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Publication de Chroniques du Paris apache (1902-1905) | 2008-11-24

Publication de deux récits sur les apaches parisiens ()

chroniques-du-paris-apache.gif: 326x475, 64k (2010-07-08 22:21)

« Leurs cheveux coupés en "boule" derrière ou "en paquet de tabac", laissant luire - encore avant la guerre - des éclairs de peau grise qui allaient d’une oreille à l’autre et invoquaient avec cynisme des impressions de guillotine après la toilette du condamné. Leurs nuques rasées bombaient entre le col et la casquette. Elles étaient le signe distinctif des "aminches", des "potes" ou des "gonzes poilus" que l’idée de la mort emplissait d’une gouaille sinistre et redoutable. » Ces quelques lignes écrites par Francis Carco (in Panam) au sujet des apaches, nous ramène près d’un siècle en arrière à Paris. Ces voyous sévissaient alors du côté de Belleville et de Ménilmontant. Ces "sauvages" ou ces "barbares" comme les qualifiait la presse de l’époque, faisaient trembler le bourgeois. Surveillés par la police, ils s’affranchissaient des règles par le vol, le coup de couteau, le revolver, l’organisation de la prostitution et le racket.

Ce petit préambule pour vous signaler la parution d’un ouvrage intitulé Chroniques du Paris apache (1902-1905), édité au Mercure de France (in collection Le Temps retrouvé, nov. 2008, 17,50 €). Ce livre compile deux récits (Mémoires de Casque d’or, et La Médaille de mort de Eugène Corsy, qui proposent deux points de vue différents, celui des truands et celui des flics, sur ces bandes du milieu parisien de la Belle Epoque. L’un est donc interne, les Mémoires de Casque d’Or, recueillis par un journaliste de la revue Fin de Siècle en 1902, au moment où Amélie Élie, égérie des apaches, prostituée célèbre, amante de deux chefs rivaux, Manda de la Courtille et Leca de Charonne, est déjà devenue une figure de folklore. L’autre texte (La Médaille de mort) reprend le récit du gardien de la paix Eugène Corsy témoin, en 1905, de la mort d’un de ses collègues, Jospeh Besse, dézingué par un souteneur à la sortie d’un café de la rue des Amandiers, à Charonne. Le meurtrier, arrêté, jugé, échappera de peu à la guillotine.

L’intérêt de ces écrits croisés est de faire revivre un certain Paris oublié, son espace et sa topographie, ses cafés et ses caches, ses habitudes, ses métiers, ses mots (le fameux argot), ses milieux divers, sa dangerosité. Le premier texte donne naissance à la mythologie du Paris canaille, décrivant les habitudes, les pratiques, les figures, les rituels et la langue d’un milieu fascinant. L’autre texte n’a rien de romantique. Il décrit la violence de la voyoucratie parisienne de l’époque, cherchant à culpabiliser les fauteurs de trouble et à rendre hommage au policier assassiné. Il souligne une demande grandissante de sécurité au sein de la population apeurée par la multiplication des affaires, des attaques, et leur médiatisation effervescente par les journaux. Comme si la ville et ses habitants éprouvaient tout à la fois l’envie de se faire peur et le besoin de se rassurer. Un désir ambigu qui n’a pas changé.

À lire également sur le même sujet :

  • Apaches, voyous et gonzes poilus, Claude Dubois, éd. Parigramme, 1996
  • La Bastoche, bal musette, plaisir et crime, Claude Dubois, éd.du Félin, 1997, 414 p.
  • Francis Carco, biographie établie par Jean-Jacques Bedu et Gilles Freyssinet, éd. Robert Laffont, col. Bouquins, 2004, 1 230 p., 31 €

    Source : http://paris.evous.fr/(valider les liens)
    Posté par gb