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Le forum d'ABC de la langue française

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Oui, la syncope de la voyelle atone entre -r ou -l et une occlusive s'est produite très tôt (cf. message 80), comme on le constate chez des auteurs comme Plaute, Caton ou le grammairien Varron. Par contre, cette syncope touchait le latin vulgaire et elle était considérée comme fautive, d'autant que les formes syncopées et non syncopées ont été utilisées concurremment pendant quelque temps.

vĭr(ĭ)dis est attesté chez Caton, mais j'ai néanmoins mis l'astérisque de non attestation à cette forme comme à toutes celles qui précèdent l'époque moderne car on ne sait jamais comment un mot se prononçait dans la réalité. En phonétique, on est toujours dans la reconstruction et on ne peut jamais vraiment se fonder sur l'écrit.

J'ai omis de signaler que si l'on prend des mots d'ancien français aujourd'hui disparus, on peut aisément doubler cette liste (ver = sanglier, printemps, etc...).
___________

Je ne suis pas trop satisfait de ce tableau. Il est encore trop compliqué. Je vais étudier une autre présentation, encore plus concise.

96

À la deuxième ligne du tableau, s'agit-il bien du IIè siècle avant JC ?

95

POURQUOI LES HOMONYMES ?

Pourquoi sont-ils particulièrement nombreux en français ?

Nous apporterons des éléments de réponse grâce à des tableaux comparatifs de phonétique historique.


1. – VERT - VAIR - VERS(prép. et n.) - VER - VERRE

Notes :
- L’astérisque signale les formes phonétiques supposées, les mots soulignés représentent les formes écrites, donc attestées ; le rouge signale l'apparition de l'orthographe actuelle.

- Les lettres entre parenthèses correspondent à des sons en voie de disparition à l’époque concernée (situation variable suivant les dialectes, le milieu social, etc…).

- Les blancs correspondent soit à des étapes intermédiaires non indiquées, soit au maintien de la forme donnée précédemment. 

- En gras : voyelles accentuées ; ˘ = signe d’une voyelle brève (niveau latin) ; i̯ = i comme second élément d’une diphtongue ; ę = e ouvert, ẹ = e fermé, e̥ = e moyen, e = e caduc.

Je n’ai donné que les étapes principales des transformations, sans évoquer leur processus.


https://zupimages.net/up/20/53/viv2.jpg


Conclusions :
Au départ, il n’y a qu’un couple de quasi-homonymes (le nom versus n’est homonyme de la préposition qu’au nominatif singulier).

Des transformations propres au français vont peu à peu amener l’homonymie de toutes ces formes. Celle-ci est due :

a) A la réduction syllabique.
Dès l’époque latine, le seul mot trisyllabique, 1, à été réduit à deux syllabes dans la langue orale du fait de la syncope de la voyelle pénultième atone (voir article sur la syncope).

Les deux syllabes ont à leur tour été réduites à une du fait de la chute de la presque totalité des voyelles finales, phénomène dont l’ampleur est propre au français. Cette voyelle s’est maintenue sous une forme affaiblie, dans 4 pour un temps, dans 5 jusqu’à nos jours, afin de servir d’appui aux groupe -rm et -rr. Au XIIème siècle, il n’y a donc plus que la consonne finale pour distinguer 1, 2, 3 et 4

b) A la chute de la seconde consonne d’un groupe terminal.

Le -s et le -t ont résisté plus longtemps que le -m, qui ne pouvait se maintenir durablement qu’avec une voyelle d’appui (comme dans ferme).
Le -r s’est donc retrouvé en finale partout, achevant une tendance à l'homonymie bien sensible dès le moyen français.

c) A la similitude du point d’aboutissement de certains traitements phonétiques.
En situation tonique, le ĭ de 1 et le ĕ de 3 et de 4, placés en entrave, ont tous deux aboutis au même son ; ils ont été rejoints par le a suivi du ĭ antéposé de 2 dès le XIIème. Le ĭ de 5, libre (le groupe consonne + r ne constituant pas une entrave) aurait dû évoluer vers [wa], mais il s’est aligné sur une série de mots où [wę] s’est réduit à [ę], noté ai ou è (les finales d’imparfaits, le mot tonnerre (< tonĭtru(m), avec déplacement d’accent), etc…
On constate par la même occasion une réduction des diphtongues anciennes, coalescentes (2) ou spontanées (5), phénomène qui ne joue pas en faveur de la diversification.

Au seuil de l’époque classique, l’homonymie est donc quasiment constituée. Il n’y a que l’orthographe, à peu près stable pour ces mots dès le moyen français, pour distinguer ces formes. L’italien, avec respectivement verde, vaio, verso, verme et vetro permet d’apprécier la différence ! 


Ceci est un travail original. J'ai consulté Gaston Zink, Phonétique historique du français (PUF), Geneviève Joly, Précis de phonétique historique (Coll. U) ainsi que Pierre Fouché, Phonétique historique du français (Klincksieck) essentiellement dans le but de préciser la chronologie.
J'ai suivi celle de G. Zink pour établir les principales étapes de l'histoire du mot verre.

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Merci, mais évidemment, le problème reste entier ! wink

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Il semble qu'on trouve aussi iranteile pour "toile d'araignée".

Este iranteile est déporvisuye d'iraignes.

        Cette toile d'araignée est dépourvue d'araignées.

https://fr.wiktionary.org/wiki/iraigne

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Merci Alco.

Je me permets de faire remonter mon message car il comporte une demande qui est peut-être passée inaperçue. C'est en principe interdit, et le chien de Piotr va peut-être grogner...

La question du i de iraigne me tracasse, et mes sources ne me livrent rien. J'espère déterrer une info dans le maquis de l'ouvrage de Fouché (dont l'index comporte des oublis) ; mais le mieux serait de trouver un article sur le sujet. On songe au traitement hereditate > ireté ; *esnellu(m) > isnel, etc..., mais il s'agit de e - e, non de a - a !!! Bien sûr, on a ére(i)gne dans certains domaines, mais ça fait beaucoup de transformations, et surtout, pourquoi ce mot serait-il le seul à s'être ainsi comporté ?

Le FEW nous empêtre dans l'araigne, l'érègne ou l'iraigne (< aranea) par opposition à sa toile (< araneata, d'où provient le nom moderne par métonymie...)

Je lance un appel aux pros de la recherche sur la Toile, ils font parfois des miracles.

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On ne peut pas accéder directement aux pages. Le lien donne toujours la première carte de la liste, c'est l'abeille.
Voici la page qui permet de rechercher la carte « araignée » :

http://lig-tdcge.imag.fr/cartodialect5/#/recherche

90

Merci pour le lien, mais vous avez affiché la carte du mot "abeille", non celle d' "araignée", et je ne peux pas la visualiser actuellement.

On a bien iraigne dans l'Énéas (au vers 4536).

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La réponse est peut-être à chercher du côté des dialectes. En ce qui concerne la langue d'oïl, dans le mot araignée, le a de la deuxième syllabe se maintient quand la première comporte un é ou un i, du moins en Haute-Bretagne. Les Ardennes gardent les deux a. La langue d'oc garde majoritairement le deuxième a.

88

Le problème est complexe dans la mesure où le -i de -ign a été aussi perçu comme une marque graphique du son ɲ ; il arrivait donc qu'on prononçât montagne, tout en écrivant montaigne, c'est plutôt devant la confusion qui en résultait que les grammairiens ont réagi. Il est à signaler que dans le nom de Montaigne, le i, devenu purement graphique, a persisté en "imposant" la prononciation que l'on connaît actuellement (Fouché, op. cit. t.II p. 387).
Je ne sais donc pas la raison exacte pour laquelle on a maintenu araignée ; dans un mot comme châtaigne, il y a par contre l'influence probable du masculin, dont la finale est phonétique dans tous les dialectes d'oïl.