DÉCANILLER, verbe intrans.
Pop. S'en aller malgré soi et sans demander son reste. Si ça plaît à Monsieur de Maillebois de déguerpir, c'est pas une raison pour que je décanille, moi (La Varende, Heur. humbles, « Va-de-bon-Coeur », 1942, p. 89). Attends voir comme j'le f'rais décaniller du pajot, si seulement j'étais là (Barbusse, Feu, 1916, p. 25).
Prononc. : [dekanije], (je) décanille [dekanij]. Étymol. et Hist. 1792 (Marat ds Brunot t. 10, 1re partie, p. 225). Prob. empr. au lyonnais se décanilli « se hâter de fuir » (Du Puitsp.), lui-même dér. avec préf. dé-* de canilles « jambes (emploi comique) » (ibid.) lui-même dim. de cannes* attesté au sens de « jambes » dans l'arg. franco-prov. (FEW t. 2, p. 203a). (tlfi:décaniller)
- décaniller v. non conv. DÉPLAC. "partir" - GLLF, TLF, Lex.[79], DFNC, GR[85], 1792 ; E, 1821 ; L, DG (néol.), ø d. Add.DDL :
- 1791 - «En concéquence, il faut [...] faire décaniller tous les évêques réfractaires qui se trouvent au pavillon des Tuileries, et tous ceux qui l'attendent à saint Cloud.» Grande fureur du père Duchêne contre Louis XVI, in [Jumel], Je suis le véritable père Duchêne, foutre, 2e série, 6-7 - P.E.
- décaniller v.intr. DÉPLAC. "partir" - DDL 32, 1791, [Jumel] ; GLLF, TLF, GR[85], 1792, Marat, d'apr. Brunot.
- 1745 - «[...] je te ferai bien Decaniller de Là : frater increpans canem : retirer.» P. Potier, in P.W. Halford (éd.), Le français des Canadiens à la veille de la Conquête, 77 (Les Presses de l'Université d'Ottawa, 1994) - P.H. (bhvf:décaniller)
- Partir comme un chien. On demande pourquoi, ayant sous la main une étymologie si simple et si rationnelle (canis), M. Francisque Michel a été jusqu'en Picardie chercher une chenille. (Delvau 1866)
- Origine de Lyon : décaniller, proprement jouer des canilles (les gônes appellent canilles les jambes, proprement petites cannes). (SAINXIX)
- Orig. incert. On a proposé une dérivation du lyonnais canille « jambe », dimin. de canne, même sens (mais Wartburg voit dans ce suffixe -ille une influence de décaniller). Les régionalismes déquenailler, décanailler « s'en aller, quitter la place » et se deichonilla « se déprendre ; s'enfuir » (en parlant d'un chien et d'une chienne accouplés) suggéreraient le rattachement de ce « mot bas » (Brunot) au lat. canis « chien » (→ Canaille). Enfin P. Guiraud propose une base canille, de nille «niche» et préfixe ca- indiquant un creux, d'après le v. niller « nicher » (du lat. nidiculare). (GR)
- Du vieux mot canil pour chenil. (PESCH)
- Argot parisien courant d'avant-guerre. (Dauzat1918voc)
- Ce verbe vient du vieux mot Canil pour chenil (Peschier 1852)