Un site intéressant concernant le changement de sens des mots :
https://fr.wikisource.org/wiki/Comment_ … nt_de_sens
Dont deux extraits :
Le mot français dialectal maraud « matou » a fourni un verbe marauder « faire le matou » ; en Berry, où le mot maraud tend à disparaître, le verbe dérivé marauder qui signifiait d’abord « miauler bruyamment », a été appliqué à l’acte de « pleurer avec bruit et d’une manière désagréable » (employé. avec une intention plutôt méprisante) ; le français littéraire, où maraud n’a jamais existé, a emprunté marauder au sens de « voler » avec une nuance particulière ; ni l’un ni l’autre de ces développements de sens n’aurait sans doute abouti aussi complètement dans des parlers où maraud « matou » aurait existé
Dommage que l'auteur n'ait pas eu connaissance du nouveau sens donné à maraude.
Et ceci :
Les conditions psychiques de la sémantique sont constantes ; elles sont les mêmes dans les diverses langues et aux diverses périodes d’une même langue ; si donc on veut expliquer la variation, il faut introduire la considération d’un élément variable lui-même, et, étant données les conditions du langage, cet élément ne peut être que la structure de la société où est parlée la langue considérée.
Enfin, et surtout, il faut marquer par quels groupes sociaux le mot a été transmis, passant d’une langue particulière à une autre langue particulière.
Le groupe social qui a choisi "marauder" et "maraude" pour parler des tournées nocturnes faites dans les villes pour repérer, puis aider les personnes en détresse, se sont trouvés devant un manque lexical.
Patrouille patrouiller ont un sens militaire. Ronde évoque la surveillance et aucun verbe ne lui correspond. Sillonner semble trop rapide et ne propose aucun substantif..
Marauder, maraude ont plu parce que sans doute le sens réel de ces mots échappait. Reste l'idée de nuit et de déplacement furtif et aléatoire. A cela s'ajoutent les sonorités : le rapprochement peut être fait avec le verbe rôder (qui lui, est bien compris comme péjoratif, et peut-être aussi ce que le mot évoque de rustique.
On a un exemple de revirement complet du sens d'un mot par méconnaissance du sens réel.
Rien ne sert de protester : ce nouveau sens restera sans doute.
Si l'origine du mot renvoie aux matous qui rôdent dans la nuit, alors, le mot redevient sympathique à qui aiment les gros matous, un peu baroudeurs, certes, mais attachants.
Avec nos pensées nous créons le monde. Bouddha