Passer au contenu du forum

forum abclf

Le forum d'ABC de la langue française

Mise à jour du forum (janvier 2019)

Remise en l'état – que j'espère durable – du forum, suite aux modifications faites par l'hébergeur.

forum abclf » Réflexions linguistiques » Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Pages 1

Répondre

Flux RSS du sujet

Messages [ 22 ]

1

Sujet : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Bonjour.
En lisant un des romans de la littérature contemporaine francophone (j'ai un peu honte de vous dire qui c'était, tellement cet auteur est plutôt populaire:D) je n'ai pas pu empêcher mon regard de s'arrêter sur la phrase suivante:
" En 1978, le Bangladesh était une rue pleine de gens en train de mourir. Jamais population ne me parut aussi énergique. Tout le monde avait du feu dans les yeux."
Je me suis creusé un petit peu la tête, mais, finalement, je n'ai pu trouver au tréfonds de cet organe à ruminer aucune explication plausible a ce phénomène. smile
Peut-être existe-t-il une règle... (mais tu rêves ou quoi?!lol)
Merci d'avance pour vos réponses à venir.
PS. Excusez-moi mon style, parfois tordu (et ironique). Il s'explique par le fait que je ne suis pas un locuteur natif, évidemment. Je compose mon style de tout ce que j'ai lu ou entendu quelque part (y compris sur ce forum: je m'imprègne de votre style à vous, souvent brillantissime, aussi bien que de style des meilleurs auteurs francophones lol) . S'y ajoute la fameuse interférence linguistique.

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

septentrionalis a écrit:

" En 1978, le Bangladesh était une rue pleine de gens en train de mourir. Jamais population ne me parut aussi énergique. Tout le monde avait du feu dans les yeux."

On comprend bien, cher (ou chère) Septentrionalis, que ces Bengalis affamés et débordants d'énergie peuvent surprendre, y compris les lecteurs d'Amélie wink ...  Mais est-ce bien l'objet de votre question ?

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

3

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Bahh!!! J'ai oublié de préciser par quel " phénomène" mon attention avait été attirée dans cette phrase!
Je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas d'article indéfini devant "population".
Bien que les Bengalis, affamés et débordants d'énergie,  me surprennent aussi.

4

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Bonjour,

C'est un cas d'omission de l'article, volontaire et tout à fait correct.

Dans Grevisse, 7e édition, le cas est traité au §10 : « Parfois devant des noms exprimant non quelque individualité concrète, déterminée, mais une conception générale de l'esprit : Jamais menuisier, serrurier, vitrier, tourneur de profession n'entra dans le pays. (Rousseau) »

La description n'est pas très claire ; mais devant « jamais », et d'autres, quand on veut donner de la force à la phrase, l'article peut être supprimé : l'effet est en général plus vif, plus énergique et plus littéraire.

Marche dans les deux sens (le second est le plus « littéraire », le plus « marqué ») :
« Jamais population ne me parut aussi énergique. »
« Population jamais ne me parut aussi énergique. »

5 Dernière modification par Naïf (13-04-2010 19:18:41)

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

gb a écrit:

« jamais », et d'autres

A part l'archaïsme oncques*, je n'en vois point d'autre! En tout cas, cela ne marche guère avec toujours (??Toujours femme a soigné son mari sonne très bizarrement). Si on trouve ces autres, ils seraient bien venus ici, m'est avis.

---
* Oncques homme en son temps n'aima plus justice est plus ou moins compréhensible pour un francophone qui a un peu lu, et on a là aussi une négation.

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Google Books propose cependant plusieurs phrases commençant par "Rarement homme..."

Il y a aussi "Souvent femme varie" qui se dit encore sous forme de proverbe.

7

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Pierre Enckell a écrit:

Google Books propose cependant plusieurs phrases commençant par "Rarement homme..."

Ah oui!
Nous restons dans la polarité négative, donc ce n'est pas tout à fait du "cependant" .
(les expressions proverbiales constituent un tas à part, mais sont aussi très intéressantes).
Continuons, il existe quelques travaux là-dessus, mais pas grand chose.

8

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Merci, GB!
Vous m'avez rendu cette situation beaucoup plus claire.
Malheureusement, je n'ai pas à ma portée cette 7ème édition, mais force est de constater que les auteurs de la 14ème édition, dont j'ai la version électronique, bizarrement n'ont probablement pas daigné retenir cette information (remarque indignée:mad:)  (dans le chapitre "Absence de l'article").
Si je comprends bien la manière dont ce phénomène fonctionne, il est assez rare dans le français moderne?
Mes arguments:
1.dans Grevisse il n'y a qu'une citation (et cette citation est de surcroît de Rousseau (à l'époque on aimait moins l'article), avec toute une série de mots, ce qui est déjà suspicieux; aurait-il voulu procéder de façon analogique avec un seul mot?)
2.cette manière d'utiliser l'article est étroitement liée au mot jamais. Vous écrivez "et d'autres" (mots).  Pourriez-vous citer ces mots:)? Ou, si il y en a beaucoup, au moins pourriez-vous m'en indiquer quelques uns:)
Je veux juste dire que ce procédé est peut-être moins lié à la généralisation qu'a l'ajout de la particule (adverbe) jamais. Il me semble qu'on généralise (= on exprime une conception générale de l'esprit) en français en utilisant l'article indéfini ou défini. Par contre à peu près tous les cas d'omission de l'article en français ont pour cause l'ajout d'un autre mot, les deux mots, étant ainsi soudés en une unité nouvelle, commencent à jouer un rôle inhabituel dans la phrase: avec plaisir (adverbe à la place d'un substantif), faire preuve etc.
Je résume: à mon avis c'est un procédé qui rend le texte " plus littéraire" (comme tous ces "faire preuve", mais
"Jamais population" n'est peut-être pas plus abstraite ou généralisée que "jamais une autre population".
  "Jamais une population" ne va pas ici ou a un autre sens? ("la population" est trop concrète?)

9

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Mais vous écrivez vos réponses plus vite que moi!:)
J'ai encore deux versions:
1. Ou c'est lie au sens négatif du mot "jamais".
2. Ou...
Le mot "population" est utilise ici dans le sens de "peuple", le sens que je n'ai pas trouve dans mon Petit Robert, un sens "inhabituel".
Ou ça n'a rien a voir?

10

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Naïf a écrit:

En tout cas, cela ne marche guère avec toujours (??Toujours femme a soigné son mari sonne très bizarrement). Si on trouve ces autres, ils seraient bien venus ici, m'est avis.

Dans la langue ancienne, sous la forme d'aphorisme, c'est sûrement fréquent.
« Toujours femme varie / Bien fol qui s'y fie »
C'est joli, et il paraît que c'est royal wink
Mais c'est « marqué » (ce n'est pas la forme neutre).
On peut en inventer de moins élégants : « Toujours souris aura qui les poches pleines a ! » (pardon pour le machisme primaire, ce n'est que pour l'exemple).

11

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

septentrionalis a écrit:

Si je comprends bien la manière dont ce phénomène fonctionne, il est assez rare dans le français moderne?

Pour répondre sérieusement, il faudrait une étude historique smile Que je n'ai pas.
Je crois qu'à l'oral, hors les formules figées (proverbes, dictons), ce n'est pas courant. Mais je ne pense pas que ce soit rare.
Rien d'exceptionnel ni de particulièrement recherché à dire (mais c'est emphatique) : « Jamais créature si belle ne s'était aventurée ici. »

à mon avis c'est un procédé qui rend le texte " plus littéraire" (comme tous ces "faire preuve"

Il me semble aussi que c'est un procédé un peu littéraire ; plus que « faire preuve » qui pourrait évoquer l'incapacité (« faire » marche avec tellement de choses) à employer d'autres mots ou d'autres syntaxes.

"Jamais population" n'est peut-être pas plus abstraite ou généralisée que "jamais une autre population".

À mon oreille, il y a une généralisation plus nette dans le cas où l'article est omis ; et un style plus emphatique, plus déclamatoire.

12 Dernière modification par Naïf (14-04-2010 09:48:01)

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Une caractéristique de ces phrases n'a pas été relevée:

Rarement homme politique a suscité autant de haine et d'adoration.
Rarement homme d'Etat aura à ce point joué avec les médias
Jamais homme ne se proposa volontairement où involontairement un but plus sublime
Jamais homme n'accomplit en moins de temps une si immense et durable

Les emplois libres (à distinguer des archaïsmes* que je cite sans référence en note "de bas de post") présentent:
- des adverbes d'intensité;
- des constructions de comparaison à interprétation superlative.

Il s'agit de phrase emphatiques (oui) et exclamatives exprimant un degré extrême (valeur dite parfois "élative").

A part jamais et le rarement signalé par Pierre Enckell, je ne trouve pas d'exemples dans la prose contemporaine. A moins, une fois de plus, de tomber dans des citations de textes anciens.

C'est donc à rapprocher des cas d'absence de l'article en tournures négatives exclamatives.
On pourrait avoir également:

A-t-on jamais vu homme plus stupide?!

Et même:

A-t-on vu homme plus stupide?!

J'insiste: "absence", et non "omission": ne pas "mettre" ne signifie pas "omettre". (on n'omet guère les pieds dans le plat...).

*archaïsmes
Jamais homme noble ne hait le bon vin.
Jamais homme ne parla comme cet homme.
Jamais homme ne fut à priser, pour savoir autrui dépriser.
Jamais homme sage et discret, ne révèle à femme son secret.

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Naïf a écrit:

- des constructions de comparaison à interprétation superlative.

Il s'agit de phrases emphatiques (oui) et exclamatives exprimant un degré extrême (valeur dite parfois "élative").

On relève dans le TLF, jamais IV D, des propositions nominales ayant les mêmes caractéristiques :
- Jamais lumière plus limpide sur la terre d'Armagnac
- Jamais catastrophe pareille dans les annales militaires !

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Naïf a écrit:

A part jamais et le rarement signalé par Pierre Enckell, je ne trouve pas d'exemples dans la prose contemporaine. A moins, une fois de plus, de tomber dans des citations de textes anciens..[/i]

On sent bien qu'il y a anguille sous roche...  wink

« Jeunesse, folies. Vieillesse, douleurs ». Proverbe rom.

15 Dernière modification par Naïf (14-04-2010 18:18:57)

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Bookish Prat a écrit:

On sent bien qu'il y a anguille sous roche...  wink

Pour prévenir les éventuels malentendus: nous ne parlons pas ici des cas d'absence de l'article (ou autres prédéterminants) en français contemporain en général (votre exemple).
Ces cas sont singulièrement réduits en français contemporain par rapport aux autres langues romanes: c'est un trait particulier de notre langue, dont j'ignore l'origine (substrat celtique?). Et par rapport à l'ancien français! Mais ils excèdent bien évidemment les tournures en question dans ce fil.

PS1. dans ce message, j'ai souligné les N sans prédéterminants.

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Bookish Prat a écrit:

On sent bien qu'il y a anguille sous roche...  wink

Cher Bookish Prat, donnez-vous cette phrase comme un exemple de substantifs sans articles ? Mais dans le modèle dont il est question sur ce fil le substantif en question est sujet de la proposition. Il est vrai qu'on peut toujours inventer un proverbe, par exemple Jamais anguille ne se prélasse sur roche smile:)

17

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

nous avons réagi en même temps smile

18

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

gb a écrit:

Dans Grevisse, 7e édition, le cas est traité au §10 : « Parfois devant des noms exprimant non quelque individualité concrète, déterminée, mais une conception générale de l'esprit : Jamais menuisier, serrurier, vitrier, tourneur de profession n'entra dans le pays. (Rousseau) »

septentrionalis a écrit:

1.dans Grevisse il n'y a qu'une citation (et cette citation est de surcroît de Rousseau (à l'époque on aimait moins l'article), avec toute une série de mots, ce qui est déjà suspicieux; aurait-il voulu procéder de façon analogique avec un seul mot?)

Labourage   [ n° 1 = 1 ]
et   [ + ]
pâturage   [ n° 2 = 1 ]
sont   [ n° 1 + n° 2  =  1 + 1  =  2  >  1 ]
les deux mamelles de la France.

Le labourage   [ n° 1 = 1 ] 
et   [ + ]
le pâturage   [ n° 2 = 1 ]
sont   [ n° 1 + n° 2  =  1 + 1  =  2  >  1 ]
les deux mamelles de la France.



[s]Labourage[/s]   [ n° 1 = 1 ]
est   [ n° 1 = 1 ]
la mamelle de la France.

Le labourage   [ n° 1 = 1 ]
est   [ n° 1 = 1 ]
la mamelle de la France.





Je me demande si c'est transposable à la phrase de Rousseau citée par gb. Et aussi si « de profession » s'applique juste à « tourneur » ou bien à la cohorte entière.

Jamais
menuisier,   [ n° 1 = 1 ]
serrurier,    [ n° 2 = 1 ]
vitrier,   [ n° 3 = 1 ]
tourneur de profession   [ n° 4 = 1 ]
n'entra   [ n° X = 1 ]
dans le pays.

Jamais
un menuisier,   [ n° 1 = 1 ]
un serrurier,    [ n° 2 = 1 ]
un vitrier,   [ n° 3 ]
un tourneur de profession   [ n° 4 = 1 ]
n'entra   [ n° X = 1 ]
dans le pays.

On peut réduire l'énumération à un élément et conserver l'article souhaité (zéro ou non-zéro), contrairement à la phrase de Sully réduite à un élément.





Les possibilités suivantes vous paraissent-elles envisageables ?

Jamais
menuisier,   [ n° 1 = 1 ]
serrurier,    [ n° 2 = 1 ]
vitrier,   [ n° 3 = 1 ]
tourneur de profession   [ n° 4 = 1 ]
n'entrèrent   [ n° 1 + n° 2 + n° 3 + n° 4  =  1 + 1 + 1 + 1  =  4  >  1 ]
dans le pays.

Jamais
menuisiers,   [ n° 1 > 1 ]
serruriers,    [ n° 2 > 1 ]
vitriers,   [ n° 3 > 1 ]
tourneurs de profession   [ n° 4 > 1 ]
n'entrèrent   [ n° X > 1 ]
dans le pays.

Jamais
menuisiers,   [ n° 1 > 1 ]
serruriers,    [ n° 2 > 1 ]
vitriers,   [ n° 3 > 1 ]
tourneurs de profession   [ n° 4 > 1 ]
n'entrèrent   [ n° 1 + n° 2 + n° 3 + n° 4  =  >1 + >1 + >1 + >1 ]
dans le pays.

19 Dernière modification par Naïf (16-04-2010 17:11:49)

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Les possibilités suivantes vous paraissent-elles envisageables ?

Oui, et il est bien d'insister sur l'énumération ici (façon de parcourir une classe, jamais impliquant ce rapport à une classe)...

... mais à une précision près, qui concerne l'analyse suivante:

Jamais
menuisier,  [ n° 1 = 1 ]
serrurier,    [ n° 2 = 1 ]
vitrier,  [ n° 3 = 1 ]
tourneur de profession  [ n° 4 = 1 ]
n'entrèrent   [ n° 1 + n° 2 + n° 3 + n° 4  =  1 + 1 + 1 + 1  =  4  >  1 ]
dans le pays.

Il me paraît hautement discutable d'inscrire à chaque ligne "=1". Ce singulier-là est catégoriel, on est en deçà du décompte: menuisier renvoie à la prédication <être-menuisier>, il s'agit de quiconque possède la qualité "être menuisier", par conséquent on ne parle pas d'individu(s). D'où d'ailleurs le contexte négatif en jamais ou rarement.
En termes logiques: la classe se définit en intension (=en compréhension)

(Le pluriel du verbe "entrèrent" étant naturellement lié à l'énumération en soi.)

Mais il en va de même ailleurs, par exemple dans les attributs, autre poste syntaxique acceptant notoirement l'absence d'article devant les N:

Je veux être menuisier (très différent de je veux être un menuisier, lequel est du reste qualitatif et également étranger au décompte, mais c'est une autre histoire).

Ce qui dénonce - cela soit relevé en passant -  l'artifice du terme "article zéro" qui n'est là que pour remplir une case vide.
/Dans une représentation tabulaire (structuralisme à la Hjelmslev et ses avatars) ou arborescente (noeud "Dét." des théories générativistes anciennes et récentes)/.
Satisfaisante pour l'esprit à première vue, la "case vide" est un puissant frein dans l'étude des langues. Pardon d'énoncer de façon lapidaire un credo que je sais non partagé.

PS. Mais au fait, Gustave Guillaume (souvent évoqué par greg) parlait-il d' "article zéro"? De lui, je ne me souviens que de l'excellent "absence d'article"... Non, je vois ici qu'il parlait aussi, le malheureux, d'article zéro. Bon, j'y vais zyeuter.

20

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

Naïf a écrit:

Jamais
menuisier,  [ n° 1 = 1 ]
serrurier,    [ n° 2 = 1 ]
vitrier,  [ n° 3 = 1 ]
tourneur de profession  [ n° 4 = 1 ]
n'entrèrent   [ n° 1 + n° 2 + n° 3 + n° 4  =  1 + 1 + 1 + 1  =  4  >  1 ]
dans le pays.

Il me paraît hautement discutable d'inscrire à chaque ligne "=1". Ce singulier-là est catégoriel, on est en deçà du décompte: menuisier renvoie à la prédication <être-menuisier>, il s'agit de quiconque possède la qualité "être menuisier", par conséquent on ne parle pas d'individu(s). D'où d'ailleurs le contexte négatif en jamais ou rarement.
En termes logiques: la classe se définit en intension (=en compréhension)

Oui, très juste. En ce cas il suffit d'interpréter "1" comme entité possible et non plus comme individu effectif.



Naïf a écrit:

PS. Mais au fait, Gustave Guillaume (souvent évoqué par greg) parlait-il d' "article zéro"? De lui, je ne me souviens que de l'excellent "absence d'article"... Non, je vois ici qu'il parlait aussi, le malheureux, d'article zéro. Bon, j'y vais zyeuter.

Oui, il l'emploie.

Un extrait :

« Et si l'on dit : le soleil, c'est qu'il serait théoriquement possible de dire un soleil, avec qualification. L'opposition joue entre l'article un et l'article le. L'article zéro dans cette opposition n'intervient pas, ou n'intervient plus. De ce qui vient d'être dit, il ne faudrait pas se hâter de conclure à l'élimination complète de l'alternance article zéro / article extensif. »

Nombre de ses continuateurs emploient le terme.

Sinon, je me souviens plus qui exactement avait qualifié l'article zéro d'imparfait du substantif...

21

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

greg a écrit:

Les possibilités suivantes vous paraissent-elles envisageables ?

La première (Jamais menuisier, serrurier, ..., n'entrèrent ...), non. Les deux autres oui (si j'ai bien compris ce qui les distingue intellectuellement).

22 Dernière modification par Naïf (04-05-2010 14:16:48)

Re : Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)

gb a écrit:
greg a écrit:

Les possibilités suivantes vous paraissent-elles envisageables ?

La première (Jamais menuisier, serrurier, ..., n'entrèrent ...), non. Les deux autres oui (si j'ai bien compris ce qui les distingue intellectuellement).

Curieux - et intéressant de voir que nos intuitions divergent sur ce point. Avec une autre valeur temporelle, Jean-Jacques écrivait:

jamais ouvrier, messager ou passant ne sortait sans manger ou boire
J.-J. Rousseau, Oeuvres complètes, Volume 15
via Goggle books, en remplaçant "sortait" par "sortoit".

Bien sûr, c'est très différent, et il y a ou (d'où le singulier du verbe). Mais je pense que la séquence discutée est attestable. (Ce qui n'empêche qu'elle peut l'être à des degrés divers pour les locuteurs, évidemment, et qu'il faudrait rendre compte de cette divergence si elle se confirmait).

Messages [ 22 ]

Pages 1

Répondre

forum abclf » Réflexions linguistiques » Jamais population ne me parut aussi énergique. (omission de l'article)