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Revue du sujet (plus récents en tête)

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@Lévine
"Le temps, pour vray, efface toutes choses ; Au long aller mes tristesses encloses Effacera..." (MAROT, I, 359)
"Si ne perdit elle point le cœur ni l'aller [la force de marcher]" (MARGUER., Nouv. LXI
"Aller le bien", ancienne locution qui signifiait aller bien, réussir, tourner à bien. (S'il se gouverne par ce conseil, il ne faut pas douter que tout n'aille le bien, MALH., Lexique, éd. L. Lalanne).
[...]

vh a écrit:

Une faute de frappe dans un dictionnaire a suffi pour que l'on crût que l'expression fût d'origine latrine.

Autrement dit une "coquille"? Celle-là même que les pélerins de "Saint-Jacques" arboraient sur les chemins de Compostelle?

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Argolance a écrit:

Peut-être ne faut-il pas chercher midi à quatorze heures et envisager, contrairement à notre époque "selfique" où tout tourne autour du nombril (restons courtois!), que les préoccupations, même chez le paysan et le manant étaient, au moins selon les apparences, tout autres! Il est très fréquent que la vie humaine soit considérée comme un cheminement, un vagabondage, une errance, un pèlerinage (voire un périple) périlleux au cours duquel il convient avant tout de conserver son âme en bonne santé, de ne pas perdre le nord "divin" de vue, préoccupation sans doute anachronique et superstitieuse par les temps qui courent, mais solidement ancrée dans les mentalités d'autrefois.

J'en veux pour preuve la tournure aler + gérondif, fréquente en ancien français, qui dit si bien cet étirement du temps dans l'errance ou l'épreuve :

Chantant vont letanies (Wace, Roman de Rou II, 876)

Li venz l'aloit angoissant plus et plus (Queste del Saint graal)

Avec le verbe arester, ça fait assez drôle :

Car chevalcez ! Pur qu'alez arestant ? (CdR, 1783)

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Une faute de frappe dans un dictionnaire a suffi pour que l'on crût que l'expression fût d'origine latrine.

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Si vraiment (ce dont je doute!) l'origine étymologique de l'expression est de s'enquérir de l'état de nos selles, je serais alors tenté de répondre par cet échange de politesses:
"Alors, comment va Monsieur le Comte aujourd'hui?
- Mais qu'est-ce que ça peut bien vous foutre, Madame la Comtesse?"
Peut-être ne faut-il pas chercher midi à quatorze heures et envisager, contrairement à notre époque "selfique" où tout tourne autour du nombril (restons courtois!), que les préoccupations, même chez le paysan et le manant étaient, au moins selon les apparences, tout autres! Il est très fréquent que la vie humaine soit considérée comme un cheminement, un vagabondage, une errance, un pèlerinage (voire un périple) périlleux au cours duquel il convient avant tout de conserver son âme en bonne santé, de ne pas perdre le nord "divin" de vue, préoccupation sans doute anachronique et superstitieuse par les temps qui courent, mais solidement ancrée dans les mentalités d'autrefois. Ainsi, comme le dit Littré:
* ALLER, au sens propre: Marcher, s'avancer.
Ben oui, on "va" chez le médecin, à la ville, aux goguenots, au cinéma, à un rendez-vous, mais aussi se faire voir chez les grecs, etc...
* ALLER, au sens figuré: Aller bien, mal, être dans la bonne, la mauvaise voie...
Autrement dit:
- soit au Ciel (cf l'expression "À Dieu va")
- soit en Enfer (cf, par exemple, l'expression "aller au diable Vauvert" [XVIe s.  Je vous chiquaneray en diable de Vauvert, RAB., Pant. IV, 16 - Il y a certains gentilshommes qui font le diable de Vauvert, tant sont insolens et desreiglez, FROUMENTEAU, Finances, III, p. 251].
ou encore "aller de cul et de tête",  qui signifie "s'y prendre avec ardeur, mais sans précaution et sans mesure"
et bien d'autres...
Voir la parabole des "vagabonds" aveugles de Peter Bruegel...
etc...

Et pour rattraper le "How do you do" anglais, ne peut-on pas faire le rapprochement avec les expressions "Faire une chose de bonne grâce,  en bon "fidèle", avec humilité, dans le respect et la totale acceptation de la divine volonté ou bien "à écorche-cul", c'est-à-dire à regret, en rechignant?
... le "How are you" n'appellerait-il pas un "Très bien, merci!" indiquant par là, que l'on avance dans la bonne direction, que l'on a pas perdu le sens, que l'on va "bonne erre"?

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Je vous propose d'éclairer la question du "how do you do" / "comment le faites-vous" / "comment vous portez-vous" par le type de réponses qu'on peut y apporter pour informer notre interlocuteur sur:
- notre santé physique
- notre santé mentale
- notre corps familial (les "membres" de la famille)
- notre corps spirituel (que je définirais comme la projection fantasmée de notre place dans le monde incluant nos amis, collègues, connaissances – comme miroir de ce qui pourrait nous arriver – mais aussi les identités morales telles la nationalité, la religion etc.)

En somme, le "how do you do" / "comment le faites-vous" / "comment vous portez-vous" ferait référence au fonctionnement intégral de notre "machine". Que ceci, bien naturellement, inclus la défécation mais sans forcement y faire une allusion directe. Cette machine non pas vue d'une manière statique mais dans sa capacité de production : ce que l'on sera en mesure de faire ou que l'on ne pourra pas faire.

Ainsi "how do you do" / "comment le faites-vous" / "comment vous portez-vous" signifierait "est-ce que tout fonctionne bien chez vous"?

Quand à l'usage en Grande-Bretagne du "how do you do" pour la première rencontre, et de "how are you" ensuite, je le rapprocherais des quelques phrases en français du cérémonial de l'ouverture du Parlement britannique puisque une présentation à quelqu'un est un cérémonial. Ainsi le "How do you do" serait le aristocratique "comment le faîtes-vous" moyenâgeux emprunté à la France et traduit littéralement.

C'est pas trop tiré par les cheveux, j'espère...

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J'ai l'impression que nous ne parlons pas des mêmes choses ou du moins que nous ne sommes pas sur la même longueur d'ondes...
À vous lire les uns et les autres, je commence, il est vrai à douter, et attends d'autres recherches pour revoir ce que je pensais.

Cependant, quelle que soit l'origine de l'expression « Comment allez-vous?» sous toutes ses variantes, en diachronie et en synchronie, il n'a jamais été suggéré que les gens, lorsqu'on leur posait cette question, la comprenaient au sens éventuellement premier du terme!

Que l'origine soit « comment allez-vous à la selle? » ( question qui aurait été une des premières que posait un médecin à la Renaissance) ou pas, il semble évident que lorsque la tournure est devenue une formule de politesse, pour se saluer et s'enquérir en général de la santé de l'autre, elle a eu comme signification « Comment vous portez-vous? Comment vous sentez-vous? Comment êtes-vous? »

Pardonnez ma comparaison, mais c'est un peu comme si vous imaginiez que certaines gamines d'aujourd'hui qui ne craignent pas de dire qu'elles s'en battent les couilles ( expression que chacun peut entendre en tendant l'oreille, si ce n'est dans une cour d'établissement scolaire, du moins dans le métro, tramway ou dans la rue)  prenaient le tour au pied de la lettre et se voyaient subitement pourvues d'attributs masculins. L'expression , certes vulgaire, s'est figée et ne signifie rien de plus que « Je m'en moque ».

L'argument selon lequel, les dames du temps jadis auraient dû s'en offusquer, n'est pas recevable à mes yeux, pour les raisons ci-dessus.

Il me semble plus intéressant de regarder à quel moment, on a cessé d'employer le comment le faites-vous pour passer au verbe aller et s'il peut ou non y avoir correspondance avec l'apparition de cette sèle trouée attestée par Godefroy dès 1463.

Sèle trouée= chaise percée:
Une grande selle trouee pour servir audit feu, en sa maladie. 1463 . Exécut. testam. de Jehan Fuyant ( A.Tournai)

http://micmap.org/dicfro/chercher/compl … froy/selle

Tout ceci ne prouve nullement une correspondance entre les deux, mais la première attestation donnée par le BHVF ( 1464) n'infirme pas encore cette hypothèse.  Car, dans les familles nobles ou aisées, il semble bien qu'au XV[sup]e[/sup] siècle, cette chaise dite sele ( selle) faisait partie du mobilier. ce Jehan Fuyant, qui donne à je ne sais qui sa chaise trouée, est cité dans divers documents de la ville de Tournai et était déjà père de famille en 1412.

Et le terme est est déjà attesté au sens d'évacuation alvine chez Agrippa d'Aubigné, toujours selon Godefroy.

Quant aux bas peuple, des villes et des campagnes, il ne possédait pas ce genre de mobilier, déféquait où il pouvait ( dans un coin, au petit coin) et ne consultait pas de médecin. Aucune raison , par conséquent, d'imaginer paysans ou petites gens  se saluer d'un comment chies-tu?



Quant au comment le faites-vous de l'ancien français, de l'époque médiévale, il semble n'avoir effectivement pas de rapport avec cette idée, d'autant que si le parler populaire n'était pas prude, il semble que l'acte de déféquer relevait, lui, de la sphère privée et non publique wink

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gb a écrit:

il est certain, pour des raisons inconnues, que la rencontre « comment allez-vous » + scatologie a bel et bien eu lieu

Certes. Entre autres sur google comme vous le montrez, et dans la tête de P'tit prof. Mais c'est renverser le problème, qui était de connaître le sens premier de cette question. Nous sommes tous d'accord que le verbe aller peut signifier "déféquer" en moyen français déjà, et que ça a dû provoquer une quantité de plaisanteries plus ou moins fines. Mais elles restent tardives et minoritaires par rapport à la prépondérance de Comment allez-vous (et de ses variantes) dans le sens non scatologique "Comment vous portez-vous ?"

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gb a écrit:

En fait, il est certain, pour des raisons inconnues, que la rencontre « comment allez-vous » + scatologie a bel et bien eu lieu (http://www.google.fr/search?hl=fr&q … 32e6246d3c).

Mais toutes ces occurrences illustrent simplement le retour à la mode  relativement récent de la scatologie. Avec Amadeus, le public a découvert avec ravissement que Mozart aimait se fourrer les doigts dans le c.. ; plus tard, la journaliste Isabelle Monrozier a pu se tailler un petit succès avec son bouquin Où sont les toilettes ? (qui colporte lui-même sans aucune preuve la prétendue origine de "comment allez-vous ?). Ajoutez à cela le phénomène d'emballement que constitue parfois Internet et voilà pourquoi ladite rencontre fait exploser le compteur.

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Pierre Enckell a écrit:

Voici une liste de formules de salutation voisines de comment allez-vous ? dont aucune ne suppose une équivalence aller/déféquer.

Pour le raisonnement : même si c'est exact, il n'est pas dit qu'un aspect scatologique ne puisse s'être greffé plus tardivement. En fait, il est certain, pour des raisons inconnues, que la rencontre « comment allez-vous » + scatologie a bel et bien eu lieu (http://www.google.fr/search?hl=fr&q … 32e6246d3c).
Peut-être que la polysémie du verbe « aller », ajouté au fait que la santé peut s'apprécier dans la qualité de la merde (que disait le médecin du roi ?), y sont pour quelque chose.

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Zolurne a écrit:

Pour apporter quelques pierres à cet édifice, on peut consulter Gaston Zink.
Pas trace de défécation.
Si, à l'occasion, il y avait un sous-entendu,  il était plutôt érotique (et c'est encore le cas de nos jours).

Merci. Quelle coïncidence, j'ai pris avec moi ce matin pour relire dans le métro le Que sais-je ? de Gaston Zinc sur l'ancien français !
Quant à la connotation érotique de "le faire", j'avais effectivement vu hier qu'elle est mentionnée dans le Gofedroy, au supplément.
À noter comme vous l'avez fait que cette connotation existe encore, et qu'elle est partagée pleinement par l'anglais. To do ou to do it = to have sexual intercourse with ...
http://www.merriam-webster.com/dictionary/to%20do
http://www.urbandictionary.com/define.php?term=do