Re : Les derniers seront les premiers
*Jesse, femme, a peint dix-sept Sainte Victoire, presque autant que Cézanne!
*A prononcer avé l'assent...!
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*Jesse, femme, a peint dix-sept Sainte Victoire, presque autant que Cézanne!
*A prononcer avé l'assent...!
...autant que Cézanne
" Ces ânes qui rigolent derriere moi ne comprennent pas que c'est une danse d'exorcisme, pas une danse vaudou ", dit monsieur le curé aux deux enfants de chœur. " C'est très sérieux. Allez donc me décrocher le cadavre et allongez-le, avec la paire de mains qui lui appartient, sur la tombe d'Emma, la pécheresse. "
Mà! la paix! che rechte! Ch'ai ben le droit d'assister moi aussi à la danse de monchieur le curé! Et d'ailleurs che fais moi auchi dancher! s'exaspérait Rodolphe qui s'évertuait à parler en public malgré l'absence de ses incisives, absence qu'il devait au coup de poing d'un mari jaloux.
...jaloux
À l'ouverture du premier cercueil, qu'il avait pourtant préalablement aspergé d'eau bénite et transpercé en son cœur d'un pic de pioche, monsieur le curé fut terrifié. On aurait dit qu'il vît le Diable en personne.
Père ! Sonnez à la porte du docteur Charlatan, expliquez-lui notre cas et faites-le venir chez sa fille Berthe. Les pieds lui poussent démesurément et une piqûre rétrécissante va bientôt s'avérer essentielle.
Errer sans ciel sous lequel il pût poser son bagage, c'était le sort du Juif errant, dont le mythe semble avoir disparu de notre imaginaire, ne nous en laissant que le nom.
Vert et sang si elle y tient. Le résultat sera un peu bizarre pour un cercueil. Mais la cérémonie y gagnera en gaieté. Allez-donc dire à votre Berthe que ce sera fait. Le vrai problème, ce sont ses pieds.
...imaginaire, ne nous laissant que le nom.
Sans que le nombril soit touché, monsieur le curé planta un pieu de châtaignier dans la poitrine du zombie ou plus exactement dans ce qu’était devenu le père Denis avant que ses voisins ne l'enterrassent.
En terre ! Assez de cadavres jonchent le sol du cimetière ! À quoi pensent-ils, nos fossoyeurs, ils s'amusent à gambader dans les forêts d'alentour, à boire d'autant, à chanter leurs affreuses chansons d'une voix rauque...
...voire occasionnellement à organiser des bacchanales qui perturbent tout le pays. J'exige que chacun se remette à la tâche, car tous ces cadavres abandonnés dans les allées du cimetière nuisent à la réputation de notre commune.
Comme une fossoyeuse professionnelle, la bonne du curé se mit à ramasser les morceaux.
C'est les morts, soit! qui vont être contents, se disait-elle pour se donner du courage. Mais elle les ramassait sans réfléchir et ce faisant mélangeait tout, pêle-mêle, dans la vieille brouette rouillée qu'elle avait empruntée au jardinier.
"Nier tout" murmura-t-elle. Berthe aux grands pieds dite Mademoiselle les godasses s’est fait bander les pieds par une vieille Chinoise, experte dans cette pratique ancienne. « Sapristi » gémit Berthe. Quoique toute contente de sa pointure réduite, elle se rendit compte que maintenant, elle était plus grande que Charlemagne. "Zut! Je n'ai rien à me mettre".
(la formule consacrée Pfinn, celle qu'entre femmes on finit toujours par dire, c'est : je n'ai rien à me mettre )
Ah, mais.... très bien! je vais me faire un sari de ce linceul. Mais auparavant je vais le teindre en gros bleu pour ne pas avoir l'air d'un fantôme. Berthe était toute contente de cette idée lumineuse. Restait à se trouver une paire de chaussures.
« Ère de chaux. » Sûrement, Hippolyte n'avait pas bien appris sa leçon de géologie. Mais il s'était servi d'un manuel écrit par le célèbre charlatan à toutes sauces, le docteur Charabia.
Rabbi Adam, l'ami de monsieur le curé avec lequel il avait fait sa licence de philo, lui avait pourtant déconseillé de faire le certificat d'exorcisme.
Certes, Y fit cas d'Aix. Or, six mémés s'offusquèrent de ce que le conférencier ne prononça pas une seule parole sur Trifouillis les Oies, se levèrent et quittèrent la salle en grommelant.
« En gros, me lancerez-vous dans cette start-up ? Elle est gérée par Hippolyte Biniou (on l'appelle familièrement Hippo la Binette) dont les talents d'entrepreneur commercial sont notoires. Il a commencé naguère comme fossoyeur, et déjà il possède trois bêches et deux pelles, sans parler de sa célèbre binette au manche de chêne. De là à s'établir à la tête d'une entreprise de logiciel, il n'y a qu'un pas ! » La crédulité de Charles était sans bornes.
Était-ce en bornant le nouveau cimetière que le géomètre fit cette chute mortelle ? toujours est-il qu'il en fut le premier occupant.
Pan! Un coup de feu vient d'être tiré dans la sacristie. Sapristi! Fait monsieur le curé, qui, retroussant sa soutane pique un sprint, suivi par toutes ses ouailles, aïe aïe aïe! Seul, Charles ne bouge pas d'un pas, ce qui sera par la suite considéré comme éminemment suspect par son Éminence.
Son nez mit Nancy dans un état de fascination : Charles avait un appendice nasal d'une longueur qu'on n'avait pas observée depuis Cyrano.
OBS Hervé : deux puits six rats ! Nos rues sont envahis par la gente trotte-menu!
Ainsi, Hervé avait parlé. Charles replia le journal. Pensif, il vint se mettre à la fenêtre et ce qu'il vit alors le stupéfia.
Huppés, fiables quand même, Raton et la gent trotte-menu de son voisinage descendirent des collines pour dire bonjour au médecin qui, malgré ses talents inestimables, parvenait toujours à leur fournir de quoi grignoter.
Grigne, oh Thérèse! Bernard a été plus solide qu'Emma! Il faut dire que tu t'y es prise comme une bécasse!
...comme une bécasse
" Et casser une belle bière comme ça est bien triste ", s'exclama Hippolyte en couvrant d'un drap noir tout neuf le cercueil de pin frais que l'exorciste avait dû éventrer.
Ève, entrée dans le cimetière peu après Hippolyte, ne perdit rien de la scène.
...ne perdit rien de la scène.
De la Seine, on apercevait la petite chapelle du cimetière d'Yonville. Monsieur le curé voulait qu'on y refît une brève cérémonie avec le cercueil démoli, mais couvert du drap noir dont personne ne voulait tenir les coins.
Les coin-coin assourdissants des canards qui, sur la Seine, s'étaient réunis pour assister à la cérémonie donnait à la scène un petit côté rigolard qui ne déplaisait point à monsieur le curé.
...monsieur le curé.
Le cul réchauffé d'une pause sur l'une des pierres tombales les plus ensoleillées du cimetière, Hippolyte retourna, avec sa binette favorite, à sa tâche excavatrice sisyphéenne.
Cisif et hennin existent bel et bien : expliquait monsieur le curé à Charles la veille de la cérémonie, vous êtes un ignorant. Quand je dis que je ménagerai des passages cisifs dans le discours, cela signifie que je ferai des pauses. Et quand je dis que ces dames devront porter le hennin, je fais allusion à une coiffe très seyante qui leur donnera l'air d'être plus intéressantes qu'elles ne le sont en réalité.
Digression : je vois que Madame Bovary figure cette année au programme de l'agrégation :
http://gallica.bnf.fr/blog/16102017/mad … -critiques
Espérons que la critique tiendra compte des sublimes modifications que nous avons apportées à cet ouvrage déjà sans prix.
...en réalité.
Alitée dans le cercueil ouvert, on aurait dit qu'elle somnolait. Son écharpe de soie blanche et légère
cachait un cou hideux, déformé par la rotation irreversible de 360 degrés subie au cours de l'exorcisme.
Encore exorcisme!! message 2566 VH!
L'ex! or si ce médecin craignait de rencontrer quelqu'un sur la tombe de sa femme, c'était bien l'ex-amant de cette dernier, une grande bringue aux yeux de lévrier afghan et qui en avait même les oreilles!
...les oreilles!
Et Yonville toute entière se demandait si ces malédictions allaient un jour cesser. Pourquoi le père Gustave n'avait-il pas choisi un village bourguignon ou berrichon pour toutes ses diableries ?
Eh, dis! "Hable" risque de ne pas être compris. Il faut prononcer "hablé", ou "usted hable : parlez". Je sais, je sais, ce serait plus pratique si ces esprits parlaient français, expliquait le père Gustave à Hippolyte qui décidément n'était pas doué pour les langues!
Angoisse, désespoir, désarroi... Thérèse ne trouvait pas les mots pour décrire à Hippolyte ce qu'elle avait éprouvé en voyant pour la première fois les pieds de Berthe. Encore moins savait-elle expliquer son épouvante devant le spectacle de Charles vêtu en Charlot. « Tu sais, chuchota-t-elle, il m'a parlé toute la journée de "cinéma", comme il l'appelle, j'en ai eu les oreilles toutes rebattues. »
As-tu bien boulonné le couvercle, Hippolite ?
Boule au nez - le cou vert - clipots - liturgiques : perplexe, Thérèse lisait et relisait ces mots mystérieux gravés sur la pierre tombale. Ils n'étaient pas là ce matin... "boule au nez" faisait évidemment référence à monsieur le curé qui avait une verrue sur la narine gauche, le cou vert au cou d'Emma, mais les clipots liturgiques?... peut-être avait-on prévu pour la cérémonie une pêche miraculeuse ? Auquel cas, les clipots... oui, ce devait être cela. Thérèse allait devoir être extrêmement attentive : il allait se passer quelque chose de très important.
« Raisin porte anxiété. » Le nouvel écriteau que le patron avait cloué sur le mur du « Bar des Amis » laissait perplexe sa clientèle : il voulait donc décourager la consommation de sa célèbre piquette ?
"Pique étrangement le gosier". Un nouvel écriteau avait été cloué à côté du premier. Mais cette fois-ci, ce fut le patron qui en resta perplexe.
Perp, l'ex du patron (c'est ainsi qu'on appelait familièrement Perpétue, son ancienne femme) n'était sans doute pas étrangère à ces affichages incongrus.
Un congre, ulcéré par la pollution de la Seine, fut servi à la sauce meunière par Bertha, à la taverne du village.
Vers Néduville ! Ah, je me souviens de Néduville ! Comment d'ailleurs l'oublier, c'est là que j'ai fait la connaissance de tous les personnages de Faubert ! Vous savez, Gaston n'a pas inventé ses Bouvary, ses Samalbô, ces Romeau et les autres, ils habitent tous, ou enfin ils habitaient tous, Néduville, perle des campagnes normandes ! Avant d'être répérés par Gaston, ils s'y ennuyaient ferme.
Sciant! nu! yé! faire mieux que le Living Theatre! Je n'aurais jamais cru ça de Charles! S'exclamait Emma, exaltée par le spectacle de son mari nu sur la scène du théâtre de Yonville. La salle applaudissait à tout rompre.
On prit alors le poêle de drap noir, qui couvrait le cercueil, pour cacher la nudité de Charles et apaiser la foule.
Léa pèse, et la Foulbecaise, qui est venue à Yonville pour préparer les remèdes, possède des charmes qui ne laissent pas le pharmacien insensible.
« Hein ? hein ? sans cible ? Mais sur quoi vas-tu donc tirer ? » Charles s'exaspéra. Justin, la carabine chargée, cherchait à tort et à travers une bonne cible. Il repéra enfin Hippolyte et son biniou gonflé.
" On flaire le coup fourré ", dit Javert en reniflant l'odeur de poudre à fusil.
Raffut, zizanie, vengeance, l'ambiance à Yonville n'était pas des plus pacifiques.
Pas si fictif qu'il en a l'air l'enterrement d'Emma... se disait Javert en se lissant la barbe, qu'il avait longue depuis qu'il s'était mis en tête de se grimer. Il est sûr qu'on enterre quelqu'un.. ou quelque chose.
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