Sujet : (sous) peine de vie, (sous) peine de mort
Bonjour.
Me demandant si l'expression peine de mort était appropriée en Droit, j'en suis venu à me demander si la notion de peine n'impliquait pas un terme, et par extension, qu'une fois accomplie on estimait la faute réparée.
Le TLFi me donne tort tout du long. Toutefois, en le consultant, j'ai appris cet usage vieilli de sous peine de vie. Une petite porte m'a donc semblé entrouverte pour contester cette notion de peine de mort.
Ngram, sur la base de Google Livres, en partant de 1500, ne donne rien pour peine de vie, et n'amorce peine de mort qu'un peu après 1600. Je crois que le corpus de Google Livres est peu adapté avant le XVIIe : nous n'en sommes qu'à mi-chemin, je pense, de la numérisation, et Google Livres n'a sans doute pas vocation de remonter aussi haut. Problèmes de reconnaissance de caractères, mais aussi de formes des mots, trop différentes de la langue d'aujourd'hui.
En revanche, une chose très intéressante, en marge de ce sujet, est le pic impressionnant de la courbe peine de mort aux époques troublées de notre histoire, sous réserve du pic vers 1700 : je connais mal cette période.
Étymologiquement, je suis allé directement à mon Magnien Lacroix, qui à ποινή donne :
1) prix d'un meurtre, prix à payer pour un meurtre, prix payé pour un meurtre.
2) prix d'une faute.
3) plus rarement prix d'une bonne action, récompense.
4) rarement (Pindare) délivrance.
5) l'Expiation, la Vengeance personnifiée.
Pour notre Antiquité, nous avons une source un peu tardive, la compilation juridique d'Eauze, dite Code d'Alaric, qui sera reprise en plusieurs fois jusqu'au Code Théodosien, qui a resservi lui-même pour le Code Napoléon, Code d'Alaric qui juxtapose la justice traditionnelle, entre familles ou entre clans, et la justice administrée. On connaît assez bien un exemple de justice traditionnelle chez les Hurons-Wendats, où en effet on réparait entre familles ou clans des morts pas strictement criminelles à la guerre ou des morts accidentelles par plus de soixante réparations, la plupart extrêmement lourdes. Je crois que le système de vengeance, avec les fameux vengeurs, est intermédiaire entre cette justice traditionnelle et les lois mafieuses, ces suites de vengeances qui ne s'arrêtent que de guerre lasse, et qu'on a mises en avant pour imposer la justice administrée.
L'important pour nous, c'est de ne pas perdre de vue que dans la justice ancestrale ou traditionnelle une mort non crapuleuse se réparait. Il me semble que ποινή pourrait rentrer dans ce cadre, ce qui apporterait de l'eau à mon moulin.
Dans le TLFi (à la fin du I), l'exemple donné pour sous peine de vie est lié à la personne du roi. ce qui pourrait être très particulier :
♦ Sous peine de vie (vx). Sous peine de mort. [Ils] écartent les soldats, leur défendent sous peine de vie d'approcher du roi (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist., t.4, 1831, p.157).