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La francophonie en péril au Vietnam ? | 2004-11-24

« Loin des mythes qui présentent le Vietnam comme un grand pays francophone, la langue française se bat aujourd'hui pour sa survie dans cette ancienne colonie française, dont le développement passe par l'ouverture sur le marché mondial et sa première langue de travail, l'anglais. » ()

Au-delà des mythes, la langue française lutte pour sa survie au Vietnam

Loin des mythes qui présentent le Vietnam comme un grand pays francophone, la langue française se bat aujourd'hui pour sa survie dans cette ancienne colonie française, dont le développement passe par l'ouverture sur le marché mondial et sa première langue de travail, l'anglais.

Quand Hanoï a accueilli le sommet de la Francophonie en 1997, Paris ambitionnait de former 5% d'une classe d'âge de francophones.
Un but démesuré: "Ce n'était pas un objectif vietnamien. C'était un véritable excès d'ambition française qui n'a jamais été validé par Hanoï", relève un observateur.
Depuis, la stratégie de la Francophonie a été repensée.

"On est revenu de cette vision surannée. Nous voulons que le français s'impose comme deuxième langue vivante étrangère", explique Stéphan Plumat, directeur Asie-Pacifique de l'Agence intergouvernementale de la francophonie (AIF).
L'AIF estime à 500.000 le nombre de francophones dans ce pays de plus de 82 millions d'habitants. Soit 0,6% de la population. Aujourd'hui, ajoute-t-il, "le français est en lutte pour ne pas disparaître et rester une grande langue".
À l'époque de la colonisation, le français n'était répandu que dans les milieux intellectuels et bourgeois, auprès de l'élite mandarinale et administrative. En 1942, moins de 70.000 élèves avaient accès à l'enseignement en français.
"Ces lettrés n'ont jamais constitué qu'une frêle couche, qui a, certes, permis de mener à bien certains desseins, mais était trop mince pour supporter un projet linguistique de grande ampleur", souligne un diplomate français à Hanoï.
C'est sur cette base déjà fragile que s'est amorcé le déclin du français au moment de l'indépendance du pays. Dans le Nord, le régime communiste a interdit son enseignement. Dans le Sud, l'influence française s'est affaiblie face au modèle américain.
Après la fin de la guerre en 1975 et la victoire communiste, l'influence soviétique a donné du poids aux langues d'Europe de l'Est. Aujourd'hui, les premiers investisseurs parlent chinois, japonais ou coréen. Et l'anglais est la langue incontournable de l'intégration internationale.
Quelques sexagénaires nostalgiques cultivent encore un français magnifique et fustigent la progression de l'anglais. "L'influence des pays francophones est minime par rapport à celle des anglo-saxons", constate Dao The Tuan, 73 ans. Ce militant de la langue française a fondé un département de recherche au sein de l'Institut national des sciences agricoles du Vietnam. "Nous sommes l'unique équipe de chercheurs du pays entièrement francophone. Et bien, nous n'avons plus aucun projet avec la France. L'avenir du département, on ne le voit pas", se lamente-t-il.
Pour cette génération et parfois pour leurs enfants, le français est porteur d'une certaine distinction. Mais la survie de la langue se jouera sur des enjeux concrets.
Plus de 17.000 étudiants vietnamiens fréquentent aujourd'hui 650 classes bilingues. Environ 31.000 Vietnamiens apprennent le français comme deuxième langue vivante dans le cadre d'une phase expérimentale menée entre 2001 et 2004. Et près de 3.000 Vietnamiens étudient en France, dont 600 avec une bourse du gouvernement français.

À l'heure de l'entrée prochaine du Vietnam dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC), l'urgence est économique.
"Le défi que la Francophonie au Vietnam doit relever est celui de l'insertion dans le monde professionnel des jeunes francophones", ajoute le diplomate français. Or, ajoute-t-il, "chaque année, des centaines de jeunes francophones se coupent peu à peu de la langue française en exerçant des emplois où seul le vietnamien, et parfois l'anglais, est en usage".

    Source : http://www.courrierinternational.com/AFP/
    Posté par gb