Mille mercis Abel Boyer pour vos sources :
« Aurum est le nom donné à l’or, parce qu’on le garde avec un soin tout particulier. En effet, en grec, “garder” se dit ὠρεῖν ; de là vient aussi the- saurus (trésor). Hippocrate le médecin dit qu’il a été ainsi appelé du nom de son inventeur, qui, d’après lui, se nommait Aurion. Certains pensent que l’or tire son nom de sa ressemblance avec la couleur de l’aurore ; selon quelques- uns, parce qu’il séduit les esprits des hommes ; d’autres pensent que ce nom a été emprunté aux Sabins, vu que ceux-ci disaient ausum. »
Si l’on prend au sérieux l’indication de Verrius, ausom montre que le -r- qui figure dans aurum est issu d’un *-s- par un changement régulier de *-s- intervocalique. Cette évolution, qui est connue sous le nom de rhotacisme, suppose un intermédiaire [z]. Il faut rappeler que dans la tradition de Verrius Flaccus se rencontrent également d’autres exemples du phénomène de rhotacisme (dont certains ne sont pas fiables) : R pro S littera saepe antiqui posuerunt, ut maiosibus, meliosibus, lasibus, fesiis, pro maioribus, melio- ribus, laribus, feriis (Paul. Fest. 323, 5–7 L). Citons encore arbosem26 (Paul. Fest. 14, 9 L), dasi dari27 (Paul. Fest. 60, 9 L), ferias antiqui fesias uocabant (Paul. Fest. 76, 17 L), helus et helusa antiqui dicebant, quod nunc holus et holera (Paul. Fest. 89, 3 L), iusa iura28 (Paul. Fest. 92, 3 L), loebesum et loebertatem antiqui dicebant liberum et libertatem29 (Paul. Fest. 108, 5–6 L), pignosa, pignora, eo modo, quo Ualesii, Auselii, †pinosi, palisi† dicebantur (Fest. 232, 21–22 L), plisima plurima (Fest. 222, 28 L), robosem (Paul. Fest. 14, 9 L). Mentionnons encore la forme mystérieuse adasia (Paul. Fest. 11, 23 L).
La forme ausum était attribuée aux Sabins par Verrius Flaccus : alii a Sabinis translatum putant, quod illi ausum dicebant. Sans nécessairement contester cette possibilité, il serait acceptable d’interpréter ausum comme une forme proprement latine, mais archaïque, relevant d’une époque antérieure au rhotacisme. En tout cas, la mise en rapport de ausum avec les Sabini ne suffit pas à démontrer l’origine sabellique de la forme. En fait, il n’est pas possible de décider si ausum relève du latin archaïque ou d’un dialecte sabellique. Mais il faut observer que cette forme ausum aurait pu être tirée d’un document en latin archaïque qui précédait le rhotacisme, par exemple la Loi des XII Tables, où ce mot figurait justement.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_des_Douze_Tables
Science sans conscience n’est que ruine de l’âme !