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Un Giscard sous la coupole | 2004-12-17

Quelle brillante fin de carrière. ()

Valéry Giscard d'Estaing reçu sous la Coupole

L'ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing a été élu il y a un an au fauteuil numéro 16 de l'ancien président du Sénégal Léopold Sédar Senghor, lui-même élu en 1983.

L'ancien président de la République française, Valéry Giscard d'Estaing, a fait jeudi 16 décembre son entrée officielle à l'Académie française, une des plus vieilles institutions du pays. M. Giscard d'Estaing y occupe le fauteuil numéro 16, celui de l'ancien président du Sénégal, le poète Léopold Sédar Senghor, apôtre de la "négritude".
A 15 heures précises, la quasi-totalité des académiciens ont pénétré dans l'hémicycle, accompagnés par des roulements de tambour, conduits par Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel. De nombreux ministres ou anciens ministres étaient présents, notamment le premier ministre Jean-Pierre Raffarin, le président du Sénat Christian Poncelet, le ministre de l'intérieur Dominique de Villepin, de même que Raymond Barre et Simone Veil ainsi que le président sénégalais, Abdoulaye Wade. Les industriels sont également venus, comme Serge Dassault, Jean-René Fourtou, Claude Bébéar, les Bettencourt, ainsi que les écrivains François Nourissier, les époux Robbe-Grillet et toute la famille Giscard d'Estaing.
Conformément à la tradition, M. Giscard d'Estaing a fait un discours en hommage à son prédécesseur, M. Senghor. "Observons ici que les deux personnalités les plus remarquables de la période post-coloniale en Afrique de l'Ouest, le président Senghor et le président Houphouët-Boigny, effectuent des choix de sens contraire : pour Houphouët-Boigny, qui décrivait malicieusement le président Senghor comme 'un Français peint en noir', le développement économique doit nécessairement précéder le développement culturel. Pour Senghor, c'est l'inverse", a dit M. Giscard d'Estaing.
L'académicien a ensuite évoqué "la négritude", "l'intuition initiale d'un ensemble de valeurs, de perceptions, de savoirs, de modes de communication propres à l'homme noir", "une démarche autonome, volontairement différente, visant à l'épanouissement propre de la pensée africaine".
La cérémonie de "remise de l'épée", en présence de ses amis et notamment du ministre de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres, a eu lieu mercredi soir au Musée d'Orsay, loué pour l'occasion par le ministère. Marina Picasso et Claude Bébéar (en charge de la souscription pour financer l'habit et l'épée du nouvel "immortel", selon la tradition) ont remis son épée à VGE. Celui-ci a choisi de "recycler" sa vieille épée de polytechnicien.
L'Académie, fondée en 1635, est chargée de veiller au respect de la langue française. Les académiciens sont élus à vie. Leur mission première est la rédaction de leur fameux dictionnaire. Il n'est toutefois pas nécessaire d'être écrivain pour postuler. M. Valéry Giscard d'Estaing, qui est le sixième chef d'Etat à entrer à l'Académie, est l'auteur de quelques essais comme "Démocratie française" (1976) ou "Le Pouvoir et la vie" (1988 et 1990), et il a écrit ses Mémoires en deux volumes.
Avant M. Giscard d'Estaing, plusieurs présidents ou chefs de l'Etat avaient été élus dont Philippe Pétain (1929) et Adolphe Thiers (1833). Par ailleurs treize présidents du conseil ont été "immortels", ainsi que deux premiers ministres, 87 ministres et 75 diplomates. Quatre femmes siègent ou ont siégé au sein de cette institution essentiellement masculine.

Avec AFP

A 78 ans, l'ex-président a été reçu hier par l'Académie française devant un parterre très mondain.

Il y est. Valéry Giscard d'Estaing, 78 ans, dont l'élection avait suscité une vive polémique l'année dernière, a fait son entrée, hier, à l'Académie française devant quelque cinq cents personnes qui se pressaient sous la coupole de l'Institut. Il a pu savourer l'occasion en présence de nombreux ministres, notamment le premier d'entre eux, Jean-Pierre Raffarin, rescapé du giscardisme, et le président du Sénat, Christian Poncelet, le ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, de même que Raymond Barre et Simone Veil. Le président sénégalais, Abdoulaye Wade, est également venu exprès à Paris : Giscard occupe désormais le fauteuil de l'ancien chef d'Etat du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. Ainsi que le veut la tradition, l'auteur du Passage, roman coquin qui fit hurler de rire ses rares lecteurs, a prononcé un discours d'une heure sur Senghor avant de laisser la parole à l'écrivain Jean-Marie Rouart. Retraçant la vie politique de l'Ex, le romancier l'a décrit en «Mozart de la politique» avant de l'égratigner : «Vous avez toutes les qualités. Toutes... sauf une [...], la psychologie. Vous vous trompez rarement dans vos analyses, il vous arrivera de vous tromper sur les hommes.» Après avoir énuméré les réformes du septennat 1974-1981 (abaissement de la majorité à 18 ans, généralisation de la Sécurité sociale à tous les Français, loi sur l'interruption volontaire de grossesse), il n'a pas hésité à parler des «revers et des ombres» du septennat, comme l'affaire des diamants qui a terni la fin de son mandat. Raffarin a vécu cette cérémonie comme «un grand moment avec un grand niveau d'émotion».

La cérémonie de «remise de l'épée» avait eu lieu la veille en présence de ses amis et notamment du ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, au musée d'Orsay, loué pour 18 000 euros. La facture a été réglée par le ministère de la Culture, comme l'a révélé le Canard enchaîné au motif que c'est grâce à Giscard que «la décision de créer ce nouveau musée, dédié à l'art du XIXe siècle, a été prise en 1977». Décidément très économe, l'ancien président du conseil régional d'Auvergne battu en 2004 a recyclé sa vieille épée de polytechnicien et a récupéré le bicorne et la cape de son père, Edmond, qui était membre de l'Institut. «On a donc réuni le tout-Paris pour te remettre quelque chose qui t'appartenait déjà», s'est amusé Jean d'Ormesson devant un parterre très mondain avec des personnalités comme Henry Kissinger ou Michèle Alliot-Marie.

Vanessa Schneider (vendredi 17 décembre 2004 - Libération)

    Source : http://www.lemonde.fr/ ; http://www.liberation.fr/
    Posté par gb