ESGOURDE, subst. fém.
Arg., gén. au plur. Oreille. Ouvre tes esgourdes. Ne t'inquiète pas, je vais ouvrir les yeux, les esgourdes et tout le bazar (GIONO, Bonh. fou, 1957, p. 380) :
Mais ta blessure, mon vieux frère ?
C'est aux oreilles. Une marmite et un macavoué, mon ieux qui a pété comme qui dirait là. Ma tête a passé, j'peux dire, entre les éclats, mais tout juste, rasibus, et les esgourdes ont pris. BARBUSSE, Feu, 1916, p. 62.
[Sur le modèle du proverbe : Ventre affamé n'a pas d'oreilles]. Bide affamé n'a pas d'esgourdes (STOLLÉ, Douze récits hist., 1947, p. 9).
Rem. 1. Attesté ds Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr., QUILLET 1965, DUB., ROB. Suppl. 1970. Le sing. est attesté gén. ds des expr. figées : le fond de mon esgourde (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 40), glisser dans l'esgourde (TRIGNOL, Pantruche, 1946, p. 93), sussurrer dans l'esgourde (ID., ibid., p. 29), débrider l'esgourde « écouter » (RIGAUD, Dict. jargon paris., 1878, p. 137). 2. Le verbe correspondant est esgourder : « Esgourde » = oreille, comme « esgourder » = écouter, sont jargonesques (DUSSORT, Preuves exist., 1927, p. 103).
Prononc. : [] Étymol. et Hist. 1867 (DELVAU, s.v. feuille de chou). Orig. obsc. (FEW t. 21, p. 299b) ; les rapprochements faits par SAIN. Lang. par., 504, ESN., DAUZAT Ling. fr., 287 ne sont pas convaincants ; le rapport avec esgourne (1833, MOREAU-CHRISTOPHE, Arg. d'apr. ESN.) est également obscur. Fréq. abs. littér. : 6. Bbg. CHAUTARD (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931 p. 303. SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 135. (tlfi:esgourde)
- De gourde creuse (cornet auditif ?) (AYN)
- Altér., d'après gourde, dégourdi, de escoute (1725), provençal escouto « écoute ». (GR)
- Orig. obsc. (FEW t. 21, p. 299b) ; les rapprochements faits par SAIN. Lang. par., 504, ESN., DAUZAT Ling. fr., 287 ne sont pas convaincants ; le rapport avec esgourne (1833, MOREAU-CHRISTOPHE, Arg. d'apr. ESN.) est également obscur. (TLFi)
- Provençal escouta rapproché de gourde. (FrançoisPléiade)
- De l'argot des malfaiteurs, passé dans la LP. (Dauzat1918)
- Argot parisien courant d'avant-guerre. (Dauzat1918voc)