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Algérie et francophonie | 2004-11-27

Sur la situation de la langue française en Algérie. ()

Bouteflika veut réhabiliter la langue française

L'Algérie pourrait enfin annoncer son adhésion

Deuxième pays francophone après la France, l'Algérie officielle traîne ce «vestige de la colonisation» comme une maladie honteuse. Malgré les sollicitations des pays membres de l'Organisation internationale de la francophonie, le gouvernement algérien continue de se faire prier pour adhérer à un mouvement, rejeté depuis sa création comme «l'instrument d'une idéologie néocoloniale».
Dès l'indépendance, les chantres de l'arabo-islamisme ont réussi à imposer une identité artificielle, exclusive et intolérante, au mépris des réalités d'une Algérie plurielle, qui pratique l'arabe aussi bien que le berbère et le français. Après les émeutes sanglantes d'octobre 1988, le président Chadli accepte des réformes démocratiques en trompe l'oeil : pluralisme politique contrôlé et ouverture artificielle des médias sont les deux vitrines du régime. Mais la remise en cause des «acquis de la révolution culturelle», dont l'arabisation forcenée, relève toujours de l'hérésie.
Dans l'école arabisée, l'enseignement religieux a, depuis les années 80, pris le pas sur les sciences et l'esprit cartésien. Dès l'école primaire, les élèves sont soumis à un programme «surréaliste» : apprendre les techniques permettant de faire la toilette des morts et de lapider la femme adultère ! Pour soustraire leurs enfants à cette «école qui fabrique des croyants et des militants», des parents d'élèves se regroupent en associations pour créer des «écoles libres». Parti d'Alger, le réseau s'étend à plusieurs villes du centre, notamment en Kabylie. En collaboration avec le Cned, ces écoles privées dispensent les programmes français. Sans subventions de l'Etat, elles affichent des résultats bien meilleurs que ceux de l'école publique, malgré un statut de semi-clandestinité.
En arrivant au pouvoir, en 1999, Abdelaziz Bouteflika veut réhabiliter les langues étrangères, et singulièrement le français. La commission pour la réforme du système éducatif, présidée par le recteur Benzaghou, fait des recommandations audacieuses. Sous la pression du lobby panarabiste, elles resteront dans les tiroirs, excepté un retour timide du français en deuxième année primaire depuis septembre 2004. Abou-Bakr Benbouzid, ministre de l'Education nationale, avoue la difficulté d'aller plus loin : «La commission Benzaghou avait émis la proposition d'enseigner les matières scientifiques en français, mais le Conseil des ministres a refusé cette suggestion. (...) Il a été très difficile pour le gouvernement d'introduire les langues étrangères dans le système éducatif algérien, car chacun a son mot à dire, il y a les conservateurs et les démocrates.»
Pour caresser les islamistes dans le sens du poil, il décide de sacrifier les écoles privées, sommées, avant mars 2005, d'arabiser leurs programmes, sous peine de fermeture.
Cette valse hésitation d'Abdelaziz Bouteflika relève en fait d'un subtil exercice tactique. Au-delà de ses envolées lyriques, bien malin qui réussira à percer sa stratégie réelle à l'égard de la langue française. Dans la politique de réconciliation avec la France initiée au début de son premier mandat, il a franchi les obstacles dressés par ses alliés islamo-conservateurs avec succès.
Grâce aux positions officielles de la France, aussi bien sur la guerre d'Irak que sur le conflit israélo-palestinien, le président algérien joue maintenant sur du velours, et les national-islamistes les plus antifrançais se retrouvent désarmés. Au Xe Sommet de la francophonie, à Ouagadougou, il devait, selon des indiscrétions de son entourage, briser un nouveau tabou : annoncer enfin l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation internationale de la francophonie.

Alger : Arezki Aït-Larbi

    Source : http://www.lefigaro.fr/
    Posté par gb