C. − Au fig.
1. Vieilli, fam. Réprimande violente. Synon. fam. savon. Mongin, un matin, arriva chez Langibout furieux contre une actrice qui leur avait fait donner un « suif général » par Lemeubre pour avoir manqué de respect à sa femme de chambre (Goncourt, Man. Salomon, 1867, p. 48). Nous étions au repos. Le capitaine fut convoqué chez le colonel. Bourbaki lui fit subir un suif (Cendrars, Main coupée, 1946, p. 224).
2. Mod., arg. Bagarre, dispute violente. Synon. grabuge. Il sentait monter en lui et brûler sa rage meurtrière (...). Il lui fallait du suif. Ça soulagerait ses nerfs (Le Breton, Rififi, 1953, p. 158). C'est baissant les yeux, que je suis entré (...) voulant dévisager aucune gonzesse, minimiser les risques de suif (Simonin, Cave se rebiffe, 1954, p. 117).
Être en suif. Être fâché, en froid avec quelqu'un. Car la pipelette renaudait. Et le Nantais ne tenait pas à être en suif avec elle (Le Breton, Razzia, 1954, p. 49).
Chercher du suif. Chercher querelle. Synon. chercher noise (v. ce mot B). Elle devait un rien trouver le temps long, la charmante, surtout si les poulets étaient venus lui chercher du suif, lui demander de mes nouvelles (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 162).
Faire du suif. Faire un scandale. Synon. faire du foin (v. foin1C). Suzanne (...) a dû faire un drôle de suif auprès d'Angelo, que tu m'aies pas laissé étendre (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 64).
B. 1. 1834 « forte réprimande » (Chevalier, in R. maritime, I, 210, ds Quem. DDL t. 38) ; 2. 1935 « bagarre, querelle » (voyous d'apr. Esn. 1966) (tlfi:suif)
- suif n.m. arg. , non conv. RELAT. "réprimande" - GLLF, DFNC, GR[85], DArg., 1855 ; FEW (11, 359a), 1861, Larch. ; L, ø d. Compl.TLF (mêmes réf., ø texte)
- 1834 - «Si vous n'aviez pas été si brutal, nous serions déjà à bord, ou vous courez risque d'attraper un suif pour punir vos lenteurs, et moi des taloches pour guérir mon oreille [...] Le capitaine lui donna le suif qu'avait prédit le malicieux enfant [...]» Chevalier, in R. maritime , I, 210 et 213 - P.E.
- 1845 - «Le commissaire s'empressa dès lors de faire relâcher la Mayeux, son couvert, ses bottes et son parapluie ; puis il administra ce qu'en terme gouvernemental on nomme un suif au sergent de ville qui avait eu le tort d'empoigner si légèrement une jeune fille innocente [...]» Philipon et Huart, Parodie du Juif errant, 100 (Aubert) - P.E.
- suif n.m. arg. , non conv. "par ext." - ø t. lex. réf. ; absent TLF.
- 1844 - «LA VICOMTESSE. Est-ce que M. le baron gardera sa fabrique de chandelle quand il sera receveur-général ? LA BARONNE. Fi donc ! il n'y a pas mèche, il la fera gérer par son fils. M. MATOU, en riant. Ce sera convenable : receveur-général et fabricant de chandelle, ça ne prendrait pas, et les petits journaux carlistes, LA MODE surtout, pourraient bien lui donner un suif. (Tout le monde rit.) M. FABRICHON DE VERDIERE. Le jeu de mots est charmant [...]» J.T. Merle, in La Mode, 25 mars, 508 - P.E. (bhvf:suif)
Marins (Esnault1919)