Merci pour cette précision, qui conforte mon point de vue (à moins que je n'aie rien compris, ce qui est possible, voire probable).
En effet, dans cet exemple:
à moins qu'il ne vienne → à moins qu'il vienne
sens inchangél'égalité des propositions confirme la totale inutilité du ne.
Si les deux énoncés ont des sens plus que voisins, quasiment identiques pour ainsi dire, il demeure pourtant que le moyen de parvenir à cette proximité extrême implique, dans le premier énoncé, de recourir au mot ne, qui brille par son absence dans le second. À la différence de forme entre les deux énoncés (= le tout petit mot ne) correspond une mince, voire infime, différence de sens. Cette différence vient de ce que ne, ici explétif, n'est pas rien mais quelque chose : un signe linguistique doté d'un sens qui n'est pas statique (la négation parfaite et absolue) mais dynamique (une négation incomplète qui tend vers la plénitude).
Le ne explétif, tout comme le ne non explétif, n'est pas autre chose qu'une négation très imparfaite tendant vers plus de négation, une négation extrêmement rudimentaire mais perfectible. Mais, et ceci concerne le seul ne explétif, à peine amorcée, l'opération qui conduit à la plénitude du sens négatif est aussitôt suspendue. D'où la sensation de totale "inutilité" dont tu parles.
Mais en comparant attentivement à moins qu'il ne vienne avec à moins qu'il vienne, l'apport par ne d'une charge négative minimale n'est pas douteux. Cette charge négative est si minimale qu'elle ne signifie même pas le contraire de venir.
Historiquement, ne est la forme faible de non.
Si faible que des mots anciennement positifs tels que :
rien = quelque chose
personne = quelqu'un
pas = un mouvement
point = un lieu
mie = une matière
etc
sont parvenus à incarner le négatif — infiniment mieux que ne.
Exemple :
j'ose pas
je n'ose → non explétif
Ici pas est bien plus absolument négatif que n'=ne.
Dans celui-ci:
elle ne sait quoi faire → elle sait quoi faire
sens opposésle ne est bien justifié, puisqu'il indique la négation (elle ne sait pas quoi faire)
Ici le ne est non explétif. Il se distingue du ne explétif, non par sa nature, mais par sa plus forte affinité avec la négation parfaite. Le mot pas signe la négation dans sa perfection tandis que le ne non explétif n'est qu'une négation incomplète — plus complète cependant que ne l'est le ne explétif.