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forum abclf » Réflexions linguistiques » Je n'ai aucune idée de quoi tu parles

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Messages [ 14 ]

Sujet : Je n'ai aucune idée de quoi tu parles

Bonjour,

   j'aimerais savoir si la tournure « je n’ai aucune idée de quoi tu parles » est correct grammaticalement même si elle est certainement très usitée. Je suis tombé sur une autre expression qui veut dire la même chose et qui me paraît plus correct : « Je n’ai aucune idée de ce de quoi tu parles ».

Qu’en pensez-vous ?

2 Dernière modification par yd (07-06-2012 20:39:25)

Re : Je n'ai aucune idée de quoi tu parles

Bonsoir Papy.

Je n'ai aucune idée de ce dont du parles.
Le sens est le même que (...) de ce de quoi tu parles.

Fille légère ne peut bêcher.

3 Dernière modification par papy (07-06-2012 20:47:34)

Re : Je n'ai aucune idée de quoi tu parles

yd a écrit:

Bonsoir Papy.

Je n'ai aucune idée de ce dont du parles.
Le sens est le même que (...) de ce de quoi tu parles.


  Merci Yd pour votre réponse rapide. J'avais oublié de mentionner la possibilité que vous venez de citer. Effectivement elle fait partie de l'une des tournures qu'on peut utiliser. Par contre, j'aimerais avoir votre avis sur la première expression. A mon sens, l'expression « je n’ai aucune idée » est suivie de la préposition de, et de même pour le verbe « parler ». Or dans « Je n’ai aucune idée de quoi tu parles », il y a un « de » qui manque. Ou c’est juste moi qui chipote ?

4 Dernière modification par yd (07-06-2012 21:00:46)

Re : Je n'ai aucune idée de quoi tu parles

Je suis d'accord avec vous : je n'ai aucune idée de quoi tu parles est grammaticalement incomplet, il manque quelque chose, comme vous l'expliquez, mais c'est tellement dit à l'oral qu'on finit en effet par avoir l'air de chipoter en le rappelant. On mélange en fait la forme directe et la forme indirecte : tout le monde ne maîtrise pas sans effort la forme indirecte à l'oral. La forme directe serait par exemple : de quoi tu parles, je n'en ai aucune idée, ce qui peut expliquer la petite difficulté.

Fille légère ne peut bêcher.

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Re : Je n'ai aucune idée de quoi tu parles

Merci infiniment pour votre aide, Yd.

Re : Je n'ai aucune idée de quoi tu parles

papy a écrit:

   j'aimerais savoir si la tournure « je n’ai aucune idée de quoi tu parles » est correct grammaticalement même si elle est certainement très usitée. Je suis tombé sur une autre expression qui veut dire la même chose et qui me paraît plus correct : « Je n’ai aucune idée de ce de quoi tu parles ».

Qu’en pensez-vous ?

Je crois que "idée" ne peut être complété - par la proposition de - que par un nom : une idée de génie, une idée de cadeau, etc.

C'est pour cela que la pseudo-relative choque (on ne peut pas dire que c'est un discours indirect) et que la correction grammaticale est - relativement - sauve avec « Je n’ai aucune idée de ce de quoi tu parles » (même si le dont est effectivement plus heureux).

C'est le « Je ne sais pas de quoi tu parles » qui vient parasiter le débat et entraine cette phrase métisso-batarde.

Voilà mon humble avis.

Re : Je n'ai aucune idée de quoi tu parles

J'oubliais que idée peut aussi avoir un infinitif ou une proposition infinitive pour complément : "J'ai eu l'idée de lui faire un cadeau"

Mais c'est difficile à combiner avec aucun.

8 Dernière modification par yd (07-06-2012 22:39:42)

Re : Je n'ai aucune idée de quoi tu parles

Avez-vous une idée de ce que vous allez faire ?

À la forme directe classique, le personne dirait : de quoi parles-tu, car je n'en ai aucune idée ? Avec cette variante construite à partir de la forme interrogative : de quoi parle-t-il, je n'en ai aucune idée. Je crois bien qu'à l'oral il est assez fréquent de calquer par facilité une partie de l'interrogation directe ou de sa variante mise à la forme affirmative. Je crois à une petite difficulté ou à une petite paresse, à l'oral, à recomposer dans son intégralité la construction indirecte. Peut-être est-ce aussi pour faire genre.

Ce qui peut encore jouer, ce sont les hésitations avec dont, de quoi étant quelquefois jugé encore plus commode.

Fille légère ne peut bêcher.

9 Dernière modification par éponymie (07-06-2012 22:41:39)

Re : Je n'ai aucune idée de quoi tu parles

yd a écrit:

Avez-vous une idée de ce que vous allez faire ?

À la forme directe classique, le personne dirait : de quoi parles-tu, car je n'en ai aucune idée ? Avec cette variante construite à partir de la forme interrogative : de quoi parle-t-il, je n'en ai aucune idée. Je crois bien qu'à l'oral il est assez fréquent de calquer par facilité une partie de l'interrogation directe ou de sa variante mise à la forme affirmative. Je crois à une petite difficulté ou à une petite paresse, à l'oral, à recomposer dans son intégralité la construction indirecte. Peut-être est-ce aussi pour faire genre.

Cette dernière réflexion m'a fait pensé au fait que le quoi est simplement la forme tonique du que ("Tu fais quoi ?" / "Que fais-tu ?") et représente donc exactement la même chose. De quoi faciliter ultérieurement ces syntaxes qui nous semblent bizarres.

On rencontre un phénomène analogue avec les formes toniques/atones moi / me à l'impératif : concurrence donne-m'en / donne-moi-z'en

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Re : Je n'ai aucune idée de quoi tu parles

yd a écrit:

Je n'ai aucune idée de ce dont du parles.


Normalement, on doit éviter la formulation 
DE   .....   DONT,
qui fait comme un doublon,


tout comme on doit éviter
Á    ....    AUQUEL
(comme, par exemple, dans le titre de la chanson de Françoise Hardy "C'est à l'amour auquel je pense" qui aurait dû s'intituler C'est à l'amour que je pense.

C'est, du moins, ce que m'a enseigné mon professeur de français.

« Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand lis »

11 Dernière modification par yd (08-06-2012 06:30:59)

Re : Je n'ai aucune idée de quoi tu parles

Jean-Jacques Rousseau, les Confessions, partie I, livre II, 1728-1731 :

Je me dégageai impétueusement en poussant un cri et faisant un saut en arrière ; et, sans marquer ni indignation ni colère, car je n'avois pas la moindre idée de ce dont il s'agissoit, j'exprimai ma surprise et mon dégout avec tant d'énergie, qu'il me laissa là [...].

On trouve encore le tour au XVIIe chez Thomas Hobbes (une traduction, je suppose) et de nouveau au XVIIIe chez Mirabeau. Je n'ai pas cherché au XIXe ni au XXe siècle.

Fille légère ne peut bêcher.

Re : Je n'ai aucune idée de quoi tu parles

Ysaur a écrit:

Normalement, on doit éviter la formulation 
DE   .....   DONT,
qui fait comme un doublon,

tout comme on doit éviter
Á    ....    AUQUEL
(comme, par exemple, dans le titre de la chanson de Françoise Hardy "C'est à l'amour auquel je pense" qui aurait dû s'intituler C'est à l'amour que je pense.

C'est, du moins, ce que m'a enseigné mon professeur de français.

Je ne mettrais pas ces deux cas dans le même sac. Pour moi, la présence de de et dont dans Je n'ai aucune idée de ce dont tu parles est grammaticalement justifiable, ce qui ne serait pas le cas pour, par exemple, C'est de l'amour dont je parle.

13 Dernière modification par coco47 (11-06-2012 00:59:57)

Re : Je n'ai aucune idée de quoi tu parles

Orientale a écrit:
Ysaur a écrit:
yd a écrit:

Je n'ai aucune idée de ce dont du parles.

Normalement, on doit éviter la formulation 
DE   .....   DONT,
qui fait comme un doublon,
tout comme on doit éviter
Á    ....    AUQUEL
(comme, par exemple, dans le titre de la chanson de Françoise Hardy "C'est à l'amour auquel je pense" qui aurait dû s'intituler C'est à l'amour que je pense.
C'est, du moins, ce que m'a enseigné mon professeur de français.

Je ne mettrais pas ces deux cas dans le même sac. Pour moi, la présence de de et dont dans Je n'ai aucune idée de ce dont tu parles est grammaticalement justifiable, ce qui ne serait pas le cas pour, par exemple, C'est de l'amour dont je parle.

Ici, je suis plus orientaliste qu'ysaurien. En effet, on peut noter le parallélisme entre, par exemple :
C'est à cette règle à laquelle je pense (alors qu'il convient de dire : C'est à cette règle que je pense, ou : C'est cette règle à laquelle je pense),
et :
C'est de cette règle dont je parle (alors qu'il faudrait : C'est de cette règle que je parle , ou : C'est cette règle dont je parle).
Mais la tournure : Je n'ai pas connaissance de cette règle dont vous parlez ressort d'une autre construction et ne comporte à mon sens aucun doublon.

Re : Je n'ai aucune idée de quoi tu parles

— C'est à cette règle à laquelle je pense (alors qu'il convient de dire : C'est à cette règle que je pense, ou : C'est cette règle à laquelle je pense),

Oi, mais on peut écrire C'est à cette règle à laquelle je pense que vous auriez dû vous conformer.

C'est ce qui m'a empêché, en son temps, de voir la faute de C'est à l'amour auquel je pense, car je prolongeais mentalement : que j'ai envoyé cette lettre, que je dédie cette chanson...

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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