RAFLE, subst. fém.
A. −
1. Fam. Action de s'emparer de tout ce qui tombe sous la main sans rien laisser. Synon. razzia (fam.). Faire une rafle. Que faire ? Prendre ce qui restait, faute de mieux (...). Sans choisir, sans hésiter, j'exécutai une rafle générale : je ramassais quelques plâtres et quelques tableaux, des livres de marine (...), tout le bric-à-brac des ministères (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 312).
− Vieilli. Faire rafle. Les voleurs sont entrés dans cette maison et y ont fait rafle (Ac.1798-1878). L'Espagnol avait fait rafle, prudemment, de tout ce qui se trouvait devant lui (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 297).
2. JEUX. Coup où chacun des dés amène le même point et fait gagner toute la mise. Rafle d'as, de rois ; amener rafle ; faire rafle. Plusieurs dés jetés un grand nombre de fois amènent toujours rafle de six (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 2, 1821, p. 132).
B. − Arrestation massive opérée par la police à l'improviste. Synon. descente* (de police), coup de filet* (fam.), razzia (vieilli). Rafles de prostituées sur la voie publique ; la police opère des rafles ; être pris, ramassé dans une rafle ; les rafles de la Gestapo. Alexis fut expédié à Saint-Pétersbourg. Là, il fut ramassé au bout de deux jours (...) dans quelque rafle, et jeté en prison (G. Leroux, Roul. tsar, 1912, p. 121). Un jour où il avait été pris dans une rafle, car il aimait les filles, mon père lui avait évité le poste (Giraudoux, Bella, 1926, p. 96) :
... Louise s'était fait choper à Lyon, une malchance... Prise dans une rafle ordinaire, elle avait été identifiée, une rare déveine, et évidemment aussitôt embarquée. Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 244.
Prononc. et Orth. : [ʀ ɑ:fḽ], [ʀafḽ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 2e tiers du xiiies. rafe « instrument pour racler le feu » (Dit outils de l'hostel, 217 ds T.-L.) ; 2. a) 1371 « jeu de dés où l'on peut enlever toutes les mises d'un seul coup » (doc. ap. B. Prost, Inventaires mobiliers et extraits des comptes des ducs de Bourgogne, t. 1, p. 269 : jeu de la raffle) ; b) av. 1589 « coup où chacun des dés amène le même point, ce qui fait gagner toute la mise » (Baïf d'apr. FEW t. 16, p. 653b) ; 1611 (Cotgr.) ; 3. a) 1585 « butin » (Cholières, 8e Matinée, p. 296 ds Hug.) ; 1645 faire rafle « enlever tout » (Corneille, Suite du Menteur, I, 1 ds OEuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 4, p. 292) ; b) 1828-29 « arrestation en masse faite à l'improviste » (Vidocq, Mém., t. 2, p. 101) Empr. au m. h. all. raffel « instrument pour racler le feu » (FEW t. 16, pp. 653-654). Fréq. abs. littér. : 48. Bbg. Quem. DDL t. 30. (tlfi:rafle)
- rafle n.f. POLICE "arrestation massive et par surprise" - TLF, 1828-29, Vidocq ; GLLF, Lex.[79], GR[85], 1867, Delv. ; DG, FEW (16, 653b), 1890-1900.
- 1843 - «POPLARD. [...] plus moyen de vivre à sa guise, sans craindre les sergents de ville où les municipaux ! CHALUMEAU. Qu'est-ce que nous allons devenir, je vous le demande ? on nous ramasse à la Halle, on nous ramasse aux Champs-Elysées, on fait des rondes majores à l'estam... et des râfles générales sous les ponts.» D'Ennery et Grangé, Les Bohémiens de Paris, 38a (Magasin théâtral) - P.E.
- 1863 - «Je crois qu'ils ne trament rien contre la sûreté de l'Etat, mais je ne l'affirmerais point. Au surplus, si Votre Excellence désirait savoir à quoi s'en tenir, on ferait une râfle ? - Je réfléchirai, répondit le ministre. Au bout de quinze jours, il fit appeler le rusé mouchard. - Peyrade, lui dit-il, j'ai réfléchi beaucoup ; mais avant de prendre un parti, je désirerais savoir ce que c'est qu'une râfle ? - Une râfle, répondit Peyrade, en souriant, c'est ce que les gens du monde appellent improprement une prise.» J. Noriac, Sur le rail, 56-57 (M. Lévy) - P.E. (bhvf:rafle)
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