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forum abclf » Réflexions linguistiques » Voyage au bout de la nuit.

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Messages [ 15 ]

Sujet : Voyage au bout de la nuit.

Si quelqu'un pouvait me résumé ce texte en une phrase. Je serait entièrement reconnaissant !

< On se mouvait mollement entre les ponts, comme des poulpes au fond d’une baignoire d’eau fadasse. C’est depuis ce moment que nous vîmes à fleur de peau venir s’étaler l’angoissante nature des Blancs, provoquée, libérée, bien débraillée enfin, leur vraie nature, tout comme à la guerre. Étuve tropicale pour instincts tels crapauds et vipères qui viennent enfin s’épanouir au mois d’août, sur les flancs fissurés des prisons. Dans le froid d’Europe, sous les grisailles pudiques du Nord, on ne fait, hors les carnages, que soupçonner la grouillante cruauté de nos frères, mais leur pourriture envahit la surface dès que les émoustille la fièvre ignoble des Tropiques. C’est alors qu’on se déboutonne éperdument et que la saloperie triomphe et nous recouvre entiers. C’est l’aveu biologique. Dès que le travail et le froid ne nous astreignent plus, relâchent un moment leur étau, on peut apercevoir des blancs, ce qu’on découvre du gai rivage, une fois que la mer s’en retire : la vérité, mares lourdement puantes, les crabes, la charogne et l’étron. >

« La perversion de la cité commence par la fraude des mots. » PLATON

Re : Voyage au bout de la nuit.

Surtout  ce passage :

Étuve tropicale pour instincts tels crapauds et vipères qui viennent enfin s’épanouir au mois d’août, sur les flancs fissurés des prisons. Dans le froid d’Europe, sous les grisailles pudiques du Nord, on ne fait, hors les carnages, que soupçonner la grouillante cruauté de nos frères, mais leur pourriture envahit la surface dès que les émoustille la fièvre ignoble des Tropiques. C’est alors qu’on se déboutonne éperdument et que la saloperie triomphe et nous recouvre entiers. C’est l’aveu biologique.
Merci.

« La perversion de la cité commence par la fraude des mots. » PLATON

Re : Voyage au bout de la nuit.

Ce passage précisément :

Dans le froid d’Europe, sous les grisailles pudiques du Nord, on ne fait, hors les carnages, que soupçonner la grouillante cruauté de nos frères, mais leur pourriture envahit la surface dès que les émoustille la fièvre ignoble des Tropiques.

« La perversion de la cité commence par la fraude des mots. » PLATON

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Re : Voyage au bout de la nuit.

On a d'abord une comparaison :
La réalité (le comparé): On se mouvait mollement entre les ponts
Ce à quoi on la compare (le comparant):  des poulpes au fond d’une baignoire d’eau fadasse
Cette comparaison devient métaphore. L'outil "comme" disparaît et l'élément de comparaison (le comparant) remplace le comparé : Étuve tropicale pour instincts
On a une deuxième comparaison :
La réalité (le comparé): les instincts
ce à quoi on les compare (le comparant) : tels crapauds et vipères
Une comparaison qui devient là aussi métaphore et qui se mêle à la première : il n'y a plus d'outil de comparaison (ni "comme" ni "tels") : la grouillante cruauté pourriture surface fièvre ignoble tropiques
vert : ce à quoi est comparé
bleu : la réalité (le comparé)
rose fièvre  : peut être physique ou morale

En une phrase donc : les turpitudes des hommes sont moins visibles dans le nord, où elles sont cachées, contenues, même si on les devine, et se révèlent et se développent sous les Tropiques.

Remarque : le climat du Nord et des Tropiques à la fois physique et moral joue sur l'expression et la manifestation de l'ignoble.

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

Re : Voyage au bout de la nuit.

Merci Ylou, c'est ce que j'en ai pensé. Mais je voulais une confirmation. je voulais pas m'en faire trop d'hypotheses.
c'est très aimable a vous.

« La perversion de la cité commence par la fraude des mots. » PLATON

Re : Voyage au bout de la nuit.

La végétation bouffie des jardins tenait à grand-peine, agressive, farouche, entre les palissades, éclatantes frondaisons formant laitues en délire autour de chaque maison, ratatiné gros blanc d’œuf solide dans lequel achevait de pourrir un Européen jaunet. Ainsi autant de saladiers complets que de fonctionnaires tout le long de l’avenue Fachoda, la plus animée, la mieux hantée de Fort-Gono.

Que signifie cette phrase Ylou ?
...
ratatiné gros blanc d’œuf solide dans lequel achevait de pourrir un Européen jaunet.
Merci.

« La perversion de la cité commence par la fraude des mots. » PLATON

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Re : Voyage au bout de la nuit.

J'avoue que je n'ai pas saisi le sens immédiatement.
Mais voici ce que je comprends : à l'intérieur de chaque maison qui ressemblait à un gros blanc d'oeuf ratatiné, il y avait un Européen jaunet (le jaune d'oeuf mais aussi la sale mine du monsieur) qui achevait de pourrir.
Une vision extrêmement positive et vivifiante comme les affectionne Céline....

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

8 Dernière modification par P'tit prof (26-09-2017 10:06:51)

Re : Voyage au bout de la nuit.

Vision lucide, en un temps où l'on exaltait le colonialisme.
Albert Londres ne dit pas autre chose dans Terre d'ébène.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

9 Dernière modification par rabah75 (25-09-2017 21:42:21)

Re : Voyage au bout de la nuit.

il s'agit de grammaire que d'autre chose !  Sinon tous les colonialistes se valent P'tit prof. vous parents peuvent vous confirmez la chose avec les allemands, les miens avec des Français d’autrefois ! il y a  que les collabos et les harkis qui trahissent les siens qui s'en réjouissent pour des avantages éphémères et une triste réputation éternelle . Toutefois ce dernier ( colonisateur) les méprisent en son fort intérieur et sen méfie. il y a pas plus redoutable que cette sous-espèce.  http://www.ina.fr/video/3027425001018
Revenons à nos moutons.
ratatiné gros blanc d’œuf solide dans lequel achevait de pourrir un Européen jaunet. Une allégorie au sale état ou se logeait les petits commis venus d’Europe. la situation profitait au gros bonnets qu'aux simplets. N'es ce pas Ylou ?

« La perversion de la cité commence par la fraude des mots. » PLATON

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Re : Voyage au bout de la nuit.

Rabah : Je pense que le lieu n'est pas à l'étalage d'affirmations de cette sorte. Ici, nous ne connaissons pas de sous-espèces dans le genre humain.
J'ai suivi le lien que vous avez posté. Il y est dit que : Une association de harkis vient de porter plainte pour injure et diffamation après des propos [similaires].

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

Re : Voyage au bout de la nuit.

Où est le problème ? je signale que Céline n'est pas dupe de la propagande pro-colonisation, pas plus dupe qu'André Gide et Albert Londres qui ont su en dénoncer les scandales. Il me semble que l'ironie d'Ylou est déplacée ici : mieux vaut souligner la  lucidité de l'auteur.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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Re : Voyage au bout de la nuit.

Je reconnais que mon ironie  n'a d'intérêt pour personne.
Une question personnelle d'affinités (que je n'ai pas).. avec l'auteur!  Donc -qu'on me comprenne bien- un mouvement d'humeur qui n'a rien à voir avec ce que dénonce Céline.

Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha

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Re : Voyage au bout de la nuit.

Pardon pour cette parenthèse réactionnaire Ylou ! Lisez bien ce passage Yelou,  il y a du génie dedans, n'es pas ?
Mais il n’existait pas de concierge dans sa maison. La ville entière manquait de concierges. Une ville sans concierges, ça n’a pas d’histoire, pas de goût, c’est insipide, telle une soupe sans poivre ni sel, une ratatouille informe. Oh ! savoureuses raclures ! Détritus, bavures à suinter de l’alcôve, de la cuisine, des mansardes, à dégouliner en cascades par chez la concierge, en plein dans la vie, quel savoureux enfer ! Certaines concierges de chez nous succombent à leur tâche, on les voit laconiques, toussantes, délectables, éberluées, c’est qu’elles sont abruties de Vérité ces martyres, consumées par Elle.

« La perversion de la cité commence par la fraude des mots. » PLATON

14 Dernière modification par aCOSwt (27-09-2017 18:37:08)

Re : Voyage au bout de la nuit.

rabah75 a écrit:

...un Européen jaunet...

Eh quoi ?
Le "héros" ne vient-il pas d'affirmer qu'il avait "la vocation d'être malade,rien que malade" ?
Mais bon... oui... on peut effectivement lire : blondinet!
Si on veut.

Non sunt multiplicanda entia sine necessitate!

Re : Voyage au bout de la nuit.

Le docteur Destouches dénote ainsi le teint jaunâtre des Européens au foie détruit par l'alcool, le célèbre foie colonial. Il file ainsi la métaphore de l'œuf tout en décrivant le triste état sanitaire des vaillants colons.

... ne supra crepidam  sutor iudicaret. Pline l'Ancien

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