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Le coût de la gratuité pour les écoles françaises à l'étranger | 2010-04-11

Sur les effets pervers de la gratuité des écoles françaises à l'étranger ()

Avec 250 000 élèves, le succès de l'enseignement français à l'étranger ne se dément pas. Les 350 établissements placés sous l'autorité de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), qui a fêté ses vingt ans, vendredi 9 avril à Paris, ont vu leurs effectifs augmenter d'environ 5 000 élèves par an entre 2006 et 2008, puis seulement de 3 000 en 2009, probablement sous l'effet de la crise. Même pression de la demande dans les 110 établissements gérés par la Mission laïque française (MLF), qui accueille 20 % des élèves.

Mais ce fleuron de la présence française dans le monde menace de s'étioler. En cause, la gratuité accordée aux élèves français appliquée niveau par niveau depuis 2007 - aux inscrits de terminale d'abord, puis à ceux de 1re et, depuis la rentrée 2009, à ceux de la classe de 2de. Cette mesure, promise par Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle, s'annonce peu "soutenable" dans la durée. Elle bride le développement du réseau, et menace son caractère international.

Une fois étendu jusqu'à la maternelle, le coût du dispositif se chiffrerait à 700 millions d'euros, selon le ministère des affaires étrangères. La perte pour les établissements est aujourd'hui compensée par l'Etat.

Mais, de Londres à New York, les effets collatéraux se font sentir et inquiètent. "L'Etat nous demande de nous autofinancer à 60 %, or ce sont les familles qui sont notre première source de financement", explique Anne-Marie Descôtes, directrice de l'AEFE. Nombre de couples binationaux saisissent l'opportunité de la gratuité pour inscrire leurs enfants dans les écoles françaises. Les élèves étrangers (60 % de l'effectif dans le réseau AEFE, 80 % dans celui de la Mission laïque) sont refoulés au profit des Français, et leurs droits d'inscription ont augmenté.

"A l'avenir, le réseau risque de perdre son âme et de devenir franco-français", redoute le président de la MLF, Yves Aubin de La Messuzière. Autre conséquence, les grandes entreprises, comme Carrefour, Bolloré ou Air France, ont supprimé les sommes qu'elles versaient aux établissements pour la scolarisation des enfants de leurs personnels expatriés, forfaits qui excédaient souvent le montant des droits de scolarité.

Du Parlement au Quai d'Orsay, plus personne ou presque ne soutient ce dispositif jugé inéquitable car accordé sans condition de ressources. Face aux critiques, le gouvernement a accepté de faire une pause. A la rentrée 2010, la gratuité ne sera pas appliquée aux élèves de 3e. Mais ira-t-il plus loin ? Le réseau retient son souffle.

Brigitte Perucca

    Source : http://www.lemonde.fr/
    Posté par gb