CHAPARDER, verbe trans.
Fam. Commettre de petits vols généralement d'objets. Synon. chiper, faucher (pop.), marauder.[La capitaine au lieutenant] « Croyez-vous ! Ces bougres-là... Ils chapardent » (Genevoix, Au seuil des guitounes, 1918, p. 58). On est allé ensemble chaparder des châtaignes dans le clos de mon père (Estaunié, L'Ascension de M. Baslèvre, 1919, p. 12). Des chenapans chapardèrent des marchandises (Queneau, Les Enfants du limon, 1938, pp. 17-18).
P. ext., rare. [L'obj. désigne une petite somme d'argent] C'était humiliant de devoir chaparder cent sous par-ci par-là, sur des livres, sur les inscriptions (Aragon, Les Beaux Quartiers, 1936, p. 212).
− Emploi abs. Quand il [le vagabond] souffrait trop de la faim, il commettait de petits vols, il « chapardait », comme en Algérie (Coppée, Prose, t. 3, Contes rapides, 1889, p. 25).
[Avec une nuance de jeu peu dangereux] Il ne voulait ni ne chapardait (Morand, L'Homme pressé, 1941, p. 65).
− Emploi pronom. réciproque. Ses camarades [du cuisinier fripon] mourant de faim, « se chapardent » entre eux, ou vont à la maraude (H. Brissac, Souvenirs de prison et de bagne, 1880, p. 72).
− Arg. et p. euphém. Les égorgeurs montent dans les maisons et égorgent. Cela s'appelle chaparder dans l'infâme argot du carnage. − Chapardons tout ! crient les soldats (Hugo, Hist. d'un crime, 1877, p. 75).
Rem. 1. Verbe intrans. ds Littré (terme de bivouac) ,,aller au fourrage, en maraude``.
Prononc. : [ʃapaʀde]. Étymol. et Hist. 1859 (L. Larchey, Les Excentricités de la lang. fr. en 1860, p. 443 : Chaparder. Marauder [...] Le mot est, dit-on, de leur invention [des Zouaves]. Les journaux l'ont imprimé plus d'une fois pendant la guerre d'Orient. Vient sans doute du mot chat-pard [...] Chat-tigre). Étymol. inconnue (FEW, t. 23, p. 126b). L'hyp. citée ci-dessus et reprise par Littré faisant de chaparder « rôder en guettant la proie » un dér. de chat-pard*, nom donné au tigre, sur le modèle de léopard* (Fur.), n'emporte pas la conviction. Fréq. abs. littér. : 9. (tlfi:chaparder)
- Rôder en guettant sa proie, comme le chat-pard ou le chat-tigre d'Afrique. (SAINXIX)
- Vient probablement de chapper (prendre), capere en latin + suffixe. (SCHW1889)
- Vient de chaper. (SCHW 1928 glossaire)
- Le chat-pard maraude. (AYN)
- P.-ê. de chapar « vol », sabir algérien, ou de cape, par l'anc. picard caper « prendre » et le provençal -acapa « dérober ». (GR)
- Argot parisien courant d'avant-guerre. (Dauzat1918voc)