RIGOLO, -OTE, adj. et subst.
I. − Adj., fam.
A. − Qui amuse, fait rigoler. Synon. amusant, comique, drôle, marrant (pop. et fam.), plaisant, poilant (pop.), tordant (fam.). Film, nez, type rigolo ; femme, histoire rigolote ; dire qqc. de rigolo. Ah ! ce qu'elle était drôle, à se cavaler en pleins champs, les quilles nues ! (...) Un nouvel accès de gaîté la fit se tordre. − Venez donc, c'est trop rigolo... Moi, j'y retourne (Zola, Terre, 1887, p. 514). Camille termine ainsi son griffonnage : « Ta lettre était rigolote. Tu m'écriras encore des lettres rigolotes ; j'aime bien ça » (Tharaud, Enf. perdus, 1948, p. 113).
Par litote. Ce n'est pas rigolo d'avoir vingt ans aujourd'hui. Quelle époque de merde ! (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 289).
− P. méton. [En parlant d'un lieu] Où l'on s'amuse. On tomba d'accord pour Montmartre. Lahrier y connaissait des endroits rigolos ; la boîte à Derouet, entre autres (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 6e tabl., 2, p. 246).
Rem. ,,La forme rigolo est parfois employée au féminin, en concurrence avec rigolote`` (Dupré 1972). Il y a tout de même des heures rigolo dans le métier [de soldat] (Courteline, Gaîtés esc., Embarras gastr., 1891, p. 174). Ah ! nous nous cavalons ! reprit Chouteau ! Eh bien ! elle est rigolo, leur marche à l'ennemi, dont ils nous bourrent les oreilles, depuis l'autre matin (Zola, Débâcle, 1892, p. 28).
B. − [En parlant d'une chose] C'est rigolo. C'est étrange, curieux, surprenant. C'est rigolo ce qui m'arrive ; tiens, c'est rigolo. − Mes parents ont quitté la Russie en 17, j'avais trois mois. − C'est rigolo que tu ne saches pas le russe, conclut Lola d'un air songeur (Sartre, Âge de raison, 1945, p. 31).
II. − Substantif
A. − Familier
1. Personne amusante, qui aime plaisanter, s'amuser. Le monsieur au fond était un rigoleur et même un rigolo plein de calembours (Verlaine, OEuvres compl., t. 5, Quinze jours en Holl., 1893, p. 242). Moi aussi, j'ai mes ennuis, mais je fais pas chier le monde avec. On est entre rigolos, comprends-tu ? (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 111).
− Loc. Faire le rigolo. Faire le clown. « Demain, Ferdinand ! (...) Je ne vous parlerai plus qu'anglais ! Eh ? What ?... » Ça le faisait même rire d'avance... « Attendez-moi un moment ! Wait! Môment ! Ah! vous voyez ! Déjà ! Ferdinand ! Déjà !... » Il faisait le rigolo (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 264).
2. Péj. Personne qu'on ne peut pas prendre au sérieux, qui n'a pas les qualités dont elle se vante, à qui l'on ne peut faire confiance. Synon. jean-foutre (pop.), plaisantin. C'est un petit rigolo. Votre spécialiste, c'est un rigolo. Tu es un drôle de numéro, toi. D'ailleurs, vous êtes des rigolos (...) Vous ne savez pas y faire (Cendrars, Main coupée, 1946, p. 248).
Prononc. et Orth. : [ʀigɔlo], fém. [-ɔt]. J.-P. Chabrol, Les Rebelles, p. 256 ds Grev. 1980, § 730 : fém. rigolotte. Étymol. et Hist. 1. a) 1848 « qui amuse, qui fait rire » (Le Gamin de Paris, in Hatin, Bibliographie de la presse périodique fr., 465 ds Fonds Barbier) ; 1873 subst. « personne amusante » (A. Daudet, Contes lundi, p. 177) ; b) 1945 adj. « curieux, étrange » (Sartre, loc. cit.) ; 1946 subst. « personne qu'on ne peut pas prendre au sérieux, plaisantin » (Cendrars, loc. cit.) Dér. de rigoler1* ; suff. -o*. Fréq. abs. littér. : 157. Bbg. Quem. DDL t. 18 (s.v. rigouillard). (tlfi:rigolo)
- Rigolo : révolver, proprement, joyeux compère. (SAINXIX)
- Il y eut en 1866 un mulet qui portait ce nom au Cirque-Napoléon et qui fit courir tout Paris tant il était amusant, rigolo. (VIR)
- Voir aussi COURT, Le chev. hanneton : « sous le coup de massue de l'amateur qui a parié de faire sortir Rigolo » (p. 156). (gb)
- Rigo. (SCHW1889Tirelarigot)
- La grosse joie vient du ventre ; la satisfaction de l'estomac, l'ivresse en est la principale source ; la nourriture et la boisson passent par le gosier, qui fait office de « rigole ». (AYN)
- De rigoler. (GR)