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forum abclf » Pratiques argotiques et familières » Bosser aux sept discos

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Messages [ 38 ]

Sujet : Bosser aux sept discos

Bonjour à tous,

Il y a bien longtemps que je n'ai pas posté sur le forum.
je soumets à votre sagacité cette expression dont je n'ai trouvé aucune explication (dico de Bob inclus).
Elle est tirée d'un texte anonyme, datant de 1907, relatif à la prison parisienne « la Santé ».
Voici le quatrain concerné (en italiques, l'expression inconnue) :

Qu’on  soit ou qu’on ne soit pas blanco,
Quand on est raid’ et qu’on mailloche,
On bosse toujours aux sept discos
A la Santoche.

Grand merci pour votre aide.

2 Dernière modification par éponymie (27-10-2014 09:52:39)

Re : Bosser aux sept discos

Bonjour,

il faudrait déjà comprendre le contexte : "innocent ou pas, si tu es ? et que tu es un mac, tu bosses toujours aux sept discos à la santé"

Comment avez-vous interprété être raide ? La seule acception qui semble convenir parmi les définitions de bob, c'est bander. Je ne vois ce que sans le sou, désargenté, ivre pourraient venir faire là dedans.

Et il y a le toujours qui semble là pour marquer une évidence, une conséquence logique voire une fatalité.

S'agit-il donc d'une allusion sexuelle ?

En attendant mieux, l'organisation de la prison de la Santé :

des cellules individuelles dans les quatre divisions (1 à 4) à deux étages organisées en étoile du Quartier Bas proche de la rue de la Santé ; des dortoirs et, au rez-de-chaussée, des ateliers dans les huit divisions (5 et 7 à 13) à trois étages du Quartier Haut donnant sur la rue Messier. Avec le retour au pouvoir des Orléanistes et la loi du 5 juin 1875 sur l’emprisonnement individuel, les dortoirs du Quartier Haut avaient été remplacés par des cellules (un peu plus grandes que celles du Quartier Bas) entre 1896 et 1898. Entre le Quartier Bas et le Quartier Haut, un long couloir et une série de marches, grâce auxquelles sont gravis les huit mètres de dénivellation, forment un passage que surplombent une infirmerie de 40 lits et la 6e division, qui a été celle des homosexuels avant de devenir celle des politiques.

http://criminocorpus.revues.org/docannexe/image/1782/img-3.jpg

Je suis également tombé sur le texte dans son entier : "L'argot et le tatouage des criminels (Jean Graven)", c'est aux pages 72, 75, la chanson s'appelle "À la Santoche". La strophe précédente pourrait confirmer l'allusion sexuelle, tout comme elle pourrait ne pas avoir de rapport avec la suivante.

3 Dernière modification par mercattore (27-10-2014 13:14:25)

Re : Bosser aux sept discos

Bonjour, et merci.

J'avais compris raid' dans le sens de « sans un », et effectivement je crois que je me suis fourvoyé humm...! car le reste de la phrase n'était pas clair, en fait.
Oui, le texte est dans  livre cité. Il  a été mis en musique et enregistré par Jacques Marchais au début des années 70. Elle figure dans son 33 tours « On a chanté les voyous » (notre administrateur connait ce disque).

4 Dernière modification par mercattore (28-10-2014 12:31:07)

Re : Bosser aux sept discos

je mets le texte complet.

1.
Depuis que Taze est démolie,   
Tous les gas faits pour un truc moche
Se tap’nt  leur prévence aujourd’hui                                     
A la Santoche.

2.
Une fois ladé mensuration,
Fouill’ savant’ de toutes les poches
On vous zieut’ mêm’ jusque dans l’fion
A la Santoche.

3.
A part galoches et trottinets,
L’ mouchoir, la Grivel ou la cloche,
On passe au soufr’ les autres harnais
A la Santoche.

4.
Après un’ douch’ su’ le paletot
Le doublard au rond-point tout proche,
Vous fait mettre en cellott’ d’auto,
A la Santoche.

5.
Une table, un mauvais panier,
Un tabouret d’ bois qu’est brancoche,
V’la tous les meubl’s du prisonnier
A la Santoche.

6.
Sitôt que les gaffes les ont mis,
Le soir, après l’ dernier coup d’cloche
On dit : « Bonsse » à tous les amis,
A la Santoche.

7.
On s’ souhaite du courage et du sang,
On gueul’ : « Mort aux tant’s ! Viv’ la fauche ! »
Pour ça l’on s’ cogne du carreau franc
A la Santoche.

8.
Quand on s’ courre, on brod’ des biftons,
D’obscènes dessins l’on ébauche,
Ou bien dans les chiott’s nous jactons
A la Santoche.

9.
Qu’on soit ou qu’on ne soit pas blanco,
Quand on est raid’ et qu’on mailloche,
On bosse toujours aux sept discos
A la Santoche.

10.
Quand on reçoit un peu de clous,
On fume, on prend de la cantoche,
Mais on greff’ quand on n’a pas d’ sous
A la Santoche.

11.
Deux fois par semaine au parloir
Sitôt que midi se décroche,
Ceux qu’ont des vieux i’s peuvent les voir
A la Santoche.

12.
Avec son lit’r comme un paquet,
Le dimanche en fait de bamboche,
Il nous faut frotter le parquet
A la Santoche.

13.
Bien qu’i dit ne pas s’y courir,
Le marcheur, arrangeur ou broche,
Décarr’ toujours avec plaisir
De la Santoche.

Anonyme (1907).

5 Dernière modification par Symphonie (27-10-2014 15:34:41)

Re : Bosser aux sept discos

Je trouve le sujet particulièrement intéressant!
Il est fort probable qu'un tel endroit génère un certain nombre de vocabulaire et d'expressions spécifiques. J'ai un cousin qui a été gardien de nombreuses années là bas, si l'occasion se présente, je lui demanderai!

éponymie a écrit:

La strophe précédente pourrait confirmer l'allusion sexuelle, tout comme elle pourrait ne pas avoir de rapport avec la suivante.

Avec le même cheminement, la strophe suivante parle du manque d'argent : "quand on n’a pas d’ sous", alors "raide" pourrait tout aussi bien signifier "désargenté", d'autant que "bosser" (même  la santé) pourrait bien rapporter un peu d'argent...?

Re : Bosser aux sept discos

Bonjour Symphonie,

Je crois que éponymie a raison. Raid' se rapporterait à l'érection, mais pas au désargentement.
« Maillocher » peut avoir le sens de travailler, d'accord, mais alors il ferait double emploi avec « bosser ». Il donc prendre le sens en rapport avec le proxénétisme, comme le suggère éponyme.

7 Dernière modification par yd (27-10-2014 19:09:38)

Re : Bosser aux sept discos

Comme plus loin on dit qu'on travaille aussi le dimanche, bosser aux sept discos aurait-il voulu dire bosser sept jours sur sept ? Où seraient-ils allé chercher ces discos ? di(s) + co(s) ?

Une autre piste par le TLFi à disque :

α) CH. DE FER. Signal formé d'une plaque circulaire mobile, indiquant par sa couleur ou sa position si une voie est libre ou non. À chaque détour, un disque vert fait peur à la locomotive, qui s'arrête (Renard, Journal,1905, p. 985).
♦ Siffler au disque [En parlant du conducteur d'une locomotive] Actionner l'avertisseur de sa machine, après avoir constaté que le disque lui fermait la voie, pour qu'on lui ouvre celle-ci. Il sifflait furieusement au disque, finissait par simuler le roulement des locomotives (Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 225).
P. ext. et au fig., arg. Demander de l'argent à quelqu'un (cf. Larch. Suppl. 1800, p. 120); attendre quelque chose de quelqu'un. Rien à faire de cette femme-là... J'ai sifflé au disque assez longtemps... Pas mèche... (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 184).

J'ai recherché à disque en pensant que le mot aurait pu désigner le cadran solaire tout entier, 24 heures, donc. Le TLFi n'en dit rien, mais qu'en est-il en italien ou en provençal, ou dans leurs argots  ?

Fille légère ne peut bêcher.

8

Re : Bosser aux sept discos

Quand on est raid' et qu'on mailloche

      "Maillocher" est un terme couramment utilisé sur les terrains de sport pour dire "donner des coups".
       Si on retient le sens sexuel pour être raide = bander, on peut envisager un sens sexuel à maillocher = frapper, secouer => se masturber...

elle est pas belle, la vie ?

9 Dernière modification par éponymie (28-10-2014 09:23:02)

Re : Bosser aux sept discos

Piotr a écrit:

Quand on est raid' et qu'on mailloche

      "Maillocher" est un terme couramment utilisé sur les terrains de sport pour dire "donner des coups".
       Si on retient le sens sexuel pour être raide = bander, on peut envisager un sens sexuel à maillocher = frapper, secouer => se masturber...

Pas mal. Et ça colle avec la première partie (et avec la strophe précédente), c'est un besoin de tous les prisonniers, bons ou mauvais. Et la suite ?

On bosse toujours aux sept discos

Je ne crois pas qu'il y ait un lieu dédié à ça, comme je le supposais au départ en débrouissaillant un peu la géographie de la prison. Une acception particulière de bosser ?

http://www.languefrancaise.net/bob/detail.php?id=45280
http://www.languefrancaise.net/bob/detail.php?id=57230

Malheureusement pas de références pour la deuxième. Et puis ça pourrait être bosser dans le sens de travailler dur et donc l'expression pourrait signifier on le fait vite, on le fait à la sauvette.

Beaucoup de suppositions. Mais il y a des expressions avec 7 qui traduisent cette idée de vitesse, elle ne me reviennent pas pour le moment, c'est le problème des français qui ne sont plus dans le bain de la langue depuis longtemps.

Re : Bosser aux sept discos

Je ne crois pas à maillocher > se masturber, car pourquoi ensuite le verbe bosser où est absente une connotation sexuelle.

Re : Bosser aux sept discos

Je viens de faire un tour sur Gallica entre 1880 et 1910. La mailloche est un gros maillet de bois et c'est ainsi que l'on désigne ce qui sert à frapper la grosse caisse. Donner un coup de mailloche, c'est frapper fort.

Et je me disais que cela me rappelait quelque chose, et pour cause : http://www.languefrancaise.net/forum/vi … 010#p92010.

"Quand on est sans le sou et qu'on frappe fort, on bosse toujours aux 7 discos"

pas de connotation sexuelle et les 7 discos correspondraient bien à un lieu précis ?

12

Re : Bosser aux sept discos

De surcroît, le fait de travailler est plus facile à relier avec la notion de culpabilité ou d'innocence (Qu’on soit ou qu’on ne soit pas blanco), et si les sept discos représentent bien les jours de la semaine, être obligé de travailler 7 jours sur 7 est bien une contrainte. La strophe suivante parle d'ailleurs d'une rémunération.

Caesarem legato alacrem, ille portavit assumpti Brutus.

Re : Bosser aux sept discos

7 jours sur 7 est séduisant, mais je crois que le repos dominical était observé dans les maisons d'arrêt et autres (dans le cas du texte, frottement du parquet quand même).

Re : Bosser aux sept discos

Il faudrait trouver un ouvrage historique sur le travail pénitentiaire.

15 Dernière modification par glop (28-10-2014 12:52:30)

Re : Bosser aux sept discos

Voir sur "Bob" l’expression "siffler au disque".

Cette expression était employée par les chauffeurs de locomotives à vapeur et signifiait: "demander le passage" (les signaux étant des disques ou des feux de différentes couleurs).

L’expression imagée avait aussi le sens de "faire des avances à une femme" ou encore "demander de l’argent"(Le disque devenant alors un symbole monétaire).

S’il s’avère que les prisonniers de la Santaga obtenaient une pièce par jour ouvré, on est peut-être sur la voie.

PS

Je m'aperçois après coup que la piste a déjà été explorée par yd.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : Bosser aux sept discos

Grand dommage que Pierre Enckell nous a quitté.

17 Dernière modification par yd (28-10-2014 14:16:19)

Re : Bosser aux sept discos

J'avais vu la piste, mais n'en avais rien tiré. Or avec l'idée de Glop d'un sou par jour, qui a beaucoup circulé, à ce point qu'une mutuelle porta longtemps ce nom, il y aurait cette possibilité d'un travail au jour le jour, qui rapporte juste le minimum pour manger et vivoter, obligeant du coup à bosser tous les jours de la semaine.

Fille légère ne peut bêcher.

18 Dernière modification par éponymie (28-10-2014 23:12:44)

Re : Bosser aux sept discos

J'ai trouvé un autre disco :

Vous irez, je vous le permets,
faire un p'tit disco dans ma crèche
où se trouvent encore mes harnais
vous les lav'rez pour quelques flèches

C'est à la page 60 de "Goualantes de la Villette et d'ailleurs" d'Émile Chautard[ (1929).

C'est sur Gallica (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 … sco.langFR), c'est la chanson d'un prisonnier de la santé et ça date de 1897.

Ici, il ne s'agit que d'un tour, était-ce le cas 10 ans plus tard ? Et si oui, le mystère de l'expression reste entier.

La chanson parle également de prisonniers auxiliaires chargés de grosses besognes : ces costauds (ceux qui maillochent et qui ont besoin d'argent) pourraient avoir été ceux qui bossaient aux 7 tours (de garde ou de service). Une hypothèse de plus.

19

Re : Bosser aux sept discos

À moins d’envisager une tautologie.

- un p’tit disco/-quelques flèches.

Mais je suis peut-être entrain de faire de l’auto-conviction chronique.

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : Bosser aux sept discos

Eponymie a décroché le pompon, avec Chautard.
Comme j'avais son bouquin La vie étrange de l'argot, indispensable pour qui aime la langue verte, j'ai jeté un œil sur lui :

Disco, dix (1902), anus, prendre du dix, coït anal.
Association d'idées avec prendre du Moulineaux, même sens.

Disco, catégorie pénale, échelle des salaires en prison (1880) ; être aux cinq discos (ou dixièmes), toucher la moitié de son gain. Celui-ci est alors divisé en deux parties : l'une est portée au pécule disponible, et l'autre à la réserve, lequel est remis au détenu à sa libération. Les prévenus touchent sept dixièmes ; les condamnés cinq dixièmes pour la première condamnation ; les récidivistes encaissent quatre, trois ou deux, selon le casier judiciaire. L'administration pénitentiaire ne descend pas au-dessous du chiffre 2 et prélève cinq dixièmes sur le travail des condamnés.

Merci Émile, ouvrier typographe.

21 Dernière modification par éponymie (29-10-2014 08:21:57)

Re : Bosser aux sept discos

Et bien entendu quand on fait une recherche sur "sept dixièmes" la documentation abonde :

Le livre des vies coupables
Les femmes à Saint Lazare

Un peu trop polysémique à mon gout ce disco, il faut une sainte patience et de la chance pour trouver.

Et du coup quel est le sens de maillocher dans le vers précédent ? Je m'y perds.

Et pourquoi le toujours que l'on soit innocent ou coupable ?

Re : Bosser aux sept discos

éponymie a écrit:

Et du coup quel est le sens de maillocher dans le vers précédent ? Je m'y perds.

Et pourquoi le toujours que l'on soit innocent ou coupable ?

Je me demande si "bosser aux sept discos" ne pourraient pas avoir pris un sens figuré,"toucher le maximum" (puisque l'argent à disposition des prisonniers variait des 2 aux 7 dixièmes de leur salaire), cette strophe évoquerait donc la loi du plus fort et l'injustice qui régnait en prison.

23 Dernière modification par glop (29-10-2014 09:56:37)

Re : Bosser aux sept discos

[Il existe plusieurs types de bâtiments de détentions. La prison de la Santé est une maison d’arrêt, c’est dire qu’elle reçoit les prévenus en attente de leur procès, ainsi que les détenus condamnés à une peine d’emprisonnement inférieure à deux ans.]

http://www.neverends.net/wp/index.php/l … -la-sante/

Faut-il en déduire que, déjà à l’époque décrite dans le texte, les détenus pour lesquels une lourde condamnation se confirmait étaient transférés dans une autre prison?

Nomina si nescis, perit cognitio rerum. Edward Coke

Re : Bosser aux sept discos

Les prévenus touchent sept dixièmes

C'est bien ce que dit le premier couplet :

Depuis que Taze est démolie,   
Tous les gas faits pour un truc moche
Se tap’nt  leur prévence aujourd’hui                                     
A la Santoche.


Prévenus, en attente de jugement, ils sont donc officiellement innocents, blanco :

Qu’on soit ou qu’on ne soit pas blanco,
Quand on est raid’ et qu’on mailloche,
On bosse toujours aux sept discos
A la Santoche.

et ont droit à toucher les sept dixièmes de leur salaire.

Faut-il en déduire que, déjà à l’époque décrite dans le texte, les détenus pour lesquels une lourde condamnation se confirmait étaient transférés dans une autre prison?

Parfaitement : une jolie prison, située à Saint-Laurent-du-Maroni et connue sous le nom de bagne de Cayenne.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

Re : Bosser aux sept discos

Ils étaient transférés en maison centrale, puis ensuite, comme le précise P'tit prof', ils partaient pour le bagne (Guyane et Nouvelle-Calédonie, mais seulement fin du XIXème siècle pour cette dernière).

Re : Bosser aux sept discos

Donc, le sens serait plus ou moins : "Innocent ou pas, si t'es sans le sou et que tu travailles (pour avoir des sous), à la Santé, t'es toujours payé aux sept dixièmes".

Re : Bosser aux sept discos

Comme le précise P'tit prof, les sept dixièmes pour les prévenus (en attente de jugement).

Re : Bosser aux sept discos

mercattore a écrit:

Disco, catégorie pénale, échelle des salaires en prison (1880) ; être aux cinq discos (ou dixièmes), toucher la moitié de son gain. Celui-ci est alors divisé en deux parties : l'une est portée au pécule disponible, et l'autre à la réserve, lequel est remis au détenu à sa libération. Les prévenus touchent sept dixièmes ; les condamnés cinq dixièmes pour la première condamnation ; les récidivistes encaissent quatre, trois ou deux, selon le casier judiciaire. L'administration pénitentiaire ne descend pas au-dessous du chiffre 2 et prélève cinq dixièmes sur le travail des condamnés.

Bravo aux ABCistes pour leur recherches et déductions. Moi aussi, j'ai Chautard mais n'ai pas pensé à le consulter. Cependant, son explication n'est pas très claire, car on pourrait en déduire, en lecture rapide, que les prévenus touchent 7/10e sur leur pécule disponible et les 3/10e restants sur leur pécule de réserve, ce qui n'est pas exact.
Trouvé aussi ceci qui confirme la solution de l'énigme en citant la chanson, mais je n'ai pas accès à la lecture complète :
http://img4.hostingpics.net/pics/555036Capture.png

éponymie a écrit:

Donc, le sens serait plus ou moins : "Innocent ou pas, si t'es sans le sou et que tu travailles (pour avoir des sous), à la Santé, t'es toujours payé aux sept dixièmes".

mercattore a écrit:

Comme le précise P'tit prof, les sept dixièmes pour les prévenus (en attente de jugement).

Oui, le système est détaillé dans ces Règles pratiques d'administration du pécule des détenus de 1951 :
http://img4.hostingpics.net/pics/754571Capture.pnghttp://img4.hostingpics.net/pics/398663Capture1.png
Cette fraction du gain du détenu peut ensuite être répartie entre son pécule disponible et son pécule de réserve.
Une application plus moderne est disponible ici.

Re : Bosser aux sept discos

Merci pour ces excellentes précisions, Abel Boyer. Comme vous, je n'avais pas pensé à consulter l'ouvrage de Chautard, c'est grâce à éponymie. On trouve dans Chautard des sens de mots que l'on ne trouve pas ailleurs, ou très peu, et il relève certaines erreurs figurant dans divers dicos d'argot. Son ouvrage est un peu cher, mais on le trouve en réédition moderne à un prix nettement moindre (éditeur Nigel Gauvin).

30 Dernière modification par éponymie (29-10-2014 17:15:55)

Re : Bosser aux sept discos

Z'êtes prié de revenir un peu plus souvent poser des questions de ce genre, c'est -entre autres (je me rappelle également certaines questions pointues de traduction) - ce type de sujet qui fédère les énergies, rend les ABCiens (pourquoi ABCistes ?) intelligents à plusieurs, réduit les égos et recrée la plaisante atmosphère qui régna sur ce forum il fut un temps.

Ne nous manque que le dessin de BP.

Re : Bosser aux sept discos

Je suis d'accord avec vous. Dans le genre argot il y avait eu également « Les mecs qui se mouillent pour gratter dans le cobalt » et les fresques murales du « Château Rouge » qui avaient mobilisé les énergies.

Re : Bosser aux sept discos

éponymie a écrit:

les ABCiens (pourquoi ABCistes ?)

Je ne sais pas mais pourquoi pas ? N'est-ce pas aussi légitime ? Je l'avais d'ailleurs déjà employé ici.
Peut-être est le côté dépréciatif du suffixe -ien que vous aviez signalé.

Re : Bosser aux sept discos

Abel Boyer a écrit:

Peut-être est le côté dépréciatif du suffixe -ien que vous aviez signalé.

Plus que le signaler, je le confirmais dans une certaine mesure et sous certaines conditions. Conditions que "ABCien" ne remplit pas pour les usagers du forum.

Un coup de google sur le forum nous donne 33 occurrences pour "ABCiens", 13 pour "ABCien", 5, pour "ABCiennes", 2 pour "ABCienne", 0 occurrence pour "ABCistes", 1 pour "ABCiste".

53 à 1. C'est tout. Mais ce sont les usagers qui font l'usage. Je ne dis pas que le vôtre est illégitime mais le cénacle des contributeurs est somme toute relativement réduit et j'imagine que la plupart se considéraient ABCiens et seraient/sont tout aussi surpris que moi de voir bousculer leur jargon.

Re : Bosser aux sept discos

éponymie a écrit:

53 à 1. C'est tout. Mais ce sont les usagers qui font l'usage.

En fait, les usagers ont donné, semble-t-il, la faveur à Abécien, non à ABCien. Et si l'on tient compte des formes Abécien et Abéciste, ce n'est plus aussi écrasant que 53 à 1, même si je reste désespérément minoritaire.
Cela dit, même ce 1 était faux, puisque j'avais déjà deux occurrences rien que pour moi !

Re : Bosser aux sept discos

Je m'étais fait une mauvaise idée de l'usage. Malheureusement, on n'a pas de Ngram pour faire une étude dans le temps, il me semble que le Abéciste a connu un relatif succès dans les premières années du forum.

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Re : Bosser aux sept discos

Abel Boyer a écrit:

Trouvé aussi ceci qui confirme la solution de l'énigme en citant la chanson, mais je n'ai pas accès à la lecture complète :
http://img4.hostingpics.net/pics/555036Capture.png

Oui, et l'entrée est reprise dans Le dico de l'argent :
http://i.imgur.com/LmBTuaCl.jpg

Re : Bosser aux sept discos

Merci pour toute cette discussion fortement intéressante !

Re : Bosser aux sept discos

Émile Chautard. Né en 1864, à Paris. Date et lieu de décès inconnue.

Il exerça le métier de typographe à l’imprimerie Simart, rue du Croissant, Paris 2ème.
D’après Henri Tyssens (blog sur l’éditeur Robert Denoël (très intéressant) : http://www.thyssens.com/01chrono/chrono_1931.php il fut membre de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Ile-de-France, à partir de 1925.

À la parution de son livre La vie étrange de l’argot , la revue du Mercure de France publie un article du lexicographe Gaston Esnault à son sujet.
Si Esnault trouve un peu de qualité à l’ouvrage, il en relève les erreurs et omissions (thèmes etc.) Même le titre du livre subit sa critique. Finale :
« Le bon du livre demeure, malgré du tohu-bohu, d’être une braderie, les souvenirs d’une oreille curieuse, exposition dans laquelle je démêle un millier de choses pas encore livrées à l’impression et cinq cents dont je tire mon profit. »

Pour lire l’article de Gaston Esnault : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2 … ARD.langFR (pages 457 à 465).

Séquence Audio : http://boutique.ina.fr/audio/PHD8500007 … rd.fr.html

http://uprapide.com/images/pierredeparis06/chautard---photo.jpg

Émile Chautard.
(source : gallica.bnf.fr)

Pour les différents éditeurs de ce livre et commentaires voir : http://www.languefrancaise.net/Argot/Chautard1931

Également d’Émile Chautard (1937) : GLOSSAIRE TYPOGRAPHIQUE
comprenant les mots classiques, ceux du langage ouvrier consacrés par l’usage comme les nouveaux qui le seront demain, avec les poésies et chansons de métier, l’ensemble présenté par René-Louis DOYON.
Curiosité : Dans une lettre autographe, René-Louis Doyon a écrit cette phrase : « vous êtes peut-être le seul à ne pas savoir que le glossaire est tout de ma main. »

Sur René-Louis Doyon : http://jean.salvano.perso.sfr.fr/Blida/doyon.htm


http://uprapide.com/images/pierredeparis06/chautard-glossaire-typo.jpg

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