- pipe (casser sa -) loc. verb. non conv. SANTÉ "mourir" - E, Lex.[79], 1855 ; FEW (8, 561b), GLLF, TLF, GR[85], 1856, Michel ; DELF, 19e ; L, ø d.
- 1791 - «La Franchise. Très-volontiers, mon camarade. Il y a fo... long-temps que je ne t'ai pas vu ; j'ai cru, le diable m'emporte, que tu avois cassé ta pipe. Coeur-de-Roi. Ma foi, ce n'est pas ma faute, j'ai fo... bien fait ce qu'il falloit pour ça ; mais en revanche je suis bien éreinté, j'arrive du diable ; je viens de l'Inde [...]» Le Dîné du grenadier à Brest, 1 (s.l.n.d.) - P.E. (bhvf:pipe)
Casser sa pipe, qu'on traduit et qu'on emploie équivalent de mourir, est exactement : mourir d'accident. (Esnault1919)
- On donne pour origine à cette expression qu'un fumeur mourut subitement et que sa pipe tomba et se cassa : quand on l'a relevé, qqun a dit : tiens, il a cassé sa pipe. (VIR)
- « Casser sa pipe (mourir) nous vient également d'un théâtre de l'ancien boulevard où un acteur très aimé, nommé Mercier, jouait alors Jean Bart. Mercier, pour donner plus de vérité à son rôle, le jouait sa pipe à la bouche. Un soir, en scène, la pipe tomba de ses lèvres, et on le vit en même temps s'affaisser sur lui-même. On courut à lui : il était mort. Le lendemain, les titis s'abordaient en se disant : Tu sais que Mercier a cassé sa pipe hier. » (Voyage au pays de l'argot, 1881)
- Casser sa pipe et casse-pipe sont deux expr. qui n'ont rien de commun. On disait jadis casser sa pipe en langue de carabins quand le patient, l'opération tournant mal, laissait tomber un certain appareil qu'on lui avait inséré entre les dents pour respirer : c'était une manière de dire chirurgicale et cette pipe n'était pas pour fumer. Rien de tel pour casse-pipe : il s'agit du tir forain où l'on démolit les pipes, en terre blanche, qu'on voyait encore entre les dents des connaisseurs du Quartier Latin en 1920'. Le casse-pipe dans l'infanterie, c'est l'image du front où les tireurs adverses vous visent et vous descendent. (Guérin cité par GIR)
- P.-ê. du sens de « trachée » (Dauzat), du sens de « tuyau ». (GR)
- Cette expression est passée dans le langage du peuple parisien. (Boutmy 1874)