Alco a écrit:greg a écrit:Alco a écrit:Il me semble que l'indicatif exprime un fait établi, alors que le subjonctif traduit une opinion.
Si je dis : deux et deux font cinq, l'indicatif font n'exprime pas un fait établi. Si j'ajoute : à mon avis, deux et deux font cinq, l'indicatif explicite une opinion qui ne repose sur aucun fait.
Certes, mais il me semble que dans la première phrase l'expression de l'opinion est sous-entendue, et que cette première formulation équivaut à la seconde. Dans cette dernière, l'opinion est déjà représentée par « à mon avis » et le subjonctif serait donc superflu.
Le sentiment d'une opinion qu'on exprimerait vient peut-être de ce que la proposition deux et deux font cinq est manifestement fausse. Mais l'indépendante deux et deux font cinq n'est pas plus l'expression d'une opinion que ne l'est deux et deux font quatre. Il s'agit d'une simple assertion dans les deux cas. Assertion fausse et assertion vraie. Si je dis : tout être humain est doté de trois têtes et vingt jambes, rien ne permet, dans cette phrase, de conclure que j'exprime une opinion plutôt qu'un fait erroné.
Autre point. Je ne vois pas d'équivalence stricte entre les deux phrases indicatives suivantes :
le régime alimentaire de la gazelle est surtout basé sur la consommation de lions
à mon avis, le régime alimentaire de la gazelle est surtout basé sur la consommation de lions.
Les mêmes phrases tournées au subjonctif :
le régime alimentaire de la gazelle soit surtout basé sur la consommation de lions
à mon avis, le régime alimentaire de la gazelle soit surtout basé sur la consommation de lions
sont en effet agrammaticales, ainsi que tu le disais plus haut. Ce qui montre que l'emploi du subjonctif est d'abord tenu par des contraintes grammaticales, qu'il s'agit ensuite de recenser. Dans ces conditions, l'interprétation par l'opinion me semble hasardeuse. Surtout quand ladite opinion est réputée survenir à la faveur d'une ellipse ou d'un sous-entendu. Par contre, la notion de modalité vaudrait peut-être le coup d'être envisagée.
Pour ce qui est de : le fait que [...], je ne partage pas ton avis. Car l'indicatif n'est ni forcément préférable en général, ni forcément préférable en raison de sa prétendue affinité avec les faits avérés. D'abord parce qu'il existe un très grand nombre de verbes pour lesquels — aux temps grammaticaux étiquetés "présent" et à certaines personnes grammaticales —, la distinction entre indicatif et subjonctif n'est même pas subtile. Elle est inexistante : le fait que tu chantes faux ne me dérange pas. Bien malin celui qui peut affirmer sans crainte de se tromper que le locuteur de cette phrase signifie {on sait que tu chantes faux et moi ça me va} plutôt que {je ne sais pas si tu chantes faux mais si c'est le cas, pas de problème} ou autre chose encore. Pour les autres verbes, ceux pour lesquels on peut trouver un indicatif et un subjonctif formellement distincts, la réflexion est ouverte :
le fait que tu viennes ne me dérange pas
le fait que tu viens ne me dérange pas
le fait que tu viendras ne me dérange pas
ta venue ne me dérange pas.
Alco a écrit:greg a écrit:Une affirmation comme : le soleil s'éteindra dans quatre milliards d'années n'est pas la relation d'un fait établi. Il ne s'agit pas d'un fait mais d'une conjecture, fort bien établie au demeurant, qui sait ?
Encore une fois, je pense à une phrase tronquée dans laquelle est sous-entendue l'expression de l'opinion : on pense que, il est admis que, les projections ou les modélisations mathématiques indiquent que, toutes propositions induisant une incertitude et imposant de ce fait le subjonctif.
Tu penses à une phrase tronquée mais cette phrase ne l'est pas. J'aurais ajouté le symbole [...] pour suggérer une ellipse. En revanche, je te rejoins sur un point : la phrase (non tronquée, j'insiste) contient une part d'incertitude. Cette incertitude n'est pas liée aux découvertes scientifiques mais au temps grammatical employé : futur de l'indicatif. L'indicatif futur — qui est une partie de l'indicatif —, est un temps grammatical qui se caractérise par un quantum d'incertitude aussi petit qu'on voudra, mais toujours non nul. On est ici à des années-lumières des faits avérés. Sans parler de l'indicatif conditionnel.