Concernant la fame de Montaigne, j'aurais plutôt recherché du côté de la famille que de la renommée, bien qu'un rapprochement avec la familia latine puisse être moins évident. Il y aurait encore un possible parallélisme avec un lien voisin en grec entre genos et gyne. Je n'en prétends rien, je garde seulement l'esprit dessus.
Entre femme, prononcé fame, et féminin, il y a encore une possible survivance d'un temps où les sons consonantiques auraient été plus marquants ou plus structurants que les sons rendus par les voyelles. Comme dans les langues réputées sémitiques? Peut-être, peut-être pas, mais j'envisage par contre sérieusement qu'en langue les consonnes représentent le ramage et les voyelles le plumage. Je compare encore entre le dessin - les traits - du cahier de coloriage - les consonnes, donc - et les couleurs: les sons rendus par les voyelles, sur lesquels les humains se permettraient plus de fantaisie, ou personnaliseraient selon les régions, feraient jouer les accents, les intonations, le rythme. Je pense que les différences dans nos accents régionaux portent bien davantage sur la prononciation des voyelles que sur la prononciation des consonnes.
Autant je fuirais les décrets en langues, autant je ne voudrais pas qu'on brusque la langue habituelle, surtout celle transmise par oral, beaucoup plus fidèle qu'on ne l'admet généralement: autant en venir à écrire caillous ou soux ne m'inquiéterait guère, autant je craindrais, entre femme et féminin, de toucher à une chose à laquelle il ne faudrait pas. Si l'Académie ou les érudits interviennent pour prémunir de ce genre de risque, j'aurais tendance à les soutenir et à appeler les locuteurs à les écouter.