Une trouvaille franco-française, dont je ferais volontiers un proverbe, dans le TLFi, POMPETTE :
Il était un brin pompette lorsqu'il proposa à sa femme de danser la bourrée (Dabit, Hôtel Nord, 1929, page 26).
Digression patentée :
Il se trouverait donc des linguistes qui auraient scientifiquement classé toutes les langues de la terre sous des critères esthétiques, chapeau bien bas. Les Russes peuvent trouver leur langue très belle et remarquable, j'en ai eu quelques retours, y compris sur ce forum ; les Hurons-Wendats trouvaient leur langue, qui servait de langue véhiculaire dans toute l'Amérique du Nord, alors que leur nombre à eux n'a jamais dû dépasser quelques dizaines de milliers, supérieure à toutes les autres, mais la langue française aurait ceci de particulier qu'on ne pourrait la dire ni belle ni complexe sans se faire reprendre, et encore moins la rapprocher du grec, comme firent tous ces grands imbéciles d'érudits de la Renaissance dont, avec ce soin admirable et insurpassable, on ne nous a rapporté aucuns travaux. Sans Jacques Heers (qui est français, je crains de m'être trompé les autres fois où j'ai parlé de lui) je n'aurais jamais appris qu'aux XV et XVIe siècles tous les grands d'Europe avaient une résidence autour de Chinon, sans qu'il explique pourquoi, mais certainement pour y apprendre et pour y pratiquer le meilleur français, car quelle autre explication ? Personne ne les y a obligés, la France à l'époque était loin, très loin, de dominer, quoique la Vallée de la Loire avait toujours été la région la plus riche d'Europe. Cela n'est arrivé à aucune autre langue en Europe, et il y eut des suites aux siècles suivants. L'intellectualité stricto sensu se satisfaisait dans toute l'Europe du latin, il y avait donc d'autres raisons à cette appropriation, si l'on veut, du français. La plus grande concurrence venait du provençal, je crois ; encore une fois j'ai du mal à retrouver ça sur Internet. Il me semble l'avoir lu dans Les féodalités, Histoire générale des systèmes politiques, Puf 1998.
Un autre point, par rapport à l'allemand : on sait que la traduction de la Bible en allemand par Luther, et la liturgie et les chants en allemand, est un fait très important, sinon fondateur, dans l'histoire de la langue allemande, et sans doute de la nation allemande. Je me suis posé la question, à laquelle je ne pourrai jamais répondre, de savoir si chez Luther il n'y aurait pas eu davantage l'idée de donner le change au français plutôt que de s'opposer au catholicisme romain. Et dans quelle mesure ne devrait-on pas se poser une question voisine pour l'anglais. C'est difficile, le lien entre nation et langue ; c'est certainement un lien partiel, mais pas moins essentiel.
Dans le dossier d'une éventuelle « cote d'amour » du français, je trouve qu'on doit verser ce phénomène qu'est le succès du créole mauricien. Ce qu'ils ont fait du français me sidère : ils jouent avec comme au ballon ; tout le monde qui vient vivre à l'Île Maurice adopte tout de suite ce créole, alors que depuis deux siècles tout portait l'anglais à s'imposer. Et dans leur façon de sauter sur les mots, j'ai l'impression de reconnaître le grec. Je ne m'étonnerais pas que d'ici un ou deux siècles ce créole ait largement débordé de l'Île Maurice. De surcroît, ils ont adopté scolairement l'anglais et le français, ils s'accommodent des deux langues, semble-t-il, avantageusement. Je pense qu'on assiste à un phénomène linguistique qui pourrait avoir de grandes suites, avec un possible retour sur le français, bien qu'on n'en voie rien venir pour l'instant.
Fille légère ne peut bêcher.