AT(T)IGER,(ATIGER, ATTIGER), verbe trans.
Argot
A.− Blesser, meurtrir :
1. − Tiens, il vient d'être attigé, celui-là, et pourtant... Une blessure fraîche mouille le cou d'un corps presque squelettique. Barbusse, Le Feu, 1916, p. 292.
− Emploi pronom. Se blesser, se faire du mal physiquement ou moralement (cf. É. Chautard, La Vie étrange de l'arg., 1931, p. 224).
− P. ext., cour. Exagérer :
3. Dans mon milieu, le flirt était banni comme quelque chose de ridicule et d'indigne, les amoureux étaient des amoureux transis et la grande affaire était l'amitié. On attigeait même un peu dans ce sens, c'était la mode, et j'avoue que c'était moi qui donnais le ton, malgré mon amie Élisabeth. E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 301.
PRONONC. ET ORTH. : [atiʒe]. Parfois écrit avec un seul t (cf. supra ex. 2), sans doute parce que le mot appartient surtout à la lang. parlée.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1808 pop. attiger « meurtrir de coups » (D'Hautel ds Sain. Sources Arg. t. 1, p. 143 : Attigé, avoir la figure ou l'œil attigés, c'est-à-dire le visage meurtri de coups, l'œil noir ou poché. Cette expression est d'un fréquent usage parmi les écoliers et les petits garçons qui courent les rues) ; 1829 arg. « torturer » (Recueil d'argot ds Mémoires d'un forban philosophe, ibid., t. 2, p. 168) ; 2. 1922 absol. « exagérer » (De Montherlant, Le Songe, p. 145). Var. phonét. de aquiger* (Sain. Sources Arg. t. 2, p. 276 ; Esn.) ;
STAT. − Fréq. abs. littér. : 13.
BBG. − Esn. 1966. − France 1907. − Larch. 1880. − Larch. Suppl. 1880. − La Rue 1954. − Le Breton 1960. − Michel 1856. − Sain. Lang. par. 1920, p. 516. − Sandry-Carr. 1963. (tlfi:atiger)
- C'est sans doute par corruption d'atout [coup] qu'on a fait attiger. (VIR)
- Sans doute vieux mot car l'attingère (atteindre) des Latins y est presque entier. (LAR 6e)
- Vient de aquiger (frapper battre). Se rattache au verbe craquer qui, sans doute, a perdu le sens actif de frapper. (SCHW1889)
- Vieux mot qui vient du latin attingere, toucher. En argot, il signifiait frapper, battre ; la guerre lui a donné un usage très grand, trop grand, dans un sens un peu différent. (Dech1918)
- Variante phonétique de aquiger. (DHAF)