POTEAU, subst. masc.
II. Arg., pop.
A. Ami fidèle. Les autres copains et poteaux, dit Marthereau, faut pas croire qu'i' soyent mieux ni plus bien que nous (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 148). Berlassier et Sarcelotte : de vrais camarades ceux-là, des solides ; des sûrs, des poteaux (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 54). Vous pouvez parler de James Dee (...) à ses anciens poteaux de l'équipe de rugby (AYMÉ, Mouche, 1957, p. 30).
B. Homme du milieu. Les messieurs et leurs dames voisinaient avec les poteaux et les gonzesses, leur passaient des bouteilles, chantaient avec eux des refrains obscènes (L. DAUDET, Fant. et viv., 1914, p. 133).
Prononc. et Orth. : B. Fig. en parlant d'une pers. 1. 1259 « soutien, appui » (RUTEBEUF, Du Pharisien, 68 ds OEuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, p. 253 : maint postiau de sainte Yglise) ; 1400 « appui, ami » (Arch. nat. JJ 155, pièce 273 ds DU CANGE, s.v. postellum : ses posteaulx, c'est a dire les meilleurs de ses amis), ex. isolés ; av. 1873 compter sur un potot (arg. des forçats d'apr. ESN.) ; 2. 1883 arg. des voleurs « chef de bande » (FUSTIER, Suppl. dict. Delvau, p. 543) ; 1914 « homme du milieu » les poteaux et les gonzesses (L. DAUDET, loc. cit.). Dér. (à l'aide du suff. -el, -eau*) du subst. a. fr. post « poteau » (déb. XIIe s. BENEDEIT, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1380), du lat. postis « jambage de porte », au plur. « porte », à l'époque class. ; « pieu, pilotis » au Moy. Âge (av. 532 ds NIERM.). CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p. 296. HOTIER 1973 [1972], p. 71. SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 68. (tlfi:poteau)
- Terme d'argot. (1887. Le monde des prisons, p. 33)
- Poteau, pole, as a sustainer. (MAR)
- Se dit maintenant pote. (PN-c)
- Ceux qui parmi les malfaiteurs sont appelés poteaux ont reçu l longue trad. du maniement du langage : souteneur = poteau ; ce sont les poteaux qui reprennent les mots oubliés pour les lancer de nouveau dans la circulation. (SCHW1889)
- Support, soutien. (AYN)
- P. Guiraud met en doute l'identité des mots (poteau moderne de 1873 et poteau de 1400), et voit dans l'emploi mod. un dér. de pot. → Potache. (GR)
- Celui sur lequel on s'appuie. (Henry Solus, dans Barrès)
- Ce à quoi l'on s'appuie. (Lenôtre1918)