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Citations relevées dans “Mer Noire. Les mutineries racontées par un mutin” (1935)

Cette page réunit toutes les citations relevées dans Mer Noire. Les mutineries racontées par un mutin, avec l'entrée qui y est attachée.

  • D'aucuns ont imputé à crime mon franc-parler : il paraît que toute vérité n'est pas bonne à dire. Si, toute vérité est bonne à dire, à condition qu'elle soit la vérité vraie. – (toute vérité n'est pas bonne à dire)
  • Bizerte est desservi par les paquebots de Marseille, à bord desquels les femmes des officiers supérieurs de la Marine devraient s'embarquer, si nos cinq-ficelles respectaient les règlements. – (ficelle)
  • il est arrivé à certains courriers d'escadre d'aller au fond, par la faute d'une torpille – (77865)
  • les matelots, n'ayant pas choisi une carrière faite de sacrifices, n'ont ni le droit, ni les moyens d'offrir à leur femme un voyage en Tunisie. Ils ont le droit et les moyens d'aller au bobinard. – (bobinard)
  • et Marius Artaud, le fusilier, méridional au défaitisme agressif, qui a guerroyé sur l'Yser, avec l'immortelle brigade des demoiselles au pompon rouge, comme écrivent les bardes épileptiques. – (demoiselles au pompon rouge)
  • Rien de tel que la vue d'une coque de voilier pour ravigoter un vrai matelot : nous en prenons plein les mirettes. – (ravigoter, mirette)
  • Nous tapons des godillots jusqu'à ce que sorte du rouf un type qui devait y roupiller ferme. – (roupiller, ferme)
  • –Est-ce qu'il est vache ? –Je comprends, vous n'avez pas fini d'en baver ! – (comprendre)
  • Bonjour, les amis, dit-il. Mes félicitations, vous avez dégoté le filon pépère. Ça vous changera un peu de vos gros-culs. – (pépère, gros cul)
  • Ce n'est plus de l'étonnement, c'est de la stupéfaction que nous éprouvons. Mais ne s'offrirait-il pas notre fiole, le fayot ? – (se payer la fiole, fayot)
  • –Vous ne trouvez pas qu'ils ont des têtes d'abrutis, chef ? Avec ça que tu crânais, toi, en arrivant, réplique le second-maître. Tu étais comme ces garçons, tu t'attendais à tomber sur un sauteur et tu te tenais raide. – (avec ça que, sauteur)
  • ici on ne connaît pas de cahier de punitions. Pour tout dire, il en existe un, c'est même le premier papelard que nous avons reçu, mais il est vierge, et le commandant ne veut pas le dépuceler. – (papelard, dépuceler)
  • Le Jean d'Ust, c'est une pension de famille. Vous ferez tranquillement votre petit boulot, et personne ne vous embêtera. – (boulot)
  • Ce qu'il nous faut, c'est des zouaves qui sachent gouverner à serrer le vent et cavaler sur une vergue, des démerdards qui n'aient pas les poils du cul amarrés. – (zouave, 77868, 77869, démerdard)
  • Le Floch, Coseur, Merlin, Vignes, Ropars, Lancien, Canellec, Pourrier, voilà pour la manoeuvre, et Artaud, voilà pour la mousqueterie. Ça y est, je vous ai photographiés. À moi de me présenter : Rivoal, second-maître canonnier, vingt ans de service – (photographier)
  • Enfin, voilà le renfort ! […] Pas trop tôt, depuis le temps qu'on s'envoyait tout le turbin à six ! – (c'est pas trop tôt)
  • On nous mettra un moteur, un canon devant, un canon derrière, et les Boches pourront se garder à carreau. – (à carreau)
  • Toute la bande, vous ne savez pas ce que c'est que d'attraper des obus sur la gueule, et vous vous foutez d'un homme qui a été quinze mois à la brigade. – (attraper)
  • On vous verra à l'oeuvre, les amis, et c'est moi que je rigolerai. – (c'est moi que je)
  • Canellec m'a engagé à sortir, et je l'ai engagé à compter ses sous. Nous avions douze francs à nous deux […] il faut réserver nos finances pour les cigarettes. Tant qu'il y a du tabac, il y a de l'espoir. – (compter ses sous, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir)
  • Nous avions douze francs à nous deux, et comme nous ne passerons pas à la caisse avant la fin du mois prochain, il faut réserver nos finances pour les cigarettes. – (passer à la caisse)
  • Il a trente-cinq ans, un col mou, un costume fatigué, et des galons difficilement visibles à l'oeil nu. La démarche aisée, pas du tout l'air de serrer une barre de cabestan entre les fesses. Bref, un type qui n'appartient pas à la Sainte-Marine, ça crève les yeux. – (77871, crever les yeux)
  • Ils transforment en chasseurs des mahonnes de Sfax à peine plus grandes qu'une chaloupe. Une pétoire sur le gaillard, et la barcasse, marchant à la voile, s'en va défier les sous-marins, qui portent du 120 et filent quinze noeuds. – (pétoire, 71798)
  • Le François-Marie est monté par des hommes que l'insuffisance manifeste de son artillerie n'empêche pas de dormir. Ils s'en moquent, ne doutant pas que la guerre ne soit finir avant que le Jean d'Ust ait largué ses amarres. – (empêcher de dormir)
  • Tout Sidi-Abdallah voit dans la défaillance des Boches, qui reculent depuis une semaine, le commencement de la fin. – (77872)
  • Marius, après ses quinze mois de front, a fait deux ans de Démocratie, le bagne des bagnes. Il en a gros sur la patate. – (sur la patate)
  • Quand les camarades se mirent à crayonner la carte du front, à jurer que Mangin est un type extraordinaire, et à parler de complets civils, Marius déclara qu'un paradis des couillons, l'équipage du Jean d'Ust avait ses places retenues. – (couillon)
  • Voilà comment vous êtes, tas de dégonfleurs ! On vous en a fait roter pendant quatre ans, et tout le temps vous répétiez que ça ne se passerait pas comme ça, et qu'il y aurait du vilain, à la fin. Total, la fin arrive et vous ne demandez plus qu'une chose, foutre le camp le plus vite possible. – (dégonfleur, en roter, 77873, total, X)
  • Ça vous est sorti de la tête, qu'on vous a menés pire que des chiens, tout est oublié et pardonné et peut-être que vous embrasserez les fayots avant de partir. Tenez, vous me dégoûtez ! – (fayot, 76383)
  • Il est vrai qu'un gabier fait piètre figure auprès d'un radio-télégraphiste, lors même que ce savant, naguère, remplissait les fonctions distinguées de déboucheur de goguenots. – (goguenot)
  • Vous devriez sauter de joie, et vous faites de figures d'enterrement, tas de niquedouilles ! – (53495, gueule d'enterrement, niquedouille)
  • Et les Boches tirent dans le tas, jusqu'à ce qu'on ait tous les tripes au vent. – (avoir les tripes au vent)
  • Si mon ancien patron, l'aimable Bertoni […] apparaissait soudain sur la dunette du Jean d'Ust, il aurait une attaque et foutrait tout le monde dedans, à commencer par le vieux. – (77875)
  • Voilà Rivoal et ses deux canonniers, veillant de près leur pièce, qui discutent le coup, malheur ! et qui ont la cigarette au bec, horreur ! – (discuter le coup, bec, 77876)
  • Voilà Godefroy, Le Floch et Coseur qui aiment mieux mettre les vergues en éventail que de chercher des sous-marins. – (77877)
  • notre ingénieur était retourné au poste [de TSF], l'avait tripatouillé sans réussir à en tirer un bruit, puis était allé rendre compte au vieux. – (tripatouiller)
  • Je ne suis pas, moi, un de ces forts en gueule comme Vignes et Canellec, qui passent leur temps à crier : À bas la guerre ! et Mort au vaches ! – (fort en gueule, mort aux vaches !)
  • je sais que le premier devoir d'un révolutionnaire consiste à saboter le matériel. – (saboter)
  • le François-Marie roule bord sur bord, effet de la houle qui vient des Baléares. Le Saint-Jean pousse une pointe vers le nord, histoire de se dégourdir les jambes. – (pousser une pointe)
  • Et voilà que Ropars se met à gueuler : –Un périscope ! Je vois un périscope ! Sur un gros-cul, cette façon de signaler lui vaudrait huit jours de tôle, car on ne doit pas dire : Je vois un périscope, mais : Périscope dans telle direction. – (gros cul, taule)
  • Ropars se met à gueuler : –Un périscope ! Je vois un périscope ! […] Tout l'équipage, en un clin d'oeil, s'est perché. –Où qu'il est, ton périscope ? demandent dix voix anxieuses. Ropars tend le bras vers le S.S.W. Yeux écarquillés, nous ne voyons que du bleu, c'est le cas de le dire. – (n'y voir que du bleu, c'est le cas de le dire)
  • on se rit des torpilles quand on file onze noeuds et qu'on vire comme une toupie. – (virevolter comme une toupie)
  • Numérotons nos abatis, il va nous démolir au canon. – (numéroter ses abatis)
  • Alors, ce brave corsaire met son moteur à pleins gaz et s'éloigne, laissant le Jean d'Ust à la peine et à l'honneur. – (pleins gaz)
  • Faire la guerre, c'est se trouver en présence d'hommes qui veulent vous zigouiller, et qui sont outillés en conséquence. – (zigouiller)
  • Mes deux torpillages ne m'empêchent pas d'avoir mal aux tripes à l'idée que là-bas une pièce de 100 est prête à me tirer dessus. – (77878)
  • –Zzzzzzzz, fait l'obus. Il a dû passer entre nos deux mâts : gerbe d'eau à cinquante mètres. – (zzzzzzzz)
  • –Bande de foireux, quand je vous le disais, qu'il fallait pas vous foutre des ceusses qui ont été au front ! – (foireux, ceusses)
  • S'il dit non, je lui mets un direct. Ça me soulagera. – (mettre)
  • Le Saint-Jean crache un gros nuage, le sous-marin met à profit les derniers instants. Ça tombe comme à Gravelotte. – (tomber comme à Gravelotte)
  • tous les mêmes, ces patrouilleurs, qui arrivent à la façon des carabiniers et s'obstinent à tâter la mer de leur étrave, là où le sous-marin a plongé, comme si les sous-marins étaient perclus – (qui arrive comme les carabiniers)
  • Vous pouvez envoyer l'équipage au lavage du linge, parce que j'en connais plusieurs que leur froc il est pas propre. Et demain matin, la séance recommence. Avis aux amateurs. Heureusement que nous avons rédigé nos adieux pour notre famille ! – (séance, avis aux amateurs)
  • Le Saint-Jean ne tient nullement à nous mettre à l'abri, puisque nous lui servons d'appât. –On est des sacrifiés, voilà ! –Tu l'as dit, Canellec. – (tu l'as dit)
  • On se raconte des histoires avant de casser sa pipe. –Vous êtes fous ? –Non, dit Marius. Demain, on sera tous décédés. – (casser sa pipe)
  • il vaudrait mieux serrer de la toile, dit Godefroy. On deviendrait presque invisibles. –Ne serrez rien, Godefroy. La brise de terre ne tardera pas à souffler, les Instructions Nautiques sont formelles. – (77881)
  • Sur ces mots, le vieux clôt le colloque et commence, le long de la dunette, une promenade qui durera jusqu'à l'aube. Preuve qu'il a essayé de nous avoir au boniment, car il irait se coucher s'il avait l'esprit tranquille. – (boniment)
  • Vers dix heures, la toile se met à faseyer sous l'effet d'un zéphyr tripolitain. On brasse, on vire lof pour lof, et route au nord, quatre noeuds. – (77882)
  • Quand je vais réveiller les bâbordais, je m'aperçois qu'ils ont noyé leur angoisse dans le pinard. Ivres-morts, ils sont étendus à même le parquet du poste, ou sur les tables. Masson serre contre sa poitrine une carafe où reste un fond de gros rouge. – (pinard, noyer son chagrin, rouge)
  • –Les bâbordais se sont saoulé la gueule, Commandant. Nous allons prendre leur quart. – (se saouler la gueule)
  • Le vent descend des montagnes et nous pousse largue jusqu'au Cap Corse, mais peu avant que nous virions de bord, nous sommes encalminés et restons une nuit à bouchonner sur place. – (75589)
  • Le vieux est malade, c'est évident. Il souffre de sous-marinite, affection que je croyais particulière à certains officiers de l'active. Forme de l'aliénation mentale, la sous-marinite dérive de la galonnite ou de la légion d'honneurite, elles-mêmes proches parentes de la mégalomanie et souvent compliquées de mythomanie. C'est à la mythomanie des victimes de la sous-marinite qu'il faut attribuer la destruction de tant d'U qui se portent à merveille. Notre commandant doit être tourmenté de légion d'honneurite, car peu lui chaut, à cet auxiliaire, une quatrième ficelle. – (-ite)
  • Dans son aberration, il a formé le projet d'aller attaquer un sous-marin avec un trois-mâts barque, un 75 et une mitrailleuse. À nous les matelots, sains d'esprit, pour qui un combat serait la mort sans phrase, de défendre notre peau contre cet illuminé. Notre peau d'hommes de la classe, c'est-à-dire une peau infiniment précieuse. – (la mort sans phrase, peau)
  • Il vaut mieux prendre cinq ou dix ans de travaux publics que de se faire descendre. – (prendre)
  • Du reste, on n'aura pas le temps de nous envoyer à Biribi. Peut-être même que la Révolution nous délivrera avant que nous ayons passé au conseil [de guerre]. – (biribi)
  • Va donc avertir le vieux que s'il ne donne pas l'ordre de changer de route, l'équipage se croisera les bras [fera grève]. – (se croiser les bras)
  • Le Jean d'Ust tombera sur un sous-marin, le vieux voudra faire son métier de corsaire, et nous finirons en pièces détachées dans le ventre des crabes. – (77883)
  • –J'arrive, Commandant ! hurle Ropars. Il ne court pas, il vole. – (63993)
  • Le vieux invite Ropars à entrer dans le rouf. L'entretien se prolonge, Ropars ne veut pas se dégonfler. Je l'espère encore. Mais quand le matelot réapparaît, il nous apprend sa défection d'un hochement de tête. Masson descend à nouveau, appelle Merlin, Merlin va se faire chambrer, et le parti jaune s'augmente d'une unité. – (chambrer, jaune)
  • Je descendrais avec ma mitrailleuse tous ces lâches qui se sont mis à genoux. – (63833)
  • –V'là le vieux, dit Canellec. On va entendre le catéchisme. – (77884)
  • Nous avons décidé la grève à la majorité des voix, et si nos camarades n'étaient pas des salauds, ils vous auraient laissé en carafe. – (carafe)
  • Je perds la tête, moi ? Et qu'est-ce que vous avez perdu, alors, vous qui prétendez couler un sous-marin avec votre baille ? Croyez-vous avoir le droit de sacrifier dix-huit hommes à votre légion d'honneur posthume ? – (baille)
  • Nous autres, on est au bout de notre rouleau. On a trimé pendant quatre ans, on a été emmerdés par les fayots tant et plus, on voudrait bien connaître la vie civile, et quand on se croit de la classe on est transformés en cibles. Vous ne trouvez pas qu'il y a de quoi râler ? – (être au bout du rouleau, 62496, emmerdé, râler, fayot)
  • –Alors, vos chefs vous défendent de rentrer ? demande Hauvet. –Pour l'instant, oui. –Vous nous avez donc bourré le mou à Bizerte, en affirmant que nous allions désarmer ? –À Bizerte, je ne vous trompais pas. – (bourrer le mou)
  • –Il arriverait que je perdrais mon commandement. –Vous le perdrez tout aussi bien, et la vie par-dessus le marché, en cherchant pouilles à un Boche. – (chercher pouilles)
  • j'aurais fait tourner mon moulin, et en rien de temps, on n'aurait plus été que quatre vivants à bord du corsaire. On aurait troué le bateau, et on se serait carapatés dans la baleinière. Des rescapés, ni vu ni connu je t'embrouille. – (en un rien de temps, moulin, ni vu, ni connu)
  • À l'heure de la soupe, explication tumultueuse dans le poste d'équipage. Canellec traite les flancheurs de tous les noms, ce qui n'arrange rien – (flancheur, traiter de tous les noms)
  • Au bout d'une heure de discussion, on n'est pas plus avancé – (être bien avancé)
  • Pendant le repos des tribordais, Canellec, Marius et moi, nous nous cassons la tête à chercher une combine, et nous n'en trouvons point. – (se casser la tête)
  • Deux jours s'écoulent. Je continue à me triturer les méninges. – (se triturer les méninges)
  • Quand je suis de barre, le vieux me lance des regards ironiques. Seul du Jean d'Ust, il a le coeur à la rigolade. – (avoir le coeur à la rigolade)
  • Nous avons atteint la route Marseille-Alger, et nous la suivons, en serrant le vent, qui souffle maintenant du S.-E. C'est miracle qu'un sous-marin ne nous ait pas encore réglé notre compte. – (77868, régler le compte)
  • Dans le nid-de-pie, je cherchais Minorque. Minorque, les Baléares. Les Baléares, l'Espagne ; l'Espagne, les Espagnols. – (nid de pie)
  • Il paraît qu'en France, la grippe espagnole tue plus de monde que la guerre. Les copains en ont une peur bleue. Ils s'écartent de moi, en essayant d'avoir l'air de ne pas avoir l'air. – (air de ne pas en avoir l'air)
  • Je promène le thermomètre au-dessus de la flamme, j'annonce : 37, 38, 39, 40. –Va pas à 43, dit Canellec, ce serait cherrer. –Non, contentons-nous de 40. – (cherrer)
  • –Dites, chef… –Qu'est-ce que tu as ? T'en fais une gueule ! –Y a de quoi. Vignes est malade. Sans doute qu'il mourra… – (faire la gueule, il y a de quoi)
  • Il bat la campagne, il appelle sa mère. La grippe espagnole, chef. – (battre la campagne)
  • Le commandant en second passe la main sous les couvertures et retire le thermomètre, qu'il va lire sous la claire-voie. –Quarante virgule deux, dit-il, solennel. –Il n'en a plus pour longtemps ? demande Marius. –J'en ai peur. C'est à 41 qu'on passe l'arme à gauche. Pas à tortiller, il a la grippe espagnole. – (passer l'arme à gauche, y a pas à tortiller)
  • –Moi, je me dévoue, je suis volontaire comme infirmier. –T'as beau avoir une sale caboche, Artaud, t'es un brave. Viens à la cambuse, je te donnerai du sucre et du rhum, tu prépareras des grogs, paraît que c'est le seul remède. – (sale caboche)
  • Rivoal s'enfuit, un litre de rhum sous le bras. Tout à l'heure, la grippe espagnole aura noirci au moins un homme à bord. – (se noircir)
  • L'infirmier prend à la cuisine une marmite d'eau bouillante et rejoint ses agonisants, qui se laissent tomber de leur hamac. On fabrique des grogs carabinés, puis le trio entame une partie de manille aux enchères. – (carabiné)
  • Allons, un courageux ! Qui est-ce qui est courageux ? Qui est-ce qui veut attraper la crève [grippe espagnole] et se faire insulter ? Qui est-ce qui me remplace auprès de Vignes et de Canellec ? Personne ? Ça ne changera rien, avec ou sans infirmier, ils claboteront. – (crève)
  • Sur le coup de minuit, macchabées et infirmier étaient ivres comme toute la Pologne. – (ivre comme la Pologne)
  • –Approchez, dit le toubib. Pouls, langue. –Mais ils se portent à merveille ! –Je comprends, dit Canellec. Après tout ce qu'on a bouffé comme quinine ! Le contenu du coffre ! – (61666, comprendre)
  • À quel moment avez-vous pris de la quinine pour la dernière fois ? –Il y a une heure, dit Canellec. Ça fait deux jours qu'on en lampe à tour de bras. De la quinine et des grogs, y a rien de tel pour guérir la grippe espagnole. La preuve, c'est que nous v'là. – (lamper, à tour de bras)
  • Marius revient avec le verre. Le toubib me le tend. –Pissez là-dedans, mon garçon. –Que je pisse dans ce verre ?… Drôle d'idée. Veut-il savoir si j'ai la chtouille ? – (chtouille)
  • Quand un homme a absorbé de la quinine, on la retrouve dans l'urine, par simple examen. Soyez assuré, Commandant, que ces deux tireurs au flanc n'ont pas absorbé de quinine cette nuit, ni fort probablement hier et avant-hier. De là à conclure que leur grippe était simulée, il n'y a qu'un pas, que je franchis sans hésiter. – (tireur au flanc, de X à Y il n'y a qu'un pas)
  • Nous purgeons notre peine à la prison du Dépôt, tous les trois dans la même cellule confortablement meublée d'une tinette et d'une barre de fer à serrer les chevilles. C'est la première fois qu'on me boucle, quoique j'aie attrapé déjà quarante-cinq jours d'« effective ». – (tinette, boucler)
  • vous savez qu'un quartier-maître est votre supérieur ? Que vous lui devez le respect ? Qu'il peut vous coincer ? – (coincer)
  • Mettez-vous dans le ciboulot que ces supérieurs vous auront à l'oeil, quand ils seront libérés. Vous, et aussi votre collègue, là-bas… – (se fourrer dans le ciboulot)
  • Le bleu hésite, pris entre sa répugnance à violer la consigne et sa crainte d'encourir le ressentiment d'un supérieur qui n'a pas l'air commode. – (pas commode)
  • Mais il advient qu'un fayot du service d'espionnage décèle l'odeur suspecte. –Y en a qui fument ici dedans ! s'écrie-t-il. Ceux qui ont du tabac, qu'ils le disent, autrement vous serez tous bloqués ! – (bloqué)
  • Il fouille trois cellules au hasard, fait mettre à poil les locataires qui ont transformé leurs mégots en chiques, et s'en va bredouille, marmonnant des injures – (bredouille)
  • Andréani est un incorrigible vomi par l'escadre et qui ira aux sections spéciales de Calvi quand il aura purgé ses soixante jours. – (incorrigible)
  • Expulsé du Jean-Bart avec ce viatique, ramené à Toulon en même temps qu'une bande de gredins qui faisaient de la propagande défaitiste dans l'armée navale, il n'a pas trouvé de place à la Maritoche. Pour que la Maritoche refuse du monde, il faut que le moral soit bien bas à Corfou. – (Maritoche)
  • recourant, pour se distraire, à un truc dont il ne revendique pas la paternité : il manifeste son amour pour la patrie, d'une voix claironnante, chaque fois qu'un garde-chiourme vient montrer son sale museau. –Vive la France ! s'écrie-t-il, avec un tel accent de haine et de dégoût que le plus obtus des fayots saisit l'intention injurieuse. Mais allez donc porter le motif à un individu qui crie : –Vive la France ! – (montrer son museau, porter le motif)
  • Andréani entre en scène. –Vive la France ! –Quoi ? dit le fayot, ahuri. Andréani va s'appuyer contre les barreaux. –Vive la France ! L'autre n'est pas encore tout à fait sûr d'avoir bien entendu. –Qu'est-ce que vous dites ? –Je dis : Vive la France. Est-ce qu'il est défendu de dire : Vive la France ? Voilà une chose que le bon serviteur n'oserait soutenir. Mais quoique le cri sacré, proféré en ce lieu [la Maritoche] et par une « rouille », lui semble blasphématoire, quoiqu'il n'oublie pas qu'un prisonnier n'a le droit de pousser nul cri, même patriotique, c'est presque poliment qu'il enjoint à Andréani de tenir sa langue. Et le Corse obstiné répond par un « Vive la France » qui sonne exactement comme : Ta gueule ! – (rouille, ta gueule !)
  • –Pour la dernière fois, je vous dis de la fermer ! –Et moi, je vous dis : Vive la France ! Cet ultime « Vive la France » fait penser à Cambronne. – (mot de Cambronne)
  • Ils sont tout de même stupides, les patriotes qui nous foutent au bloc, nous, les va-nu-pieds, pour nous récompenser de défendre leurs galons, leurs hectares et leurs coffres-forts. – (bloc)
  • Mais laquelle est la plus admirable, leur [les patriotes] imbécillité, ou la nôtre [les va-nu-pieds qui défendent leurs biens] ? C'est la nôtre, hélas, puisqu'ils tiennent toujours le bon bout, en dépit des fusillades, des bagnes et de la tôle. – (tenir le bon bout)
  • J'ai trouvé un filon sans l'avoir cherché, car maintenant je m'en fous. On m'a embarqué sur l'Étoile, grosse chaloupe à vapeur pontée, qui relie le Dépôt à la ville et à l'arsenal. Matin et soir, elle va prendre ou déposer des officiers au quai Cronstadt ; entre temps, elle remorque des embarcations de service. Mon travail est peu fatigant et très instructif. – (filon)
  • Canellec traînaille dans la cour du Dépôt. Il a si mauvaise réputation que les fayots, qui commencent à craindre du vilain, le laissent tranquille. – (traînailler)
  • Quand la Révolution éclatera, leur dit-il, je zigouillerai sept fayots à moi tout seul. Un par année de bagne. Je les aurai, aussi vrai que je m'appelle Canellec et que je suis matelot de pont sans spécialité. – (ou je ne m'appelle pas X)
  • Nous sortons ensemble quand nous avons des sous. Nous allons au bordel et nous revenons à pied, en parlant de la Révolution. – (bordel)
  • Fini le carnage, l'armistice est signé, les fayots n'auront pas eu ma peau. – (fayot)
  • Fini le carnage, l'armistice est signé, les fayots n'auront pas eu ma peau. L'ultime communiqué a mis Toulon en folie, et ça m'en bouche un coin. […] À un ouvrier du port qui m'a arrêté pour m'offrir l'apéritif, je dis : –Vous ne réfléchissez donc pas, les Mokos ? Vous vous figurez peut-être qu'on vous donnera encore des escadres à exploiter ? Non, mon vieux, tu ne contempleras plus de gros-culs dans ta rade, les gros-culs iront à la ferraille, et les fayots iront se faire foutre. Plus de gros-culs, plus d'arsenal, plus de Toulon ! – (moko, gros cul)
  • Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse, de travailler à Toulon ou ailleurs ? Nous, les exploités, on n'a rien à perdre. Maintenant [l'armistice vient d'être signé], nous trouvons que c'est cocagne parce que les contremaîtres ils ne pourront plus nous faire caguer avec le front. Depuis des années qu'ils nous menaçaient, pour un oui pour un non, de nous faire monter au front, les enfants de garce d'embusqués ! En effet, l'enthousiasme des « forcès pas » s'explique. – (faire caguer, c'est cocagne, forcès pas, enfant de + insulte)
  • Un peu partout on extériorise son soulagement en braillant que Madelon verse à boire et que la liberté combat avec ses défenseurs. – (brailler)
  • Comme je me fous royalement des conditions de l'armistice, je sors de la cohue. – (royalement)
  • Sur la place d'Armes, on s'écrase. – (77893)
  • –Et Canellec ? me demande Marius. –Il est en tôle, comme par hasard. Insolence envers un supérieur, huit jours. Je pense que c'est sa dernière villégiature… –Pourquoi la dernière ? Tant qu'il sera Jean Le Gouin il se fera remarquer. – (Jean le Gouin, villégiature)
  • Mais les autres, ceux qui rentreront les mains vides, qui n'échapperont aux militaires que pour tomber sous la coupe des capitalistes, ceux-là n'ont pas renoncé au grand chambardement. – (chambardement)
  • Je sais parfaitement où loge le premier-maître qui désigne pour l'embarquement, mais si j'entrais chez ce haut personnage, je me ferais vider avec pertes et fracas. Je m'adresse donc à un simple matelot fourrier – (vider, avec perte et fracas)
  • –Dis donc, je voudrais aller en escadre. Il me regarde avec des yeux ronds. –Des types qui veulent un poste à terre, j'en vois en quantité tous les jours. Mais des amateurs pour l'escadre… c'est rare. – (avec des yeux ronds)
  • –Tu as tout du phénomène. Peut-être que tu comptes faire fayot [(1) Rempiler]. –Tu as deviné. –Ah ! bon, je comprends ta discrétion, y a pas de quoi se vanter. – (fayot)
  • combien veux-tu pour me désigner par erreur, moi et mon copain Jean Canellec, matelot de pont ? […] Cinquante balles. –J'essayerai. Passe demain matin, tu auras une réponse définitive. Mais tâche d'aller jusqu'à cent balles, le patron a les dents longues. – (avoir les dents longues)
  • Canellec s'est fait embaucher à la cuisine ; il épluche des patates tout le long du jour, mais il mange du rôti de veau. Je préfère la sauter, et lézarder. – (lézarder, la sauter)
  • Quand les officiers rouspétaient, ils étaient saignés comme des cochons. Du reste, les officiers n'ont pas rouspété longtemps : ils se déguisaient en troufions pour passer inaperçus. Les officiers sont braves, oui, à condition qu'il y ait des gendarmes. – (saigner comme un cochon)
  • Une fois rentrés chez eux, ils ont procédé à un nettoyage par le vide. Tous les exploiteurs à la lanterne, et ensuite, partage entre les travailleurs. – (nettoyage par le vide)
  • Tous les exploiteurs à la lanterne, et ensuite, partage entre les travailleurs. –Qu'est-ce qu'ils ont partagé ? –Les terres, les maisons, les bestiaux, les outils. Et les femmes aussi ! –Mais non, pas les femmes. C'est dans tous les journaux ! –Encore du bourrage ! –Pas sûr ! Si tu nous expliques la révolution tu ne dois pas nous raconter seulement ce qui est rigolo, et oublier le reste, ou nous dire que c'est du bourrage, parce qu'autrement on peut croire que les massacres d'exploiteurs et de fayots c'est du bourrage aussi. – (bourrage)
  • Le procès est jugé, et l'orateur s'évertuera en vain à retourner ces hommes d'autant plus opposés à la mise en commun des femmes qu'ils n'ont jamais couché qu'avec des putains. – (retourner)
  • –Pourquoi nous laisse-t-on ici ? Ne crois-tu pas que nous nous en irons bientôt, mon cher Vignes ? Telles sont les questions dont le vicomte me rebat les oreilles, toute la sainte journée. – (rebattre les oreilles, sainte journée)
  • Il est légèrement piqué, mon subordonné, le vicomte Bertrand Polard de Saint-Justin. Nouveau venu, j'ai pu croire que ce représentant de la vieille noblesse bourguignonne avait perdu la boule au cours de ses vingt-cinq ans de service. Vingt-cinq ans de service ! Les copains qui n'en ont que sept ou huit sont déjà passablement abrutis […] Renseignements pris, j'ai su que Polard était loufoque avant de porter le col bleu. – (loufoque, piqué, perdre la boule, col bleu)
  • Sa haute et puissante famille, pour s'en débarrasser, le fit entrer, jadis, dans la marine, et, de cinq en cinq ans, le contraignit à rempiler, quoique les règlements interdisent le rempilage des matelots sans spécialité. Ces Messieurs Polard de Saint-Justin ont les moyens de s'asseoir sur les règlements – (rempiler, rempilage)
  • Vue du large, Constantinople est plus jolie que Saint-Nazaire, j'en conviens ; mais, vue de près, c'est une immonde pouillerie. Quand nous sommes sortis, dimanche, Jérémie et moi, nous avons mis le cap sur Sainte-Sophie, une bâtisse qui tire l'oeil. Par l'atteindre, il nous a fallu suivre des ruelles dont chaque maison nous faisait l'effet d'un vomitif. – (pouillerie)
  • Au retour de cette promenade, j'éprouvais le soulagement du terrien qui touche le plancher des vaches après une traversée difficile. – (plancher des vaches)
  • Le Mirabeau n'est certes pas un lieu folâtre, mais il est propre – (17497)
  • C'est Vignes que la bicoque intéressait. Là ou ailleurs, je m'en balançais, du moment que je n'avais pas le rond. Avec des ronds, je ne vais pas à l'église, je vais au couvent. – (rond, couvent)
  • Je te préviens cependant que les trois quarts de ces poules-là sont syphilos jusqu'à la moelle. – (77171, syphilo, jusqu'à la moelle)
  • Un bon garçon, que gâtent deux grands défauts : l'affectation du scepticisme et la rage de donner des conseils. À vingt-cinq ans, il est revenu de tout. – (66647)
  • –Qu'est-ce que vous foutez-là, le flâneur ? Caltez sur le pont-milieu, si vous voulez vous les chauffer au soleil. Façon de parler, car le ciel était couvert. – (se les chauffer au soleil)
  • Vous avez vu le bosco [(1) Maître de manoeuvre] ? –Non. –Quand vous embarquez, votre premier devoir, c'est de vous présenter au bosco. –Bien, chef, j'y vais. –Restez ici, il fait sa ronde, à cette heure. – (bosco)
  • Est-il vrai que la grippe espagnole tue les gens comme des mouches, et que le rhum vaut cent francs le litre ? – (tomber comme des mouches)
  • –Vrai, dit-il, je n'ai pas l'habitude de me laisser marcher sur les arpions. – (ne pas se laisser marcher sur les pieds)
  • vous aurez bientôt l'occasion de montrer que vous êtes des types à poigne. – (avoir de la poigne)
  • L'apparition du bosco sous la passerelle me ferme la bouche, que j'ouvrais pour dire leur fait à ces quatres trembleurs, mais je me promets qu'ils ne perdront pas pour attendre. – (trembleur, ne rien perdre pour attendre)
  • Écoute, Vignes, tu permets que je te donne un bon tuyau ? Apprends donc à fermer ta gueule. Tu sais, des illuminés comme toi, il en est passé pas mal à bord du Mirabeau pendant la guerre, et ils sont tous aux sections spéciales, ou à Biribi. – (fermer sa gueule)
  • On peut dire ce qu'on veut de Boîte-à-Clous, mais il flaire les anarchistes comme pas un. Il en a possédé qui savaient tenir leur langue, à plus forte raison il te possédera, toi qui commences à faire le ballot à peine embarqué. – (comme pas un, tenir sa langue, ballot)
  • On peut dire ce qu'on veut de Boîte-à-Clous, mais il flaire les anarchistes comme pas un. Il en a possédé qui savaient tenir leur langue, à plus forte raison il te possédera, toi qui commences à faire le ballot à peine embarqué. […] –Il me semble que tu surestimes les talents de Boîte-à-Clous. Sauf erreur, c'est notre bidel ? J'en ai affronté d'autres ! –Possible, mais avec lui, tu te casseras le nez. – (bidel, se casser le nez)
  • l'État-Major a besoin de types comme lui. Ils sont à bord une demi-douzaine de rouspéteurs, des manomètres qui donnent la pression de l'équipage. Tu peux être sûr que Jérémie est toujours resté dans les bornes. S'il allait trop loin, il défilerait [(1) Défiler : être envoyé aux Sections spéciales de discipline] le jour même. – (passer les bornes, défiler)
  • Tant qu'il râle parce que la boustifaille est mauvaise, ou parce que le courrier a du retard, il ne présente aucun danger. – (boustifaille)
  • Toi, tu es dangereux, et quand un mouchard t'auras entendu parler de mutinerie, tu seras nettoyé illico. – (mouchard, nettoyé)
  • Rappelle-toi que tes conseils, tu peux te les coller quelque part, et que je t'interdis de critiquer à l'avenir ma conduite ou mon langage. Occupe-toi de tes puces, quoi ! C'est compris ? – (se les coller qqpart, s'occuper de ses puces)
  • Tu es vexé d'avoir reçu une leçon ? Tu la méritais, et tu en feras ton profit, malgré tes airs de casseur d'assiettes. À la revoyure, Vignes, nous reprendrons cet entretien quand tu auras tout ton sang-froid. – (casseur d'assiettes, à la revoyure)
  • les fayots ne m'ont pas laissé souffler. Sous prétexte que je vais être aide-canonnier, j'ai dû descendre dans la soute de la tourelle 3 pour coltiner les gargousses, avec une douzaine de types qui me posaient des questions sur n'importe quoi – (coltiner)
  • j'ai causé avec des anciens. Ceux-là, la révolution les intéresse, mais ils espèrent que les poilus la feront. Nous, on est ligotés, qu'ils disent. Ils n'ont pas tort. Celui qui voudrait organiser quelque chose serait catalogué en un rien de temps, à cause que le bidel, un nommé Boîte-à-Clous, a des mouchards dans tous les coins. – (catalogué, bidel, à tous les coins)
  • Avis à l'Équipage. On demande des castors actifs et passifs pour le service de l'État-Major. Exemption de toutes corvées, y compris le charbon. Les candidats sont priés de se présenter au bureau du commandant en second, pantalon baissé pour faciliter l'examen de leurs aptitudes. Tu te représentes la gueule du frégaton ! – (castor, frégaton)
  • il a fait répandre le bruit que la casserole serait débarquée avec quarante jours de perme. Le soir même, l'imprimeur était poissé en train de composer une nouvelle affiche dans le compartiment des dynamos. Tu devines qui c'était, la casserole ? Son meilleur copain, le seul au courant ! – (casserole)
  • Hier soir, au quai, le patron du canot à vapeur de la Justice m'a dit : –Décision officielle, mon vieux ! Pas plus tard que demain, on rentre à Toulon, nous et la Démo. Sûrement que vous n'allez plus moisir ici longtemps, vous autres. – (pas plus tard que tout de suite, Démo)
  • N'oublie pas les bicornes à plumes, qui jettent un jus énorme. – (jeter un jus)
  • Ah ! les bougres de cocus qui vont revoir le quai Cronstadt ! – (avoir une veine de cocu)
  • Mais qu'est-ce que ça signifie, ils viennent sur bâbord ! Une nouille, cet amiral ! Où croit-il qu'elles sont, les Dardanelles ? Dans le nord-est ? – (nouille)
  • Au nombre des matelots figurait Cormier, jeune classe 18 qui dans le civil fabrique des carburateurs à Levallois, qui a été affecté à la marine probablement pour réparer les carburateurs d'icelle, et qui remplit à bord du Mirabeau les fonctions de pilier de tôle. Six mois de service, et trois mois de tôle. Un garçon d'avenir. – (pilier de tôle)
  • Quand il n'est pas en cage, on le colle dans l'armée roulante, la bande de propres à rien et à tout, soutiers au large, hommes de peine en rade, emmerdables et corvéables à merci. – (propre à rien, emmerdable)
  • –Eh bien, Commandant, on va se payer une petite croisière du côté d'Odessa ? Vous ne vous refusez rien, dans la marine française ! Autant dire que ce Boche me met en boîte. […] –Non, on ne se refuse rien, comme tu dis, bouffi. On s'est même payé le luxe de vous le mettre. Hein, penses-tu qu'on vous l'a mis ! […] –Incontestablement, vous nous l'avez mis ! Je t'accorde que vous nous avez possédés en long et en large. – (tu l'as dit bouffi, le mettre, en long et en large)
  • D'abord estomaqué, je reprends vite mes esprits, et me persuade que le Boche s'est offert ma fiole. – (se payer la fiole)
  • En vérité, une expédition serait vouée à l'échec lamentable, et nos chefs, civils et militaires, ne s'aventureront pas à l'entreprendre, nonobstant leur crétinisme. – (77384)
  • Tout le monde est présent : Pot-Cassé, Berthier, Jérémie, Le Coz, La Crêpe, Bastard et Monaco. Je suis le huitième membre de ce plat d'élite, comme dit modestement Bastard. Le plat, c'est la tablée, le groupe de huit hommes qui mangent ensemble : pour chacun d'eux, une sorte de famille. Mon plat m'agrée assez, et je l'aurais choisi, si j'avais eu le choix. Tous dessalés, les copains, à l'exception de Le Coz, qui remplit le rôle nécessaire de la tête de Turc. – (plat, tête de Turc)
  • Grand festin, on mange du rosbif frigo, que Le Coz débite en huit tranches sous les regards convergents des camarades attentifs à repérer la plus grosse. L'opération terminée, chacun entre en lutte avec son morceau de pneu. – (42327, frigo, pneu)
  • Dès qu'elles seront revenues avec les Russes, appareillage pour la Vieille-Darse. Archi-officiel ! – (archi-)
  • Je ne laisse pas de montrer quelque surprise. –C'est à Sébastopol que va l'escadre ? Je croyais que c'était en Roumanie… –T'en es encore à ce canard ? Mais non, l'escadre est partie prendre possession des bateaux russes que les Boches avaient fauchés aux Bolcheviks. – (canard)
  • –Tu m'étonnes… –Peut-être que je t'étonne, mais je te dis la vraie vérité. – (72941)
  • Les quatre gabiers et les trois timonniers éclatent de rire. Est-il naïf, ce Vignes, qu'un Boche a fait marcher ! Ah ! il aurait fallu qu'il se lève de bonne heure, le feldgrau, pour les faire marcher, eux ! – (pour X il faut se lever de bonne heure, faire marcher)
  • –Il ne manquerait plus que ça, dit Jérémie, qu'on nous renvoie à la guerre ! Moi, j'ai les pieds nickelés ! – (avoir les pieds nickelés)
  • À ce moment, un caporal d'armes me touche l'épaule. –Vous êtes le matelot Vignes ? Suivez-moi chez le capitaine d'armes. Intrigué et mal à l'aise, j'emboîte le pas au flic. – (flic)
  • un soldat allemand est venu me dire que l'escadre allait à Odessa. […] –Votre devoir était de l'envoyer promener ! Vous n'avez pas le droit de discuter avec des ennemis. Vous serez sur le cahier. À Odessa ! Je vous en collerai, moi, des Odessa ! – (en coller des X)
  • Vous auriez bien répondu que je vous aurais pas mis sur le cahier. Vous répondez mal, vous faites l'idiot, vous serez sur le cahier. Retirez-vous, et tâchez de filer droit ! – (filer droit)
  • –Il y a une mouche dans notre plat ! Boîte-à-Clous vient de m'interviewer. Il sait qu'un Boche m'a parlé d'une expédition en Russie. Qui est-ce, la mouche ? – (mouche)
  • Nous deux, on a répété à droite et à gauche cette histoire d'Odessa. Tu ne nous avais rien défendu, pas ? – (pas ?)
  • Nous deux, on a répété à droite et à gauche cette histoire d'Odessa. […] Les autres ont dû faire de même, et sans doute que c'est arrivé dans l'oreille d'un roussin. – (77903)
  • si, à l'avenir j'ouvre la bouche pour parler d'autre chose que de la pluie et du beau temps, je veux qu'on me pende. – (je veux être pendu si, parler de la pluie et du beau temps)
  • Le surlendemain matin, le courrier d'escadre étant sur rade, deux caporaux d'armes jetèrent Canellec et son sac dans le canot à vapeur et, sans que j'aie pu lui dire adieu, mon vieux copain repartit pour la France. Il purgera ses soixante jours à la Maritoche de Toulon, sauf démobilisation. – (Maritoche)
  • Faut qu't'ailles au régiment. / Quequ'tu choisis ? / La cavalerie / La ligne ou l'infanterie de marine ? / J'dis : Pas de biffins, / J'veux être Jean l'Gouin ! – (biffin, Jean le Gouin)
  • Cette vache de Boîte-à-Clous / Elle me fera devenir fou / Sûr qu'à la fin je vais perdre le ciboulot / À bord du Mirabeau. – (perdre le ciboulot)
  • C'est une complainte, plutôt qu'un chant de révolte. Je demanderai à Jérémie de m'en dicter les dix ou quinze couplets. Et certaines gens se figurent que les matelots fredonnent la Madelon et autres cucuteries ! – (cucuterie)
  • Il y a toujours, sur le quai, une bande de Russes czaristes pris de boisson, qui m'entourent et me racontent des histoires dans leur langue. – (48754)
  • Tous les matins, cent hommes font queue devant l'infirmerie. Ils sont vidés avec bonne engueulade, car le docteur a des ordres, la maladie n'entre pas à bord du Mirabeau. – (vidé, engueulade)
  • L'équipage défila toute la matinée, en silence. Mais il n'en pensait pas moins – (n'en penser pas moins)
  • C'est une trouvaille des francs-maçons du ministère, vexés d'être conduits en laisse par les calottins de l'État-Major. Représente-toi la gêne que doit éprouver une punaise de sacristie à bord de l'Ernest-Renan ! – (punaise de sacristie)
  • Mais qu'était-ce que notre révolution ? Une simple revanche des militaires opprimés sur les militaires oppresseurs, des cordes au bout de quoi les fayots auraient tiré la langue. – (76297)
  • je suis embarqué sur le chalutier Iris. Seize hommes d'équipage, et pour commander un jeune maître de manoeuvre, rempilé mais brave type, tel Rivoal du Jean d'Ust. Soyons juste, il y a des fayots civilisés : un pour cent. – (rempilé)
  • Eh oui, le Mirabeau a fait naufrage ! Elle chatouille agréablement les tympans, cette phrase ; depuis dix jours, elle me réchauffe, elle me ravigote ! – (chatouiller les oreilles, ravigoter)
  • Rigel, Danton, Mirabeau : trois navires de guerre tués sous moi. Décidément, je suis un porte-poisse. – (porte-poisse)
  • On est fichtrement mieux à bord de l'Iris, qu'à bord d'un gros-cul, mais j'accepterais de faire un stage sur chaque bâtiment de l'armée navale, si le naufrage devait s'ensuivre. – (fichtrement)
  • Attention, n'anticipons pas, comme dit l'autre : les occasions de s'amuser sont rares. Commençons par le commencement. – (comme disait l'autre, 77906, 77907)
  • notre rusée gradaille fouilla le bateau de fond en comble, sans oublier les sacs, les caissons et les hamacs. Elle pourchassait les imprimés bolcheviks. Elle en découvrit, mais collés sur les cloisons de la batterie. Si mon cahier s'était trouvé dans mon sac, j'étais fait comme un rat : dix ans de Travs. Par chance, j'ai planqué cette littérature hérétique dans le canot n°1 – (trav')
  • Et la bonne vie d'Odessa reprend, c'est-à-dire que l'équipage trime et grelotte, et que l'État-Major s'enivre et putasse. – (putasser)
  • Hélas ! sur les huit cents que nous sommes, nul ne parle le russe. Je possède un petit bagage : samovar, choubersky, troïka, verste, déciatine, ataman, Mazeppa. C'est nettement insuffisant. – (bagage)
  • Le 31 janvier, première manifestation collective. Cormier, le célèbre pilier de tôle, libéré du matin, monte sur sa table pendant le dîner et engage les camarades à refuser tout travail. – (pilier de tôle)
  • L'équipage n'est pas encore mûr pour la révolte. Patientons, ça viendra. – (mûr)
  • –Qu'est-ce qui vous prend ? dit le bidel. Gérard dédaigne de répondre à l'excrément. Il ne le voit pas. C'est au cinq-galons qu'il s'adresse. –J'ai froid, Commandant, dit-il. – (quatre galons)
  • et les deux compagnies se disloquent, refluent vers le pont milieu, laissant en place les fayots frappés de stupeur. Elles rencontrent le cortège du maître après Dieu, le bousculent. Cris, menaces, injures. – (77909)
  • On se promet de faire mieux à la prochaine inspection, celle du 8, si le commandant essaye encore de nous transformer en boeuf frigo [longue inspection par -10°]. – (frigo)
  • Le frégaton n'a pas perdu le nord : il fait sonner la berloque, pour sauver la face, et sa peau. – (frégaton, 58260, sauver la face)
  • Poussées par une bourrasque qualité extra, les lames chenues s'engouffrent dans la baie de Sébastopol – (77910)
  • Pour n'être pas enlevés par le vent et les embruns, nous nous amarrons aux rembardes, et, frissonnants, dégoulinants, nous comptons les secondes. – (33148)
  • –Quelle vie de chien j'ai menée pendant ce coup de tabac en rade de Sébastopol ! – (vie de chien, coup de tabac)
  • Je n'ai pas le droit de circuler dans les faux-ponts, mais je le prends. Ce n'est pas le moment de me chercher des rognes. – (chercher des rognes)
  • Au temps des sous-marins, les copains de la machine n'avaient pas le filon. En Mer Noire, ils le tiennent. Chacun son tour, c'est justice. – (filon)
  • je n'ai que deux bleus de drap : il me faut donc absolument faire sécher celui que je quitte. La combine est simple : je tends sous le tuyau brûlant un fil caret qui supportera vareuse, falzar, jersey, tricot et caleçon. – (falzar)
  • Je somnole, et puis je m'endors. Sale coup pour la fanfare. Réveillé au son du clairon, je décroche mes fringues et cours à l'échelle. […] En apparence tranquille comme Baptiste, j'arrive au plat. –Tu t'es embusqué ? me dit Jérémie. – (s'embusquer, tranquille comme Baptiste)
  • Personne n'est crevé sur l'avant ? –Espère un peu. Les pleurésies et les fluxions de poitrine, ça demande du temps pour se déclarer. – (espère un peu)
  • Nous convenons de nous faire porter pâles tous les cinq. Si les tribordais ne sont pas des couilles molles, ils suivront le mouvement. – (couille molle, 76355)
  • ce fayot me dégoûte, et l'occasion est bonne de le lui faire savoir. –C'est très aimable à vous de me punir, Maître, et je vous en remercie. N'empêche que je t'emmerde, espèce de vieux poivrot. Je t'emmerde à pied, à cheval et en voiture. – (à pied, à cheval, en voiture)
  • –Vous persistez à dire que vous m'emmerdez ? demande cet imbécile. –Je ne me dédis jamais, vieille noix. – (vieille noix)
  • [après engueulade avec le bosco] Il descend dans la salle d'armes, en ramène deux sakos hilares. –Matelot Vignes, répétez vos paroles de tout à l'heure. – (sako)
  • Cormier, le célèbre pilier de tôle, libéré du matin, monte sur sa table pendant le dîner et engage les camarades à refuser tout travail. Rentrée en France, ou la grève générale. Trois cents hommes l'applaudissent ; ils laissent toutefois Boîte-à-Clous et deux sakos empoigner l'orateur et le traîner en cellule. – (sako)
  • –Quelle drôle de façon de causer, dit un sako. Il me fait l'effet d'être insolent, malgré ses airs gentlemanes. Je me tourne vers cette bourrique. –Non, je ne suis pas insolent. Je respecte mes supérieurs, Chef. – (sako)
  • Le bosco éructe : –Foutez-moi le camp ! Mais nom de Dieu, vous me le payerez ! Bolchevik ! – (nom de Dieu !, le payer)
  • –Maître, je veux me plaindre au commandant en second. Vous m'avez traité de bolchevik, c'est un injure grave. Ces messieurs en témoigneront. Le bosco se mord les lèvres, les sakos hochent la tête. Ils sont considérablement embêtés, tous les trois. – (se mordre les lèvres)
  • Ils sont considérablement embêtés, tous les trois. Certes, ils nieront, devant le frégaton, mais un râleur comme ce Vignes est bien capable d'ameuter tout l'équipage. Il faut lâcher du lest. –Ça va bien, dit le bosco. –Qu'est-ce qui va bien, Maître ? –Vous ne serez pas sur le cahier… –Gentillesse pour gentillesse : je ne me plaindrai pas au commandant en second. – (lâcher du lest)
  • Situation sans changement. La chaîne, bien que filée jusqu'au dixième maillon, est raide comme une barre. Si elle casse, nous gueulerons, et l'officier de quart mettra les machines en route. – (raide comme une barre)
  • Au lieu de m'amarrer court, je laisse deux brasses de mou au filin ; ainsi, je peux me déplacer, éviter quelques embruns. Mais je n'évite pas les plongeons. À intervalles réguliers, il tombe du ciel un mélange réfrigérant, eau, glace et neige. Quand on l'attrape sur le râble, on a l'air fin. Il faut retirer les sabots-bottes et les vider, sinon l'eau y gèlerait et les pieds avec. – (râble, avoir l'air fin)
  • Avoir les pieds gelés trois mois après l'armistice, pas de ça, Lisette. – (pas de ça, Lisette !)
  • Puisse-t-elle casser tout de suite, cette bougresse de chaîne ! Et qu'on appareille ! C'est le voeu des gabiers. Sainte-Épissoire, leur patronne, l'exaucera en partie. – (Sainte-Épissoire)
  • je ne m'explique pas qu'il ait mis le bateau au sec. Sortir de la rade, même par temps bouché, c'était un jeu d'enfant. – (64369, 77913)
  • Je me propose de roupiller un bon coup. À peine ai-je fermé l'oeil qu'une violente secousse ébranle le navire. – (un bon coup)
  • –On bat en arrière ! J'ai compris, le Mirabeau a talonné. […] Les turbines tournent dans un suprême effort. Nouveau coup de talon, après lequel on constate une chose curieuse : seul l'avant s'élève à la lame, l'arrière est fixe. C'est donc l'arrière qui touche. Pour son coup d'essai, le commandant a réussi un coup de maître, car un navire échoué de l'arrière, dans une mer sans marée, ne peut, neuf fois sur dix, se dégager par ses propres moyens. – (77914, coup de maître, neuf fois sur dix)
  • Il n'y a qu'à attendre la fin de la tempête, et l'arrivée des remorqueurs. Boîteà-Clous mérite un bon point ; il a donné l'ordre, lui, de délivrer les prisonniers. Et Cormier, radieux, va de groupe en groupe, criant : –Ça ne fait pas de doute, cette fois nous débarquons et nous caltons. –À condition que le bateau reste au sec, lui répond-on. –Nous nous arrangerons pour qu'il y reste ! Chacun souhaite que le Mirabeau reste au sec. Son abandon, c'est le retour au pays et quarante jours de permission ; sa remise à flot, c'est la prolongation de notre martyre. – (77913)
  • Mieux : à peine le tôlier a-t-il disparu que Boîte-à-Clous et ses sakos viennent nous prier fort gentiment de crocher nos hamacs. – (tôlier)
  • le mouvement des hamacs est si rapide que j'ai presque chaud. En un quart d'heure, nous avons descendu les huit cents bois de lits. Revenu dans la batterie, je trouve le mien croché à sa place, et par qui, doux Jésus ! Par Guignol en personne ! C'est le monde renversé. – (doux Jésus !)
  • Curieux de savoir jusqu'où ira la mansuétude du bidel, Jérémie siffle : Sous les Ponts de Paris, et nous constatons que Boîte-à-Clous a l'oreille dure. Il l'avait si fine, naguère, qu'on risquait gros à siffler Sous les Ponts de Paris ailleurs que dans une soute. – (oreille dure, avoir l'oreille fine)
  • [partie de manille] Les copains préparez vos trois sous, ce coup-ci j'ai la générale. Vas-y, Le Coz, amène ton roi deuxième, que je te montre comment les Athéniens s'atteignirent. – (77917, c'est là que les Athéniens s'atteignirent)
  • –Je me demande si le vieux restera sur la passerelle jusqu'à ce que mort s'ensuive. Ça fait vingt-quatre heures qu'il n'en a pas décollé. – (ne pas décoller de)
  • –C'est un sale boulot que de coltiner le cardiff des chalands aux soutes, mais de le tirer des soutes pour le mettre dans les chalands, c'est autrement salingue. Y en a quinze cents tonnes, ou dans les environs ; on va se taper des casse-croûte de poussière pendant trois jours. – (77918, salingue, 77919)
  • nous ne prenions pas pour argent comptant les marques d'une sollicitude subite et exagérée que nous prodiguaient officiers et fayots. – (prendre pour argent comptant)
  • Pour commencer, les hommes punis de prison réintègrent leurs cachots. Boîte-à-Clous se souvient d'avoir entendu Jérémie chanter Sous les Ponts de Paris, et le fout dedans. Quinze jours de tôle. – (mettre dedans)
  • J'imagine que le ministre a engueuler l'amiral, qui a engueulé le commandant, qui a engueulé les officiers, qui ont engueulé les fayots, qui passent leurs nerfs sur nous. – (engueuler, passer ses nerfs sur)
  • il faut que les matelots prêtent leurs muscles ; pour amadouer les matelots, on les flatte, on leur donne la double, on leur sert de bons petits plats, on les exempte de quart – (double)
  • Mais où le scénario déraille, si j'ose dire, c'est quand il fait entrer en jeu, non pas les braves ouvriers d'un quelconque arsenal français, mais les affreux bolcheviks de l'arsenal de Sébastopol. – (dérailler)
  • Eh oui, un beau matin, un drôle de matin, une centaine de ces monstres s'introduisent à bord du Mirabeau, par l'échelle d'honneur, s'il vous plaît. – (s'il vous plaît)
  • Sa Majesté le Capitaine Vaisseau Commandant, Son Altesse le Capitaine de Frégate Commandant en Second, Sa Grandeur le Capitaine de Corvette Commandant Adjoint, et Sa Putréfaction le Boîte-à-Clous capitaine d'armes. – (77921)
  • Nos maîtres sont venus accueillir les deux ingénieurs, bien sûr, mais ils daignent honorer les ouvriers de leurs salamalecs. Ils ne sont pas à un léchage de bottes près, puisqu'ils ont dû aller se mettre à plat ventre devant les dirigeants du syndicat bolchévique pour obtenir la main-d'oeuvre capable d'ôter les plaques de blindage. – (léchage de bottes, faire le plat ventre)
  • Et non contents de s'aplatir, ils ont accepté une condition féroce : les ouvriers russes pourront parler librement aux matelots français. Autant dire qu'ils ont mis eux-mêmes le ver dans le fruit. – (le ver est dans le fruit)
  • Je comprends qu'un État-Major aux abois en soit arrivé là, mais que le ministre et l'amiral l'aient permis, ça me suffoque. – (suffoquer)
  • Ces détails me sont fournis par un mangeur de petits enfants [Bolchévik] qui s'exprime dans notre langue comme s'il était né à Tours, qui a des mains bien blanches, trop soignées pour un métallurgiste, et qui, pérorant dans la batterie, semble se soucier plus de nous débourrer le crâne que d'attaquer la cuirasse. – (77923, débourrer le crâne)
  • Il ne leur prêche pas la révolte, il leur explique ce que sont réellement le bolchevisme et les bolcheviks. La plupart du temps, il enfonce une porte ouverte, car ce sont naturellement les matelots les plus « politiciens » qui viennent l'écouter. – (enfoncer une porte ouverte)
  • le frégaton radine. Il sourit, mais jaune. – (sourire jaune)
  • Mes garçons, vous vous êtes compromis avec un bolchevik déguisé en ouvrier. Passons là-dessus, je ne veux pas vous punir. J'espère qu'aucun d'entre vous n'est assez nigaud pour ajouter foi à des racontars absurdes ? – (nigaud)
  • Le tôlier désigne un type au hasard. –Voulez-vous me répéter ce que vous avez entendu ? –J'saurais pas, Commandant. –Essayez toujours. – (tôlier)
  • parce que si les Russes ou n'importe qui faisait à Toulon ce qu'on fait nous autres à Sébastopol, sûr et certain que les Français rouspéteraient. – (75095)
  • Naturellement, les bolcheviks voudraient se faire passer pour de petits agneaux, mais ces agneaux-là ont massacré des millions de personnes. – (77924)
  • Le Waldeck-Rousseau. Le bateau-bagne recevait toutes les fortes têtes. Il aurait fallu dire : le bateau-enfer. – (forte tête)
  • Je payerais cher pour me barrer, seulement j'aime mieux rester ici que de débarquer dans des conditions pareilles. Tu le sentiras, le coup en vache, Vignes. – (en vache)
  • Quelque bateau de Sébastopol a besoin d'un gabier. On le prend évidemment à la caserne qu'est devenu le Mirabeau. Tu ne perdras rien au change, mon cher ami. Pense à m'écrire, et accepte ces cent francs dont je ne sais que faire. – (73144)
  • –Raconte-moi un peu comment ils s'y sont pris pour mettre le Mac-Mahon au sec. –Le Mac-Mahon ? dis-je. Non, le Mirabeau. –Le Mirabeau, si tu veux. Tout le monde l'appelle le Mac-Mahon, parce qu'il est venu à Sébastopol et qu'il a dit : J'y suis, j'y reste. – (j'y suis, j'y reste)
  • Je raconte, et les larmes lui viennent aux yeux, à force de rire. – (avoir les larmes aux yeux)
  • Moi, j'ai plaqué le commerce, dit Cosquer. Je suis fayot. Je n'aurais pas voulu être fayot, ce sont les circonstances qui m'ont conduit à rempiler. Quand la guerre a éclaté, j'allais avoir fini mon active, comme quartier-maître. Jusqu'en 16, je n'ai rien voulu savoir pour signer ma réadmission, mais du moment que de toute façon j'étais coincé, j'ai pensé en fin de compte qu'il valait mieux toucher la prime. – (fayot, coincé)
  • Maintenant, j'ai neuf ans de service, un bon grade pour mon âge, une bonne paye, je serais ballot de ne pas finir ma carrière. Ça ne m'oblige pas à prendre l'esprit juteux. – (ballot, juteux)
  • Je ne demande à mes loustics que de m'éviter les histoires. Par exemple, ne cause pas avec les bolcheviks, c'est moi qui payerais les frais. Compris, hein, Vignes ? – (payer les frais)
  • –Appelle-moi Cosquer. Je trouve ridicule de donner du « Commandant » à des gens qui ne sont même pas officiers, sous prétexte qu'ils commandent une coquille de noix. Pourquoi pas aux patrons de canots ! – (coquille de noix)
  • Au temps des patrouilles, ils étaient vingt-cinq. En décembre dernier, l'Iris est envoyé, de sa base à Moudros, à Toulon pour mise au rancart. – (au rancart)
  • Lorsqu'il apprend que j'ai navigué derrière [(1) C'est-à-dire comme officier] aux Voiliers Nantais, il se montre ravi d'avoir dégotté un véritable chef de quart, au lieu de l'ersatz attendu. – (77926)
  • –Tu devrais être premier-maître, ou mêle enseigne auxiliaire. Qu'est-ce que tu as donc fait pour être resté Jean Le Gouin ? – (Jean le Gouin)
  • Cosquer veut en savoir davantage, et je lui sers une longue profession de foi pacifiste. Quand je me suis tu, il dit : –Tes opinions, je les connais, tous les matelots les ont. La chose extraordinaire, c'est que tu ne te sois pas assis dessus pour prendre de la dorure. – (prendre de la dorure, s'asseoir dessus)
  • Mais ne faisons pas de socialisme, raisonnons en jusqu'au boutiste. – (jusqu'au-boutiste)
  • –Il faut avoir quelque chose dans les yeux, répliquent les pessimistes, pour ne pas discerner la raison véritable de notre présence en Mer Noire. – (avoir quelque chose dans les yeux)
  • Pas besoin d'être astrologue pour prévoir notre avenir : quelque batterie, embusquée à bonne distance de la rive, nous ôtera le goût des fayots rouges. – (pas besoin d'être fakir astrologue pour deviner que, faire passer le goût du pain)
  • –Tu refuseras d'obéir, vieux fayot ? –Que non pas ! Un fayot obéit toujours. – (que non pas !)
  • Vous me teniez pour une fripouille de votre acabit, un gibier de Travaux Publics, et si quelqu'un d'entre vous porte la viscope de Biribi, il doit chercher ma figure, quand arrive une nouvelle promotion, et s'étonner, chaque fois, de ne pas me voir encore habillé en singe. – (gibier de Travaux Publics, viscope, habillé en singe)
  • Et faut-il qu'il soit cul, le général, pour délivrer des citations pareilles, qui constituent l'aveu de notre agression contre la Russie. – (cul)
  • quand un planton vint informer Cosquer que ses combattants étaient attendu à la prise d'armes, en tenue N° 1. Les six combattants de l'Iris revêtirent donc leur tenue N° 1. La mienne comporte, de bas en haut : des sabots-bottes fourrés d'étoupe ; un pantalon bleu renforcé aux genoux de pièces en toile à voile blanche ; un caban réglementaire doublé d'une demi-couverture de hamac ; une capote allemande, héritage de feu mon adjudant Schnippel ; un bonnet de fourrure ramassé à Kherson après que mon bonnet de drap eut disparu dans la bagarre. C'est assez rigolo comme tenue N° 1 ; pourtant, habillé, je ne manque pas d'allure, à cause de la capote de Schnippel. – (tenue numéro un)
  • Les copains, accoutrés à ma manière, mais dépourvus de capote, avaient une drôle de touche. Ils la lorgnaient, ma capote – (touche)
  • Ils la lorgnaient, ma capote, ces gens délicats qui aiment mieux crever de froid que de dépouiller les cadavres, ils la soupesaient du regard. – (lorgner)
  • –Tu parles comment que les Boches s'en balancent, de ta croix de guerre, dit Martel. Tout comme moi, et c'est pas peu dire ! – (c'est pas peu dire)
  • Les clairons sonnent, voici le général, suivi de son cortège. Du beau monde, enharnaché, enrubanné, éperonné. – (du beau monde)
  • Le général se met tout de suite au boulot. Il légiond'honneurise les officiers, leur tape sur l'épaule avec son sabre, leur donne un baiser. Je suppose qu'il m'en fera autant, et ça ne me dit rien d'être baisé par ce vieux birbe. – (birbe)
  • Un type qui remorque une pleine musette de croix lui en tend une, il l'amarre, touche la main du héros et passe au suivant. – (amarrer)
  • j'ai commencé mon histoire par l'épilogue. Comme tout individu frais décoré, et qui annonce la bonne nouvelle, j'ai écrit d'abord : –Jour de joie ! On m'a collé de la ferblanterie ! Ensuite, cet individu raconte ses prouesses. – (ferblanterie)
  • On s'en va donc, doucement, six noeuds, tout ce que les chaudières pourries peuvent donner. – (pourri)
  • on constate que les ouvriers bolcheviks ne rechignent pas à la besogne. – (54239)
  • Comme on navigue à l'estime, faute d'un chronomètre, je dois renoncer à éblouir Cosquer par un point cognac [(1) Le point obtenu par l'observation de trois étoiles]. – (point cognac)
  • Je me contente de vérifier que l'homme de barre tient le cap, et l'homme de barre m'envoie aux pelotes quand je juge sa route trop sinueuse. – (envoyer aux pelotes)
  • Ce sont les canonniers qui gouvernent, sur l'Iris, des recrutés qui méprisent absolument les divisions de la rose, qui pensent qu'à quinze degrés près on marche droit, et qui vous traitent de chinois si vous soutenez le contraire. Je me fais une belle réputation de chinois. – (77933)
  • Le commandant de la Justice fait dire à Cosquer de rester sous les feux et d'attendre. Bien tranquilles, nous continuons à battre les cartes, sans nous occuper du monde extérieur. – (77934)
  • Aucune considération n'empêchera jamais un matelot d'aller à terre le soir de la paye. Aller à terre, ça veut dire aller au boxon. C'est pour aller au boxon que je suis sorti. – (boxon)
  • J'ai marché à l'aveuglette, comptant que le hasard me conduirait dans une de ces rues que l'on dit chaudes, bien qu'il y fasse aussi froid qu'ailleurs. Ça doit venir de chaudelance. – (X chaude)
  • J'y vois la preuve que Clemenceau ne fait pas grand cas de ses propres poilus, en quoi il a bougrement raison, le vieux macaque. – (vieux macaque)
  • La plupart des habitants de l'Archipel vont cul nu ; à Odessa, les soldats grecs exhibent des uniformes neufs et pesants, dont le drap vient plus sûrement de Castres que d'Athènes. – (cul nul)
  • Donc, je déambulais dans Odessa, à la recherche d'un bordel. Au lieu de cela, je découvris une horizontale, comme disait le vicomte de Saint-Justin. Du moins, je pris pour une horizontale cette jeune femme, bien balancée, qui me sourait au passage, et je lui emboîtai le pas. – (horizontale, balancé, 45440)
  • J'éprouve, pour les radeuses, la même répugnance que tous les marins : nous ne nous sentons à l'aise, nous autres, qu'en maison. – (radeuse)
  • Mais je ne voulais pas chercher jusqu'au matin les bordels d'Odessa, d'autant qu'il faisait frisquet. – (frisquet)
  • En France, les putains qui ont leur chez-soi conduisent la clientèle à l'hôtel borgne – (borgne)
  • Et on travaille avec goût, c'est-à-dire qu'on ne se laisse pas tomber tout de suite sur le plumard, jupes relevées, pour que l'amateur comprenne que le temps, c'est de l'argent. – (plumard, le temps, c'est de l'argent)
  • Non, ici, on offre une tasse de thé avant de causer affaires. Quand nous eûmes bu le thé, la poule se mit à poil, j'en fis autant, et vas-y, Louis. – (et vas-y, Louis)
  • Rhabillé, j'étalai un billet de vingt francs. Quatre fois mon cadeau habituel, mais la vie est horriblement chère à Odessa, et le luxe, ça se paye. – (petit cadeau)
  • La petite riait, battait des mains, visiblement enchantée d'avoir si bien choisi son homme. – (62648)
  • Pas plus tard que dans une heure, nous partons pour Kherson. Vous savez que les Bolcheviks assiègent Kherson. J'ai comme une idée que ça va barder, et que nous pouvons matriculer nos abatis ! – (pas plus tard que tout de suite, numéroter ses abatis)
  • Je mentirais si je disais qu'au retour du commandant l'équipage de l'Iris nage dans l'allégresse. Aussi ne le dis-je point. Je dis que nous faisons de sales gueules. Mais il n'y a pas à tortiller, il faut obéir – (faire la gueule)
  • Nous ne rencontrons que des soldats grecs, qui se moquent de nous. Il est vrai que nous marquons mal. – (marquer)
  • Mais fallait pas nous raconter que les Boches et les bolcheviks sont copains comme cul et chemise. – (être cul et chemise)
  • –Bon, mettez votre moulin en batterie et attendez la relève. Je vous ferai porter la soupe. – (moulin)
  • allons-nous laisser notre peau ici ? Tu dois t'y connaître, toi ? –Che ne gomprends pas : laisser notre peau. –Mourir, Schnippel, crever, claboter. –Mourir ? Il est possible. – (claboter)
  • Nous resterons trois jours sous les wagons, bien couchés dans la paille et mal nourris d'endaubage. – (70424)
  • j'ai appris depuis, que ces ficelles de Fritz voulaient seulement donner l'impression d'une défense acharnée. – (ficelle)
  • Tout à coup, une bande de Grecs sort d'un entrepôt et s'amène sur nous au pas de charge. Nous nous levons et jouons des guibolles dans une course éperdue – (jouer des guiboles)
  • –Probable, dit Cosquer, que des civils ont été poissés à tirer sur les Grecs. Il vaut mieux les mettre dans ce hangar que de les fusiller. – (poissé)
  • Ils savent y faire, les mitrailleurs de l'Altaïr. En un clin d'oeil, les fugitifs sont nettoyés, c'est-à-dire que le quai est jonché de leurs cadavres. – (nettoyé)
  • Jean Le Gouin mitrailleur balaye l'espace, et des cris stridents de femmes éventrées dominent le tac-tac des Hotchkiss. – (rran... tac tac tac tac)
  • Bravo, Jean Le Gouin ! De 14 à 18, tu n'as pas foutu grand'chose, mais tu viens de te réhabiliter superbement. – (54114)
  • J'ai eu la croix de guerre, et je l'ai jetée à l'eau. Non par cabotinage, pour épater les camarades ; les camarades, eux aussi, ont jeté leur croix de guerre à l'eau. – (cabotinage)
  • Sur le papier, une puissance formidable ; en vérité, zéro, double zéro. – (sur le papier, double zéro)
  • quelques Godefroy de Bouillon qui espèrent attraper des étoiles ou arrondir leur compte en banque – (arrondir)
  • Il ne s'écoule pas de jour qu'on n'y chante l'Internationale et la Carmagnole, qu'on n'y manifeste pour le retour en France et la libération. Les fayots serrent les fesses, les officiers dorment tout habillés, browning à la main. – (serrer les fesses)
  • En ville, Cosquer s'est fait agonir par des matelots, et il aurait pris la trempe, si une patrouille ne l'avait délivré. Il s'en est plaint à nous. – (trempe)
  • je dis qu'il est criminel de faire détruire les approvisionnements dans une ville où les travailleurs claquent du bec. – (claquer du bec)
  • Cosquer a du vermouth pour plusieurs années, le pâté de foie gras est notre hors-d'oeuvre habituel, l'ananas notre dessert et le cointreau notre pousse-café. Nous jouissons sans honte de nos trésors – (pousse-café)
  • La note gaie vient des aristocrates, des grands bourgeois, des hauts fonctionnaires, bref des richards qui ont soutenu les czaristes et léché les bottes aux officiers français, crimes cotés douze balles dans la peau, selon le barême bolchevik. – (richard, lécher les bottes, douze balles)
  • à des bourgeois cousus d'or, à des princes et des comtes pourris de bijoux et contre-révolutionnaires par-dessus le marché, faire le coup du père François, c'est pain bénit. – (cousu d'or, pourri de X, coup du père François, pain béni)
  • Par parenthèse, les bolcheviks, si amis des réformes radicales, devraient adopter l'alphabet latin, car les lettres russes biscornues sentent le czarisme à plein nez. – (53571, 51476)
  • Nous, pour débarquer, nous pouvons, soit franchir le voisin, soit utiliser notre youyou. – (42275)
  • –Riche idée, Cosquer ! Mais part à seize, n'est-ce pas ? Elle me paraît valoir le coup. –Vas-tu marcher, bougre d'idiot ? réplique mon commandant, sur le ton de la colère. Je godille ferme. En voilà des chichis ! Est-ce que Cosquer voudrait faire suisse avec sa poule ? – (part à deux)
  • Est-ce que Cosquer voudrait faire suisse avec sa poule ? Il en a le droit, incontestablement, car elle appartient à qui l'a dégottée – (faire suisse)
  • je lui montrerai que pour ce qui est de savoir dégotter de la volaille, il n'existe pas auprès de moi. – (volaille)
  • –Il a mis le temps à s'y décider, dit Jaillet. – (y mettre le temps)
  • Mais je vous préviens qu'on se mettra la tringle. J'ai insinué délicatement que quand il y en a pour un, il y en a pour seize, et Cosquer s'est mis en rogne. – (se mettre la tringle, quand il y en a pour un, il y en a pour deux)
  • ce serait de la vraie amour, et tu ne vas pas prétendre que Cosquer a de la vraie amour pour une traînée qu'il vient de ramasser le long d'un dock ? – (77936, traînée)
  • Ce qu'il voulait, c'était passer le premier, tiens ! Il nous la refilera, sûr et certain. – (75095)
  • Tu as raconté à tous ces chiens en chaleur que j'avais embauché une femme, et vous avez tiré les numéros au sort. – (chienne en chaleur)
  • Cette femme et moi, nous ne venons pas de nous pieuter – (se pieuter)
  • on la jetterait plutôt à l'eau, l'espionne. Ensuite, on se préparait à l'enverguer, et on se bombe. – (enverguer)
  • si j'avais des ficelles dorées sur les manches, au lieu d'un bout de laine, tu te mettrais les quatre fers en l'air sans que je te le demande. – (ficelle, les quatre fers en l'air)
  • Mais tu juges indigne d'une espionne czariste d'écarter les cuisses en l'honneur d'un matelot. Tu as tort, et je t'en ferai repentir. – (écarter les cuisses)
  • j'ai un bon numéro, le 3. Kermanach, cette fois, est douzième. Mériadec aura l'étrenne, si Cosquer la dédaigne, et Alcibiade fermera la marche. – (fermer la marche)
  • Je prends le quart avec Cosquer, dont l'humeur est au beau fixe. – (62145)
  • Le plus rigolo, ajoute-t-il, c'est que je n'avais, en réalité, de poule qu'au clac, et moyennant un franc vingt-cinq, tarif de la rue Guyot, à Brest. – (claque)
  • Tu te représentes, Vignes, quelle couche on remorque, quand on est jeune ! – (en tenir une couche)
  • Moi, je ne produis sur les femmes aucun effet. Mais quand j'en ai visé une, je finis toujours par m'y introduire. –Vrai, tu ne tombes pas quelquefois sur un bec ? Tu m'épates ! – (tomber sur un bec)
  • Je voudrais bien savoir comment tu vas t'arranger. –Je vous le dirai à table. Je dresse mes batteries. – (77938)
  • Des poules comme ça ne sont pas faites pour nous, les gars. Trop beau, oui, trop beau. Je vous avoue que si, par extraordinaire, il m'en tombait une sous la main, j'aurais les moyens coupés. – (couper les moyens)
  • –Vous savez que Vignes compte l'arraisonner aujourd'hui ? –Vignes n'est pas le seul, dit Jaillet. Tout le monde l'arraisonnera aujourd'hui. – (77939)
  • Mériadec, le N° 1, se présentera à deux heures. Il est midi moins le quart : si tu veux user de tes prérogatives de chef, et passer en extra, tu as largement le temps. – (77940)
  • Somme toute, vous n'avez oublié qu'une formalité, me demander la permission de commettre cette saloperie. – (saloperie)
  • Au cas où toi, commandant, tu prendrais le parti de l'espionne, moi, chef-mécanicien, je ne stopperais pas ma bécane. Je te mets au défi d'approcher de la côte, et de débarquer ta complice, le bateau marchant à six noeuds. – (bécane)
  • L'espionne a accepté de venir prendre une rincette sur l'avant. – (rincette)
  • Quoi, quinze hommes, est-ce la mer à boire ? Si vous aviez été tant soit peu en maison, vous sauriez d'expérience que quinze hommes s'expédient en deux heures, sans surmenage intellectuel. – (mer à boire)
  • déclarant qu'une femme raide comme une tige de bielle est préférable à la veuve poignet, dont l'abus rend idiots certains individus de sa connaissance. – (raide comme une tige de bielle, veuve poignet)
  • Moins idiots, répliqua Cosquer, que les types qui se figurent qu'une poule prise de force va leur jouer la comédie du ressort à boudin. Bref, vous croyiez l'avoir, et c'est elle qui vous a eus ! – (comédie du ressort à boudin)
  • Clac, clac, clac : trois coups de revolver. – (clac, clac)
  • J'ai débordé, je n'avais pas l'ordre de la ramener. C'est alors qu'ils l'ont descendue. –Tu aurais dû la ramener, dit Cosquer. –Et ils nous auraient massacrés ? Merci bien ! – (merci)
  • La plaisanterie du cuistot fait long feu. Personne n'est d'humeur à rire. – (faire long feu)
  • Quand ils savent que j'ai troqué le Mirabeau contre un chalutier, ils montrent du dépit, et Berthier s'exclame : –On peut dire qu'il n'y a de chance que pour la canaille ! Est-ce que ce n'était pas à moi de débarquer, après cinq ans de bord ? – (il n'y a de veine que pour la canaille)
  • Nous, on n'a pas gagné la croix de guerre, mais on a la conscience nette. On préfère ça. – (60350)
  • On a toujours tort de discuter avec les lèches-culs du bosco. –Lèche-cul si tu veux, lance Berthier. Lèche-cul, mais pas forban. – (lèche-cul)
  • Figure-toi que les Russes n'ont fait que le plus délicat, comme le découpage de la cuirasse, et que toutes les manoeuvres de force, par exemple le coltin des canons de soixante tonnes, ça a été notre boulot. Je te jure que des forçats se seraient rebiffés. – (coltin)
  • les Russes n'ont fait que le plus délicat, comme le découpage de la cuirasse, et que toutes les manoeuvres de force, par exemple le coltin des canons de soixante tonnes, ça a été notre boulot. […] –Pire que le trimardage, dit Jérémie, Y avait la crapulerie des fayots. Quand tu t'étais appuyé quatorze heures de turbin et que t'avais bouffé de la pourriture, fallait que t'ailles coucher à la police. – (trimardage, crapulerie)
  • Pour un mot de travers, tu descends en cage. – (mot de travers, cage)
  • Vise Cormier, qui n'avait pas son pareil pour l'astuce : est-ce qu'il n'a pas défilé, malgré qu'il s'était mis royaliste ? Royaliste, tu te rends compte ! Faut en avoir du vice pour inventer des trucs aussi compliqués ! – (avoir du vice)
  • Le frégaton appelle Cormier, le félicite. […] Et Boîte-à-Clous l'embusque au magasin général ! – (s'embusquer)
  • vous les petits bateaux, vous avez le beau rôle. Si les gros-culs se mutinent et réussissent, vous hissez le pavillon rouge ; si ça rate, vous le laissez tricolore. – (avoir le beau rôle)
  • Mon vieux, dès l'instant que tu te révoltes, faut t'attendre à du vilain pour ta pomme. – (ta pomme)
  • Souviens-toi de Louis XVI, qui a eu le cou coupé parce qu'il voulait faire le zouave. – (faire le zouave)
  • Il n'est plus question de conquérir la Crimée et Rostov ; peut-être n'en a-t-il jamais été question, et me suis-je laissé bourrer le crâne. – (bourrer le crâne)
  • Et nous sommes toujours en guerre, parce que des imbéciles, jadis, prêtèrent leurs sous au czar. – (des sous)
  • Quand les Rouges lanceront l'attaque, on n'aura à leur opposer que des Sénégalais qui crachent leurs poumons. Les volontaires, à leur habitude, joueront des flûtes, les fantassins et les matelots des compagnies de débarquement mettront la crosse en l'air et chanteront l'Internationale, comme en Ukraine. – (cracher ses poumons, jouer des flûtes)
  • si Paris n'est pas déjà conquis par les troufions et les travailleurs, qui ont, eux aussi, des explications à demander au fumier jusqu'auboutiste. – (jusqu'au-boutiste)
  • On installera deux cents potences sur la place de la Concorde, cinquante de chaque côté, et en l'air députés, sénateurs, ministres, généraux, amiraux, flicaille, archevêques, marchands de canons, journalistes et gendarmes. Comme en 93 ! – (77945, flicaille, 50978)
  • Et pour un fayot pendu, vingt matelots iraient au mur. – (coller au mur)
  • Premièrement, nous ne voulons pas faire la guerre aux Russes. Deuxièmement : nous voulons rentrer chez nous. Solution : croisons-nous les bras jusqu'à ce que vienne l'ordre d'appareillage. – (se croiser les bras)
  • se replient dare-dare sur la ville, où les Rouges les suivraient, si la grosse artillerie des cuirassés ne donnait de la voix. – (68097)
  • En tout trente-deux pièces de 305, douze de 240, dix de 190, quarante-quatre de 140. Ça crache deux jours durant. – (cracher)
  • on a tiré par-dessus, mais le bon réglage ne s'obtenant pas du premier coup, quelques obus sont tombés dans les faubourgs. Trois cents morts. – (du premier coup)
  • –Ben, quand ça se saura à bord, y aura de la rouscaille. – (rouscaille)
  • –Foutez-le à l'eau une fois pour toutes, votre trois-étoiles ! –Ça lui pend au nez, dit le chauffeur. – (une bonne fois pour toutes, pendre au nez, trois-étoiles)
  • –Vengeons les Russes, tuons les fayots ! Ainsi parlent les enragés. Les sages répondent : –Non, soyons calmes, et présentons nos revendications. – (32396)
  • Le bidel s'amène. […] On le hue. Il place trois mots : Que voulez-vous ? –Que tu foutes le camp, pourriture ! – (77947)
  • Mais les matelots refluent sur la plage arrière, et l'amiral, qui a encore des illusions, leur crie : –Arrière, traîtres ! Comme dans un drame de cape et d'épée. Cinq cents voix : –Ta gueule, vieux con ! – (con)
  • L'amiral se dresse sur ses ergots : –Vous rentrerez dans l'ordre, ou je ferai sauter le navire ! – (se dresser sur ses ergots)
  • Et si tu ajoutes un mot de menace, on te zigouille ! L'amiral comprend enfin que l'heure n'est pas à la rigolade. – (rigolade)
  • Nous avons fait cinq ans de bagne, nous voulons rentrer chez nous. Nous ne voulons plus être emmerdés. Nous voulons la classe […] Si vous ne nous donnez pas satisfaction, nous massacrerons les gradés et nous livrerons la bateau aux bolcheviks. Vivent les Soviets ! Mort aux vaches ! – (mort aux vaches !)
  • L'amiral comprend enfin que l'heure n'est pas à la rigolade. –Mes enfants… dit-il. –On n'est pas tes enfants, on s'en voudrait ! Quand un fayot vous appelle son enfant, c'est qu'il tremble pour sa peau. L'amiral tremble, le commandant et les frégatons sanglotent. – (mes enfants)
  • Descendant dans sa vedette, l'amiral […] jette au patron : –À terre ! – (77948)
  • Tiens, voici qui est étonnant : un officier de marine arrive au pas de course. Le Bras n'a jamais vu courir un officier de marine. – (au pas de course)
  • Le Bras nous a secoués, mais cette histoire d'enseigne noctambule nous semble une blague, et nous attendons confirmation. – (blague)
  • Je ne sais rien, c'est l'enseigne qui commande, on m'a dégommé. –On t'a dégommé ? – (dégommer)
  • –Je veux voir le chef-mécanicien, tout de suite ! […] Je veux voir le chef-mécanicien entre quatre yeux ! – (entre quat' yeux)
  • –Soyez prêt dans vingt minutes. –J'ai dit une heure, ce sera dans une heure. […] L'enseigne lève les bras au ciel : ces réservistes, quelle engeance ! – (lever les bras au ciel)
  • Jaillet est un homme de parole : au bout d'une heure, recta, la machine tourne. – (recta)
  • Et l'un des spectateurs hurle : –Ho de l'Iris ! Ho de l'équipage ! Il y a la révolte à bord de la France et du Jean-Bart ! – (62502)
  • En sorte que l'Iris, qui allait heurter le quai obliquement, tape en plein dedans. Les tirailleurs s'affalent et appellent leur mère, en sénégalais. – (appeler sa mère)
  • Nous portons une amarre à terre, l'Iris accoste et les nègres [tirailleurs sénégalais] s'enfuient, abandonnant armes et bagages. – (77949)
  • les nègres s'enfuient, abandonnant armes et bagages. Quand les sous-offs auront pu les récupérer, on saura à bord des autres patrouilleurs, que l'Iris a été saboté par son équipage au moment où il portait trois cents cannibales sur [le navire] la France en révolte. Et l'effet produit est tel que le commandement renonce à rembarquer les cannibales cette nuit-là. – (77950)
  • Un frégaton et un lieutenant-colonel qui traitent l'enseigne comme le dernier des derniers. – (dernier des derniers)
  • Un frégaton et un lieutenant-colonel qui traitent l'enseigne comme le dernier des derniers. […] Les deux cinq-ficelles en ont des larmes dans la voix. – (ficelle)
  • Le frégaton dira à l'amiral que l'enseigne a manoeuvré comme un pied, et l'amiral sacquera l'enseigne. Tout est bien qui finit bien. – (comme un pied, saquer, tout est bien qui finit bien)
  • Bien joué, Vignes [qui vient de saboter le gouvernail]. Décidément, le jour où tu quitteras la marine, il n'y aura pas lieu de mettre le pavillon en berne ! – (68968)
  • Ces historiens pataugeront dans l'erreur […] Je sais, et tous mes camarades savent, que les tirailleurs ont embarqué sur l'Iris parce que le croiseur-cuirassé Léon-Gambetta fut torpillé par un sous-marin autrichien, le 27 avril 1915. La relation de cause à effet entre deux événements si dissemblables et si éloignés l'un de l'autre échappera aux scribouillards qui pâliront sur les archives truquées de la marine ; elle est évidente pour quiconque a fait la guerre en Méditerranée. – (scribouillard)
  • On avait arrangé ça longtemps d'avance, des chiffons de papier avaient été couverts de signatures. – (41515)
  • les croiseurs attendent l'ennemi. Si l'ennemi apparaît, ils signaleront la chose au commandant en chef, puis iront, à tire d'hélice, se placer sous la protection des cuirassés. – (77951)
  • Le croiseur-cuirassé est la conception la plus remarquable des cervelles maritimo-guerrières. Il a une cuirasse, mais une cuirasse mince, afin que la vitesse reste bonne ; il est rapide, comme un croiseur, mais moins qu'un croiseur, parce que sa cuirasse l'alourdit. Bref, le croiseur-cuirassé n'est ni lard ni cochon ; un véritable cuirassé l'anéantirait, et un véritable croiseur lui échapperait. La marine français aligne quantité de ces métis. – (ni lard ni cochon)
  • Ça file vingt-deux noeuds, sur le papier ; dix noeuds, en réalité. – (sur le papier)
  • –Vous jouez sur les mots. Si l'équipage n'utilise pas les embarcations [de sauvetage], ce qui me semble un peu violent, ne vous en déplaise, il prendra autre chose : des radeaux, des bouées, des planches. – (un peu violent)
  • Les bureaucrates dorés sur tranches de la rue Royale en mettraient leur tête à couper. – (77954)
  • Amène ta bidoche, je vais te montrer la combine. Non, mais, sans blague, est-ce qu'on a des gueules de cultivateurs ? – (amener sa bidoche, avoir une gueule de cultivateur)
  • J'ai la langue bien pendue, mais faire passer un copain au tourniquet, c'est pas mon genre. – (avoir la langue bien pendue, tourniquet, 77956)
  • Et je te conseille de la planquer ailleurs, la voile, parce que si les fayots cherchent la petite bête, tu seras flambé. – (chercher la petite bête, flambé)
  • Du moment qu'ils se les roulent, c'est qu'ils se sont mis à leur compte, autrement ils seraient au poste de propreté dans les batteries et dans les tourelles. […] –S'ils se sont mis à leur compte, expliquez-moi un peu pourquoi ils n'ont pas pendu les officiers à la grand'vergue ? – (77957)
  • expliquez-moi un peu pourquoi ils n'ont pas pendu les officiers à la grand'vergue ? […] –À la grand'vergue ? dit Jérémie. Où que tu vois une grand'vergue sur les gros-culs ? Tu retardes de cinq cents ans, tu te crois encore au temps de Napoléon. – (retarder)
  • –Et comment que t'appelles ce bout de bois en travers du mât ? –Ça s'appelle pas une grand'vergue, ça s'appelle une vergue de signaux, marchand de patates. – (77958)
  • Le seul fait qu'on envoie les couleurs aujourd'hui prouve que les officiers sont encore libres de leurs mouvements. Et tu ne crois pas, Vignes, que si les matelots avaient la loi, ils seraient déjà venus à terre pour nous faire adhérer ? – (avoir la loi)
  • la liberté laissée aux chefs de se livrer à leurs momeries patriotardes est mauvais signe. – (momerie, patriotard)
  • –Regarde de tous tes yeux, tu verras cette chose inouïe : une escadre de la République arborant le pavillon rouge. – (regarder de tous ses yeux)
  • Quel styliste je suis ! Les trois couleurs qui claquent fièrement dans l'azur, ça fait riche, y a pas à tortiller. – (faire riche)
  • Silence à bord du Vergniaud et de la Justice, acclamations, Internationale tout le long du rivage. Marseillaise par l'orchestre, à bord du cuirassé anglais. –Cet English, dit Martel, il mériterait qu'on lui colle une bordée de 305 dans les gencives ! – (dans les gencives)
  • Il en est des navires comme des hommes : le sort sourit aux uns et accable les autres. Ce pauvre Danton, par exemple, a eu toutes les poisses. – (poisse)
  • il est choisi pour expérimenter l'invention mirifique d'un membre éminent du Conseil Supérieur de la Marine. Un mot sur cette découverte épastouflante. Vous prenez un cuirassé, vous le bourrez de liège à l'intérieur, tout le long de la flottaison, et votre bateau est rendu invulnérable aux torpilles. Simple et génial. Du moins, le membre éminent du Conseil Supérieur de la Marine le jugeait ainsi. Ses confrères itou. – (épastouflant)
  • Un sous-marin allemand se trouve sur la route par hasard : il envoie deux torpilles qui envoient Danton et le liège au pays des oursins. – (77960)
  • Je viens du rapport, le corvettard m'a communiqué les décisions. En premier lieu, l'amiral a reçu du ministre l'ordre d'évacuer, on partira dès que les morceaux du Mirabeau auront été mis sur un transport. – (corvettard)
  • –A-t-il fait allusion à notre aventure de cette nuit ? –Oui, il m'a glissé un truc formidable dans le tuyau de l'oreille. – (dans le tuyau de l'oreille)
  • Si nous sommes encore sur l'Iris le premier juillet, Vignes, nous arroserons ce galon que je te devrai. – (arroser)
  • À onze heures, Ripert monte dans le nid-de-pie et annonce : –La France et le Jean-Bart ont amené le pavillon rouge ! –Quand je vous le disais ! s'écrie Cosquer. – (nid de pie, 54286)
  • Sur le Jean-Bart, le commandant paye de sa personne. Il tient le même discours, puis écarte la foule, attire à lui l'emblème séditieux et le déchire. Un vieux qui n'a pas les foies, le commandant du Jean-Bart. – (avoir les foies, payer de sa personne, vieux)
  • Le ciel s'éclaircit pour les fayots. – (le ciel s'éclaircit pour)
  • Mais l'amiral a son mot à dire. […] il désavoue ses subordonnés, il tient pour nulle et non avenue leur parole d'honneur. – (38370)
  • L'amiral s'enfuit. –À bord de la Justice, dit-il au patron de vedette. – (77948)
  • Sa malice, il l'a cousue avec une aussière de remorque. Il compte profiter de l'absence des hommes pour faire reconquérir les gros-culs par les fayots, et il ne laissera rembarquer que les moutons. Les fortes têtes, les meneurs seront coffrés par les moricauds [tirailleurs sénégalais]. – (mouton, cousu de fil blanc, moricaud)
  • Ça promet du grabuge, pour cet après-midi, et si vous m'en croyez, les copains, vous continuerez tranquillement votre manille, au lieu d'aller recevoir des gnons en ville. Onze timorés suivent le conseil, trois excités le tournent en dérision – (excité)
  • Alcibiade, qui cherche l'occasion de bigorner un Sénégalais. – (bigorner)
  • nous revêtons notre belle tenue de printemps. Elle dégotte un peu plus que notre accoutrement d'hiver – (dégoter)
  • J'ai fait d'une vieille casquette de Jaillet, privée de sa visière, un bonnet présentable, après adjonction d'un ruban Mirabeau et d'un pompon gros comme le poing. – (gros comme le poing)
  • J'écoute un homme de l'Escaut qui raconte une histoire abracabrante. À bord du contre-torpilleur Protet, quelque part en Roumanie, plusieurs matelots auraient formé le dessein de s'emparer du navire et de le livrer aux bolcheviks d'Odessa. Jusqu'ici, rien d'invraisemblable, mais le plus beau reste à dire. L'instigateur de cette conjuration était… un officier ! – (le plus beau)
  • Un officier partisan des Bolcheviks ! Un officier révolutionnaire pratiquant ! Pas besoin de se triturer les méninges pour deviner d'où vient cette fable : des bolcheviks eux-mêmes, parbleu ! Ils devraient se renseigner sur l'esprit de l'officier de marine français, la réaction faite garde-chiourme, avant de répandre des bourdes aussi grossières. – (bourde, se triturer les méninges)
  • Un canot à vapeur accoste, celui de la France. Sa chambre est vide, et la chaloupe, qu'il remorque, ne porte guère que cinquante hommes. Mais peut-être y aura-t-il d'autres voyages ? –Non, pas si bêtes ! me répond le brigadier [(1) Le matelot qui tient la gaffe sur l'avant d'une embarcation)], à qui je pose la question. – (77962)
  • Raconte à tes copains des autres patrouilleurs que nos pièces de 14 seront chargées et approvisionnées, et que le premier qui s'amène avec des nègres on te le nettoye, et vivement ! – (54449)
  • Le Soviet nous attendait ; son chef prononce, dans la langue de Ménilmontant, une harangue qui m'échappe en grande partie, à cause du brouhaha. – (77963)
  • Je bondis dans un couloir où me poursuit la crécelle des mitrailleuses. Vingt fuyards me serrent à m'étouffer. Quand tout ce qui n'avait pas trouvé refuge est bousillé, la fusillade cesse. On n'entend plus que des gémissements et des râles. – (bousillé)
  • J'apprends que les Grecs étaient commandés par l'enseigne de vaisseau Pommier, du Jean-Bart, et que ce même bâtiment avait fourni les mitrailleurs, des aspirants-fayots. – (fayot)
  • –À mort, Pommier ! On la foutra à l'eau, cette vache ! […] –Foutre Pommier à l'eau, ce serait bien, mais y foutre l'amiral, ce serait mieux, car votre Pommier a obéi aux ordres du vieux scélérats. – (foutre à l'eau)
  • Certain qu'à la grève bénigne va succéder le grand chambardement, je regagne l'Iris – (chambardement)
  • Je peux compter sur vous les gars ? / En voilà une question ! – (77964)
  • Cette nuit de Saint-Barthélémy ressemble bougrement à une nuit de 14 juillet. Ma mine s'allonge. Il n'y a pas eu de Saint-Barthélémy. – (allonger le visage)
  • À l'instant où crachaient les mitrailleuses, des officiers, blêmes et peloteurs, parcouraient les batteries, se disaient démocrates, adversaires de l'intervention, et juraient leurs grands dieux qu'un programme était arrêté – (peloteur, cracher)
  • J'ai idée que l'amiral prépare un nouveau coup. – (17449)
  • il y a officiers et officiers. Il y a les officiers du Grands Corps, ce sous-produit de jésuitière, et il y a les assimilés : toubibs, commissaires, mécaniciens. Le Grand Corps traite les toubibs et les commissaires, qui ont de la « classe sociale », avec condescendance ; il méprise les mécaniciens, qui sont des ouvriers. – (il y a X et X, jésuitière)
  • Avant d'être officier-mécanicien, on a été matelot mécanicien. Tous les gradés de la machine sortent du rang, sont montés à la force des poignets. – (58616, à la force du poignet)
  • Bien entendu, les « bouchons gras » rendent dédain pour dédain. Leur supériorité est d'ailleurs évidente, car il est plus difficile de conduire la machinerie effroyablement compliquée d'un navire de guerre que de trouver un caillou où s'échouer. – (bouchon gras)
  • Ces gens sans aïeux, fruits de générations spontanées, comme toute populace, préfèrent naturellement la République à Monseigneur Gamelle. – (77966)
  • Tu voudrais que la gloire de cet officier révolutionnaire rejaillisse sur toute la corporation ? Tu vas un peu vite. – (69813)
  • L'amiral est débarrassé du plus dangereux de ses bateaux. Cela signifie que la révolte a vécu. L'intervention aussi. – (77967)
  • Reconnais, Vignes, que tout bien pesé, vaut mieux que ça finisse sans pétard. T'as beau dire, une casquette civile c'est moins lourd qu'une viscope [(1) Coiffure des condamnés aux Travaux Publics.] – (viscope, 54587)
  • J'ai reconnu tout ce qu'il a voulu. Je suis las d'argumenter, j'en ai par-dessus la tête. – (en avoir par-dessus la tête)
  • Pour Jérémie, l'avenir, c'est la petite pêche à Pornic, et pour moi le long-cours. Un bel avenir ! –À la pêche, dit Jérémie, on turbine dur, mais on n'est l'esclave de personne. – (turbiner)
  • Et quand tu entendras les marquis que ton pays envoie à la Chambre parler de patrie, drapeau et autres fariboles, fous-leur ta botte à travers la gueule. – (en travers de la gueule)
  • Si tu passes un jour par Saint-Naze, viens voir le copain Jérémie. On rigolera en se rappelant nos aventures. – (Saint-Naz')
  • Feu le Mirabeau, sorti de cale sèche, s'en est allé à la remorque de la Justice. Il la foutait mal, mon gros-cul. – (ça la fout mal)
  • Bizerte, toujours Bizerte. Depuis que j'ai l'honneur de porter le col bleu, ce sale patelin m'attire comme le pôle magnétique l'aiguille aimantée. Enfin, je présume qu'on n'y croupira pas. – (col bleu)
  • Encore sommes-nous favorisés, dans la marine. Nous rapportons également notre tête, nos deux bras et nos deux jambes. Il est vrai que nous rapportons aussi le paludisme ou la vérole, parfois le paludisme et la vérole, sans parler de la goutte militaire, si bien nommée. – (goutte militaire)
  • Il est vrai que nous rapportons aussi le paludisme ou la vérole, parfois le paludisme et la vérole, sans parler de la goutte militaire, si bien nommée. Désagréments qui n'ouvrent pas droits à pension, comme on dit en jargon toubibistique, parce que le paludisme peut dater d'avant-guerre, et que la vérole s'attrape en dehors du service. – (77968, jargon)
  • L'Iris [chalutier] lève l'ancre en même temps que le Jean-Bart [cuirassé], la coque de noix se place dans le sillage du mastodonte. – (coque de noix)
  • Mais le gros-cul file douze ou quinze noeuds, le chalutier six. Nous sommes bientôt seuls sur la vaste mer, plate comme un roman d'académicien. – (77969)
  • Le sympathique commandant du croiseur auxiliaire Iris a établi le quart en trois bordées : huit heures de repos, quatre heures de travail. La bonne vie. – (64407)
  • Deux bordées ou trois bordées, pour lui c'est chou vert et vert chou, il a toujours seize hommes à nourrir. Et qui bouffent, les goinfres ! – (chou vert et vert chou, goinfre)
  • Nous frôlons la France au pont désert, entrons dans le lac et mettons le cap sur les deux chancres, Sidi-Abdallah l'arsenal et Ferryville la fayotière. Une heure de marche, puis l'ancre tombe sur fond de vase. Ici, tout est vase et pourriture. – (77970)
  • nous devrions aller à terre. C'est notre droit, on nous le refuse, je le prends. J'irai à terre ce soir. –Vas-y si ça t'amuse, dit Cosquer. Mais vas-y à la nage. – (61725)
  • –J'irai donc à la nage. –Et si on te poisse, tu te bombes de perme ! –Qu'ils se la collent au cul, leur perme. – (poisser, se bomber, pouvoir se foutre qqchose au cul)
  • nu comme un ver, je saute dans le jus. Je nage des pieds et du bras droit, ma main gauche tenant la ligne par quoi je remorque la baille. – (nu comme un ver, jus)
  • Quand elle a accompli son devoir professionnel, avec des coups de reins dont la clientèle ordinaire ne bénéficie pas, elle m'abasourdit de questions. – (coup de rein)
  • Tu me parles de la France, et c'est justement à cause de ce bateau qu'on a soupçonné ici qu'il s'était passé du bizarre et du pas clair à Sébastopol. – (pas clair)
  • –Le commandant et les officiers avaient donné leur parole d'honneur qu'il n'y aurait pas de punitions. –Oui, ils l'avaient donnée, le couteau sous la gorge. Ça ne compte pas, tu penses. – (le couteau sous la gorge, tu penses !)
  • À présent, je t'écoute, mon joli. – (77971)
  • Mais lorsque je sors, content de moi, une patrouille est là pour me cueillir. J'aurais dû me méfier de la bordelière, sinon de Marinette. Un maître, sabre et revolver, et quatre matelots, baïonnette au canon, me mènent au poste de garde et m'y bouclent. – (cueillir, bordelier)
  • À sept heures, on me transfère à la caserne des Ouvriers Militaires, où un fayot essaye de me cuisiner. Je consens à lui dire que j'appartiens au chalutier Iris, que je n'ai pas le typhus, et que je suis parti à la nage. La baille, qu'on retrouvera, prouvera ma sincérité, et l'innocence de Cosquer. – (cuisiner)
  • Les factionnaires étaient des baharias, indigènes recrutés à coups de trique par la nation protectrice, en vertu du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Ces zèbres-là ne plaisantent pas sur la consigne ; pour un rien, ils vous foutraient une baïonnette dans le ventre, voluptueusement. – (64787, pour un rien)
  • Zigouiller un chien de roumi, même de l'espèce méprisable qui va en tôle, c'est l'ambition de tout bon musulman. – (roumi)
  • Quand je m'endormais, […] je rêvais que les bolcheviks étaient à Bizerte et qu'ils découpaient en lanières, avec des couteaux pareils au mien, les vieux jetons de l'Amirauté. – (vieux jeton)
  • Ma permission passait à l'as, comme Cosquer me l'avait prédit. Il y a un an et demi que j'attends une permission. – (passer à l'as)
  • Une sonnerie de clairon, et le greffier lit la sentence. –Au nom du peuple français… D'une fenêtre, quelqu'un lance : –Le peuple français t'emmerde, face d'âne ! […] On remet ça. Nouvelle sonnerie, nouvelle tentative du greffier. –Au nom du peuple français… –Mais puisqu'on te dit que le peuple français t'emmerde ! – (je t'emmerde, face d'âne)

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