de dessins au tableau.
- Pour expliquer,  j'utilise beaucoup de synonymes, d'analogies, de contrastes, de cognats de mots familiers.
- Je fais chanter à tous les cours (souvent avec ma guitare). Je commence toujoursle cours en faisant chanter la chanson " Bonjour " (1 minute), alors les élèves n'ont plus peur de parler.
- Je fais parler les gens énormement (10-15 minutes de jeu du cercle socratique) en encourageant la longueur des phrases avant la perfection.
- Je fais écrire énormement dans des journaux individuels en encourageant la longueur avant la perfection.
- Si occasionnellement, ce qui est rare, une explication en langue-cible serait trop longue, je dis le mot en anglais et je reprends aussitôt dans la langue-cible.

La technique marche encore mieux chez les débutants. Lorsque que je donne des cours particuliers de FLE à des adultes (tous niveaux) je propose de le faire dans la langue-cible. Les élèves sont épatés d'avoir passé 1 ou 2 heures dans la langue cible et l'encouragement qui en résulte est énorme.

Récemment, alors que je prenais un cours de pédagogie à l'université, j'ai prouvé en classe aux autres étudiants, en une démonstration de 20 minutes, que je pouvais leur donner leur premier cours de chinois, exclusivement en chinois, leur apprendre quelques formules simples, une demi-douzaine de sinogrammes simples et leur faire prendre conscience de l'importance des tons.

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Je suis d'accord sur tout évidemment, des remarques cependant :

vh a écrit:

-  ll  faut expliquer que ce n'est pas un cours comme les autres, que l'important n'est pas de comprendre 100% des mots, mais de comprendre le sens de ce qui est dit. C'est comme un jeu, un jeu d'énigmes.

Je suis plutot d'avis de ne justifier ni expliquer le comment du cours.

vh a écrit:

- S'il y a des choses importantes ou trop compliquées à expliquer dans la langue-cible (ex. choses adminstratives ou nouvelle activité) je les explique en anglais pendant les premières minutes, puis je sors et rentre aussitôt en disant " Bonjour ! " : c'est le signal que désormais  tout est en francais.

Moi je fais ça quand le cours est fini.

D'accord aussi avec l'idée de faire parler le plus possible, vous n'avez par contre rien dit de l'importance pour l'enseignant de reformuler ou simplement répéter ce que disent les apprenants. Le retour, c'est très important.

D'accord aussi pour encourager l'expression écrite ou orale sans chercher la perfection. Par contre, j'insiste beaucoup sur la simplicité du message à transmettre, sinon c'est la porte ouverte aux calques et "-ismes" de la langue maternelle. Longueur et complexité arrivent tout naturellement.

13 Dernière modification par vh (22-12-2014 01:49:36)

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

La longueur ne vient pas toute seule, il faut l'encourager activement et les resultats sont étonnants.

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Pas d'accord mais chacun  sa manière de faire. Que les résultats surprennent, je suis par contre tout disposé à le croire, c'est ce qui fait qu'on ne se lasse pas de ce travail.

15 Dernière modification par vh (22-12-2014 18:31:37)

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Pour que l'élève arrive à parler couramment, il faut tout faire en langue-cible et le faire parler é-nor-mé-ment, à partir du tout début. Ce n'est pas du tout spontané, il faut encourager constamment l'élève, mais celui-ci constate vite ses succès et alors sa motivation augmente.

J'ai donné des centaines d'heures de cours de FLE en école de langues pour adultes, des centaines comme prof particulier, puis j'ai  appliqué les principes en salle de classe. Ça marche, même à partir de  débutants. Berlitz l'a compris il y a 100 ans, puis Inligua l'a copié. Il y aurait beaucoup à dire de ces boites, mais le principe marche et s'est traduit pour elles en succès commerciaux.

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Petite curiosité :
-combien d'heures hebdomadaires aviez-vous et combien d'heures sont selon vous nécessaires?
-combien d'élèves/apprenants aviez-vous et jusqu'à combien pensez-vous qu'il est possible d'aller?

17 Dernière modification par éponymie (22-12-2014 21:49:48)

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

vh a écrit:

Pour que l'élève arrive à parler couramment, il faut tout faire en langue-cible et le faire parler é-nor-mé-ment, à partir du tout début. Ce n'est pas du tout spontané, il faut encourager constamment l'élève, mais celui-ci constate vite ses succès et alors sa motivation augmente.

Qui vous a dit le contraire ? Pour les frictions sur la spontanéité (il semble que c'est là que nous ne nous comprenons pas) : je suis intimement persuadé que l'enseignant n'est là que pour susciter et qu'il n'apporte que très peu. Le levain qui fait lever toute la pâte.

vh a écrit:

J'ai donné des centaines d'heures de cours de FLE en école de langues pour adultes, des centaines comme prof particulier, puis j'ai  appliqué les principes en salle de classe. Ça marche, même à partir de  débutants. Berlitz l'a compris il y a 100 ans, puis Inligua l'a copié. Il y aurait beaucoup à dire de ces boites, mais le principe marche et s'est traduit pour elles en succès commerciaux.

Je connais bien Inlingua, j'ai débuté avec eux et collaboré deux ans et demi avec eux. Je pense que je pourrais compter les heures avec des nombres à quatre chiffres.

Je vous trouve un peu agressif dans votre réponse alors que nous serions probablement d'accord sur beaucoup de choses.

C'est quand la motivation augmente qu'arrive la spontanéité. Et je persiste à dire  que l'enseignant n'a pas besoin d'insister sur la complexité du message, elle vient naturellement (et spontanément) : je viens de terminer un cycle de leçons avec un élève mexicain qui a atteint un honnête B2 dans les 4 compétences : j'ai attendu 8 mois qu'il se décide à écrire. Un jour je lui ai lancé, comme ça, en passant, "vous allez vous y mettre quand ?". Trois semaines plus tard, il s'y est mis, sans que je fasse rien de plus : il en est arrivé à écrire sa vie en français. Il est donc passé de quelques phrases par ci par là à un quasi-roman. C'est affaire d'expérience et d'intuition. Mais, encore une fois, chacun son expérience et sa personnalité.

oliglesias a écrit:

Petite curiosité :
-combien d'heures hebdomadaires aviez-vous et combien d'heures sont selon vous nécessaires?
-combien d'élèves/apprenants aviez-vous et jusqu'à combien pensez-vous qu'il est possible d'aller?

J'ai eu jusqu'à 30 heures hebdomadaires pendant des années avec des pics à 35-36 (vous vous rendez compte sad ?) Depuis 2010-2011, la moyenne est descendue à 15-20 et l'année 2014  a été catastrophique malgré quelques cycles intéressants.

J'ai eu un maximum de 15 apprenants (préparation de concours).

Pour un débutant italophone : 20 heures pour donner la compréhension de base et aborder des savoirs de niveau A2, en moyenne 10 heures supplémentaires pour que l'expression commence à devenir spontanée (avec d'autres personnes que l'enseignant), entre 10 et 30 heures encore pour le niveau A2 plein (tout dépend de la motivation, de l'immédiateté ou non du besoin). Au moins autant d'heures (entre 50 et 80) pour atteindre le niveau B1.

Rythme : il doit être régulier, entre une heure et demie et trois heures par semaine. En cas de nécessité immédiate, commencer avec un cours intensif de 2 à 4 semaines à raison de 2 heures par jour, c'est bien aussi.

Pour les hispanophones, la progression est plus lente : la compréhension orale est moins immédiate et ils sont toujours plus longs à parler. Pour les resortissants d'Europe central ou de l'Est, ça se situe entre les hispanophones et les italophones. Le français est moins proche de leurs langues mais ils sont en général habitués à cotoyer des populartions qui parlent des langues différentes et ont donc développés des réflexes qui les aident à s'exprimer oralement rapidement.

Les temps s'allongent avec le nombre d'apprenants : pour moi l'optimum pour des débutants, c'est trois. Au delà, le rythme d'apprentissage est moins bon. Et le maximum est vraiment 6 ou 7. Mais, crise aidant, cela fait longtemps que je n'ai pas eu de grands groupes. Quand le niveau B1 est atteint, le nombre de personnes cesse d'être un problème.

Rares sont les occasions d'échanger entre gens qui s'occupent de FLE, à Rome au moins, ce sont des électrons libres. Oliglesias, maintenant que j'ai répondu à la question (que vous posiez peut-être à vh lol ), puis-je avoir votre idée sur heures et nombre d'apprenants selon les niveaux d'apprentissage ?

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

La question était pour vous deux.
Mon idée est que je n'en avais pas de précise. Je suis (vous le savez je pense) enseignant d'espagnol en France. Je l'ai été jusqu'à cette année en secondaire (donc niveaux de A2 à B2 en théorie). Si je vous posais la question c'était parce que j'ai toujours trouvé absurde qu'on nous demande à utiliser des méthodes plus appropriées à vos cours à vous.
Je me souviens de quand j'ai passé le concours : on nous expliquait qu'il fallait mettre les élèves dans un "bain linguistique", chose que j'ai toujours trouvée absurde puisqu'on n'avait les élèves que 2 heures (maximum 3) par semaine dans des groupes dépassant très souvent les 30 élèves.
Vous imaginez donc qu'après deux ans d'espagnol derrière eux à leur entrée en seconde, la grande majorité des élèves n'avaient pas le niveau requis (A2)...

Aujourd'hui, en première année à Sciences Po, je peux enfin parler systématiquement en espagnol (même si pour un groupe, les difficultés de compréhension sont assez importantes...), chose que je n'ai jamais pu faire au lycée. Ce n'était pas que je voulais pas... le problème est qu'en Terminale ils avaient leur épreuve du bac (leurs épreuves depuis la réforme récente) et que mon objectif était qu'ils la (les) réussissent...

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Pendant 2 ans, j'ai enseigné dans un collège de Rome (avec conseil de classes, accueil des parents et tout le tintouin). Je n'ai pas pu avoir la chaire complète, suivre 3 classes pendant leurs 3 années de collège, parce qu'au bout de 2 ans et survenue une réforme qui a chassé tous les collaborateurs de langue maternelle des écoles, collèges et lycées. Il aurait fallu 3 ans de formation pour pouvoir espérer entrer de nouveau dans le système (et encore, pour les italiens, c'est déjà pas de la tarte, alors pour nous...).

J'avais des classes d'une trentaine d'élèves, j'expliquais en français, donnais les règles en français, punissait en français. Il y avait de l'italien de temps à autre mais c'était vraiment très épisodique. Au bout de trois ans, ces élèves avaient un examen final, que je n'étais pas habilité à faire passer, par rapport aux classes avec des profs de français italiens, il n'y avait pas grande différence dans les résultats (grammaire, expression écrite) sauf sur un point, l'oral : ils s'exprimaient mieux et surtout plus aisément.

Donc je crois que mettre le plus possible les élèves dans un bain linguistique est efficace, surtout à cet âge-là. Quant à atteindre le niveau requis, certains arrivaient au niveau A2. Les meilleurs, ceux qui étaient attentifs, qui bossaient chez eux, qui avaient la curiosité d'aller sur Internet.

Je me rends compte que j'ai déjà parlé de cette expérience dans le message 5 :

Autre exemple avec des gamins de 12, 13 ans : j'ai enseigné 2 ans dans un collège avant qu'une réforme ne m'en donne plus le droit, et j'ai vu le meme miracle opérer. Silence radio pendant un an et demi et du jour au lendemain l'éponge dégorge tout ce qu'elle a absorbé.

Je crois qu'un tel "miracle" n'est possible que dans un cas "d'immersion linguistique" mais je peux me tromper. L'enseignement dans le système scolaire n'est pas ma spécialité. Je crois me rappeller que l'on a parlé sur un autre fil, je ne suis pas certain de la teneur des propos et serait incapable de le retrouver (à moins de faire une recherche sur le couple skirlet/kroko smile ).

20 Dernière modification par vh (23-12-2014 01:37:00)

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Points positifs de Berlitz, à mon avis:
a) Usage exclusif de la langue-cible
b) L'élève doit parler énormément, c'est-à-dire plus que l'instructeur, et cela, dès le debut
c) Objectif : parler couramment vient d'abord, parler parfaitement ensuite.

Points négatifs  (c'est le prix d'avoir une méthode unique et une formation très brève des instructeurs) :
1) L'instructeur doit suivre le manuel ligne par ligne, la méthode est rigide.
2) La créativité n'est pas possible.
3) Les intérêts personnels, talents et besoins de l'élève sont ignorés.
4) Les aptitudes personnelles de l'instructeur sont ignorées.
La méthode est rigide, alors les cadres ne savent pas quoi faire quand un élève a un besoin particulier (ex. préparer un certain examen). Ils font alors appels aux instructeurs les plus doués et leur donnent carte blanche, ce qui est contraire à leur réglement.

À mon avis, il faut prendre les points positifs et ignorer les autres. Je recommande d'aller travailler chez Berlitz quelques centaines d'heures (sous-payées), sans critiquer, avec un désir d'apprendre leurs techniques, d'en retenir le meilleur et de l'appliquer ailleurs (même si cela leur fait de la concurrence).

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Je suis d'accord sur le principe évidemment... mais j'ai du mal à croire que deux heures par semaine (sachant qu'il ne s'agit pas de 2 heures effectives mais au maximum d'1h40) pour une trentaine d'élèves qui, chez eux, n'écoutent ni ne lisent rien (ou presque) dans la langue cible soient effectivement efficaces pour ceux qui ne veulent pas travailler et ne sont pas motivés.
En ce qui concerne le collège, je n'y ai jamais enseigné et n'est donc jamais eu de débutants, mais j'ai effectué quelques stages et j'ai remarqué qu'effectivement, les élèves sont beaucoup plus motivés, plus intéressés en général qu'au lycée...

Bref, toutes ces discussions m'intéressent même si je ne suis pas un spécialiste de la didactique des langues (ce qui pourrait être considéré comme un comble pour quelqu'un qui a enseigné 10 ans dans le secondaire !)

22 Dernière modification par éponymie (23-12-2014 00:48:46)

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Réponse au message 20 (je vois en pré-visu l'intervention d'oliglesias).

Inlingua, c'est (ou c'était) kif-kif. Je soupçonne un calcul économique dans la rigidité de la méthode : retenir les élèves le plus longtemps possible. À mon avis, ils ont dû changer leur fusil d'épaule : il n'est plus possible de proposer des cycles de leçons à suivre pendant 3 ou 4 ans pour atteindre un bon niveau de français.

Le calcul vaut également pour les enseignants, on leur demande de coller à la méthode, de ne pas apporter de valeur ajoutée, il n'y a donc pas de raison de les payer cher (Inlingua est (était) effectivement un des instituts qui réalisait les meilleures marges). Et les bons, dindons de la farce, ne sont pas mieux payés pour autant. Et finissent généralement par partir (sauf ceux qui se laissent prendre à des arguments sentimentaux et à la "bonne ambiance").

La dernière fois que j'ai eu des nouvelles (il y a 7-8 ans, je les ai connus il y a 14 ans), ils avaient produit de nouveaux manuels, encore très traditionnels de ce que j'en ai vu. Je me demande comment ils s'en sortent maintenant : nous en sommes à l'actionnel, aux cours en situation (j'ai fait une visite du Latran en français, un cours en français et en arabe dans un café, nombre de simulations).

Mais moi aussi, je recommande toujours à ceux qui ont zéro expérience d'aller faire un tour chez eux (et de ne pas y rester).

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

oliglesias a écrit:

En ce qui concerne le collège, je n'y ai jamais enseigné et n'est donc jamais eu de débutants, mais j'ai effectué quelques stages et j'ai remarqué qu'effectivement, les élèves sont beaucoup plus motivés, plus intéressés en général qu'au lycée...

Dans les collèges italiens (3 ans au lieu de 4), on commence à voir un changement d'attitude en 3e année, ils vont sur leur 14 ans, commencent à penser à autre chose et à perdre leur capacité d'absorption.

oliglesias a écrit:

... soient effectivement efficaces pour ceux qui ne veulent pas travailler et ne sont pas motivés.

Bé oui. Que le cours soit en langue cible ou non n'y changera rien ou pas grand-chose. Je suis surpris que vous puissiez croire que le cours dans la langue maternelle des élèves serait plus efficace. Je pense que le plus du cours en langue cible, c'est qu'il est plus intrigant, plus valorisant, qu'il donne plus de satisfactions (même aux cancres).

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Ah non je ne pense pas qu'un cours en français en cours d'espagnol soit plus efficace. J'ai juste expérimenté les limites du bain linguistique en deux heures par semaine dans un lycée de banlieue parisienne. Pendant des années j'ai malheureusement dû prendre trop souvent à mon goût sur le français pour leur expliquer des choses nécessaires pour les épreuves du bac... mais je suis convaincu de la nécessité de parler et faire parler systématiquement dans la langue cible.
Aujourd'hui avec mes étudiants on ne parle qu'en espagnol mais parfois lorsque nous abordons une règle grammaticale je suis obligé de passer par le français...

25 Dernière modification par vh (24-12-2014 23:15:56)

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Il vaut  mieux expliquer clairement en langue maternelle pendant 5 minutes plutôt que passer 1 heure confuse pour certains dans la langue-cible.

Si vraiment on doit parler en langue maternelle, de préférence en début de cours, l faut indiquer clairement  quand on repasse à l'immersion.  Pour indiquer le changement, je fais semblant de sortir de la classe, puis je rentre aussitot en disant " Bonjour " (en langue-cible) les élèves répondent " Bonjour " et comprennent.  ll m'est arrivé de passer à la langue maternelle par apparente nécessité, puis de m'apercevoir (presque toujours) que c'était totalement inutile.

On n'arrive pas à 90-100% du premier coup, mais on s'améliore à chaque cours. On trouve toujours des nouveaux trucs (gestes,  expressions faciales, jeux, mîmes, chansons, schémas, couleurs des textes au tableau et autres conventions) pour ne pas avoir recours à la langue maternelle.

Si l'on a des problèmes de discipline sérieux, il vaut mieux ne pas associer la langue-cible aux réprimandes. S'il y a des problèmes de discipline mineurs, la langue-cible marche très  bien, car justement, comme le dit eponymie, ils intriguent, les mots qu'on ne connaît pas.

ll faut faire attention aux expériences et aux changements complets de méthodes en année d'examens. J'ai vécu une mauvaise expérience de ce type en sciences pour le Bac scientifique. Dans ces cas, pour limiter les risques, on peut toujours commencer par des sessions courtes en langue-cible (ex. 20 min.), mais ce ne marche pas aussi bien. Lorsque tout le cours est toujours entièrement en langue-cible, les élèves acquièrent des automatismes associés à ce cours de langue, au prof ou même à une une salle particulière.

26 Dernière modification par Loeildemoscou (24-09-2015 09:11:20)

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Quand je faisais mes études à Helsinki, j'ai dû prendre des cours de finnois bien que ce ne fût absolument pas nécessaire dans ce pays où l'anglais est pratiqué très largement.

Le prof nous expliquait exclusivement en finnois (langue non indoeuropéenne) alors que dans notre groupe, nous étions tous des débutants et presque tous Européens sauf un Japonais qui se sentait, d'ailleurs, parfaitement à l'aise avec la musicalité de cette langue ouralienne qui doit certainement avoir quelque part des liens de parenté avec l'Ile du Soleil Levant.

Braf, ça fonctionnait très bien : clarté, précision, profondeur. Il faut tout de même préciser à ce sujet que nous avions d'excellents supports pédagogiques qui nous aidaient beaucoup dans l'accomplissement de cette mission quasiment impossible.

Un personnage de la "Marche des trolls"

27 Dernière modification par Loeildemoscou (23-09-2015 03:43:41)

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Je reste persuadé qu'on peut très bien commencer à enseigner le français à un Russe (ou un Ukrainien, ce qui est sensiblement équivalent) en abordant l'apprentissage directement en français dès le début.

Un personnage de la "Marche des trolls"

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

Loeildemoscou a écrit:

Je reste persuadé qu'on peut très bien commencer à enseigner le français à un Russe (ou un Ukrainien, ce qui est sensiblement équivalent) en abordant l'apprentissage directement en français dès le début.

je suis tout à fait d'accord (d'autant que j'ai déjà enseigné ainsi le français à quelques Russes et à une tripotée d'Ukrainiens).

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

éponymie a écrit:
Loeildemoscou a écrit:

Je reste persuadé qu'on peut très bien commencer à enseigner le français à un Russe (ou un Ukrainien, ce qui est sensiblement équivalent) en abordant l'apprentissage directement en français dès le début.

je suis tout à fait d'accord (d'autant que j'ai déjà enseigné ainsi le français à quelques Russes et à une tripotée d'Ukrainiens).

Gardez-vous bien d'opposer "quelques" Russes à une "tripotée" d'Ukrainiens surtout par les temps qui courent.
:-)

Un personnage de la "Marche des trolls"

Re : Le FLE s'enseigne-t-il en français à des débutants non francophones ?

J’ai travaillé comme professeur FLE pendant 5 ans.
D’abord deux ans en Angleterre. Le niveau des participants était très basique et le progrès était assez lent.
Puis, j’ai donné des cours de langue pendant trois ans à Bruxelles. Là, j’avais tous les niveaux : de très élémentaire à très avancé (les néerlandophones belges sont souvent presque bilingues).
J’ai toujours uniquement enseigné dans la langue-cible, mais pour les débutants j’utilisais de temps en temps l’anglais, surtout pour expliquer la grammaire.
Comme d’autres l’ont déjà expliqué sur ce fil, il faut utiliser beaucoup de gestes, des dessins, des photos. Cela sert à visualiser la langue pour les débutants.
Pour les niveaux forts, c’est moins nécessaire. On donne des synonymes, des descriptions, des analogies pour expliquer le vocabulaire. Une traduction en anglais est à éviter.
Beaucoup dépend du support de l’école où on travaille. En Angleterre, j’étais chez Berlitz. Mais je n’ai pas trop apprécié…
En Belgique, à Bruxelles, je travaillais pour plusieurs écoles, y compris une école communale où on offrait des cours de langues gratuits. Ce qui est marrant, c'est que je me sentais mieux appréciée dans une école privée qui était spécialisée dans des cours d’anglais .
Mais ca reste une vie difficile, parce qu’on a des horaires de travail variables, y compris dans des cours en soirée. Je fais autre chose maintenant, mais j'ai toujours de très bons souvenirs de ma carrière comme professeur de langue.

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