je mets le texte complet.
1.
Depuis que Taze est démolie,
Tous les gas faits pour un truc moche
Se tap’nt leur prévence aujourd’hui
A la Santoche.
2.
Une fois ladé mensuration,
Fouill’ savant’ de toutes les poches
On vous zieut’ mêm’ jusque dans l’fion
A la Santoche.
3.
A part galoches et trottinets,
L’ mouchoir, la Grivel ou la cloche,
On passe au soufr’ les autres harnais
A la Santoche.
4.
Après un’ douch’ su’ le paletot
Le doublard au rond-point tout proche,
Vous fait mettre en cellott’ d’auto,
A la Santoche.
5.
Une table, un mauvais panier,
Un tabouret d’ bois qu’est brancoche,
V’la tous les meubl’s du prisonnier
A la Santoche.
6.
Sitôt que les gaffes les ont mis,
Le soir, après l’ dernier coup d’cloche
On dit : « Bonsse » à tous les amis,
A la Santoche.
7.
On s’ souhaite du courage et du sang,
On gueul’ : « Mort aux tant’s ! Viv’ la fauche ! »
Pour ça l’on s’ cogne du carreau franc
A la Santoche.
8.
Quand on s’ courre, on brod’ des biftons,
D’obscènes dessins l’on ébauche,
Ou bien dans les chiott’s nous jactons
A la Santoche.
9.
Qu’on soit ou qu’on ne soit pas blanco,
Quand on est raid’ et qu’on mailloche,
On bosse toujours aux sept discos
A la Santoche.
10.
Quand on reçoit un peu de clous,
On fume, on prend de la cantoche,
Mais on greff’ quand on n’a pas d’ sous
A la Santoche.
11.
Deux fois par semaine au parloir
Sitôt que midi se décroche,
Ceux qu’ont des vieux i’s peuvent les voir
A la Santoche.
12.
Avec son lit’r comme un paquet,
Le dimanche en fait de bamboche,
Il nous faut frotter le parquet
A la Santoche.
13.
Bien qu’i dit ne pas s’y courir,
Le marcheur, arrangeur ou broche,
Décarr’ toujours avec plaisir
De la Santoche.
Anonyme (1907).