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L'invention du président bling-bling | 2008-01-03

Mais qui a dit, avant les autres, qu'il était bling-bling ? ()

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La guerre des «bling-bling»

MEDIAS - Qui a le premier affublé le Président de l'expression «bling-bling» ? La polémique fait rage entre confrères...
Le Point, Marianne ou Libération ? Qui le premier a collé l’expression «bling-bling» au chef de l’Etat ?

C’est Marianne(valider les liens) qui a lancé cette petite polémique lexicale, se gaussant de la une de Libération du 19 décembre (« Président bling-bling ») et reprochant au quotidien de leur avoir plus ou moins piqué la formulation. «Nous avons employé cette expression “droite bling-bling” après la nuit du Fouquet’s en mai dernier», écrit l’hebdo. Et d’ajouter : «Quelqu’un peut-il dire mieux?»

Mais oui, mais oui, a répondu Le Point ce jeudi, en entrant dans la course à la paternité: «(Nous) sommes ravis de participer. Car c’est nous, avant la nuit du Fouquet’s, qui avons lancé en politique cette expression empruntée à l’univers du rap, au cours d’un abécédaire de l’anti-sarkozysme.»

L’hebdo cite ainsi non sans fierté son article publié le 3 mai (soit plus de quinze jours avant celui de Marianne, qui date du 19 mai) : «Lunettes Ray-Ban, chaîne en or, chronographe Breitling au poignet : comme eux (les rappeurs), le candidat de l’UMP aime les marques, le luxe, ce qui brille. Bref, ce que, dans la mythologie hip-hop, on appelle le “bling-bling”.»

Cette réponse du Point amuse beaucoup Nicolas Domenach, l’auteur du fameux l’article de Marianne. «C’est quand même drôle d’apprendre six mois plus tard que c’est un magazine sarkozyste qui s’est permis le premier tant d’irrévérence ! Et dire que personne ne s’en était rendu compte!»

Pour Marianne, même deuxième, c’est eux qui ont «véritablement popularisé l’association Sarkozy-bling-bling». Et Domenach, de citer sa fille, fan de rap, qui s’était exclamée à propos de Sarkozy : «Mais il va arrêter de bling-blinguer... !»

De la Jamaïque à l’Elysée

Selon The Urban Dictionary(valider les liens), le terme provient de l’argot jamaïcain et se réfère par onomatopée au bruit de l’or et à l’éclat des diamants. L'expression, apparue dans les guettos américains, aurait été popularisée avec le succès de la chanson « Bling Bling(valider les liens) », un tube de 1999 des The BG. Jargon gangsta rap, le terme ne désigne pas que les bijoux et l’accoutrement des rappeurs, mais aussi le style ostentatoire et excessif de leur mode de vie.

Comment le mot a-t-il donc fait son chemin jusqu’à Nicolas Sarkozy ? «C’est un paradoxe, estime le linguiste Jean Véronis. Le terme véhicule une culture à l’opposé de l’UMP en général et de Nicolas Sarkozy en particulier. Après “la racaille” et le “Karcher”, personnellement, je n’aurais pas choisi ce terme. Sarkozy est plus dans la catégorie m’as-tu vu, nouveau riche, “La Vérité si je mens”, que dans l’univers du rap», ajoute le linguiste blogueur.

Alors comment expliquer un tel succès ? Pour Nicolas Domenach, de Marianne, le mot a accroché car Nicolas Sarkozy représente «un choc historique, dans la droite française, quand on pense au côté mormon de De Gaulle». Et l’expression offre également une suite imagée à celle de «gauche caviar».

«Le bruit des machines à sous»

Véronis estime qu’«Il y a les gens qui connaissent la référence, et à qui le paradoxe plaît, mais que le grand public entend simplement dans "bling-bling" le bruit de l’argent tel qu’il peut sonner dans les machines à sous».

«L’univers de Sarkozy est à l’opposé du rap, mais finalement, ils se retrouvent dans la même célébration de l’argent. Afficher le fric, la maille, c’est la modernité, le même culte du veau d’or », analyse le journaliste de Marianne. Et de conclure : « Le mot est dans l’air du temps et nous sommes tous dans une perpétuelle réinvention des expressions. Celui-ci, en tout cas, restera dans l’histoire.»

A Libération, Olivier Wicker, à l’origine de la une «Président bling-bling», estime que cette guéguerre lexicale est ridicule : « L’expression n’est pas un modèle déposé. Pour nous, elle a fait sens après la révélation publique de l’idylle Sarkozy-Bruni. La tendance show off et le bling-bling sont omniprésents dans les défilés de mode et chez les people depuis quelques années. Le président, en s’affichant avec un ex top model, qui fut une star des podiums, justifiait pleinement la référence.»

Emmanuelle Jardonnet (Publié le 3 janvier 2008)

    Source : http://www.20minutes.fr/
    Posté par gb