C. − Au fig.
− Être à cent lieues/à mille lieues. Ne pas être présent par l'esprit ; être comme absent. Il n'écoute pas, il est à mille lieues d'ici (Ac. 1835-1935).
− (Être) à cent/mille lieues de + compl. (Être) très éloigné de.
[Le compl. est un subst.] Les événements de la nuit étaient à mille lieues de sa mémoire (Stendhal, Abbesse Castro, 1839, p. 159). Gabrielle : Je ne dois pas être à cent lieues de la vérité ! (Bernstein, Secret, 1913, I, 6, p. 8). Tout cela était chimère, un rêve de fou, à mille lieues du possible (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 77).
[Le compl. est un inf.] Et il s'en fut dans la tour carrée où je le suivis. J'étais à cent lieues de deviner à quoi il pensait (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 85). Même quand je regardais les choses, j'étais à cent lieues de songer qu'elles existaient : elles m'apparaissaient comme un décor (Sartre, Nausée, 1938, p. 162) :
7. Christophe, entraîné par les ouvriers, s'était jeté dans la bagarre, sans savoir qui l'avait causée. Il était à cent lieues de penser qu'Olivier s'y trouvait mêlé. Il le croyait bien loin déjà, tout à fait à l'abri. Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1324. 2. 1671 sert à indiquer une grande distance (Mme de Sévigné, Corresp., 18 févr. éd. R. Duchêne, t. 1, p. 163 : Ce qui a rapport à vous de cent lieues loin m'est plus agréable qu'autre chose) (tlfi:lieue)
- lieues (être à cent - de + infinitif) loc. verb. non conv. PHRASÉOL. - BEI, 17e (?) ; TLF, cit. Leroux, 1908 ; DEL, Leroux ; GLLF, GR[85], ø d.
- 1866 - «MADAME BRETON. Je sais qu'ils devaient y aller, il en a été question, mais j'étais à cent lieues de croire que ce fût aujourd'hui.» H. Monnier, Paris et la province, 14 (Garnier) - P.E. (bhvf:lieues)