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Ventes Drouot de l'atelier de Gourdon | 2013-02-21

L’hôtel Drouot disperse les œuvres de Michel Gourdon, disparu en 2011, pape de l’illustration du roman noir et d’espionnage. Un maître méconnu. ()

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Coups de crayon et petites pépées

« C’est toi le venin », « Mollo sur la Joncaille », « La mort n’a pas de faux cils » : un bon polar, c’est d’abord un bon titre. Jusqu’aux années 1970, c’était aussi un bon dessin, presque photographique, sur la couverture.

Et le meilleur dans le genre s’appelait Michel Gourdon, l’homme qui a façonné les couvertures de San Antonio et d’OSS 117 pendant des années, les collections Police, Feu, Espionnage, Angoisse, Grands Romans, Présence des Femmes au Fleuve Noir, jusqu’en 1978. Il faisait même dans l’érotique, dans la revue « Paris Flirt ». Tout, sauf la science-fiction.

Un seigneur, un artiste mais caché, dont le nom n’apparaissait jamais en gros. À tel point que la vente à l’hôtel Drouot et l’exposition qui l’accompagne demain et samedi s’apparentent à une rétrospective pour lui (re)donner sa vraie place, celle d’un peintre hyperréaliste, disparu en 2011 sans descendance et dans l’anonymat. Ses gouaches originales sont mises en vente entre 300 et 500 €, sans prix de réserve, ce qui signifie que, sur 279 lots, avec un peu de chance, certains partiront même pour moins. Pour 2 ou 3 billets de 100, ces tableaux ne sont pas des croûtes mais vibrent de chair. Un monde idéalisé, peuplé de femmes fatales et d’innocentes blondes trop belles pour être honnêtes.

Une vie de père tranquille

« C’était un technicien hors pair. Le nombre de fois où les gens ont pensé que ses peintures étaient des photos… On reconnaît toujours le trait de Gourdon, très personnel. Ses compositions sont formidables, et les filles si sexy », souffle Elisabeth Haroche, éditrice, qui l’a connu toute petite. « J’habitais avec mes parents à la campagne et lui y avait une maison, dans le Perche, où il venait avec sa femme. C’était un énorme bosseur qui travaillait tous les jours, week-end compris, de façon solitaire, dans son atelier sous les combles. Michel a passé sa vie à illustrer des romans, mais ce n’était pas du tout un lecteur. Il avait quelques bouquins du Fleuve Noir, mais je le soupçonne de ne jamais en avoir lu aucun… » sourit son amie. L’éditeur lui envoyait deux ou trois lignes de résumé et lâchait la bride à son imagination, nourrie de films noirs, d’un sentimentalisme coquin, d’une sorte de fausse candeur surjouée.

Après avoir fait les beaux-arts à Bordeaux, ce surdoué, frère aîné du sculpteur et illustrateur Aslan — à qui il avait laissé le gros contrat de la pin-up dessinée du magazine « Lui » —, vivait en père tranquille : jardinage, pétanque, billard. « Il parlait très peu d’art. Il avait conscience de son talent mais était très humble », se souvient Elisabeth Haroche. Après la fin de son contrat chez Fleuve Noir en 1978, il réalise des portraits pour « Télé 7 Jour » de Michel Drucker, Dorothée ou Evelyne Leclerc. « Il avait besoin de façon viscérale de dessiner », selon son amie. N’importe quelle commande ou presque. Il avait quand même un souhait : rencontrer Frédéric Dard, le père de San Antonio, mais cela ne s’est jamais fait. L’ermite du Perche est resté dans l’ombre jusqu’à bout.

http://dai.ly/x1xoncu

YVES JAEGLÉ | 21 Févr. 2013, 11h17 | MAJ : 21 Févr. 2013, 11h17

Source : http://www.leparisien.fr
Posté par gb