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Militants du bilinguisme franco-basque contre SNCF, le procès | 2004-01-09
La SNCF préfère l'anglais au basque, « compte tenu de la présence de touristes ». L'histoire ne dit pas ce que les touristes préfèrent. ()
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Le procès agité de militants basques adeptes du bilinguisme
Dans un palais de justice de Bayonne encadré par la police, 63 personnes appartenant au mouvement Démocratie pour le Pays basque (d'où leur surnom de "Démos") comparaissaient, jeudi 8 janvier, en audience correctionnelle. Elles étaient poursuivies après une plainte de la SNCF pour entrave à la circulation des trains. Le procès s'est clos dans la soirée sans que l'affaire n'ait pu être débattue au fond. Réclamant le bilinguisme français et basque dans les services publics, "comme le prône le conseil des élus du Pays basque", mais "exclusivement par la non-violence et la désobéissance civile", sans exclure la dérision et la provocation, les Démos avaient organisé, le 8 novembre 2003, une manifestation dans les enceintes de la SNCF, avec parties de cartes sur les voies entre Bayonne, Biarritz et Hendaye. Ces multiples joutes et défis assis sur les rails avaient bloqué les convois pendant tout un après-midi, et la compagnie avait porté plainte pour entrave à la circulation des trains.
La SNCF refuse les deux langues dans les gares dites nationales (Bayonne ou Hendaye, par exemple), où elle préfère l'usage de l'anglais, compte tenu de la présence de touristes. En revanche, elle concède au conseil régional d'Aquitaine la possibilité d'une signalétique bilingue dans les points d'arrêt régionaux, essentiellement à l'intérieur du Pays basque.
Une position jugée incohérente par le défenseur des Démos, Me Jean-François Blanco. A l'audience, ce dernier a d'ailleurs rappelé que, la veille, le centre hospitalier de la Côte-Basque - un organisme public - avait signé une convention pour faciliter l'usage de la langue basque dans l'établissement, avec des panneaux et des annonces bilingues.
D'emblée, l'avocat a contesté l'impossibilité pour tous les prévenus de s'exprimer devant les juges en langue basque. Si, parmi les 63 Démos, beaucoup sont des fils et filles d'entrepreneurs, commerçants ou artistes engagés dans la défense de l'identité basque en France, d'autres étaient des citoyens espagnols. De nationalité étrangère, ces derniers furent les seuls autorisés à parler en basque avec recours à un interprète. Les autres le tentèrent également dès qu'ils eurent à décliner leur identité, mais la présidente, avec calme et rigueur, ne donna pas suite à leurs propos.
Plusieurs incidents ont émaillé l'audience, les Démos maniant humour et paradoxes pour faire admettre l'usage de la langue basque par des citoyens français dans un palais de justice. A la faveur d'une suspension de séance, ils ont simulé un instant le procès de la SNCF dans la salle d'audience même, tandis que les forces de police se faisaient de plus en plus nerveuses, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du bâtiment, où une foule de sympathisants était venue les soutenir.
Après un ultime échange, ordre était donné d'évacuer les prévenus. Dans les gaz lacrymogènes, les CRS eurent à traîner dans la rue un à un les 63 Démos. Sept personnes ont été blessées, dont un policier. Le procureur a requis de 300 à 600 euros d'amende pour chacun des prévenus. Jugement le 15 janvier.
Michel Garicoix (lemonde.fr)
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Source : http://www.lemonde.fr/
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