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Le forum d'ABC de la langue française

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palomar a écrit:

Merci pour cette précision, qui conforte mon point de vue (à moins que je n'aie rien compris, ce qui est possible, voire probable).


En effet, dans cet exemple:

à moins qu'il ne vienne → à moins qu'il vienne
sens inchangé     

l'égalité des propositions confirme la totale inutilité du ne.

Si les deux énoncés ont des sens plus que voisins, quasiment identiques pour ainsi dire, il demeure pourtant que le moyen de parvenir à cette proximité extrême implique, dans le premier énoncé, de recourir au mot ne, qui brille par son absence dans le second. À la différence de forme entre les deux énoncés (= le tout petit mot ne) correspond une mince, voire infime, différence de sens. Cette différence vient de ce que ne, ici explétif, n'est pas rien mais quelque chose : un signe linguistique doté d'un sens qui n'est pas statique (la négation parfaite et absolue) mais dynamique (une négation incomplète qui tend vers la plénitude).


Le ne explétif, tout comme le ne non explétif, n'est pas autre chose qu'une négation très imparfaite tendant vers plus de négation, une négation extrêmement rudimentaire mais perfectible. Mais, et ceci concerne le seul ne explétif, à peine amorcée, l'opération qui conduit à la plénitude du sens négatif est aussitôt suspendue. D'où la sensation de totale "inutilité" dont tu parles.


Mais en comparant attentivement à moins qu'il ne vienne avec à moins qu'il vienne, l'apport par ne d'une charge négative minimale n'est pas douteux. Cette charge négative est si minimale qu'elle ne signifie même pas le contraire de venir.


Historiquement, ne est la forme faible de non.
Si faible que des mots anciennement positifs tels que :
     rien = quelque chose
     personne = quelqu'un
     pas = un mouvement
     point = un lieu
     mie = une matière
     etc
sont parvenus à incarner le négatif — infiniment mieux que ne.


Exemple :
     j'ose pas
     je n'ose → non explétif
Ici pas est bien plus absolument négatif que n'=ne.



palomar a écrit:

Dans celui-ci:
     
elle ne sait quoi faire → elle sait quoi faire
sens opposés

le ne est bien justifié, puisqu'il indique la négation (elle ne sait pas quoi faire)

Ici le ne est non explétif. Il se distingue du ne explétif, non par sa nature, mais par sa plus forte affinité avec la négation parfaite. Le mot pas signe la négation dans sa perfection tandis que le ne non explétif n'est qu'une négation incomplète — plus complète cependant que ne l'est le ne explétif.

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Dans les exemples de ne après sans que donnés par Grevisse figure le cas où ni fait partie de la proposition. Je constate que personne ne met en cause le ni, ou la série de ni, ce qui tend à prouver, à mon sens, que le ne en question n'est en aucun cas seulement explétif. Je maintiens qu'on mélange des cas qui ne devraient pas être mélangés. Après sans que, même utilisé positivement, on utilise s'il y a lieu ni le plus naturellement, alors qu'on devrait utiliser ou. On peut contester ni, et donc ne, mais si on ne conteste pas ni, comment contester ne ?

(extrait de la citation du Bon Usage au message 2)

Phénomène analogue, avec ni dans la proposition (cf. § 1085, b, 4°) : Sans que mon beau-frère ni ma sœur n’eussent articulé un seul mot […] et ne se fussent départis de leur gravité, Mgr Durand prit la parole ( Hermant, Discorde, p. 194). — Les années se sont succédé […] sans qu’Ingrid ni Rigaud ne m’occupent particulièrement l’esprit (Modiano, Voy. de noces, p. 22).

Dans l'exemple de Pierre Loti au 2e paragraphe

On voudrait l’avoir chérie petite fille […] sans que d’autres aient eu ses caresses […]

... en nous centrant sur sans que d’autres aient eu ses caresses, si j'ajoute l'alternative ses baisers, c'est bien ni que j'utilise le plus naturellement, même si ou serait possible : sans que d’autres n'aient eu ses caresses ni ses baisers. Si donc je suis logique avec moi-même, je laisse le ne même sans l'ajout des baisers, jugeant que la suppression de l'alternative avec ni ne change grammaticalement rien au reste.

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Merci pour cette précision, qui conforte mon point de vue (à moins que je n'aie rien compris, ce qui est possible, voire probable).


En effet, dans cet exemple:

à moins qu'il ne vienne → à moins qu'il vienne
sens inchangé     

l'égalité des propositions confirme la totale inutilité du ne.


Dans celui-ci:
     
elle ne sait quoi faire → elle sait quoi faire
sens opposés

le ne est bien justifié, puisqu'il indique la négation (elle ne sait pas quoi faire)

Je continue donc à penser que le ne explétif est inutile, voire nuisible si je me mets à la place d'un étranger qui apprend la langue française, et qui cherche d'abord une certaine logique dans la construction d'une phrase.

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palomar a écrit:

Je me permets de m'immiscer dans ce fil: quelle est l'utilité du ne explétif ?
Merci.

En fait le ne esseulé, c'est-à-dire le discordantiel privé de forclusif — par ex. : pas, point, mie et goutte —, est soit explétif soit indispensable (au maintien du sens).



Il suffit de procéder à la suppression de ne :

     explétif
à moins qu'il ne vienne → à moins qu'il vienne
sens inchangé     

     indispensable
elle ne sait quoi faire → elle sait quoi faire
sens opposés



On peut aussi lancer l'épreuve symétrique de l'étoffement :

     explétif
à moins qu'il ne vienne → à moins qu'il ne vienne pas
sens opposés     

     indispensable
elle ne sait quoi faire → elle ne sait pas quoi faire
sens inchangé




On encore, deuxième symétrie, la substitution :

     explétif
à moins qu'il ne vienne → à moins qu'il vienne pas
sens opposés     

     indispensable
elle ne sait quoi faire → elle sait pas quoi faire
sens inchangé



À première vue, l'utilité de ne   — pourtant non explétif et donc indispensable —   n'est pas beaucoup plus "grande" que celle de ne.



Des linguistes considèrent   ne = ne/ne   comme une négation « imparfaite » ou « immanente ».
C'est-à-dire que  ne  est un MOUVEMENT allant de  ne  à  ne    — sachant que la borne inférieure  ne  correspond à une négation très incomplète, à laquelle s'oppose  ne, borne supérieure, qui équivaut à une négation moins incomplète.

D'après ces mêmes linguistes, ce sont seulement les forclusifs comme  pas  qui signalent une négation « parfaite » ou « transcendante ». C'est-à-dire un mouvement de négation où les bornes d'incomplétude que sont  ne  et  ne  sont allègrement franchies : la négation  pas  est complète par dépassement (= transcendance) desdites bornes.

En langue française, le point-limite (= la frontière exacte) qui sépare l'espace d'incomplétude   ne = nene   du domaine de la complétude, où se situent  pas  et autres forclusifs, n'est pas rendu par un signe idoine ou distinctif (= pas de mot prévu à cet effet).

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Oui, j'en conviens, ce que j'ai écrit n'est pas très clair.
J'envisageais que "sans" puisse remplacer "pas".
Pour éviter la triple négation "sans"+"ne"+ "pas".

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glop a écrit:

Ce "ne" explétif ne s’apparente-t-il pas au principe de la double négation ?
Exemple :

-Il te vole sans que tu le saches.
-Il te vole sans que tu ne le soupçonnes.

Dans le premier cas, la phrase signifie que tu es volé sans le savoir.
Dans le deuxième cas, la phrase signifie que tu ne le soupçonnes pas de te voler.

Justement, dans le deuxième cas, si le ne est une négation, la phrase devient "sans que tu ne le soupçonnes pas" qui est équivalente à "alors que tu le soupçonnes", ce qui change complètement le sens de la phrase. Si je soupçonne quelqu'un de me voler, en principe, il ne me vole pas !
Ou alors le deuxième cas serait plutôt "Il te vole sans que tu le soupçonnes".

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Après faute de aussi la grammaire dit de se passer du ne explétif. Or est-ce une faute de dire faute de n'avoir pas fermé l'eau, j'ai dû retourner chez moi ? Car si ce n'est pas une faute, comment interdire de sous-entendre pas, alors que la grammaire préfère faute d'avoir fermé l'eau... ?

Sans que est un peu différent, constituant une négation plus évidente que faute de, mais je trouve qu'on a vite fait de confondre tous les cas, et que c'est cette confusion qui nous complique énormément les choses. Simplifier pour au final compliquer, cela ne devrait-il pas nous arrêter ?

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Ce "ne" explétif ne s’apparente-t-il pas au principe de la double négation ?
Exemple :

-Il te vole sans que tu le saches.
-Il te vole sans que tu ne le soupçonnes.

Dans le premier cas, la phrase signifie que tu es volé sans le savoir.
Dans le deuxième cas, la phrase signifie que tu ne le soupçonnes pas de te voler.

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Merci pour cet éclaircissement.
Je comprends bien la semonce des grammairiens, et je n'ai jamais vu de cas où le "ne" explétif puisse apporter une quelconque précision au sens d'une phrase. Je le trouve personnellement toujours nuisible, bien que, sans doute par habitude, il m'arrive d'oublier... de l'omettre !

9

Dans le cas présent, il est plutôt nuisible, d'où la semonce des grammairiens. On ne peut parler d'utilité, mais certainement, chez ceux qui l'utilisent, d'une coloration de phrase, d'une irisation négative.