B.− Fam. [En parlant d'une pers. ou de son attitude] Qui a perdu sa naïveté, qui est hardi, déluré. Malin comme un singe, à la page comme un bombardier, affranchi et dessalé (Cendrars, Moravagine, 1926, p. 238) :
Je ne peux pas vous dire quelle saveur je trouve à nos poilus, aux petits Parigots, tenez, comme celui qui passe là, avec son air dessalé, sa mine éveillée et drôle. Il m'arrive souvent de les arrêter, de faire un brin de causette avec eux, quelle finesse, quel bon sens! Proust, Le Temps retrouvé, 1922, p. 807.
− En partic., emploi subst. fém. Femme de moeurs légères. Une dessalée qui avait jeté son bonnet par-dessus tous les moulins du pays (Zola, Bouton de rose, 1878, I, p. III). (tlfi:dessalé)
- dessalé adj. CARACT. "fig. : déluré" - FEW (11, 81b), E, GLLF, TLF, DFNC, DHR, 1585, Cholières ; Gc, Cholières ; Hu, Félicien ; DLMF 1, Comédies des proverbes [1633].
- 1565 - «Et si par cas fortuit il s'adressoit quelqu'un à elle qui, sans user de toutes ces petites harengues dessalees, vousist aller de droit fil donner dedans l'aneau, Madame la ruzee avecques ses sourcis rabaissés, et comme bien remplie de courrous, lui respondra [...]» J. Tahureau, Les Dialogues, 42 (Droz) - P.E. (bhvf:dessalé)
- Cette expression a plus d'un siècle. (Delvau 1866)
- Vieux mot que l'on trouve dans Molière (Dandin), La Fontaine et Voltaire. (Dech1918)